Burkina : « Le golf n’est pas un sport de bourgeois, c’est une apparence », assure Salif Samaké, président de la Fédération burkinabè de golf
LEFASO.NET
Nouvellement créée, la Fédération burkinabè de golf est dirigée par Salif Samaké, ingénieur en génie civil de son état. Avec son comité exécutif, le tout premier président de cette jeune fédération est déjà au four et au moulin pour démystifier et faire connaître cette discipline au Burkina Faso. Salif Samaké assure que le golf n’est pas un sport dédié uniquement aux personnes nanties et invite le grand public à s’intéresser davantage à ce sport qui, selon lui, allie technique, concentration et stratégie. Pour ce faire, un mois d’entraînement gratuit est accordé aux nouveaux inscrits. L’association était déjà affiliée à des instances internationales et la Fédération burkinabè de golf dit travailler à faire rayonner des golfeurs burkinabè à l’international comme dans les autres disciplines sportives telles que le football ou l’athlétisme. Dans un entretien accordé au journal Lefaso.net, Salif Samaké, président de cette nouvelle fédération, revient sur les conditions de création de cette fédération et les défis qui se présentent à son équipe. Entretien !
Lefaso.net : Bonjour, présentez-vous à nos lecteurs ?
Salif Samaké : Je suis Salif Samaké, président de la Fédération burkinabè de golf. Hormis le golf, je suis ingénieur du génie civil. J’anime un bureau d’études (TED), je fais des missions de contrôle et de surveillance de travaux, des études de faisabilité technico-économique, environnementale, d’avant-projet sommaire, d’avant-projet détaillé et l’élaboration de dossiers d’appels d’offre, des travaux d’infrastructures routières.
Est-ce que vous êtes un praticien de golf ?
Oui je suis un praticien du golf depuis plus de quinze ans, je suis un amateur.
C’est quoi le golf pour le commun des mortels ?
Le golf est un sport de plein air, d’origine écossaise, qui se pratique sur un vaste terrain jalonné d’obstacles naturels ou artificiels et qui consiste à lancer une balle à l’aide d’un club dans une série de 18 trous (parfois 9 trous) espacés, en un nombre minimal de coups. Le vainqueur est le joueur qui effectue le moins de coups possibles.
Le golf est un sport extrêmement complet qui allie activité physique, précision, concentration et stratégie. Sur chaque balle de golf que vous jouez, vous devez la réussir. A Ouagadougou par exemple, le parcours compte 18 trous et pour boucler les 18 trous, vous avez 72 coups à effectuer si vous jouez très bien. Et vous deviez réussir chacun des 72 coups. Comprenez vous-même la complexité du jeu qui regroupe les qualités ci-après : l’activité physique parce que jouer 18 trous, signifie marcher environ 8 Km ; la technique parce que sur chaque coup, vous mettez en place une technique ou tactique propre au coup à effectuer ; la concentration parce que pour réussir un coup de golf, il faut être très concentré sur le coup que vous vous apprêtez à effectuer ; la précision, parce que, il faut toujours définir une trajectoire de la balle en fonction de la stratégie adoptée et user de la technique pour suivre ladite trajectoire ; la stratégie, parce que durant tout le parcours vous devrez mettre en place une stratégie adaptée à chaque coup et à chaque situation (par exemple comment faire pour mieux scorer ? comment jouer pour éviter un obstacle ? …)
Donc c’est un sport qui fait travailler le corps sur le plan physique et l’esprit (développe la stratégie et renforce votre mental).
Quels sont les équipements de base pour pratiquer le golf ?
Comme tout sport, tu as besoin des chaussures, d’un pantalon, d’un tee-shirt et une casquette à cause du soleil. Ça c’est l’habillement naturel d’un golfeur. La seule différence, tu mets des gants pour protéger ta main. En plus il faut avoir un sac avec les clubs (le bâton qu’on utilise pour taper la balle) et naturellement des balles.
Vous êtes le tout premier président de la Fédération burkinabè de golf, quels sont les principaux défis qui se présentent à vous ?
Déjà comme objectifs, nous voulons poursuivre les actions de communication pour faire connaître le golf par le grand public, former au moins 50 étudiants des universités à la pratique du golf. Nous voulons créer aussi une académie de golf à Ouagadougou, sécuriser le site du Golf club de Ouagadougou, former des professionnels nationaux (au moins cinq) du Golf club de Ouagadougou en vue de leur participation aux championnats internationaux. Il s’agit donc de démystifier ce sport au Burkina Faso, de faire comprendre au grand public que le golf n’est pas un sport de bourgeois. Pour cela, on passera par la communication et les écoles afin d’assurer la relève. Le terrain de golf étant situé au milieu des habitations, Il faut donc sécuriser ce site afin que ça ne soit pas un danger pour les riverains.
Le golf a été introduit au Burkina Faso depuis 1972 et nous avons des compétences, nous avons des jeunes qui ont appris à jouer au golf depuis l’âge de 7 ou 8 ans et sont des génies du golf. Comme dans le football, l’athlétisme, le volleyball, le Burkina dispose de grandes qualités dans le golf, qui n’attendaient qu’une fédération pour se mettre en évidence à l’international. Il y a de très bons joueurs locaux qui sont regroupés dans la catégorie dénommée la série nationale (Les Etalons en golf). Ce sont des jeunes de Balkuy qui sont exemptés du paiement de la cotisation annuelle, et par contre ils ne sont pas membres, mais ils ont accès aux installations du golf. Ils sont environ 59. Parmi eux, les 12 meilleurs ont été retenus à la suite d’une compétition et ils sont extrêmement compétents. Avec la création de la fédération, ces jeunes pourront aller à l’international pour compétir dans les opens et devenir des professionnels du golf comme dans les autres disciplines sportives.
