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Santé publique : Lettre ouverte aux professionnels du médicament

Publié le samedi 22 septembre 2007 à 06h31min

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Répression, interdiction, saisie et destruction n’y font rien. Les médicaments de la rue connaissent une popularité croissante auprès d’une clientèle de plus en plus nombreuse et posent à présent un véritable problème de santé publique qu’alimente l’ignorance des acheteurs mais aussi la passivité des professionnels du médicament.

Comment préserver les populations contre les drogues et autres produits chimiques toxiques que vendent les colporteurs - pharmaciens qui inondent les rues d’une foultitude de produits périmés ? L’expérience a montré que l’interdiction ne fait rien à l’affaire. L’histoire, elle, nous apprend que, de manière consciente ou inconsciente, les hommes s’intéressent toujours à ce qu’on s’évertue à leur défendre.

Aux Etats-Unis dans les années 20, le bandit Al Capone n’a dû sa richesse dans la vente d’alcool que grâce à la prohibition de l’alcool justement. La contre-attaque donc dans le cadre des médicaments de la rue ne peut se limiter à la promulgation d’une simple illégalité de ceux-ci et d’un recours aux mesures de répression légales qu’autorise la loi pour lutter contre cette illégalité. Dans la mesure où il ne s’agit pas seulement d’une forme de concurrence déloyale mais bien d’un problème de santé publique posé à travers des médicaments douteux, les personnes physiques et morales en charge du médicament doivent découvrir les parades idoines permettant à la fois de circonscrire le phénomène et de récupérer, là où il se trouve, le créneau naguère occupé par les vendeurs illégaux.

La Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG), l’Ordre des pharmaciens, la Direction des laboratoires et du médicament constituent déjà des personnes morales à même de créer un cadre de réflexion qui balisera les voies d’une prise en main véritable du secteur du médicament.
Un tel cadre de concertation disposera nécessairement des compétences pour examiner et extraire par l’analyse les dispositions qui s’imposent comme réponse à l’actuel état de fait.

D’ores et déjà, une relecture des textes réglementant le médicament semble nécessaire. Ces textes, conçus dans un contexte donné, peuvent être devenus obsolètes et, du fait de cette obsolescence, faire entrave à la mission de service public pour laquelle ils avaient été élaborés. Il faut ensuite considérer que la force de diffusion que possèdent les vendeurs de médicaments de la rue vient du fait qu’il les apportent jusque dans les concessions des acheteurs et que, l’ignorance faisant le reste, ils les placent sans effort.

Des vendeurs ignorants offrent donc à des populations ignorantes, des produits qui réussissent à prendre du relief à cause du commerce de proximité. Il existe pourtant dans les pharmacies des produits dont les effets et les contre-indications sont connus et éprouvés depuis de longues années et qui, conditionnés en doses enfants ou adultes, peuvent faire l’objet d’un commerce de proximité même par des personnes faiblement lettrées.

Il faut aller dans la rue avec des produits sains et accessibles pour y contrer les médicaments de la rue

Il s’agira pour les professionnels du médicament, d’aller dans la rue avec des produits sains après avoir ajusté les textes interdisant une telle pratique et après avoir trouvé une formule d’acquisition du commerce de proximité à l’image des vendeurs illégaux.

Il faudra donc identifier et classifier un certain nombre de médicaments de grande diffusion fréquemment prescrits pour des pathologies bénignes et dont les contre-indications, effets et posologies soient dans une fourchette standard qu’auront déterminés les professionnels. Ils pourront de ce fait être délivres par des personnes modérément compétentes.

Il s’agira ensuite pour les professionnels de s’entendre sur un certain nombre de modules pouvant servir de base à une formation légère allant de quelques jours à quelques semaines et destinée à inculquer aux apprenants un minimum de discernement quant aux médicaments, leurs effets, les précautions dont ils doivent être l’objet etc. Ces apprenants doivent par la suite amener certains types de médicaments dans la rue sans pour autant se prendre pour des pharmaciens et servir de catalyseurs pour orienter certaines demandes directement vers le pharmacien ou une formation sanitaire.

Faut-il franchement se rendre chaque fois en pharmacie pour acheter des capotes, de la vitamine ou même une plaquette d’aspirine ? En allant dans la rue, les professionnels du médicament peuvent en chasser les illégaux et formaliser ce petit informel dans les règles de l’art : (Vendeurs reconnaissables par un uniforme ou autre, moyen de transport approprié des médicaments etc.) constitueront autant d’éléments qui permettront d’occuper le créneau des illégaux là où il se trouve.

Plutôt que de laisser des spéculateurs inconscients s’emparer de la fragilité des citadins pour faire leur beurre, les professionnels du médicament doivent se réveiller aux nouveaux souffles de la cité et inventer les paradigmes qui préserveront et leur précarré et la santé des populations.

