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Youl et l’USFRAN : Le divorce après 40 années de mariage

Publié le jeudi 26 octobre 2006 à 08h08min

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La nouvelle du départ de Mamadou Kassamba dit Youl de l’Usfran reste encore pour de nombreux Bobolais une simple rumeur, de l’affabulation visant à démoraliser davantage une équipe qui, depuis la fin de la saison écoulée, connaît les affres de la relégation.

Et pourtant, l’ex-entraîneur des petites catégories, qui a passé l’essentiel de sa carrière à la formation des jeunes cheminots, a choisi de tourner le dos à ce club qui lui était si cher et pour lequel il a consacré quarante années de sa vie.

Considérée comme le porte-flambeau du football bobolais jusqu’à une époque encore récente, l’USFRAN reste et demeure l’une des rares équipes qui ont écrit les plus belles pages du sport roi dans la région ouest.

Après avoir longtemps régné sans partage dans la ville de Sya, la domination du club cheminot allait s’étendre à la capitale, où des équipes comme l’EFO ou encore l’YCO (actuelle ASFA-Yennega) subiront, elles aussi, la suprématie d’une équipe dont la seule évocation du nom suffisait à donner la frousse à ses adversaires.

On se souvient encore de cette finale aller du championnat national jouée le 26 juillet 1964 à Bobo-Dioulasso où l’USFRAN s’était imposée devant l’EFO par 2 buts à 0 ; ou encore de ces nombreux trophées remportés dont la coupe nationale en 1967.

Ces différentes performances sont le fruit d’un gigantesque travail de formation que le club avait su faire et qui a longtemps permis à l’équipe orange et noir de toujours jouer les premiers rôles dans les compétitions nationales. Et pour cela, l’USFRAN a bénéficié des services d’entraîneurs comme Kassamba Mamadou dit Youl qui, depuis 1966, s’est engagé dans le club avec pour seule ambition la formation des jeunes.

C’était le début d’une longue histoire pour cet homme qui venait ainsi d’entamer sa carrière d’entraîneur avec la première promotion des minimes composés de joueurs comme Ibrahima Thiémounou ou encore Traoré Seydou Richard (Seydoni).

Puis, suivront au fil des années plusieurs autres générations de joueurs dont Kam Sami Platini, Sié Ouattara, Daouda Sanou, Sidi Napon, Ousmane Coulibaly, Issa Ouattara, Kambou Bêbê, Sory Traoré, etc. De talentueux footballeurs sortis du moule de Youl et qui ont réussi par la suite à s’imposer avec brio sur l’échiquier national.

Toujours déterminé à assurer la relève au sein de son équipe en particulier et du football bobolais en général, cet infatigable formateur n’a cessé de parcourir la ville tantôt à pied tantôt à vélo à la recherche de talents naissants.

Son courage et sa fidélité ne souffraient l’ombre d’aucun doute au sein de cette équipe cheminot dont il a fini par prendre en charge toutes les autres catégories inférieures, à savoir les cadets et les juniors.

Et lorsque qu’en 1997, l’équipe première de l’USFRAN a connu une vague de démissions avec le départ d’une vingtaine de joueurs, son maintien en D1 aura lieu grâce aux jeunes poulains de Youl qui avaient été appelés à la rescousse et qui ont su jouer avec succès le rôle de pompier qui leur était dévolu.

L’amertume d’un entraîneur

Auréolé de son titre de champion national junior en 2005, Yaya Kassamba dit Youl est incontestablement l’un des principaux artisans des nombreuses performances de l’USFRAN. Son mérite a d’ailleurs été reconnu par l’Association des journalistes sportifs du Burkina (AJSB) qui lui a décerné une médaille en 2000.

Mais voilà qu’au soir de sa carrière d’entraîneur, Mamadou Kassamba a choisi de se séparer d’une équipe pour laquelle il a consacré quarante années de sa vie. Qui l’eût cru ! Un départ inattendu, mais qui traduit en réalité l’amertume d’un homme qui a toujours travaillé dans le bénévolat et qui se dit aujourd’hui exaspéré par l’inconscience et l’insouciance de certains dirigeants qu’il accuse d’être à l’origine de la relégation de l’équipe.

« Ils ont des comportements malsains à saper le moral des jeunes. Vous savez, l’USFRAN est peut-être la seule équipe à Bobo où les joueurs évoluent sans primes et sans salaires, mais se battent pour assurer le maintien. J’ai toujours mené un travail psychologique dans ce sens et qui permet aux joueurs d’avoir le plaisir de jouer et de gagner.

Mais je trouve que dans cette équipe, il y a ceux qui construisent et ceux qui détruisent et cela dure depuis toujours. Je n’en pouvais plus et il fallait que je me retire », nous a-t-il confié. Agé de soixante et un ans, l’homme semble aujourd’hui très dépité et n’a visiblement plus envie de s’étaler sur sa longue carrière avec les cheminots.

C’est donc avec l’AS Fonctionnaires de Bobo-Dioulasso que Kassamba Mamadou dit Youl travaillera désormais avec toujours le même objectif : assurer la relève.

Jonas Apollinaire Kaboré

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 26 octobre 2006 à 19:03 En réponse à : > Youl et l’USFRAN : Le divorce après 40 années de mariage

    Je suis attristé que Youl quitte le navire USFRAN dans un climat conflictuel. C’est bien dommage !! mais n’est-ce pas aussi la résultante d’une lassicitude consécutive à un manque de moyens dans son travail ? je l’ai eu comme entraineur depuis les sous-minimes jusqu’en cadet. Il a été un conseiller précieux quand je me suis retrouvé en séniors. J’ai eu le grand bonheur de le retrouver sur ce même terrain à Sikassocira l’été passé pdt mes vacances. Le foot évolue : les couleurs n’ont plus grand sens, seuls comptent les intérêts. S’il trouve son compte à l’ASFB, je lui souhaite de réussir. Merci pour ton dévouement et ta science de la formation des jeunes.

    Un ex usfran, ex asfa et ex étalon formé par Youl. Et salut à toi Jonas Kaboré.

  • Le 28 octobre 2006 à 12:31, par FAURE JEAN-pierre En réponse à : > Youl et l’USFRAN : Le divorce après 40 années de mariage

    Je suis un fan supporter de Youl d’autant plus que j’ai fais partie de sa génération et il est vraiment dommage qu’il parte. Je m’appelle FAURE Jean-Pierre et j’ai joué à l’USFRAN qui est le club de mon coeur et qui le restera. Ce club est vraiment un symbole et Mr Youl en est un digne représentant. Bien de choses à lui et bon vent

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