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Mathieu N’Do, directeur de San Finna

Publié le lundi 22 mai 2006 à 08h01min

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Mathieu N’Do

Après plus de quatre mois d’absence pour cause de maladie, Mathieu N’Do, notre Directeur général, est de retour au pays. Son absence n’est pas passée inaperçue parce que nombre de confrères de la place s’en sont inquiétés et ont régulièrement tenu l’opinion informée de l’évolution de sa santé. Nous l’avons approché et il a bien voulu nous en dire plus sur le cauchemar qu’il a vécu.

San Finna : Monsieur le Directeur, après votre départ le 19 Janvier 2006 pour la Côte d’Ivoire, nous avons appris que vous avez eu une crise une fois à Abidjan. Qu’en est-il exactement ?

Mathieu N’Do : Je vous remercie bien. Je me suis effectivement rendu le 19 janvier en Côte d’Ivoire pour un séjour qui devait durer tout au plus une semaine. Je m’apprêtai donc logiquement à revenir le 26 Janvier, et la veille, je suis allé faire la confirmation de mon vol retour. C’est en sortant de l’agence de voyage que j’ai commencé à avoir des problèmes de concentration. J’ai attribué cela à une fatigue passagère et j’ai voulu repartir à l’hôtel pour me reposer avant de terminer mes courses le soir et reprendre mon vol le lendemain.

Je me suis couché pour me reposer et c’est là que je n’ai plus rien compris parce que, lorsque je me suis réveillé, j’étais à la Polyclinique Hôtel Dieu de Treichville, entouré de médecins et de filles de salle. L’on m’a en ce moment fait savoir que je sortais d’un coma qui avait duré cinq jours. Je vous assure que mon cœur doit être bien accroché sinon je pense que la surprise aurait pu à elle seule me faire partir bien plus vite que la maladie.

C’est après cela que l’on m’a retracé les péripéties que j’ai vécues. Il semble donc que j’ai été sujet à des convulsions assez violentes qui ont débuté le 25 janvier jusqu’au lendemain 26, lorsqu’on m’a retrouvé couché à côté de mon lit, toujours en état de convulsions. La porte de la chambre d’hôtel a dû être cassée parce que tous ceux qui m’appelaient et n’arrivaient plus à me joindre avaient commencé à s’inquiéter très sérieusement. C’est donc eux qui ont estimé qu’il fallait que l’hôtel prenne la responsabilité de casser la porte. Après quoi, le personnel de l’hôtel, qui a été fantastique, a tout de suite appelé le SAMU qui est venu me chercher et m’a donc conduit à la polyclinique.

Un certain nombre d’examens ont été effectués sur ma personne mais il a fallu qu’on en vienne à faire le scanner de mon cerveau pour se rendre compte que la raison de ces convulsions qui avait provoqué le coma, était du au fait qu’il y avait des corps étrangers dans mon cerveau, notamment des ténias de porc qui s’y trouvaient, et je vous assure que personne n’a pu réellement m’expliquer de manière convaincante, comment ces ténias se sont retrouvés là.

San Finna : Les médecins n’ont donc pas pu jusqu’à présent donner une explication claire de ce qui vous est arrivé ?

Mathieu N’Do : Je profite d’abord de votre micro pour réitérer mes remerciements à l’ensemble de ces médecins car ils se sont donnés plus que leur profession ne l’exigeait pour me faire recouvrer la santé. Effectivement, ils ont dit qu’il s’agissait d’un cas plus que rare parce qu’ils ne peuvent pas expliquer en dehors d’examens beaucoup plus poussés qu’il aurait fallu effectuer, donc ils ne peuvent qu’émettre des hypothèses. Et l’hypothèse la plus probable est que le ténia dans un état très embryonnaire, s’est retrouvé dans mon sang, a suivi le circuit sanguin et a pénétré le cerveau par les canaux d’irrigation pour s’y retrouver. Une fois installée, la chose a voulu proliférer, et c’est justement en voulant se déployer que le cerveau, à ce niveau, a produit une réaction et cette réaction serait à la base des convulsions qui ont provoqué le coma. Il n’y a donc pas eu d’explication scientifiquement élaborée, pour le moment l’on s’en tient à ces hypothèses. Peut-être plus tard, mes médecins pourront mieux m’expliquer de quelle manière des ténias peuvent se retrouver dans le cerveau d’un être humain.

