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Bénédicte Marcilly : "Les acteurs des NTIC manquent de dynamisme"

Publié le mercredi 26 mai 2004 à 07h23min

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L’institut international pour la communication et le développement (IICD) œuvre pour le partage de connaissances en matière de nouvelles technologies dans les pays en voie de développement. La divulgation des savoirs pourrait améliorer les conditions de vie des populations.
Bénédicte Marcilly, chargée du programme de partage des connaissances pour le Ghana, le Mali et le Burkina Faso, a rencontré les membres du réseau Lien Burkina pour discuter de l’avenir de cette structure.

Politologue de formation et ayant auparavant travaillé dans le domaine de la coopération internationale pendant dix ans avant d’intégrer l’IICD, il y a de cela un an et demi, elle juge l’avenir Burkina peu clair. « Les Burkinabè, dit-elle, doivent définir eux-mêmes leurs priorités, leurs défis et travailler ensemble pour sortir de l’isolement ». Entretien…

Qu’est ce que l’IICD ?

Bénédicte Marcilly -(B M) : L’institut international pour la communication et le développement créé en 1997 est une fondation néerlandaise qui cherche à promouvoir le développement grâce aux technologies de l’information et de la communication. Il promeut l’appropriation locale des technologies. L’IICD travaille dans neuf pays en Afrique. En Afrique de l’Ouest, c’est le Burkina, le Mali et le Ghana. Le reste des pays se trouve en Afrique de l’Est et en l’Amérique latine.

Quels sont les domaines d’intérêt de votre structure ?

B M : Le renforcement des capacités comme deuxième sous projet et le partage des connaissances. A l’intérieur du programme pays, on a cinq grands domaines d’interventions : l’éducation, la santé, l’environnement, la gouvernance, les modes de subsistances (agriculture). L’IICD a un programme-pays dans chaque pays et trois sous programmes.

Quelles motivations sous-tendent ces programmes ?

B M : L’IICD est issu de la coopération néerlandaise et à comme bailleur de fond cette structure. De ce fait, l’IICD suit les lignes de la coopération néerlandaise jusqu’à un certain point. Le soutien de l’IICD évolue un peu avec les grandes lignes de la politique de l’aide au développement

Qui peut bénéficier d’une expertise ou d’une aide de l’IICD ?

B M : Nous travaillons avec des Ong, les secteurs privés, les gouvernements, les étudiants, les universitaires. Nous sommes un peu ouvert à tous. Travailler avec une structure dépend de ce qu’elle nous propose. Nous avons cette démarche qui consiste à commencer dans un pays avec un processus de tables rondes afin d’établir un programme par rapport à ce qui en ressort.

Dans le cas d’une structure comme le réseau Lien, en quoi consiste l’aide ou l’expertise de l’IICD et combien de temps dure t-elle ?

B M : le réseau Lien bénéficie, de notre part, d’une aide sur le long terme. C’est une aide plus stratégique, de facilitation, d’aide à trouver par exemple des partenaires, des contacts, à orienter le programme sur les grandes lignes de développement. Bien entendu, nous accordons au réseau Lien un minimum d’aides financières en terme de réseau, de programme et de partage de connaissances. On donne le coup de pousse initial qui peut durer cinq ans et cela fonctionne dans les limites d’un cadre stratégique. Cette aide se renouvelle chaque année parce qu’il faut travailler le programme. Ce soutien permet de voir le programme évoluer de lui-même.

Quel est le but de votre visite au Burkina ?

B M : ma visite s’inscrit dans le cadre de l’accompagnement stratégique et de la vision de partage des connaissances à long terme. J’ai fait le pari d’accompagner Burkina NTIC (réseau Lien) dans son cheminement vers l’autosubsistance et dans la réalisation de certaines activités. Il est normal donc que je passe de temps à temps au Burkina pour voir les personnes avec lesquelles je travaille afin qu’on avance ensemble. J’ai un rôle d’accompagnement stratégique et de facilitation plus à l’international. Je dois me mettre donc en accord avec ce qui se passe dans le pays.

Comment appréhendez-vous le dynamisme et l’engagement des membres du réseau Lien ?

B M : Pour être franche, je pense qu’il manque beaucoup de dynamisme parce qu’il y a certains acteurs qui sont dynamiques et d’autres qui le sont vraiment moins même s’ils se disent membres actifs. Et je pense qu’à côté de ceux-là, il y a des personnes qui ont un grand potentiel et qui interviennent plus au niveau des activités ponctuelles et qui pourraient être reconnus comme membres plus actifs que d’autres.

Afrique, Internet, mondialisation, quelle est la part de réalité dans ces concepts et pour quel développement ?

B M : C’est une question un peu difficile parce que dire Afrique, Internet, développement et faire une liaison entre est facile. Nous sommes tous au courant que ce n’est pas si facile en l’Afrique. Car les moyens, qu’ils soient financiers ou matériels, sont peu. Il y a toujours un fossé entre les pays en voie de développement et les grands géants de la mondialisation. A côté de cela, il y a un petit nombre de personnes qui ont accès à Internet et peuvent partager cet accès. Et quand on parle d’accès, on n’a pas besoin d’avoir tous un accès technique à l’outil pour pouvoir bénéficier des informations qu’Internet nous donne. Je mise plus sur la gestion de l’information, l’échange d’informations pour un développement de l’Afrique.

Comment les nouvelles technologies de l’information et de la communication peuvent-elles être des remèdes aux problèmes d’enclavement et de pauvreté que vivent certains pays africains ?

B M : L’Internet ouvre tellement de porte que ça devrait à un certain degré atténuer la soif d’information. La technologie en elle-même n’est pas une fin, c’est un moyen. Quand on est un pays qui cherche le développement dans de domaine de base comme la santé ou l’alimentation et l’accès à l’Internet et le partage en terme d’information avec des personnes qui ne savent pas lire ou écrire doit se faire et exister. Et le système de réseautage peut aider à cela. L’information passe par celui qui sait lire et écrire pour atteindre les autres.

Connaissant les Burkinabè et ayant travaillé avec eux, pensez-vous qu’en matière d’amélioration des conditions de vie les Burkinabè aient un avenir ?

B M : Il y a un avenir. Cet avenir qu’il soit clair, j’en suis pas encore persuadé parce qu’il faut que les gens comprennent les enjeux, représentent les acquis et les saisissent surtout. On peut voir les enjeux, les apercevoir et pas forcement se jeter à l’eau. Or, il faut bien les comprendre et oser franchir le pas avec le peu de moyens qu’on a.

Au Burkina, il y a des gens très compétents qui ont beaucoup d’idées, et je pense que c’est ça qu’il faudrait exploiter. L’avenir est là, mais il n’est pas encore certain, clair. Il faut que les gens définissent eux-mêmes leurs priorités, leur défis et qu’ils se mettent ensemble parce que dans l’isolement ils ne peuvent pas travailler. Le manque de culture de partage de connaissances existe encore ici.

Propos recueillis par Ramata Soré,
Journaliste à l’Evènement

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