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Burkina : Un plaidoyer au chef de l’État pour interdire l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants

Publié le dimanche 4 février 2024 à 20h17min

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Burkina : Un plaidoyer au chef de l’État pour interdire l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants

L’Initiative africaine stop dépigmentation (IASD) fait le plaidoyer d’interdire au Burkina Faso, l’importation et la commercialisation de produits dépigmentants. À travers sa lettre ouverte adressée au chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré, l’IASD qui a pour mission de lutter contre la dépigmentation, entend promouvoir la santé de la femme. L’intégralité dans la lettre ci-dessous.

LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE LA TRANSITION, SON EXCELLENCE IBRAHIM TRAORE

Objet : Plaidoyer pour l’interdiction de l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants au Burkina Faso

Excellence Monsieur le Président de la Transition,

L’initiative africaine stop dépigmentation (IASD), voudrait bien débuter cette lettre en saluant vos efforts inlassables dans la lutte contre le terrorisme et votre engagement constant en faveur d’un Burkina Faso véritablement indépendant. Votre leadership est une source d’inspiration pour notre Nation et pour les Peuples en lutte pour leur souveraineté.

Aussi, c’est avec un profond respect et une admiration sincère que l’IASD salue vos efforts constants en faveur d’un changement de paradigmes au Burkina Faso et votre vision audacieuse pour un Burkina Faso qui intègre harmonieusement nos valeurs traditionnelles et culturelles dans la quête d’un avenir prospère.

Excellence Monsieur le Président de la Transition,

En promouvant et préservant nos identités culturelles, vous jetez les bases d’une renaissance qui renforce notre intégrité en tant que peuple.

C’est justement à ce titre que nous nous permettons de porter à votre attention une problématique préoccupante qui affecte la santé publique au Burkina Faso, et plus particulièrement celle de la femme. Il s’agit de la pratique répandue de la dépigmentation, un phénomène qui prend des proportions alarmantes.

Excellence Monsieur le Président de la Transition,

Nous, membres de l’Initiative africaine stop dépigmentation (IASD), sommes un regroupement de jeunes engagés rencontrés sur les réseaux sociaux en 2021. La mission de notre association consiste à lutter efficacement contre la dépigmentation et à promouvoir la santé de la femme en conformité avec la loi N°64-2015/CNT du 20 octobre 2015 portant liberté d’association.

À cet égard, nous souhaitons solliciter votre appui pour la mise en place de mesures législatives visant à interdire l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants au Burkina Faso. En effet, la quête de la beauté, souvent associée aux préoccupations féminines, a évolué avec la mondialisation, conduisant à l’amélioration voire à l’effacement des méthodes traditionnelles au profit de celles dites modernes. Cependant, nous sommes profondément préoccupés par l’ampleur croissante de la pratique de la dépigmentation, devenue le troisième problème de santé publique au Burkina Faso, selon le Professeur Jean-Baptiste Andonaba, titulaire de dermatologie et vénérologie au CHU de Bobo Dioulasso.

Excellence Monsieur le Président de la Transition,

L’interview accordée au Dr Awa Traoré révèle que ce phénomène, loin d’être nouveau, prend de l’ampleur de manière alarmante. En 2005, 44,30% des femmes au Burkina Faso utilisaient des produits dépigmentants. À Ouagadougou, ce taux est passé de 22% en 1997 à près de 40% en 2005, et à Bobo-Dioulasso, il était de 50% en 2005, atteignant près de 68% en 2016. Une étude menée entre 2016 et 2017 à Ouahigouya a montré que 73% des femmes utilisaient ces produits. Il est indéniable que ce fléau nécessite une action urgente et coordonnée. Les résultats de la recherche du Dr Wosondoma Etienne Magloire Yabré, dans le cadre de sa thèse doctorat, soulignent une prévalence croissante de l’usage de produits dépigmentants, avec des conséquences néfastes sur la santé des femmes.

