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Réalisation de clips vidéos : David Armel, l’artiste !

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Publié le vendredi 1er septembre 2023 à 23h20min

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Réalisation de clips vidéos : David Armel, l’artiste !

Sur les grandes chaînes de télé nationales et internationales, les artistes passés sous son objectif, cartonnent. Amzy, Toksa, Blem, Reman, etc. Ses chefs-d’œuvre, on ne les compte plus. David Armel Sawadogo du Groupe Destiny fait partie de ces réalisateurs créatifs qui ont du talent à revendre. Lauréat du trophée du réalisateur Vidéo-Clip de l’année aux Faso Music Awards en 2023, il n’est pourtant qu’au prologue de son histoire. Une histoire parsemée d’embûches auxquelles il fait toujours face. Il a su se forger un mental à toute épreuve. Entretien avec un artiste qui sait se réinventer.

Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Je suis David Armel Sawadogo. Je suis réalisateur de profession. Je me qualifie aussi d’entrepreneur audiovisuel. Je suis un passionné de tout ce qui est audiovisuel que ce soit la photographie, la vidéo, la technologie. Mais, on me connaît plus en tant que réalisateur de clips vidéo.

Tu te définis comme entrepreneur audiovisuel. De quoi s’agit-il ?

Pour moi, un entrepreneur audiovisuel, c’est quelqu’un qui est créatif, mais qui n’oublie pas aussi l’aspect entrepreneurial. La réalité est que nous, les créatifs, les réalisateurs, les graphistes, les photographes, nous sommes la plupart du temps introvertis. Nous aimons la créativité, nous aimons ce que nous faisons, à telle enseigne que parfois, nous pouvons oublier que c’est un métier, comme les autres, qui nécessite une rémunération et qui répond également aux mêmes règles des sociétés, des entreprises. Il faut savoir trouver l’équilibre entre ces deux aspects. Donc, je suis un entrepreneur audiovisuel parce que j’inculque aussi cette vision à mes assistants et à ceux qui sont autour de moi. Il faut pouvoir grandir et vivre bien de son art, de son activité. C’est possible.

Parle-nous de ton enfance ?

Au niveau de l’enfance, je pense que durant tout mon processus, école primaire, lycée, j’avais pratiquement les mêmes rêves que les enfants de mon âge. Je voulais devenir pilote, astronaute. Au niveau du lycée, ça s’est plus ou moins défini, parce qu’après le baccalauréat, j’ai décidé de suivre des études de pharmacie. Deux années après les études de pharmacie, vu que j’alliais les études avec l’audiovisuel que je faisais par passion, j’étais pas mal occupé. Je n’arrivais plus, à un moment donné, à suivre les cours à l’université. Donc, j’ai décidé d’abandonner cela et de me consacrer uniquement à ma passion.

Comment vous êtes-vous retrouvé aux Etats-Unis ?

Après le baccalauréat, je voulais perfectionner mes capacités en audiovisuel. Je savais que c’était l’un des pays de référence. Et donc, je me suis inscrit dans une université, là-bas, pour continuer mes études. Parallèlement, je m’étais également inscrit ici à Ouagadougou. Dieu faisant bien les choses, ça a marché. Je suis allé aux Etats-Unis et j’y ai passé huit ans. Et quand je suis arrivé, j’ai vu qu’il y a ce que tu veux et ce que tu peux. Le coût des études en audiovisuel est exorbitant. J’ai décidé un peu de chiffrer et d’étudier la gestion d’entreprise, la communication et le leadership parce que je tenais toujours à revenir être dans l’audiovisuel.

J’ai commencé en autodidacte, de formation en formation. Ils ont des sessions de formations intensives appelées Boot Camp. Je me suis mis à fond et j’ai allié cela avec mes études en gestion d’entreprise. C’est l’une des raisons qui font que j’ai un peu lié les deux arcs. Et voilà, c’est de là que vient l’appellation d’entrepreneur audiovisuel. A la fin de mes études, en 2015, j’ai ouvert ma petite structure. On couvrait un peu les activités audiovisuelles, d’abord dans la communauté africaine, après on a élargi notre champ dans la communauté américaine. A partir d’un certain moment, je me suis dit que j’apporterai beaucoup plus à mon pays ici que là-bas. Et j’ai décidé de rentrer.

