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Ganzourgou/Environnement : WaterAid Burkina Faso et l’Agence de l’eau du Nakambé dans un élan de défense du barrage de Bougré

Publié le jeudi 31 août 2023 à 18h05min

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Ganzourgou/Environnement : WaterAid Burkina Faso et l’Agence de l’eau du Nakambé dans un élan de défense du barrage de Bougré

Dans le but de protéger cette ressource en eau, le barrage de Bougré (à environ 120 kilomètres à l’Est de la capitale, route nationale N°4), dans la province du Ganzourgou, région du Plateau-central, WaterAid et l’Agence de l’eau du Nakambé ont, mardi 29 août 2023, et avec de nombreuses populations riveraines, reboisé ses berges. Ce reboisement collectif qui a consisté en la mise en terre de plus de 2 000 plants épineux, acacia nilotica, a été couplé d’une remise aux exploitants d’arbres fruitiers, chacun en fonction des types d’arbre et du nombre souhaités.

C’est dans une grande mobilisation des communautés riveraines du barrage, et dans une ambiance enthousiaste, que ces milliers de plants épineux ont été mis en terre. Ce reboisement collectif a consisté en la mise en terre d’acacia nilotica pour constituer une haie vive, aux fins de protéger cette ressource en eau des méfaits de l’action de l’homme et de la nature.

Le reboisement s’est déroulé sous l’œil de techniciens, qui ont veillé au respect des conditions requises en la matière.
En plus de ce reboisement collectif, les initiateurs ont distribué des arbres fruitiers aux exploitants, recensés à travers les cinq villages qui entourent le barrage. Chaque exploitant a exprimé les types d’arbre fruitiers qu’il souhaite recevoir et le nombre (manguiers, citronniers, goyaviers…).

Femmes, hommes, jeunes et personnes âgées...ont mis la main à la pâte.

« WaterAid a lancé en avril 2023, sa stratégie 2023-2028. Elle poursuit deux objectifs. Le premier, c’est de renforcer la résilience face aux changements climatiques et le deuxième, c’est de renforcer le financement du secteur de l’eau. C’est dans le cadre du premier objectif que nous avons entamé une collaboration avec l’AEN (Agence de l’eau du Nakambé) et l’Agence de l’eau du Gourma, pour mettre en œuvre un certain nombre de projets spécifiques. Donc, aujourd’hui, nous sommes sur le site de Bougré, qui fait partie de l’AEN, avec les communautés du barrage, pour mettre en œuvre une action de reboisement pour protéger le barrage. Cette action nous permet également de renforcer la résilience des communautés face aux changements climatiques, notamment sur la question de la protection des ressources en eau », a situé le coordonnateur des projets et de gestion intégrée des ressources en eau de WaterAid, Djibril Barry.

Djibril Barry de WaterAid se félicite également de l’enthousiasme des populations autour des initiatives.

Les populations, engagées à la préservation de cette ressource

Le financement pour ces actions a été mobilisé par WaterAid et la conception technique a été, elle, faite en collaboration avec l’AEN. Une synergie et une volonté qui ont permis d’identifier ce barrage de Bougré, dans la province du Ganzourgou, région du Plateau-central, pour protéger la ressource ; la question de l’ensablement y étant assez préoccupante.

« Ce qui nous a le plus motivé à venir sur le site, c’est que l’AEN nous a indiqué que lorsqu’elle a fini la délimitation du barrage, le chef de Bougré s’est même déplacé jusqu’à Ziniaré (dans sa représentation, ndlr) pour plaider pour la protection et la végétalisation de la bande de servitude. Cela nous a montré déjà que les communautés étaient conscientes du caractère stratégique du barrage et qu’elles avaient envie de le protéger. C’est ce qui nous a motivé à venir sur le site. La démarche a été de confier la mise en œuvre de l’activité à l’AEN, et par délégation au CUE (Comité des usagers de l’eau). Les acteurs qui pilotent l’activité sont les membres du CLE, Bagré Aval nord-est, notamment le service de l’environnement qui a été responsabilisé au sein du CLE pour conduire l’activité. Ce sont eux qui ont mobilisé donc l’ensemble des communautés à travers le CUE. Avec eux, nous avons tenu un certain nombre de rencontres. D’abord une première rencontre de prise de contact, pour pouvoir expliquer le projet dans son entièreté, parce que le reboisement n’est qu’un volet de l’accompagnement qu’on prévoit. Ensuite, nous avons eu d’autres échanges sur spécifiquement la mise en œuvre de l’action de reboisement. A cet effet, on a définit les modalités, ensemble avec les membres du CUE, pour voir comment cela pouvait être possible…et les choses ont été arrêtées de façon consensuelle », a déroulé Djibril Barry.

Les populations se sont réjouies de recevoir, à l’issue du reboisement collectif, les arbres fruitiers.

