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Insécurité dans le Centre-Nord : Un citoyen interpelle le ministre Emile Ouédraogo

Publié le mardi 26 mai 2009 à 04h24min

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Le ministre Emile Ouédraogo

Dans cette lettre ouverte au ministre de la Sécurité Emile Ouédraogo, Aly Nana, conseiller municipal de la commune de Bourzanga dans la province du Bam se plaint de l’insécurité récurrente dans la région du Centre-Nord.

Longtemps la question de la lutte contre l’insécurité au Burkina Faso a suscité de nombreuses interrogations, notamment sur la pertinence des moyens à mettre en œuvre en vue de réduire de façon significative à long terme les cas de vol, d’associations de malfaiteurs, de coups mortels, d’assassinats, de braquages, etc.

Monsieur le Ministre,

Dans l’une de vos tournées et au cours d’une concertation que vous
avez eue avec les autorités militaires et civiles de la région des Hauts-Bassins, vous avez affirmé que la situation sécuritaire reste meilleure dans les Hauts-Bassins, comparativement à d’autres régions comme l’Est et le Centre-Nord.
C’est justement la situation au Centre-Nord, précisément dans ma Commune Bourzanga, qui m’amène à vous ouvrir cette lettre et demander votre implication personnelle dans ce que nous qualifions de "terreur des voleurs de bétail".

Depuis plusieurs années, deux bandes de voleurs opèrent dans le domaine du bétail au vu et au su de tous, mais personne ne daignait lever le petit doigt. Si l’une a été neutralisée par la police et la CRS par l’élimination physique du cerveau, l’autre continuait à semer la terreur dans toutes les zones d’élevage jusqu’en août-septembre 2007 où leur chef a été pris en flagrant délit avec du bétail à Titao et arrêté par la police de ladite localité.
Quelle a été le soulagement des populations de la Commune de Bourzanga à l’annonce de cette bonne nouvelle ! Leur joie sera malheureusement de courte durée car, contre toute attente, le délinquant revint libre dans son village, y passa quelques temps, prit sa femme et alla changer d’air dans une autre localité connue, en affirmant son "intouchabilité" à qui veut l’entendre.

Cet état de fait nous a tous révoltés dans nos villages et nous amenés à approcher la police de Titao pour comprendre, mais hélas, "silence-micro !". Après 2 déplacements à Titao sans information ou action concrète, nous sommes résignés à nous contenter d’appels téléphoniques, pour nous entendre dire deux ou trois mois après par la police de Titao que le délinquant s’est évadé ! (sic).
Monsieur le Ministre, ce comportement de la police de Titao n’est pas de nature à renforcer la confiance et la collaboration entre les forces de sécurité et les populations de base, chose sans laquelle aucune efficacité ne pourra être observée dans les opérations. En outre, ce comportement suscite de nombreuses interrogations, surtout quand le délinquant, dès son retour, affirme qu’il disposait d’une forte somme d’argent sur lui au moment de son arrestation par la police de Titao. Comment comprendre qu’un "évadé" de prison, récidiviste de surcroît, ayant séjourné plusieurs années à la Maison d’Arrêt de Ouahigouya et ayant à son actif plusieurs crimes, ne fasse pas l’objet d’un avis sérieux de recherche ? Il suffirait alors d’une petite enquête pour l’appréhender !

La gendarmerie de Bourzanga existe depuis 2007, mais n’a jamais été saisie d’un quelconque avis de recherche concernant l’intéressé, alors que ses différents lieux d’opération relèvent du ressort territorial de cette brigade.
Monsieur le Ministre, le coup de maître est pourtant venu de cette brigade territoriale, une année et demie après la fameuse "évasion" du délinquant des mains de la police de Titao.
En effet, informé par la population, le commandant de la brigade territoriale de gendarmerie de Bourzanga, a organisé le même jour à quatre heures du matin, une opération musclée qui a permis de mettre la main sur ce chef de gang. C’est le lieu pour nous de féliciter et encourager toutes les brigades territoriales de gendarmerie en général et celle de Bourzanga en particulier qui vient de prouver que les moyens seuls ne suffisent pas, mais il faut surtout de la volonté et du professionnalisme.

Ces jeunes gens qui couvrent plus de 51% du territoire provincial, avec peu de moyens, viennent de rehausser leur image de marque vis-à-vis des populations et au grand bonheur des éleveurs qui n’y croyaient plus !
Monsieur le Ministre, si nous vous interpellons sur cette question combien préoccupante pour nous, éleveurs de Bourzanga, c’est simplement parce qu’après son arrestation par la gendarmerie de Bourzanga, le délinquant a été de nouveau transféré à Titao le 14 mai 2009 et ce, "conformément à la procédure" que nous avons du mal à comprendre. Non seulement Titao est très éloigné de Bourzanga, mais aussi notre confiance est mise à rude épreuve quand nous pensons à ce qui s’est passé en 2007 avec ce délinquant dans cette localité.
Monsieur le Ministre, nous ne sommes plus prêts à vivre avec ce démon. Son retour éventuel pourrait créer des situations aux conséquences imprévisibles dans notre commune.

Nous espérons donc que c’est la fin de notre calvaire à Bourzanga, surtout que cette opération réussie intervient au moment où vous affirmez que "la lutte contre le grand banditisme va prendre une autre envergure avec l’utilisation des aéronefs de repérage".
Veuillez croire Monsieur le Ministre à l’engagement total dans votre combat, et à notre très haute et respectueuse considération.

Aly NANA Conseiller Municipal : Commune de Bourzanga

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 28 mai 2009 à 11:01, par faycal En réponse à : Insécurité dans le Centre-Nord : Un citoyen interpelle le ministre Emile Ouédraogo

    Au lieu d’adresser une lettre ouverte à Monsieur le Ministre de la Sécurité, vous ferez mieux de déposer une plainte en bonne et due forme contre celui que vous estimez dangereux pour le bétail de Bourzanga. Vous êtes un citoyen, mieux vous êtes un élu même local.
    J’espère seulement que vous avez les preuves de ce que vous insinuez, sinon cela s’appèle du nigrement.

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