Déjà, des simulations montrent que pour la seule ville de Ouagadougou, les médicaments de la rue génèrent une recette journalière de... dix-neuf millions de francs CFA.

Luc NANA

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 22 septembre 2007 à 16:59, par kanzim En réponse à : RV aux

    Je trouve la proposition de vulgariser les médicaments très originale et intéressante. Chez les vétérinaires, ils ont imaginé des vaccinateurs villageois, qui ont contribué à renforcer l’économie rurale, par le développemnt de la filière aviaire : des milliers de poulets sont vaccinnés par des villageois formés, échappant ainsi à épizooties, ce qui procure des revenus substantiels aux villageois. Je suis donc d’accord avec votre proposition, M. Luc Nana : former des auxiliaires de la vente des médicaments non prohibés serait une bonne parade aux vendeurs à la sauvette. Il faudra, pour contribuer à vos propositions, que le Ministère de la santé analyse cette proposition et qu’il ne soit pas guidé par la même logique qui a conduit à la supression de la profession des Accoucheues Villageoises, ou des Postes de Santé Primaire. Ce Ministère a élevé le niveu de l’offre de santé, sans avoir prélablement conduit une étude sur l’efficacité et l’efficience de ces niveaux d’offre de santé. tenez par exemple : dans la plupart de spays d’Afrique australe, on a formé des villageois pour administrer les ARV aux personnes vivant avec le VIH ; cette approche a booster l’accès universel aux ARV dans ces pays. Au Burkina, ce serait une hérésie d’en parler et même que ça l’a été. Il faut que le minsitère de la santé soit imprégné de la notion de la vulgarisation consciente et professionnelle de certains actes de santé, M. Luc a Nana a si raison que, dans certaines régions du Bukina, il y a des praticiens à la sauvette, qui sans technique ni science, font des injections aux gens : n’importe quelle fièvre est diagnostiquée par ces paysans comme un palu et une injection sans précuation préalable est vite faite au patient. il y a même des prises de tension faites par ces paysans, suivies de prescription médicale et de vente de médicalents prohibés par ces mêmes praysans praticiens. Au Burkina, nous avons donc dépassé le stade de la vente à la sauvette. Il faut donc créer une offre de santé légère, qui soit disponible même au niveau élémentaire des quartiers, pour barrer la route aux médicaments prohibés. Pour toujours apporter une contribution, j’ajouterai ceci : le Président du Faso doit s’impliquer personnellement pour un arrêt total de la circulation des médicaments prohibés : qu’il frappe autour de lui, dans les sphères commerçantes, minstérielles, sécuritaires et hélas, sanitaires : c’est là que se trouvent les auteurs et les complices de l’entrée et de la vente des médicaments prohibés au Burkina. Allez seulement en pharmacie demander de la pâte dentifirice F.. Bifluorée : les mêmes traficotés, contrefaits, périmés et entrés dans des conteneurs entiers au Burkina et qu’on retrouve chez les tabliers seront ceux qui vous seront vendus par les pharmaciens J’ai obtenu dans le passé, des fonds pour une étude sur la filière mafieuse des médicaments prohibés au Burkina. J’ai dû retourner ces fonds, parce qu’il n’y avait pas que la loi du silence autour de la problématique : quelqu’un m’a demandé si j’avais de la famille : oui lui ai-je répondu : "Alors ayez au moins l’intelligence de reter en vie pour vous occuper de vos enfants et de votre femme". A peu près la même mise en garde fraternelle qui m’a été faite, quand en son temps, j’ai voulu m’intéresser à l’origine et à la qualité du ciment utilisé pour les nombreux grands ouvrages en chantier à l’époque : du ciment CPA 45 vendu dans un pays voisin était budgétisé dans les offres, et effectivement commandé. Mias on retrouvait ce ciment dans des magasins de partculiers et vendu très chèrement. Le ciment local était utilisé pour les grands ouvrages. il en est ainsi et exactement des médicaments prohibés.

  • Le 22 septembre 2007 à 23:58, par KgB En réponse à : > Santé publique : Lettre ouverte aux professionnels du médicament

    Ca c’est une proposition innovante. Ce qui prouve que si on s’y met, chaque probleme aura toujours une meilleure reponse. Il faut donc sortir de l’Etat de K.O ou on se trouve coincés, incapables de faire face a la Prostitution, a la Corruption, au Banditisme et, au Medicaments de la rue. Tout est impasse. Pourtant il peut avoir de solutions simples contre ces phenomenes.

    Mais quelque soit la reponse trouvee, n’empeche que les Medicaments de la rue sont interdites et la repression doit etre a 100%. Si, comme la photo l’indique, on peut craner a velo sur le boulevard Charles de Gaulles avec un gros sachet de poison, on se pose bien la question sur la realite de l’interdiction.

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