Donc, ainsi, en 2019, j’ai décidé de rentrer, histoire de venir déjà tâter le terrain. Mais, dès la première semaine, je me suis rendu compte que le terrain était assez vaste. Je pouvais apporter quelque chose à ceux qui étaient déjà sur place. Il y avait de très grands réalisateurs, des gens qui faisaient un boulot vraiment formidable qu’on appréciait depuis les États-Unis. On espérait vraiment venir apporter notre touche à ces confrères qui étaient déjà sur le terrain et espérer aussi faire avancer les choses ensemble.

Comment s’est fait ta rencontre avec Tidiane Cheick Ouédraogo ?

Avec Tidiane Ouédraogo, qui est le producteur de l’artiste Amzy, et aussi réalisateur et passionné d’audiovisuel, on se connaît depuis le lycée, depuis 2003, 2004. Ça fait pratiquement 20 ans. On a tous les deux partagé cette passion. Au départ, c’était la passion pour l’entrepreneuriat. On a fait beaucoup de petits boulots : démarcheurs au marché, vendeurs de cartes de recharge, pompistes de stations d’essence, recycleurs de pots en plastique, DJ après les cours au lycée, gérants de cybercafé, etc. On est tombé comme ça sur la production culturelle. Ce n’est pas vraiment quelque chose qui avait été décidé. Et c’est depuis ce temps-là. Donc, on se comprend, on connaît la rigueur, la passion et la ténacité de l’autre. On a décidé d’allier nos forces, et de proposer quelque chose. On espère que ça plaît aux gens.

D’où la création du groupe Destiny ?

Avant, on avait une structure qu’on appelait Vision exacte. Nous étions quatre : Tidiane, deux confrères du métier et moi. On faisait la réalisation de clips, mais on ne parlait pas encore de production. C’est pendant ce temps-là que moi et un de mes confrères, qui est d’ailleurs mon oncle, sommes allés aux Etats-Unis. C’est Tidiane qui est resté. Il a continué un peu dans la chose et gardé le filon. Et quand je suis revenu, il y avait déjà Destiny Prod. J’ai décidé de renforcer l’aspect audiovisuel, d’où la création de Destiny Pictures. Il y avait aussi le restaurant Destiny Food qu’il gérait. Et j’ai également introduit Destiny Events. Nous n’avons pas mal de petites structures qu’on gère ensemble au sein d’une vision générale qui est Destiny Group.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué chez les Américains durant votre séjour ?

Durant mon séjour aux États-Unis, j’ai été beaucoup plus marqué par la rigueur dans le travail. C’est la qualité ou rien. Il n’y a pas d’à peu près et ce sont de longues heures de travail. D’un point de vue conceptuel, l’Américain est manager. C’est un gestionnaire. Là-bas, on apprend à gérer les gens, les esprits, les tendances, les humeurs et les mettre en corrélation.

C’est la base de notre métier. Il y a beaucoup de personnes qui viennent de différents univers et il faut pouvoir confier à chacun une tâche dans laquelle il s’en sort le mieux de manière à avoir un produit final abouti. Dans mes réalisations, il y a une dizaine de personnes sur le plateau. On a beaucoup de monde sur le terrain, en post production. Et j’essaie d’implanter une certaine rigueur. On travaille de longues heures. Et cela nous permet de pouvoir faire beaucoup de projets et d’être à la page entre guillemets.

A tes débuts, y a-t-il des œuvres, des hommes qui ont façonné ta manière de faire ?