Les produits utilisés étaient principalement à base d’hydroquinone (81,6%), d’EDTA (8,33%), d’acide kojique (4,86%), de mélanges (11,12%), ou avaient une composition inconnue (14,58%). Ces produits étaient souvent d’origine douteuse, provenant de boutiques, de marchés, ou de marchands ambulants, dans près de la totalité des cas (98,96%). Des complications ont été observées chez 62,5% des utilisatrices, les plus courantes étant les dyschromies (85,87%), l’acné (17,39%), et les brûlures (10,32%). Cependant, la demande de soins était relativement faible, avec seulement 9 sur 184 utilisatrices cherchant une assistance médicale.

Les complications, les décès, la raréfaction des femmes au teint naturellement noir, et les cas d’usurpation d’identité, comme l’a alerté l’ex-Directeur Général de l’Office nationale d’Identification (ONI), Aristide BERE, témoignent de l’urgence d’agir (plusieurs cartes d’identités n’ont pas pu être délivrées à leurs propriétaires du fait de la non reconnaissance faciale de certains usagers).

Aussi, la recherche de la beauté s’étend malheureusement désormais aux nourrissons au Burkina Faso, exposant ces êtres vulnérables à des produits potentiellement nocifs. La dépigmentation des bébés est une pratique inacceptable, mettant en péril leur santé physique et psychologique à un stade crucial de leur développement.

Considérant ces faits, nous, membres de l’IASD, sollicitons votre intervention pour un plaidoyer auprès de l’Assemblée Législative de Transition (ALT) et du Gouvernement en faveur de l’adoption d’une proposition de loi ou d’un projet de loi visant l’interdiction de l’importation et la commercialisation des produits éclaircissants et dépigmentants au Burkina Faso. Nous croyons fermement que cette action contribuera à préserver la santé des Burkinabè et à combattre efficacement le fléau de la dépigmentation qui affecte notre société. Nous sommes conscients de l’importance de votre rôle dans la protection des droits et de la santé de nos concitoyens, et nous espérons que vous soutiendrez cette cause cruciale.

Dans l’espoir que vous soutiendrez cette cause juste et nécessaire, nous vous prions d’agréer, Excellence, l’expression de notre plus haute considération.

Pour le Bureau de l’Initiative africaine Stop Dépigmentation
Le Coordonnateur National
Issaka OUEDRAOGO

E-mail : ouedraogoissaka04@gmail.com

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Vos commentaires

  • Le 4 février à 22:39, par Dibi En réponse à : Burkina : Un plaidoyer au chef de l’État pour interdire l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants

    Très, Très, Très bonne initiative !
    Et que Ibrahim Traoré et son gouvernement fassent la Rupture révolutionnaire qu’appelle cette initiative du Bureau de l’Initiative africaine pour Stopper la Dépigmentation !
    Les Révolutions Sociales sont aussi des Révolutions Culturelles de Nous-mêmes, de nos Êtres en Corps et en Esprit, face à toutes les Aliénations qui nous séparent de nous-mêmes !
    Et donc, que les Instituts, les Salons de Beauté, les Familles, les Marchands d’Esthétique et d’Aliénation néocoloniale, en plus des Structures de santé, et les Médias, se mobilisent et sensibilisent sur la question, en lien avec les organes du Pouvoir !
    Dans nos Pays, il est triste de constater que tous les Régimes Compradores Néocolonialistes ont toujours laissé à l’abandon, en friche, dans l’indifférence réactionnaire, nihiliste individualiste ces cancers culturels qui rongent nos sociétés devenues des sociétés de Peaux-Noires-Masques-Blancs que nous sommes devenus, abimés par des décennies de colonisation et de néocolonisation identitaire !
    Bref, cette Histoire fait de Nous, des Aliénées Porte-manteaux-cravatés ou Défrisées et Dépigmentées qui ne disent qu’une chose : l’Histoire d’une Aliénation !
    On le sait depuis que La Domination par l’aliénation culturelle, identitaire est toujours et partout, la grande porte d’entrée de la Négation de Soi et de ses apparences ; le Masque Esthétique de tous les Refus de Nous-mêmes, imposé au départ et toujours par l’Histoire !
    Pour l’anecdote par exemple, c’est à Brazzaville en 1940-42, Capitale de la France Gaullienne, que le Costume Européen, la veste, la cravate, le Pantalon ou le Short kaki ou blanc et les Souliers fermés sont exigés des Africains dits Évolués, lors des manifestations et cérémonies de célébration de notre domination ! Et cette histoire continue de nous donner à voir, le Prototype de l’Africain Évolué ! Un prototype de Nègre-Porte-manteau qu’affichent de façon dominante les Élites en Afrique Centrale Équatoriale ou Forestière et Pré-forestière Ouest-africaine !
    Les Sapeurs Congolais en sont les exemples caricaturaux et emblématiques, les Bongo, les Biya, les Houphouet, les Senghor et bien d’autres, qui jamais n’ont posé autrement, toute leur vie !
    Et la grande voie culturelle de l’auto-émancipation sociale et politique ouverte par la RDP de Thomas Sankara, doit-être continuée et approfondie par Ibrahim Traoré et ses camarades, en lien avec notre Peuple, dans la Fierté et le Travail !
    Na an lara, en sara !
    La Patrie ou la mort !