Ainsi, outre le reboisement, les actions à mener en faveur de la préservation du barrage sont le traitement des ravines, la mise en place de pépiniéristes qui vont permettre chaque année de produire des plantes pour la plantation sur la bande de servitude, la formation des acteurs sur le changement climatique, la gestion intégrée des ressources en eau.

M. Barry s’est donc réjoui d’observer que ce sont les communautés elles-mêmes qui ont été au-devant pour le reboisement au niveau de la haie vive.
Olivier Narcisse Bassinga, agent à l’AEN, est d’abord revenu sur le contexte de réalisation de ces activités avant d’insister sur les enjeux. « Nous avons constaté que depuis un moment, la ressource en eau se fait rare, vu l’ensablement de nos barrages. (…). La maraîcher-culture en amont des retenus provoque beaucoup l’envasement des barrages. C’est certes un phénomène naturel, mais lorsqu’on fait la maraîcher-culture en amont, ça accélère l’envasement. Cette retenue d’eau est source d’espoir pour notre pays, vue que l’eau se fait rare. Donc, on n’a pas le choix de le protéger. Nous avons, de ce fait, décidé de faire une protection de cette ressource, en menant des actions comme le reboisement, pour freiner l’envasement du barrage », a soutenu M. Bassinga, appréciant également la pertinence de la distribution des arbres fruitiers aux populations.

Olivier Narcisse Bassinga de l’Agence de l’eau du Nakambé insiste auprès des populations sur la nécessité de travailler à préserver cette ressource en eau.

C’est pourquoi a-t-il insisté sur le suivi des plantes, pour qu’elles puissent grandir dans de meilleures conditions.
Lieutenant Arzoum Ouédraogo, contrôleur des Eaux et forêts, chef de service provincial de l’économie verte et du changement climatique du Ganzourgou, s’est attardé sur l’importance du barrage, dont la création d’activités maraîchères, l’abreuvement du bétail, … et le prélèvement de l’eau pour diverses activités domestiques. En tant que spécialistes, M. Ouédraogo et son équipe ont, aux côtés des représentants de WaterAid et de l’AEN, donné des consignes techniques (distanciation des plants et des lignes) aux populations qui ont pris d’assaut les berges pour la plantation.

Lieutenant Arzoum Ouédraogo, contrôleur des Eaux et forêts, s’est voulu exigeant dans le respect des conditions requises.

Plaidoyer pour l’augmentation de la capacité du barrage

A l’issue des heures de reboisement, lieutenant Arzoum Ouédraogo a également prodigué des conseils pour le suivi, notamment l’arrosage, le désherbage, le binage (l’ameublement de la couche superficielle du sol autour des plantes) et l’apport d’engrais, surtout le compost en fumier organique.

M. Ouédraogo, par ailleurs membre du comité de programmation, d’animation et de suivi du Comité local de l’eau de Bagré Aval nord-est, rappelle que l’importance de ces haies, c’est de fixer le sol pour empêcher l’ensablement du barrage et de protéger la ressource eau contre le vent également qui peut conduire des débris pour charger le barrage.

Pour le leader coutumier, « l’arbre, c’est la vie humaine ». « Lorsque vous avez un arbre, surtout un arbre fruitier, ses fruits nourrissent et vous profitez également de son ombre. Ce n’est pas seulement le propriétaire qui en profite, ça profite à d’autres personnes et ce sont des bénédictions pour le propriétaire », magnifie cette notabilité.

Vue partielle du barrage

De son avis, avec ce reboisement, la délimitation du barrage sera respectée ; ce qui est une bonne chose. Mieux, ajoute-t-il, l’espace qui est créé (entre le barrage et les bornes, ndlr) va permettre aux riverains de pouvoir abreuver le bétail. « Nous avons vu comment certaines populations subissent l’ensablement de leur barrage, nous devons nous inspirer de leurs cas pour bien nous occuper du nôtre. C’est pourquoi, nous disons merci aux initiateurs et nous promettons de tout mettre en œuvre pour un suivi efficace. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons mis en place un comité, qui regroupe des représentants des cinq villages qui entourent le barrage. Ce comité veille au grain. Le barrage est exploité par plusieurs populations, venues même d’autres localités. Donc, c’est un trésor que nous devons préserver », motive le leader coutumier.

Les leaders coutumiers témoignent leurs reconnaissances à WaterAid et à l’Agence de l’eau du Nakambé.

Amado Kaboré, porte-parole également des populations, dans un ton de reconnaissance, mesure, lui aussi, l’impact positif de ces actions en faveur du barrage. « Depuis que nous avons été déguerpis des lieux, c’est la première fois qu’on nous accorde un tel regard. Notre joie est immense et nous remercions tous ceux qui ont eu cette idée. Nous allons profiter pour plaider pour qu’on puisse augmenter la capacité du barrage, car il y a des périodes où il tarit. C’est très important, parce que c’est le seul dans la localité. Ce barrage est très bénéfique, pour l’agriculture, l’élevage… et même pour la construction des logements, les gens viennent enlever l’eau ici dans ce barrage » a confié Amado Kaboré.

O.L
Lefaso.net

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