A mes débuts dans le métier, j’avais beaucoup de modèles. Il y avait principalement Gideon Vink qui est toujours réalisateur et qui continue de faire de temps à temps quelques clips vidéos. Il y avait aussi Gualbert Thiombiano de AFRIK’IMAGE. C’étaient mes plus grandes références. Ce sont des réalisateurs qui tournaient beaucoup et ce sont eux qui m’ont inspiré. Aujourd’hui, on s’écrit, on discute et ils sont aussi fiers de ce que je fais. Jusqu’ à aujourd’hui la plupart des références sont toujours dans le domaine. Ils ne cessent pas de se renouveler, de se mettre à jour. Et c’est ce qui pousse à penser qu’on peut toujours aller loin.

A quand remonte ton premier véritable gombo (marché) si on peut le dire ainsi ?

Je pense que ça a commencé de fil en aiguille. Au départ, j’étais maintenancier informatique. On n’avait pas mal de gombos dans ça. Mais en audiovisuel, l’un des gombos les plus mémorables était un spot que j’avais fait pour une structure qui sous traitait avec Guinness pour un événement. Le gombo m’a impressionné. Je me suis dit que je tenais entre mes mains le salaire de quelqu’un pour une nuit de travail.

C’est vrai que ce n’est pas évident qu’on l’ait tous les jours mais j’ai compris le potentiel. Je pense que cela m’a beaucoup aidé, car juste après ce travail, il y a une structure de communication qui a voulu m’engager. J’ai refusé parce que j’ai vu le potentiel qu’il y avait en étant seul. Et je me suis dit qu’aller travailler pour un salaire qui était inférieur à ce que je venais de prendre. Je me suis dit que je pouvais développer quelque chose moi-même.

Combien avez-vous gagné, si ce n’est pas indiscret ?

Ça valait au moins 300 000 F CFA. Vous vous imaginez ? Pour un jeune étudiant, ce n’était pas mal. Il est vrai que j’étais boursier, mais quand tu gagnes 300 000 F CFA en une tranche, tu ne sais pas quoi faire avec.

Qu’avez-vous acheté avec cet argent ? Du matériel ?

J’ai mis ça en acompte. Et c’est ce qui m’a permis de gérer mon billet pour les États-Unis, les frais de séjours, les inscriptions, etc. A l’époque, on était beaucoup plus jeune, mais on était quand même raisonnable : on ne gaspille pas, on ne fume pas, on ne boit pas, etc.

David Armel Sawadogo et son ami et partenaire d’affaires Tidiane Cheick Ouédraogo aux Etats-Unis

Comment se passe l’organisation d’un tournage de clips vidéo ?

L’organisation d’un clip vidéo commence d’abord par le contact de l’artiste, avec le réalisateur et la maison de production. Au niveau de la deuxième étape, on écoute le son et on développe des idées créatives. Ce temps est aléatoire parce que si la chanson te parle, sur place tu écoutes la première fois et tu vois à peu près le scénario dans ta tête. Parfois, ce n’est pas le cas.

Parfois tu peux écouter la chanson pendant un mois, et tu n’as toujours pas de scénario. L’artiste appelle pour dire qu’il attend le scénario. C’est de la créativité. Quand l’artiste presse, je lui réponds qu’en tant qu’artiste il peut arriver qu’on lui donne un instrumental, un beat qui ne lui parle pas. Mais dès qu’on change et que c’est le bon, ça passe. C’est cette période qui prend un peu de temps.

Dès que j’ai des idées assez claires, je donne un peu l’idée générale à l’artiste ou à sa production pour voir s’ils sont OK avec la direction. Et s’ils ont aussi des amendements, des ajouts, ils y vont et on essaie d’arrêter quelque chose. Et à partir de là, on démarre. On fait ce qu’on appelle un breakdown, on va dans le détail, qu’est-ce qu’on fait pour tel couplet, les scènes et ainsi de suite. Après on va à la préparation et on choisit un jour de tournage.

Combien de temps faut-il généralement pour réaliser un bon clip vidéo ?

Ça dépend. Si l’inspiration est là et que l’équipe est prête, ce processus ne dépasse pas une semaine. Entre la réception du son et la prise des premières images, nous avons une semaine. Et la post-production dépend du volume de travail à faire, s’il y a beaucoup d’effets visuels à créer, si les conditions de tournage sont complexes et que l’étalonnage est complexe, en général, ça peut prendre deux à trois semaines. Disons un mois maximum.

