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Parlement nigérien : La vitalité par la preuve du refus ?

Publié le jeudi 5 février 2009 à 02h26min

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A priori, c’est un signe de vitalité démocratique. De quoi s’agit-il ? Du refus, lundi 2 février 2009, du Parlement nigérien de suivre l’exécutif dans sa volonté de lever l’immunité de trois députés. Une désobéissance parlementaire donc, aux allures d’un acte d’affranchissement en rupture totale avec le suivisme servile qui a toujours caractérisé bien de Parlements africains dans leurs rapports avec l’Exécutif. On s’en rappelle, le président de la République, Mamadou Tandja, demande à l’Assemblée nationale de lever l’immunité parlementaire de trois de ses membres afin qu’ils puissent être jugés pour leur implication présumée dans un détournement de fonds.

Bonkano Maïfada et Intarou Hassan (adhérent du parti présidentiel, le MNSD) et Raja Chaïbou, militant d’un parti de la mouvance présidentielle, sont accusés d’avoir illégalement obtenu des marchés dans le cadre de la fourniture de matériels au secteur de l’Education entre 2000 et 2006. Première victime de ce scandale financier, l’ex-Premier Hama Amadou, emprisonné depuis juin 2007 après le renversement de son gouvernement en mai 2007 par l’Assemblée nationale.

Une arrestation que le Tout-Niamey a vite fait d’assimiler à une manœuvre politique de Tandja pour se débarrasser d’un potentiel concurrent sérieux à la prochaine présidentielle. En effet, l’actuel président est soupçonné à raison ou à tort d’avoir des velléités révisionnistes dans le seul but de prolonger son mandat si ce n’est tout simplement d’en briguer un troisième.

Même si le Parlement nigérien n’a pas ouvertement fait siennes toutes ces supputations pour justifier son refus de livrer à la Justice trois de ses locataires, il n’en demeure pas moins que lui aussi reste perplexe sur les intentions réelles de l’Exécutif dans sa requête.

S’il faut se féliciter de cette fin de non-recevoir des députés à la demande présidentielle, signe, à priori, de séparation des pouvoirs comme écrit plus haut, on ne peut s’empêcher de se poser quelques questions : l’attitude des législateurs procède-t-elle d’une conviction profonde quant à l’innocence des trois mandataires du peuple, ou faut-il, par contre, redouter de leur part quelque inclination corporatiste ? Ou encore serait-ce une façon pour les députés de se revancher du refus du président d’entériner la décision, « illégale », des parlementaires de s’octroyer de juteux indemnités et avantages ?

Si tel est le cas, il faut craindre qu’à force de jouer au petit jeu du « tu me tiens, je te tiens », l’Exécutif et le Législatif ne finissent par pervertir deux des trois institutions-mères de la République.

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

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