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Burkina/ Médias : « Dans ce contexte sécuritaire et économique, la résilience est notre premier défi », Cheick Beldh’or Sigué, directeur de publication des Éditions Le Pays

Publié le dimanche 2 juin 2024 à 22h10min

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Burkina/ Médias : « Dans ce contexte sécuritaire et économique, la résilience est notre premier défi », Cheick Beldh’or Sigué, directeur de publication des Éditions Le Pays

Fondé en octobre 1991 par Boureima Jérémie Sigué, Le Pays est l’un des grands quotidiens burkinabè qui s’est imposé dans l’espace médiatique. Cheick Beldh’or Sigué, journaliste et par ailleurs fils du fondateur, est le directeur de publication du journal. Dans cette interview, il revient sur son parcours, les difficultés actuelles du journal, les défis et bien d’autres sujets liés à la vie des Éditions Le Pays.

Lefaso.net : Comment êtes-vous arrivé dans le journalisme ?

Cheick Beldh’or Sigué : On ne me prédestinait pas au journalisme parce que j’ai un baccalauréat D qui est scientifique. Vous savez que le bac D est particulier puisqu’il faut être au mieux, moyen dans toutes les matières. Comme mon papa est journaliste, au collège, je lisais les journaux qu’il apportait à la maison. C’est un peu comme cela que j’ai piqué le virus du journalisme. J’ai fait quelques années de sociologie en Côte d’Ivoire. Après je suis allé me former à Dakar, au Sénégal, en journalisme. Je suis titulaire d’un diplôme d’études supérieures en journalisme. Une fois rentré au bercail, j’ai commencé à pratiquer le métier. J’ai fait le terrain pendant des années.

Est-ce que vous êtes venu dans le journalisme pour faire plaisir à votre papa ou par conviction personnelle ?

C’est vrai que mon père est journaliste de formation, comme moi et il a même exercé dans la presse internationale. Non, je ne pense pas être venu dans le métier de journaliste pour lui faire plaisir. Je suis venu par plaisir parce que j’aimais le métier. Je vous disais que je lisais beaucoup les journaux à l’instar du quotidien du soir Ivoire soir, Fraternité Hebdo, Voix d’Afrique, etc. Il a travaillé notamment à Voix d’Afrique. Bref, c’est tout cela qui m’a donné le goût du métier. Si je n’avais pas le goût du métier, je ne l’aurais pas exercé.

On peut dire que le profil de papa vous a permis de réaliser cette ambition et faciliter les choses...

Faciliter, c’est trop dire. Si cela a pu être une chance, eh bien, moi je l’ai saisie.

Vous êtes à la tête de ce grand média. Dites nous comment ‘’Le Pays’’ se porte dans le contexte actuel ?

On essaie tant bien que mal de tenir la route. Les difficultés ne manquent pas, comme c’est le cas pour quasiment toutes les autres entreprises en ce moment. La situation économique n’est pas très reluisante, et vous le savez très bien. C’est dire si les médias ne font pas exception à la règle. La presse rencontre beaucoup de problèmes en ce moment mais on tente de s’accrocher tant bien que mal dans l’espoir que demain sera meilleur. Mais ce n’est pas simple.

De façon spécifique, quelles sont les difficultés auxquelles les Éditions ‘’Le Pays’’ sont confrontées ?

Il y a d’abord la situation sécuritaire qui impacte beaucoup notre environnement médiatique. Avec le déguerpissement des populations, il n’est plus possible d’envoyer par exemple des journaux dans certaines localités. On ne peut pas vendre nos journaux à des gens qui ne sont plus là. Ce sont donc des lecteurs en moins. Et à cause de la crise sécuritaire, il y a des endroits où le correspondant ou le journaliste ne peut plus se rendre dans la mesure où il craint pour sa sécurité.

Pour le directeur de publication du journal ‘’Le Pays’’, Cheick Beldh’or Sigué, la presse écrite a encore de l’avenir

En dehors de la situation sécuritaire, il y a aussi la situation économique qui n’est pas sans produire des effets négatifs sur notre quotidien. Prenez par exemple le problème la dette intérieure. Bien des médias ont des factures impayées de l’Etat. On espère que la situation va s’améliorer. Quid de la liberté de la presse qui n’est pas au mieux de sa forme, bien au contraire. Sachez que dans certaines conférences de presse, des questions trop “osées” de journalistes leur ont valu des huées, des insultes et des menaces.

Quelle perception avez-vous de la pratique journalistique dans cette période de crise sécuritaire ?

Comme vous le savez, on ne peut plus aborder certains sujets comme c’était le cas auparavant. Ce n’est vraiment pas facile aujourd’hui, l’exercice du métier.

En plus des autres difficultés citées concernant la presse, il y a aussi les réseaux sociaux qui sont une menace pour la presse écrite. L’avenir de la presse écrite est-elle en danger ou pas ?

Effectivement la donne a changé depuis l’arrivée des réseaux sociaux. La presse papier ne vit plus ses beaux jours. Mais je ne crois pas à la thèse de sa disparition. D’autant plus qu’elle a su s’adapter. Au point que le numérique se présente aujourd’hui comme une valeur ajoutée, un plus, une opportunité. La presse traditionnelle a intégré la dimension numérique dans ses habitudes. Dire dans ces conditions que la presse traditionnelle sera dévorée par les nouveaux médias, je n’y crois pas trop.

Au demeurant, nous rencontrons des annonceurs qui ne jurent que par le support papier, loin derrière la version numérique. Il y a quand-même un marché qui existe pour la presse papier même si je reconnais que les choses ne sont plus totalement comme avant, où les médias traditionnels exerçaient leur suprématie.

Pensez-vous que vous avez réussi la transition digitale ?

C’était même pour nous, un devoir. C’est le contexte qui nous l’imposait. Si vous ne le faites pas, vous risquez de sombrer. Mais quand on s’y adapte en associant les deux médias, on peut aller loin. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Interview réalisée SIK
Lefaso.net

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