Parle-nous du dernier clip que toi et ton équipe avez réalisé ?

Je suis en train de le réaliser actuellement. Je travaille sur beaucoup de projets en même temps à cause du nombre de sollicitations. Je suis en train de travailler sur un projet de Amzy, Reman et l’artiste l’Élue dans la même semaine. On tourne une scène aujourd’hui, une autre le lendemain. On tourne tous les jours. Depuis des mois, c’est pratiquement tous les jours qu’on tourne. Quand on ne tourne pas, on est en post-production. La journée on tourne et la nuit on passe en post-production et parfois c’est l’inverse. On est tout le temps sur le terrain.

C’est quoi le plus dur dans ton travail ?

Le plus dur, c’est de trouver le juste milieu entre ce qui te plaît en tant que réalisateur, ce qui plaît à l’artiste et ce qui plaît au public. Nous sommes différents conceptuellement. Il y a ce que l’artiste a en tête quand il écrit la chanson, il y a ce que sa production voit, il y a ce que toi, en tant que réalisateur, tu as comme expériences, créativité, comme inspiration, et il y a ce que le public attend. Il faut trouver un juste milieu pour que chacun soit satisfait. Tu peux faire un très bon projet que tu aimes, mais que le public n’aime pas. Comme, il y a aussi des clips où on fait juste ce qu’on peut et le public reçoit ça positivement.

Quelles sont les qualités d’un entrepreneur audiovisuel ?

Je ne sais si je suis le mieux indiqué pour répondre à cette question, parce que j’aspire à devenir un bon réalisateur. Moi, dans ma trajectoire pour devenir un bon réalisateur, je dois avoir la capacité d’être polyvalent peu importe le style de musique, peu importe le style d’écriture de l’artiste, qu’on puisse donner un produit qui soit le plus fidèle, qui rend honneur à l’œuvre. C’est le plus difficile. Il faut pouvoir sacrifier beaucoup de choses, sacrifier vos attentes personnelles, communiquer beaucoup avec la production, communiquer beaucoup plus avec l’artiste.

Et vraiment donner un produit qui rend le plus fidèlement possible, l’esprit initial dans lequel la chanson a été créée. Quoi qu’on dise, le plus important pour moi c’est la chanson. Le plus important pour moi, c’est l’audio parce que, peu importe la qualité de ta vidéo, si la musique associée à ton clip vidéo n’est pas au top, n’est pas acceptée, ta vidéo n’ira nulle part.

J’ai des clips que je trouve vraiment très beaux, mais ça ne répond peut-être pas à ce que le public local veut. Ça fait que la vidéo n’a pas une certaine popularité. Il y a des vidéos aussi qui ont une certaine popularité à l’extérieur et qui ne répondent pas au public ici. Il faut donc trouver ce juste milieu pour être le plus fidèle à l’œuvre artistique, à cette inspiration que l’artiste a eu en composant la chanson.

As-tu des anecdotes à raconter sur ton métier, des histoires pleines de leçons ?

Je peux dire qu’il y en a une ou deux. La première chose, c’est de ne jamais montrer à un artiste ou à quelqu’un qui n’est pas du domaine un produit qui n’est pas fini. Jamais. Ça, je tiens à le dire aux jeunes réalisateurs, parce que parfois on fait un premier montage, un assemblage, pour pouvoir montrer la direction du montage. Mais, c’est un produit qui est littéralement plat. Ce n’est pas le produit fini. Nous, nous avons la capacité de voir le potentiel qu’il y a dedans, mais l’artiste ne voit pas ça. La conséquence est qu’il peut être découragé et déçu dès le départ. Et à la fin, même si tu lui envoies le produit fini, et qu’il a cette idée que ce n’était pas bon, cela peut le toucher.

Il ne faut jamais montrer le produit en préparation. C’est préférable de finir, complètement jusqu’à l’étalonnage, d’exporter et de montrer le projet à l’artiste. Il y a des moments où quand j’envoie l’assemblage au client, il dit qu’il ne comprend pas, que je bâcle son clip alors que je réalise mieux les clips des autres artistes. Après, quand tu lui envoies le produit fini, il dit que c’est bien mais… Mais, j’ai compris que ça a été une erreur de ma part.

