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Salia Sanou : « … C’est cette liberté d’expression qui fait que l’on peut aujourd’hui célébrer les 20 ans de la mort de Thomas Sankara… »

Publié le lundi 15 octobre 2007 à 06h36min

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Sidwaya (S.) : Comment avez-vous accueilli la Révolution d’août 1983 ?

Salia Sanou (S.S.) : Je crois que d’une manière générale, la Révolution d’août a été bien accueillie par la population parce que, depuis un certain temps, rien n’allait plus dans le pays. Depuis le régime du président Lamizana jusqu’à celui de Jean-Baptiste Ouédraogo, l’incompréhension entre les populations et le pouvoir en place augmentait de jour en jour.

Il fallait par conséquent un réel changement au niveau des instances dirigeantes du pays. La Révolution donc, avec le président Sankara à sa tête, nous a fait sentir qu’il y avait des jeunes qui étaient là pour faire bouger les choses, afin d’amener un changement qualitatif dans le pays. Et cette Révolution, on peut dire que les Burkinabè y ont vraiment adhéré.

S. : Vous avez pleinement vécu cette Révolution en tant que membre des Comités de défense de la Révolution (CDR). Pouvez-vous nous dire quels ont été ses acquis et ses ratés ?

S.S. : L’un des grands acquis de la Révolution est qu’elle a permis aux Burkinabè d’aimer leur pays et de comprendre que l’Etat à lui seul ne pouvait pas tout faire. En effet, c’est sous la Révolution que les populations ont appris à bâtir leur pays à travers les travaux d’intérêt commun qui étaient organisés. C’est ainsi que des écoles, des CSPS et bien d’autres infrastructures ont été construites par les populations elles-mêmes. Elles ont également appris à aimer et à valoriser les produits burkinabè avec le slogan « Produisons et consommons burkinabè ». Mais, il se trouve que tout n’était pas parfait et à un moment donné, les populations n’arrivaient plus à suivre le rythme du régime. Certaines décisions prises ne les convenaient plus du tout. Il s’agit notamment de la suppression du loyer, la confiscation de la liberté d’expression et des dégagements. Il y a également le fait que la chefferie traditionnelle n’était plus considérée. Tous ces facteurs ont contribué à diminuer l’engouement que les uns et les autres avaient pour la Révolution et il fallait forcément passer à autre chose.

S. : Le 15 octobre 2007, certaines personnes fêteront les 20 ans de pouvoir du président Blaise Compaoré et d’autres, les 20 ans de la mort du président Thomas Sankara. En tant qu’ancien révolutionnaire, qu’allez-vous célébrer ?

S.S. : Il ne s’agit pas de se mettre dans un camp ou dans l’autre. Il est vrai que l’on ne peut pas oublier la mort du président Sankara, mais il est tout aussi vrai que le président Blaise Compaoré a beaucoup fait pour le Burkina Faso depuis 20 ans qu’il est au pouvoir. Que ce soit sur le plan économique, social ou culturel, on a des acquis notables. De nombreuses routes ont été construites et bitumées. Au niveau de l’enseignement, de nombreuses écoles ont été construites et nous venons juste d’entamer la mise en œuvre de la nouvelle réforme du système éducatif avec la gratuité de l’école et l’obligation de scolarité jusqu’à 16 ans. Nous avons aussi la décentralisation intégrale qui permet aujourd’hui à tous les Burkinabè de prendre part à la construction de leur nation. On a la création de partis politiques, la liberté d’expression et d’agir et c’est justement cette liberté d’expression qui fait que l’on peut aujourd’hui célébrer les 20 ans de la mort de Thomas Sankara, sinon pendant la Révolution on n’oserait jamais y penser. Vous voyez que nous ne pouvons pas occulter tous les efforts que le président Blaise Compaoré consent chaque jour depuis 20 pour le bien-être des populations. Et pour moi, il ne s’agit pas de fêter les 20 ans du pouvoir mais de faire le bilan de ces années de travail. Alors il s’agit donc de nous arrêter (parce que je suis au CDP et je suis d’ailleurs le président du comité d’organisation des 20 ans de renaissance démocratique à Bobo-Dioulasso), pour voir ce qui a marché et ce qui n’a pas été fait pendant ces 20 ans.

S. : Vous êtes le premier responsable de la ville de Bobo-Dioulasso. Alors, pouvez-vous nous dire ce qu’il restera à faire pour votre commune après ce bilan ?

S.S. : A Bobo-Dioulasso, nous attendons toujours la relance économique de la ville à travers la réalisation de grands projets comme le barrage de Samandéni, la gare routière internationale et l’aéroport international. Nous voulons aussi la mise en œuvre effective de la décentralisation, c’est-à-dire que nous demandons une certaine autonomie dans plusieurs domaines tels le lancement des appels d’offres, leurs dépouillements, le paiement de certains impôts qui reviennent à la commune et qui sont cependant payés à Ouagadougou (taxe de résidence). Tous ces problèmes constituent un véritable frein au développement de beaucoup de villes du pays. Nous souhaitons donc une déconcentration et une décentralisation véritables dans notre pays.

S : Quel est le programme d’activités de la commémoration de ces 20 ans de renaissance démocratique à Sya ?

SS. : Il y a deux dates qui ont été officiellement retenues au plan national. Il s’agit du 15 et du 21 octobre. Le 15 nous aurons dans la matinée une marche-meeting et dans l’après-midi des réjouissances populaires un peu partout dans la ville et le 21 un méga concert au stade omnisport. Pour notre organisation interne, nous commençons nos activités le 9, avec le lancement de la Coupe du maire au stade Wobi, le 13 on aura une assemblée générale, le 14 la nuit des lauréats à la mairie centrale, le 16 le lancement des travaux de construction des ponts des secteurs N° 11 et 17 et le 20 la finale de la coupe et un gala de boxe au stade omnisport. Il faut noter que la coupe regroupera les équipes de 1re et 2e division de la ville.

Propos recueillis par Clarisse HEMA

Sidwaya

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