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  • Le 5 février à 05:56, par Swartskoff En réponse à : Burkina : Un plaidoyer au chef de l’État pour interdire l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants

    IASD, votre combat est déjà perdu. Vous même aimez les femmes à peau arc-en-ciel et cela pousse les jeunes filles noir à ce décapage. Á l’occasion d’un passage dans certains years ou marché, cas de M’ba Simon Toêga à Nagrin. C’est ahurissant tout simplement. Vous en constaterez assurément et même e n circulation à Ouaga en scooter bobraba ou non. Y a-t-Il une solution ? Non assurément ! L’arc-en-ciel n’est ni plus ni moins que le reflet de rayons solaires dans les cristaux d’eau dans l’atmosphère. Alors tout le monde ne succombant pas à cette petite folie, on peut conclure que c’est la frange dont la cervelle contient beaucoup plus d’eau que de matière grise. Du courage quand même !

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  • Le 5 février à 06:01, par Adiza LAMIEN OUANDO En réponse à : Burkina : Un plaidoyer au chef de l’État pour interdire l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants

    Félicitations pour cette initiative.
    Pour être complet, nous demandons au gouvernement d’interdire l’importation des mèches et autres perruques qui polluent l’environnement et constituent un frein à l’hygiène publique, enlaidissant ainsi les paysages de nos villes et de nos campagnes.
    Les filles et femmes du Burkina Faso sont toutes belles et n’ont vraiment pas besoin de ces pratiques dévalorisantes.
    Cependant les femmes dites " leaders" ont aussi un rôle important à jouer. Les femmes dites de "la base" les regardent et les imitent. Cela commence par les femmes membres du gouvernement et épouses des membres du gouvernement, des institutions, les gouverneurs, Hauts Comissaires, Préfets, et toutes les femmes occupant des hautes fonctions électives et nominatives, les femmes opérateurs économiques....
    Si nous y tenons, des pistes pourraient être explorées à partir de notre coton.

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  • Le 5 février à 07:55, par One punch burkinbilaman En réponse à : Burkina : Un plaidoyer au chef de l’État pour interdire l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants

    Bjr à tous. Juste un mot de soutien à cette initiative qui est fortement salutaire. La dépigmentation tue. Elle tue en silence et elle tue en se cachant. Bcp de femmes meurent de diverses manières sans que l’on sache que c’est la dépigmentation qui a causé le problème mortel et apparent. En dehors de ça ça handicape longuement et défigure à long terme. Si on ne fait rien, d’ici 10 ou 15 ans on aura plein de "salamandres" dans nos rues et dans nos hôpitaux. Il faut attaquer avec véhémence tous ceux qui essaient de se faire du beure sur la vie de nos soeurs.

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  • Le 5 février à 09:06, par Mohammed En réponse à : Burkina : Un plaidoyer au chef de l’État pour interdire l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants

    Merci à cette association pour sa conscience et le rôle important qu’elle joue au niveau national.
    Bon courage.

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  • Le 5 février à 09:13, par Black En réponse à : Burkina : Un plaidoyer au chef de l’État pour interdire l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants

    La dépigmentation avant tout c’est un choix et laisser les femmes de faire de qu’elles veulent de leur peau et svp ne mêlé pas le président IB de cette fausse histoire là.si tu veux interdit ta femme de se dépigmenté mais laissé nos jolies femmes de se dépigmentées nous on veut ça,femme doit être claire et point.

