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Changement climatique : Qui arrêtera le naufrage ?

Publié le lundi 12 octobre 2009 à 03h31min

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Scepticisme sur l’application des mesures contre le réchauffement de la planète ou écolo dans l’âme ?

Rajendra Pachauri, président, depuis 2002, du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui réunit des milliers de scientifiques du monde entier, n’a pas attendu le forum de Ouagadougou pour commencer à adopter, dans sa vie quotidienne, les habitudes qui font de lui un protecteur de l’environnement : « Je fais attention à ne pas être un trop grand consommateur. Je ne suis pas un consumériste, qui achète et jette. Je fais attention concernant les moyens de transport que j’utilise dans ma vie quotidienne.

Je m’assure de maintenir le thermostat du climatiseur à un niveau élevé afin de sentir un certain degré d’inconfort. Plus important, je suis devenu végétarien avec les années parce que la production de viande est extrêmement consommatrice d’énergie. Je m’assure que, quand je me déplace d’une pièce à l’autre, j’éteins les lumières et ne les laisse pas allumées quand je n’en ai pas besoin ».

Si tous les humains faisaient autant, l’on aurait peut-être fait l’économie du forum qui vient de fermer ses portes à Ouagadougou : du 9 au 11 octobre 2009, plus de 4000 participants étaient en effet au chevet de la planète terre dans notre capitale. La rencontre était comme une répétition générale pour le prochain grand rendez-vous, celui de Copenhague (Danemark) en décembre.

« Faire comprendre aux pays qui ont assuré leur développement économique au détriment de l’environnement de s’assumer en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre et d’aider le Continent le plus vulnérable au changement climatique », avait annoncé, avec une assurance remarquable, le principal hôte du forum, le ministre burkinabè de l’Environnement et du Cadre de vie, Salifou Sawadogo.

Si l’on se fie au nombre de participants, à leur profil et à la qualité des conclusions, il est loisible de penser que l’Afrique est fin prête à imposer son point de vue en décembre prochain, dans la capitale du plus petit des pays scandinaves. Malheureusement, dans ce combat, ce ne sont pas les beaux documents, bien écris en anglais et fidèlement traduits dans les autres langues, qui font défaut, car il y a eu tellement de retrouvailles pour préserver le bleu de notre planète qui n’ont pas donné grand-chose.

Au Sommet de la Terre à Nairobi (Kenya) en mai 1982, pour représenter les Etats-Unis, le président de l’époque, Ronald Reagan, avait envoyé sa fille comme déléguée. Si ce n’est une preuve de désintérêt, c’est quoi d’autre ? Sommet de Rio en juin 92 : à l’issue de l’assemblée générale, un plan d’action, qui comprend environ 2 500 recommandations, a été élaboré.

Les années qui ont suivi, l’on s’est demandé si les experts qui l’ont pondu ne l’ont finalement pas oublié sur les lieux de la rencontre. En 2002, sommet de la terre à Johannesburg (Afrique du Sud). L’événement a rassemblé une centaine de chefs d’État et quelque 40 000 délégués ; ce qui en a fait le plus grand rendez-vous jamais organisé par les Nations unies. Le sommet a adopté un plan d’action en 153 articles, décomposés en 615 alinéas sur de nombreux sujets, qui n’ a jamais été appliqué.

Et qu’est devenu le protocole de Kyoto, signé à l’origine par 31 pays industrialisés et qui prévoyait une diminution des gaz à effet de serre ? Pas grand-chose sauf que la Grande-Bretagne reste l’un des rares pays à avoir accompli un effort réel dans ce cadre, alors que l’ensemble des autres pays concernés ont échoué spectaculairement, en progressant dans la production du dioxyde de carbone (CO2).

Et pourtant, le réchauffement climatique est lourd de conséquences pour le monde entier. Plus rageant encore pour les Africains, qui sont ceux qui en ressentent le plus les effets. Le dioxyde de carbone représente plus de la moitié du pouvoir radiatif global des gaz à effet de serre. Il provient principalement des émissions des combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz) et est également issu de certains procédés industriels, de la déforestation et de l’agriculture intensive. Les secteurs les plus émetteurs sont l’industrie, la production énergétique et les transports. La consommation des ménages (cuisson, chauffage, électricité) contribue aussi significativement aux émissions de CO2.

Il est maintenant avéré que sa production donne lieu à des changements climatiques, avec, comme effets pervers, l’augmentation des températures, la sécheresse, les inondations et des maladies (cancer de la peau). Les pays industrialisés du Nord sont les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, même s’il y a une palme pour la Chine, qui vient de se hisser depuis peu devant les Etats-Unis, pourtant responsables de près d’un tiers des émissions. L’Afrique ne participe à cette action dommageable qu’à hauteur de 4%. Selon les calculs, au Burkina Faso, l’émission moyenne par habitant de CO2 par an est de 100 kg. Pour les Etats-Unis, il est de plus de 20 tonnes. Le principal argument des présidents successifs des pays concernés qui s’opposent aux mesures pour réduire ces émissions, c’est celui-là : la réduction des gaz à effet de serre va ralentir leur développement.

« Cop15 » (Ndlr : nom de baptême du prochain Sommet à Copenhague) va-t-il enfin changer la donne ? Rien n’est moins sûr, et le pessimisme est même permis. Si les puissants du moment, notamment l’Oncle Sam, mettaient autant d’énergie pour la protection de l’environnement que dans la lutte contre le terrorisme, il y aurait de fortes chances que la terre retrouve sa belle verdure d’antan. En attendant, sur le continent noir, le concept de changement climatique est bien porteur.

Après bien des mots d’ordre vendeurs comme la question genre, les droits de l’enfant ou le renforcement des capacités, voici que la mode porte aujourd’hui sur les changements climatiques. Bien des personnes s’y lancent, et à chaque détour de phrase, l’expression est placée. Mais, à gratter un peu l’on se rend compte que, chez bien des intervenants, c’est plutôt l’avidité du gain qui tient lieu de motivation. Et on a même l’impression que tout le monde parle de changement climatique à tort et à travers. Pendant les inondations provoquées par la pluie diluvienne qui s’est abattue sur Ouagadougou le 1er septembre 2009, beaucoup de discoureurs ont lié ce cataclysme au réchauffement climatique. Mais prouver ce qu’ils avançaient est une autre paire de manches.

Nous devons mettre un peu d’eau dans notre vin. En commençant, dès à présent, à balayer devant notre porte. Selon les prévisions, d’ici 2050, les pays en voie de développement, dont les populations vont doubler et se hisser aux niveaux de consommation des pays industrialisés, devraient multiplier par 6 leurs émissions de CO2 ! En 2050, leurs émissions seront alors 7 fois supérieures à celles des pays industrialisés. Bientôt, les pays africains feront partie des grands pollueurs de la planète. Les dirigeants visionnaires et nos experts devraient déjà commencer à nous proposer des ébauches de solutions.

La rédaction

L’Observateur Paalga

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