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CAN-Côte d’Ivoire 2023 : Les leçons de vie à tirer de la 34e édition

Publié le mardi 13 février 2024 à 21h40min

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CAN-Côte d’Ivoire 2023 : Les leçons de vie à tirer de la 34e édition

La fête est finie. La trêve sociale est terminée. Pendant un mois en Côte d’Ivoire, les pays africains ont eu leurs parts de rêves, d’émotions, de plaisirs, de peurs et de pleurs. Le petit enfant qui dormait en chacun de nous a pris les rênes du pouvoir et l’on s’est amusés comme des fous à cette fête du football africain : petits comme grands, puissants comme faibles.

Y a-t-il au monde quelque chose d’autre qui peut unir les hommes et les femmes, les peuples, dans une communion fraternelle, festive, populaire et pacifique ? Les autorités ivoiriennes avaient promis la plus belle Coupe d’Afrique des nations (CAN) de l’histoire. Promesse tenue, répondent même les partis d’opposition du PPA (Parti des peuples africains) de Laurent Gbagbo et du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) de Tidjane Thiam.

Quels sont les ingrédients de ce succès obtenu au bout des larmes et de la sueur ? Quelles sont les belles leçons de vie que le football nous a encore donné ? Un terrain de football à l’école, n’est-ce pas une chance d’y enseigner l’école de la vie ? Retour sur une CAN imprévisible, dont le scénario a été écrit par les dieux du football.

Les Ivoiriens n’ont pas gagné que les défis de l’organisation, de l’hospitalité, de la compétition. Ils ont gagné aussi sur le terrain culturel et musical où il n’avait pas besoin de CAN pour être au-devant. Parmi les chansons sorties pour la CAN, il y a « Coup de marteau ». Et le premier à en recevoir ce fût la Côte d’Ivoire avec sa défaite 4 à 0 contre la Guinée équatoriale et à se retrouver éliminée au premier tour de la compétition qu’elle organise chez elle, si elle n’arrive pas à être parmi les meilleurs troisièmes. Les joueurs, les supporters, le pays entier se retrouve dans la situation décrite par Charles Baudelaire par ces vers :

« Dans les caveaux d’insondable tristesse
Où le Destin m’a déjà relégué ;
Où jamais n’entre un rayon rose et gai ;
Où, seul avec la Nuit, maussade hôtesse, »

Mais le Maroc va le sortir de ce purgatoire en battant la Zambie ce qui le qualifie pour les 8e des finales et faire de cette CAN, la plus belle, et où l’on a parlé de Dieu et le vocabulaire religieux a été abondant : on a collé à la Côte d’Ivoire les épithètes de miraculé, de ressuscité, de transfiguré. Emerson Fae, l’entraîneur adjoint qui a pris la succession de l’entraîneur français viré après la défaite, a visité la basilique de Yamoussoukro pour le match de 8e de finale qui opposait la Côte d’Ivoire au champions en titre, les Lions du Sénégal.

Que l’on soit croyant ou pas il a fallu à cette équipe une dose énorme de foi pour battre cette équipe du Sénégal qui est arrivée en Côte d’Ivoire très forte avec des talents nombreux comme des grains d’attiéké. Et les matchs qui ont suivi la victoire du Sénégal, les Ivoiriens ont gardé la foi comme St Paul la définit : « la foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas » (Hébreux 11:1).

Dans tous les matchs qui ont suivi, les Eléphants sur le terrain, en dehors le staff technique et le public, étaient ceux qui espéraient, voulaient le plus la victoire et faisaient tout pour l’obtenir en travaillant tous ensemble pour le même but. Quelle belle leçon d’unité, de foi en soi et en Dieu. Elle est transposable partout, dans les entreprises, les pays. Après avoir pleuré sur le terrain, on n’a pas vu les joueurs ivoiriens avoir un mauvais comportement sur le terrain pour une mauvaise passe, mais plutôt faire front, l’équipe défendant et attaquant ensemble.

Le football enseigne des valeurs

Dieu a toujours été sur les lèvres et dans les cœurs des footballeurs. On se rappelle que Maradona avait mis un but en s’aidant de la main après avoir sauté pour le mettre de la tête et était trop court. Au journaliste qui lui demandait pourquoi il avait fait la faute, il avait répondu que c’était la main de Dieu. Pourquoi ne pas lire ainsi tous ces renversements de situation qui ont eu lieu à cette CAN. Les puissants sont descendus de leur trône, comme le Ghana, l’Algérie, le Maroc, le Cameroun, tous ayant des étoiles accrochées au maillot.

La moralité essentielle du football qu’on doit enseigner à nos enfants, est que rien n’est jamais acquis, il faut se battre pied à pied pour la victoire. Et surtout ne pas se décourager quand on est au creux de la vague, ou dans les « caveaux d’insondables tristesses », comme le dit le poète. « Découragement n’est pas Ivoirien », aurait dit le père de la nation ivoirienne à son peuple, mais en fait il s’adressait au monde entier.

Ne pas garder son calme, c’est perdre les moyens de se relever et de saisir la seconde chance que Dieu t’offre. Et oui, il y a parfois une seconde chance, même si dans la vie elle ne se présente pas souvent ou qu’ayant perdu la foi et le courage, on n’arrive pas à la saisir. La Côte d’Ivoire l’a saisi avec son cœur, son esprit, son âme et a joué pour la vie et pour la victoire.

Après avoir touché le fond lors des éliminatoires, les joueurs ivoiriens ont respecté tous leurs adversaires, tout en faisant équipe avec respect les uns pour les autres pour cette équipe avec un mix d’anciens et de jeunes. C’est une équipe avec des valeurs qui est restée humble et qui a gagné. La population ne s’y est pas trompée, cet alignement des planètes pour que la Côte d’Ivoire avec douleurs certes gagne est le signe évident d’une bénédiction. Et c’est avec amour et humour qu’elle chante : « On ne vaut rien, mais on est champions, on ne vaut rien, mais on a gagné ».

Le football est une métaphore de la vie et cette CAN nous l’a montré à bien d’égards avec des situations renversantes par la VAR et des défaites et victoires porteuses de sens profond sur la vie.

Sana Guy
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 14 février à 14:08, par Amadoum En réponse à : CAN-Côte d’Ivoire 2023 : Les leçons de vie à tirer de la 34e édition

    Mr Sana ce serait égoïste et ingrat de ma part de lire ce beau texte sans te dire félicitation et merci pour ta belle plume.
    Je ne serais pas comme ces nombreux Burkinabé qui ne savent pas féliciter l’autre quand il met un bon parfum ou porte une belle chose. Que Dieu te donne la santé et la force pour être cette belle étoile qui brille et éclaire quand elles sont nombreuses.

    Répondre à ce message

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