Disposez-vous d’infrastructures sportives adaptées pour la pratique du golf au Burkina Faso ?
Le terrain du Burkina Faso est homologué au plan international (terrain situé sur la route de Koubri, à la sortie sud de Ouagadougou). Nous avons un terrain atypique au Burkina Faso. Vous saviez, les gens critiquent beaucoup le golf parce que ça consomme beaucoup d’eau, pour l’arrosage du gazon. Au Burkina Faso, notre terrain n’est pas gazonné et est jalonné de plusieurs variétés d’arbres sauvages. Et c’est ce qui fait un peu notre renommée à l’international. C’est un golf atypique, un golf écologique.
Y a-t-il suffisamment de praticiens de golf au sein de la fédération ?
Au jour d’aujourd’hui, nous sommes environ 120 joueurs, dont 59 caddies (personnes chargées de transporter le matériel de golf). C’est pour cette raison que nous avons dans notre plan d’action, de faire découvrir le golf au public burkinabè afin que les gens pratiquent davantage ce sport noble et passionnant.
Existe-t-il des clubs affiliés à la fédération ?
Au Burkina Faso, il y a un seul club, un seul terrain et constitue donc un cas particulier qui doit être traité en tenant compte de cette particularité. Il en est ainsi dans la sous-région, à l’exception de la Côte d’Ivoire et du Sénégal où il existe deux terrains de golf avec une fédération. Au Mali et au Togo par contre, ils ne disposent que d’un seul terrain de golf mais ils ont chacun une fédération.
Donc il faut un traitement exceptionnel à une situation exceptionnelle. C’est dans ce sens que le ministère (des sports) a bien voulu nous accompagner dans la création de la fédération. Cette décision contribuera au rayonnement du golf au Burkina Faso et permettra à nos jeunes joueurs de se prévaloir sur le plan international, voir nous apporter des médailles et des trophées. Nous profitons une fois de plus remercier les techniciens et l’ensemble du personnel du ministère des Sports
Y a-t-il des compétitions en vue avec la mise en place de la fédération ?
On fait déjà des championnats tous les ans. Toute l’année, nous avons des compétitions qui sont programmées. Au golf, nous avons 18 trous et les 18 trous sont sponsorisés par des entreprises de la place et ces entreprises organisent des compétitions tout le long de l’année. Donc, on fait des compétitions régulièrement. Il y a aussi le championnat où le meilleur golfeur du Burkina Faso se fait distinguer. C’est une compétition de trois jours, les gens jouent trois jours d’affilée pour qu’on puisse déterminer le meilleur.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le domaine du golf au Burkina Faso ?
Ces dernières années, on a eu beaucoup de difficultés parce que nous vivons pratiquement des sponsors. Et avec la crise sécuritaire et sanitaire de ces dernières années, le golf a eu beaucoup de difficultés. Dans le temps, tous les 18 trous étaient sponsorisés et depuis qu’il y a eu le covid19 et la crise sécuritaire, on a vu le nombre de sponsors chuter. Notre grosse difficulté, c’est la communication, faire comprendre au grand public que le golf n’est pas un sport de bourgeois.
Quelle est la tranche d’âge pour pratiquer le golf ?
Tout le monde peut jouer au golf et à tout âge. Il n’est jamais trop tôt, ni trop tard pour commencer le golf. Sur un terrain de golf, il y a le départ des enfants, des juniors, des dames, des vétérans. Le golf peut se pratiquer dès le jeune âge et très longtemps. C’est un sport non violent et également adapté aux seniors à la recherche d’une nouvelle activité sportive ou d’un sport de reconversion. Intergénérationnel, le golf est un sport convivial que l’on peut partager en famille, entre amis, entre collègues et joueurs de différents niveaux. C’est un sport ancré dans la nature.
Quelles sont les conditions pour adhérer à la Fédération burkinabè de golf ?
Pour y adhérer, à titre exceptionnel et transitoire en attendant la création d’autres associations, il faut d’abord être membre de l’association, et partant de là, vous êtes membre de la fédération. Les droits d’adhésion à l’association font 20 000 francs CFA par an. Nous en profitons pour évoquer les conditions de jeu au golf de Ouagadougou. Il y’a un abonnement annuel de 250 000 francs CFA payable par tempéraments. Ce qui vous revient en moyenne à 20 000 francs CFA par mois. Comparativement aux salles de gym qui varient entre 25 000 à 50 000 francs CFA par mois. Donc tirez-en vous-même, la conclusion tendant à dire que le golf est un sport de bourgeois. Pour ce qui est du matériel, le sac de golf seconde main coûte environ 60 000 francs CFA et vous pouvez l’utiliser pendant plus de dix ans.
Y-a-t-il des projets d’affiliation à des instances africaines ou mondiales de golf ?
Il y a des fédérations de golf dans toute la sous-région. Nous sommes en contact déjà avec la fédération ivoirienne de golf, la fédération malienne de golf, la fédération togolaise de golf, etc. On avait envisagé dans les années passées d’aller faire des compétitions chez eux et qu’ils viennent chez nous. Mais avec la crise sanitaire, ça n’a pas eu lieu. Cette année, deux joueurs de la série nationale et un joueur amateur ont pris part à l’Open de la Côte d’ivoire. Je porte à votre connaissance qu’ils ont fait bonne figuration.
Quel est votre mot de fin ?
Nous invitons le public à venir découvrir le golf et ses bienfaits. Jouer 18 trous équivaut à marcher environ 8 kilomètres dans un paysage naturel avec de l’air pur.
Mamadou ZONGO
Lefaso.net