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Intégration sous-régionale : Gbagbo sonne le retour de l’Eléphant

Publié le mercredi 30 juillet 2008 à 11h37min

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Le président ivoirien, Laurent Gbagbo, a prononcé un véritable discours-programme sur sa vison de l’intégration sous-régionale devant les députés burkinabè. On croyait entendre non pas un futur candidat à une élection présidentielle, mais un président déjà élu qui annonce les grands axes de son mandat. C’est dire à quel point la sérénité règne chez Laurent Gbagbo, dont la présidentielle apparaît comme une simple formalité, tant il est sûr de la remporter.

Et les ambitions, le président Gbagbo n’en manque pas, aussi bien pour le Burkina, que pour l’UEMOA et la CEDEAO. Après la tempête de la guerre, voici venu le temps de la paix, donc du travail. On peut se mettre à rêver de grands projets auxquels un pays comme la Côte d’Ivoire a droit.

Tournant la page de la crise, et sur un ton résolument offensif, Laurent Gbagbo a ainsi décliné ses grands projets qui propulsent à nouveau la Côte d’Ivoire au rang de locomotive de l’UEMOA. Même s’il répète à l’envi que l’épine dorsale de l’intégration sous-régionale est partagée par la Côte d’Ivoire et le Burkina, on perçoit bien que Yamoussoukro entend jouer les premiers rôles. Lui-même l’a déclaré dans son allocution : " Chacun se plaît à dire que la Côte d’Ivoire est la locomotive de l’UEMOA. Nous avons pleinement conscience de cette responsabilité".

Le président Gbagbo dit vouloir participer de façon déterminante à l’émergence des économies des pays de l’hinterland grâce à l’interconnexion électrique, au port d’Abidjan et à un pipeline pour le transport de produits pétroliers vers le Burkina et d’autres pays. Qu’attend, en retour, la Côte d’Ivoire de son alter-ego burkinabè ? Tout à sa joie des retouvailles, le président ivoirien n’a pas fait cas de ses attentes vis-à-vis du Burkina. Mais on peut imaginer que la dimension de la coopération qu’il veut donner aux deux pays exige de chacun d’eux la loyauté.

Le plus important, au-delà de tous les projets pharaoniques énumérés, c’est que la confiance s’installe définitivement entre Ouagadougou et Yamoussoukro. En principe, ce voyage de Gbagbo au Burkina devrait sceller cette confiance retrouvée. Mais en politique, on doit avoir la posture de Saint-Thomas, voir pour croire. En attendant probablement un semblable voyage d’Etat de Blaise Compaoré à Abidjan, pour poser les préoccupations des Burkinabè et équilibrer la balance des relations ivoiro-burkinabè, des actes forts, dépassant les symboles, permettront de juger de la qualité des relations nouvelles entre le Burkina et la Côte d’Ivoire.

A ce sujet, par exemple, le président Gbagbo avait donné un signal fort en décrétant la suppression de la carte de séjour. Mais il n’empêche qu’au quotidien, ce document sert toujours de prétexte aux forces de l’ordre pour racketter les populations non-Ivoiriennes. Gbagbo est venu vendre un rêve au Burkina. Qu’il soit sincère ou pas, on le jugera à la tâche. A commencer par la tenue d’une élection présidentielle crédible qui annoncera véritablement le retour de l’Eléphant sur la scène sous-régionale.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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