San Finna : Les rumeurs ont couru ici que vous avez été victime d’un empoisonnement. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Mathieu N’Do : J’ai eu effectivement à entendre un certain nombre de versions en ce qui concerne les raisons de ma maladie. Je crois que les rumeurs se fondent sur le manque d’informations, l’éloignement et également le zèle de certaines personnes qui profitent de situations de ce genre pour se rendre intéressantes. Il n’en a rien été. Je n’ai pas été non plus l’objet d’une attaque de type neurologique telle que certains ont par ailleurs voulu le dire. Absolument pas, de ce point de vue, je n’ai aucun problème. Mon problème concernait la présence de ces corps étrangers dans mon cerveau.

Ce que je peux ajouter, c’est que j’ai eu également un problème de nerf sciatique mais ce problème avait démarré un mois plus tôt quand je m’était rendu en Allemagne ; c’étaient des douleurs assez légères que de simples calmants réussissaient à réduire et qui ne m’ont pas amené à m’en occuper de manière particulière. Mais quand je me suis retrouvé en situation de faiblesse due au coma, le problème du nerf sciatique en a profité pour s’aggraver. En fait, la douleur sciatique s’explique par le fait que je connais un tassement lombaire lié à mon poids. Ce nerf s’est donc retrouvé coincé entre les vertèbres et c’est cela qui déclenchait une douleur dans la jambe et qui a provoqué un certain nombre d’inconvénients au niveau de ma jambe que je suis en train de traiter actuellement.

San Finna : Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Mathieu N’Do : Je voudrais exprimer ma gratitude à l’Ambassade du Burkina Faso en Côte d’Ivoire qui, ayant été alerté sur ma situation, a diligemment informé les responsables de mon parti et remercier du fond du cœur l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire, son Excellence le Docteur Richard Kodjo qui, ayant appris mon état de santé, a usé de toutes ses relations (parce que lui-même étant de la profession, il connaît beaucoup de médecins) pour qu’une certaine aide puisse m’être apportée dans mes soins ; je voudrais remercier du fond du cœur Me Hermann Yaméogo, le président de l’UNDD qui, le premier, a eu à s’inquiéter du fait qu’il était difficile de me joindre, et qui a insisté auprès de l’hôtel dans lequel j’étais pour que la porte de ma chambre puisse être cassée. Je voudrais le remercier également parce qu’il n’a ménagé aucun effort aussi bien d’un point de vue moral que financier pour que je puisse bénéficier des meilleurs soins possibles dans ma situation de crise en Côte d’Ivoire.

Je voudrais également remercier mes confrères non seulement du Burkina mais de la Côte d’Ivoire et plus particulièrement, Théophile Kouamou du Courrier d’Abidjan, qui s’est véritablement démené, qui a partagé ces moments difficiles avec moi comme s’il était personnellement touché.

Je ne saurais terminer sans dire qu’après ce que j’ai vécu, un coma de stade 3 avec des chances de survie minces comme me l’ont dit mes médecins, j’apprécie d’autant mieux la joie de pouvoir retrouver tous mes amis, ma famille et tous ceux qui me connaissent plus ou moins. C’est l’occasion de dire aux gens de faire attention à ce qu’ils consomment surtout lorsqu’il s’agit d’aliments de chair. Je ne dis pas de cesser de consommer le porc au four mais je crois qu’il est important que les gens veillent à l’aspect sanitaire de ce qu’ils mangent lorsqu’il s’agit d’aliment de chair et surtout de ne jamais oublier de se déparasiter à intervalles réguliers. C’est vraiment le conseil de rescapé que je peux donner.

Propos Recueillis par Thierry Nabyouré

San Finna

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