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  • Le 5 février à 10:26, par Lynn Hien En réponse à : Burkina : Un plaidoyer au chef de l’État pour interdire l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants

    Une vraie gangrène pour les esprits de nos enfants qui s’adonnent à la pratique de l’éclaircissement de la peau sans souci pour les conséquences désastreuses sur leur santé.
    Paraître et ne pas être, on finit par disparaitre. Beaucoup ont disparu de la circulation pour ne pas montrer les croutes noires et autres signes du cancer de la peau qu’ils et elles surtout trainent.
    Davantage de sensibilisation et vivement l’implication des autorités pour aider à sauver nos enfants.

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  • Le 5 février à 10:41, par PIETRO VENEZIA En réponse à : Burkina : Un plaidoyer au chef de l’État pour interdire l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants

    Monsieur le Coordonnateur Nationale IASD, Issaaka Ouedraogo, bonjour. J’ai lu la lettre adressée au Président de la Transition pour bloquer l’utilisation de substances dépigmentantes : à mon avis, en tant qu’oncologue, je considérerais cette pratique comme une atteinte à la santé publique et infantile. J’apprécie les observations alarmantes du Professeur Jean-Baptiste Andonaba, du Dr Awa Traoré et du Dr Wosondoma Etienne Magloire Yabré. Je voudrais ajouter à l’expertise des collègues mentionnés ci-dessus que même si nous n’avons pas encore de preuve certaine d’une cancérogenèse induite par l’utilisation de crème à l’ hydroquinone, lorsqu’elle est prise par voie orale et donc ses métabolites sont excrétés dans l’environnement, l’hydroquinone est une substance chimique et peut être toxique dans les activités humaines et industrielles en favorisant la génération d’espèces réactives de l’oxygène, le stress oxydatif et donc le potentiel de dommages à l’ADN. C’est un métabolite majeur du benzène et est connu pour être hépatotoxique et cancérigène dans ces contextes. Certaines études suggèrent qu’il pourrait favoriser la croissance des cellules cancéreuses et supprimer la réponse immunitaire. Il est utilisé en photographie et est présent dans les colorants, les peintures, les vernis, les huiles et les carburants. Sous sa forme oxydée, il est plus toxique et moins dégradable. Il est très toxique pour les organismes aquatiques et les rongeurs et peut provoquer une leucémie, une tumeur des cellules tubulaires rénales et un cancer du foie. Il a également été constaté qu’il influence les réponses des cellules immunitaires et provoque une augmentation des réactions allergiques en augmentant la production d’interleukine-4 et les niveaux d’immunoglobuline E. La peau des femmes africaines, qu’elle soit noire ou ébène, me paraît attirante et fascinante. L’été, je bronze soigneusement au soleil car j’ai peur de contracter un mélanome. Meilleurs vœux pour cette excellente bataille patriotique. Professeur Pietro Venezia Chirurgien et Oncologue

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  • Le 5 février à 14:13, par jan jan En réponse à : Burkina : Un plaidoyer au chef de l’État pour interdire l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants

    Le chef de l’état n’a pas de sujets plus urgents que la dépigmentation ?? Hum, chacun est libre de sa peau et de sa santé, pourquoi vouloir imposer l’interdiction de ces " produits" blanchissants" ? C’est pour que le marché noir prenne le relais et ça devient un autre problème. Il y a des sujets plus urgents à traiter dans ce pays que "affaire" de dépigmentation. Si vos "mossis" passent le temps à louer la femme à peau claire même dans les chansons c’est que c’est culturelle, chaque peuple et chaque race a ses critères de beautés féminines, chez les blancs surtout chez les français, on célèbre la femme blonde au teint clair, chez les Indiens de l’Inde, c’est la femme grande a peau claire qui est célébrée, alors dans ce pays, les produits blanchissants la peau sont très prisés, .... etc. Laissez la liberté aux gens de choisir, éviter la "dictature" où c’est inutile.

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  • Le 5 février à 21:17, par Sylvia En réponse à : Burkina : Un plaidoyer au chef de l’État pour interdire l’importation et la commercialisation des produits dépigmentants

    Je suis tres tres d’accord que des mesures soient prises pour arreter ces produits. Ils sont tres dangereux .

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