La deuxième anecdote concerne une vidéo que l’on a livré à un client. Avec sa production, ils ont regardé le produit fini et à la fin, pas de réaction. Ils avaient le visage serré. Je leur ai demandé s’ils ont aimé, mais ils n’ont pas répondu. Ils m’ont dit de mettre la vidéo à nouveau. Après avoir visionné une seconde fois, ils m’ont dit de livrer la vidéo seulement.

J’ai senti qu’ils n’aimaient pas vraiment la vidéo. Pourtant, j’étais fier de mon travail. On a quand même fait sortir le clip. Dès que le teaser a été diffusé, la réaction du public était vraiment positive qu’on les appelait depuis les pays de la sous-région pour les féliciter. C’est à partir de là qu’ils ont commencé à aimer leur propre vidéo.

Je ne délivre pas les vidéos de la même façon aux clients. Il y en a à qui je vais juste envoyer le lien, il y en a à qui je vais remettre une clé USB contenant le clip pour qu’il le regarde dans des conditions optimales. Il y en a avec qui on regarde la vidéo ensemble, afin d’être sûr de pouvoir contrôler cette première expérience.

David Armel Sawadogo lors d’une formation en photographie

En mai dernier, tu as remporté le trophée du réalisateur Vidéo-Clip de l’année aux Faso Music Awards (FAMA). Que représente ce prix pour toi ?

Au Burkina Faso, c’est le premier prix depuis que je suis revenu des Etats-Unis. C’est un trophée assez important pour moi parce que c’est l’une des rares cérémonies qui récompense les réalisateurs de clips vidéos. Il y a beaucoup de cérémonies de récompense mais ceux qui priment les réalisateurs de clips vidéos sont très peu. Parfois, quand on prime un clip, ce n’est pas le réalisateur qui reçoit le prix mais c’est plutôt l’artiste.

Les FAMA, c’est l’une des rares cérémonies qui priment les réalisateurs. Personnellement, j’ai été surpris de recevoir ça parce que j’estimais, à mon humble avis, que vu la quantité et le type de vidéos que j’avais fait, je ne recevais pas de feedbacks sur les vidéos. On était tout le temps sur le terrain et on regardait rarement la télé.

C’est après que j’ai compris que quand tu regardes les vidéos sur certaines chaînes de télé pendant une heure, tu te rends compte que j’ai réalisé 80% des clips. Et la plupart, ce sont des clips de très belles factures. Quand les gens vont livrer les clips dans les chaînes de télé et savent que ça vient de Destiny, ils savent déjà que c’est de la qualité. C’est pareil même sur certaines chaînes internationales. Et voir toutes ces personnes être contentes pour moi m’a permis de comprendre la qualité du travail qui est vraiment accompli.

Y a-t-il de jeunes réalisateurs que tu suis et pour qui tu as de l’admiration ?

Oui, il y a énormément de réalisateurs que j’admire. Franchement, je peux dire que c’est eux qui me permettent d’être toujours dans le game, comme on le dit. Il y a Sylvester Mensah dit Raywox de DC Factory, qui a été le meilleur réalisateur de l’année de 2022. Nous avons travaillé sur beaucoup de projets ensemble. J’admire franchement le travail qu’il fait. Et il ne cesse de se réinventer.

Il y a aussi de nouveaux réalisateurs peut-être qui ne sont pas encore connus, mais qui font un excellent boulot. Je peux parler par exemple de Louis Shine de Shine Pictures, qui est vraiment formidable. Je parle de lui parce qu’il est assez consistant dans ses réalisations. Ce sont ces deux-là que j’admire et qui m’inspirent aussi parce qu’ils travaillent à repousser les limites de ce qui est faisable localement avec les moyens.

As-tu des conseils à prodiguer aux jeunes qui veulent se lancer dans la réalisation de clips vidéos ?

