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20 ans de renaissance démocratique : Le Collectif dénonce une "falsification de l’histoire"

Publié le mercredi 31 octobre 2007 à 13h26min

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Le Collectif contre l’impunité, à travers la déclaration suivante, se prononce sur la situation nationale, en particulier la commémoration du 15 octobre. Pour lui, il y a eu une "tentative grossière et inacceptable de falsifier l’histoire de notre pays".

Le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) constate aujourd’hui encore que la situation nationale est préoccupante tant sur le plan des droits humains fondamentaux que sur le plan social, économique et politique.

Les exécutions extrajudiciaires, maintes fois dénoncées par les organisations de défense des droits humains, notamment le MBDHP, se poursuivent. La presse, régulièrement, fait état de cadavres retrouvés sur des terrains vagues de la capitale. Le dernier cas en date est celui d’un homme abattu par balle au secteur 27 de Ouagadougou. Relatant les faits, le quotidien "Le Pays" dans sa livraison du 19 septembre 2007 écrit : "La série noire des meurtres à Ouagadougou se poursuit." Le journal relève : "Selon des informations proches de la gendarmerie, des corps de militaires ont maintes fois été retrouvés dans des circonstances similaires". A cela vient s’ajouter l’incendie criminel du véhicule de Samsk Lejah, animateur à la radio Ouaga FM, le 28 septembre 2007.

Au plan social, la cherté de la vie, due aux hausses à répétitions des produits de première nécessité et des hydrocarbures, plonge les couches populaires dans un cauchemar permanent. Les populations rurales, éprouvées par milliers (plus de 90 000, selon les chiffres officiels) par les inondations, voient poindre les signes d’une famine prévisible dont les conséquences accentueront la pauvreté et la misère. En dépit des annonces tambour battant de mesures dites de gratuité de manuels scolaires, la rentrée scolaire apporte sa cohorte de problèmes sociaux : problèmes d’inscriptions, de paiement de fournitures scolaires, de transport, etc. "La grogne des militaires" à Ouagadougou et à Bobo Dioulasso prouve que le malaise social est grandissant et touche toutes les couches de la population.

Tout en prônant "le dialogue social", le pouvoir de la IVe République a opté de mener une offensive contre le droit de grève et de manifestation en réprimant, entre autres, la marche des travailleurs du Syndicat autonome des agents du ministère des Affaires étrangères (SAMAE) et en les sanctionnant. Les négociations qu’il avait promis d’engager avec les syndicats viennent d’être renvoyées à une date indéterminée. Ces faits montrent, s’il en était encore besoin, le peu d’importance que ce gouvernement accorde aux problèmes des travailleurs, et sa volonté de nier dans les faits le droit de grève dans notre pays.

C’est dans ce climat social chargé d’angoisses pour les populations que le Président Blaise Compaoré et son parti majoritaire, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ont choisi de commémorer les vingt ans de son accession au pouvoir, qualifiés de "20 ans de renaissance démocratique".

A ce propos, le Collectif note qu’une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile qui se réclament de l’idéal de feu le Président Thomas Sankara ont décidé de commémorer l’assassinat de ce dernier, intervenu le 15 octobre 1987. Il constate que Blaise Compaoré et son parti majoritaire, qui disposent de moyens colossaux, se sont appuyés sur la puissance de l’Etat pour tenter de les en empêcher. Il a exercé des pressions multiformes sur les administrations en charge de la gestion de certaines salles et places publiques (maison du peuple, salle de conférences du Conseil burkinabè des chargeurs, stade municipal, etc.) pour entraver les manifestations de la coalition. La Télévision nationale a refusé la diffusion de ses spots publicitaires.

Une telle attitude, et c’est le moins qu’on puisse dire, est loin d’être démocratique.

Le Collectif, pour sa part, dénonce ces pressions et cet ostracisme comme des atteintes graves aux libertés de réunion et de manifestations publiques.

Par ailleurs, le Collectif observe que sous le thème "20 ans de renaissance démocratique avec Blaise Compaoré", Blaise Compaoré et son CDP tentent de falsifier de façon grossière et inadmissible l’Histoire du Burkina Faso. Le 15 octobre 1987, le capitaine Blaise Compaoré et ses partisans militaires et civils ont perpétré un putsch et sont ainsi parvenus au pouvoir par un coup d’Etat, le plus sanglant de l’histoire de notre pays. Un putsch ne saurait être assimilé à la voie démocratique d’accès au pouvoir. Le Collectif refuse un tel amalgame qui vise à brouiller l’histoire de notre pays.

Enfin, le Collectif tient à rappeler que c’est la Constitution adoptée le 2 juin 1991 qui a scellé le retour du Burkina Faso à une vie constitutionnelle normale. La Constitution du 11 juin 1991 n’est pas l’oeuvre d’un individu, en l’occurrence Blaise Compaoré. Elle est l’œuvre du peuple burkinabè. Aucune personne, aucun groupe social ne peut en revendiquer, à lui tout seul, la paternité.

Au regard de ces faits, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques :

* dénonce :

 les atteintes graves aux libertés d’expression et d’opinion et aux droits fondamentaux du citoyen (droit de grève, liberté de réunion et de manifestation, accès aux médias publics…) par le pouvoir de la IVe République ;

 la tentative grossière et inacceptable de falsifier l’histoire de notre pays ;

* exige que des mesures appropriées soient prises pour y mettre fin ;

* appelle tous les patriotes et démocrates, les militants du pays réel, à se mobiliser davantage au sein du Collectif pour réaliser sa plateforme d’actions ;

* appelle ses militants et sympathisants, le pays réel, à la mobilisation pour la préparation et la commémoration victorieuse du 9e anniversaire du drame de Sapouy en vue de la poursuite de la lutte contre l’impunité, pour la vérité et la justice, pour les libertés.

Non à la falsification de l’histoire du Burkina Faso !

Na an laara, an saara !

Ouagadougou, le 25 octobre 2007

Pour la Coordination nationale, le Bureau :

Le Président du Collectif,
Chrysogone Zougmoré
MBDHP

Vice-président ,
Tolé Sagnon

Vice-président,
Kader Nacro

Collectif CGT-B,
Groupe du 14 Février

Rapporteurs :
Jean Claude Méda, AJB

Adama Baguiya, UGEB

Me Bénéwendé S. Sankara,
Collectif / Avocats

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