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15 mai 2008 : Jeudi noir pour la liberté de la presse

Publié le lundi 19 mai 2008 à 11h11min

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces derniers temps les journalistes de par le monde traversent des moments difficiles … et cela, même jusque dans la patrie des droits de l’homme, la France. En effet, un jeudi noir que ce 15 mai 2008, où, coïncidence malheureuse, il y a eu l’adoption à Paris de la loi remettant en cause la protection des sources du journaliste et le rejet à Niamey, par la Cour suprême du Niger, de la demande de liberté provisoire ainsi que du pourvoi en cassation de notre confrère Moussa Kaka.

Incarcéré depuis bientôt huit mois pour des liens présumés coupables avec les rebelles touaregs, le correspondant de RFI au Niger verra donc son calvaire prolongé et ses chances de voir le bout du tunnel bien en pointillé. Ce jeudi-là, tandis que les avocats du reporter victime d’écoutes téléphoniques illégales se démenaient pour faire valoir les droits les plus élémentaires de leur client, à des milliers de kilomètres de Niamey, dans la patrie des droits de l’homme, la protection des sources de l’information était gravement remise en question.

Car la France, régulièrement indexée par la Cour européenne des droits de l’homme pour des poursuites contre des hommes de médias ayant refusé de révéler l’identité de leurs informateurs, a décidé, plutôt que de s’amender, d’entamer la fuite en avant. Certes, le texte adopté en première lecture ce jeudi précise que « le secret des sources des journalistes est protégé afin de permettre l’information du public sur des questions générales ».

Mais cette norme est vidée de son contenu positif quand la même loi précise que le juge pourra rechercher l’origine de l’information lorsqu’un « impératif prépondérant d’intérêt public » l’impose, et à titre exceptionnel en cas de crime ou de délit grave et si cela est absolument nécessaire à la conduite de l’enquête. Champ libre donc pour les grands et les petits qui pourront définir à leur guise et au cas par cas ce qui, de leur point de vue, est un « impératif prépondérant d’intérêt public ».

Robert Ménard, l’emblématique patron de Reporter sans frontières, a du pain sur la planche même de la Seine. Lui qui consacrait l’essentiel de ses forces à la défense de ceux parmi ses confrères qui, comme Moussa Kaka, croupissent dans un cachot ou ont perdu la vie dans l’exercice de leur métier, devra désormais se battre pour ses confrères de céans, contraints de « balancer » leurs informateurs. Décidément, même dans la patrie de Théophraste Renaudot, tout n’est pas rose pour le quatrième pouvoir.

L’Observateur

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