Pour toute personne qui veut emboîter le pas de la réalisation, je conseille d’abord d’avoir beaucoup de résilience. C’est un processus qui est long et il faut s’accrocher. C’est facile de vouloir décrocher à un certain moment pour plusieurs raisons. Il faut du temps pour avoir une certaine notoriété. Il faut du temps pour avoir l’équipement qui est très important et qui coûte très cher. Nous ne sommes pas dans les pays où l’industrie est vraiment développée, à telle enseigne qu’un réalisateur peut ne pas avoir un équipement et va seulement louer. Au début quand on commence, il ne faut pas être découragé parce qu’on n’a pas les entrées d’argent qu’il faut.

Quand je suis revenu des États-Unis, j’ai fait plus d’une centaine de clips et pour lesquels je perdais littéralement de l’argent à chaque tournage. Le but était de tenir parce qu’on le faisait d’abord parce qu’on est passionné. Il faut avoir cette résilience de tenir, de travailler, d’aimer ce qu’on fait, de se construire un nom. Soyez très professionnels. Il y a beaucoup d’artistes qui sont venus vers moi parce qu’ils avaient travaillé auparavant avec des artistes qui n’étaient pas professionnels ou qui ne les respectaient pas ou les négligeaient. Tous ceux qui sont avec moi savent que quand on travaille ensemble, on est en famille. Mon équipe est jeune, disposée, dynamique. Soyez résilients, professionnels et ne cessez jamais de vous réinventer.

Ma première vidéo diffusée sur les chaînes de télé a été réalisée en 2007. Il y a donc plus de 15 ans. Si depuis ce temps on est toujours là, c’est parce qu’on continue de se réinventer. L’intelligence artificielle est là, il faut l’embrasser. Intégrez ça dans vos réalisations. Dans la dernière vidéo de Reman, on a utilisé des plans faits avec l’intelligence artificielle. Il ne faut jamais se dire qu’on est au top.

Des projets à venir ?

J’ai énormément de projets à venir. Il y a beaucoup d’artistes qui sont prêts avec leur son et c’est à moi de dégager du temps pour venir. Quand tu fais un boulot qui plaît, il y a beaucoup de sollicitations. Malheureusement, on n’a que 24 heures dans la journée. Pour bien faire, on ne peut pas tout entasser. Et je ne veux pas prendre le risque de bâcler le travail de quelqu’un. Donc, je me donne toujours le temps de bien faire. Parmi les projets, il y a Miss Maya, Blem, etc.

Un mot de fin ?

Merci pour l’opportunité, pour la perche tendue. C’est vrai qu’en général, nous sommes derrière la caméra. Et c’est rare qu’on passe devant pour s’exprimer. C’est important pour ceux qui ne connaissent pas le métier pour qu’ils aient plus d’informations. Et ceux qui ont des membres de leurs familles, des enfants qui veulent se lancer dans la création audiovisuelle, qu’ils sachent que c’est un métier comme les autres, qui nourrit son homme et dans lequel on peut s’épanouir pleinement.

Pour ceux qui doutent, qui hésitent et qui se disent que ce n’est pas possible, ou qui ont commencé et veulent abandonner, qu’ils s’arment de courage et continuent. Le champ est vaste et carrément libre. Même si on avait deux ou trois fois plus de créateurs que ce qu’on a actuellement, surtout dans le domaine de la réalisation, il y aurait toujours beaucoup de boulot pour tout le monde. Lancez-vous, ne vous découragez pas.

C’est ça aussi qui fait la beauté de la chose ; l’expérience, rencontrer des problèmes qu’on règle au fur et à mesure sur chaque terrain. Ce qui est intéressant, c’est que le métier est vraiment polyvalent. Aucun tournage n’est pareil. Aucune réalisation, aucun plateau n’est pareil. On apprend beaucoup et on rencontre beaucoup de gens et c’est ce qui fait aussi la beauté du métier. Lancez-vous ! N’hésitez pas ! Et si vous avez besoin de conseils, écrivez-moi en privé.

Fredo Bassolé
Lefaso.net

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