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Burkina/Blogging : « C’est grâce à mon blog que j’ai été connu à l’international », Ange Gabriel Kambou, président de l’ABB

Publié le mercredi 30 août 2023 à 23h00min

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Burkina/Blogging : « C’est grâce à mon blog que j’ai été connu à l’international », Ange Gabriel Kambou, président de l’ABB

Journal intime en ligne pour le citoyen lambda, bouée de sauvetage pour le journaliste, le blog permet de partager ses humeurs, ses opinions à travers la rédaction de billets et la publication de photos ou de vidéos. Au Burkina, de nombreux journalistes ou communicateurs ont été révélés au monde grâce à leurs blogs. Koundjoro Ange Gabriel Kambou est de ceux-là. Il est aujourd’hui à la tête de l’Association des blogueurs du Burkina qui compte une centaine de membres et de sympathisants. Cette association s’investit dans la formation sur la création et l’animation du blog, mais sur la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption. A l’occasion de la journée mondiale du blog célébrée chaque 31 août, son président nous a accordé un entretien.

Lefaso.net : Présentez-nous l’association des blogueurs du Burkina ?

K.A.G.K : L’Association des blogueurs du Burkina est une association de droit burkinabè, qui regroupe en son sein des jeunes burkinabè, qui ont décidé en 2016 de formaliser leur volonté de travailler ensemble à promouvoir le blogging dans notre pays. Nous sommes reconnus par le droit burkinabè depuis 2016. Sinon officiellement, nous avons reçu le récépissé en 2017, même si c’est en 2016 que nous avons organisé la première assemblée générale.

Quelles sont les activités que mène l’ABB ?

La plupart de nos activités sont des activités de formation sur la création et l’animation du blog, le management des réseaux sociaux. Nous avons associé à cela des formations sur la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, des formations sur plusieurs domaines comme la santé, et la présence sur les réseaux sociaux. Nous avons beaucoup d’activités que nous menons au profit des jeunes et des journalistes blogueurs burkinabè.

Vous avez été élu président de l’association des blogueurs du Burkina Faso le 30 janvier 2021. Vous avez été réélu en mars 2023. Que retenir des activités phares organisées sous votre magistère ?

Il faut faire remarquer déjà que dans les deux bureaux précédents, j’étais membre chargé de la communication. Depuis que j’ai pris la responsabilité en devenant président, de 2021 jusqu’en 2023, nous avons eu à mener plusieurs activités. Nous pouvons citer ce projet que nous avons mené avec l’Institut néerlandais pour la Démocratie multipartite, qui était donc de faire la promotion des jeunes filles en politique. Nous avons dans notre pays des jeunes filles qui sont engagées politiquement, qui aspirent à s’engager politiquement, mais qui font face à un manque de lumière et d’encouragement aussi.

Donc, ce projet a travaillé à faire la promotion de ces jeunes filles en leur créant des blogs, en les amenant vers des mentors, qui ont déjà une expérience en politique. Nous avons réalisé des vidéos de promotion de ces jeunes filles dans plusieurs régions du Burkina. Nous pouvons citer notamment la région du Centre-nord, le Nord, la région des Hauts-Bassins, où nous avons fait des déplacements pour réaliser ces vidéos.

Nous avons aussi conduit un projet de formation en fact-checking, la détection de fausses nouvelles et la connaissance de la loi qui régit les numériques au Burkina Faso. Beaucoup d’internautes dans notre pays pensent que les réseaux sociaux sont une zone de non droit. Cela se remarque par le fait que dans les procès que nous avons eus, beaucoup de ces citoyens qui arrivent devant la loi disent « Je ne savais pas que c’était interdit ».

Donc, nous avons jugé qu’il était nécessaire de faire connaître la loi qui a été votée et qui régit le travail des réseaux sociaux dans notre pays. Nous avons conduit ce projet dans six régions du Burkina où nous avons formé aussi bien les blogueurs, les journalistes, que les citoyens. Et cela s’est terminé par un colloque national que nous avons organisé ici à Ouagadougou, en collaboration avec la CIL (Commission de l’informatique et des libertés) et le ministère des TIC.

Nous avons aussi fait partir deux membres de l’association en stage de formation au niveau des Bruxelles en Belgique où ils ont passé quatre mois. Donc, c’est une nouvelle porte que nous avons pu ouvrir avec l’IHECS (Institut des Hautes études des communications sociales, ndlr) où nous avons envoyé ces deux membres qui ont fait quatre mois. Ils sont de retour. Et cette année encore, nous avons deux membres qui vont bientôt partir pour poursuivre ce partenariat que nous avons engagé avec l’IHECS.

Qu’est-ce qu’un blog ?

Le blog, c’est comme le carnet secret que nos parents ou grands-parents ont connu. À l’époque, chacun avait son carnet secret ou son carnet de route pour ceux qui voyagent, où il notait ce qui lui passait par la tête. Avec l’arrivée d’internet, il s’agit maintenant d’une sorte de numérisation de ces carnets secrets. Sinon, le blog est juste un mini site web tenu par un individu où il est son propre rédacteur en chef, son propre directeur de publication. Ce mini site lui permet juste de partager sa passion ou ses réflexions avec le reste des internautes connectés.

A combien estimez-vous le nombre des blogueurs au Burkina ?

Nous avons une idée pour ceux qui ont fait acte de membres ou qui sympathisent avec l’association des blogueurs. Ils sont plus d’une centaine de personnes. Mais, il y en a plein qui ne sont ni membres ni sympathisants de l’association des blogueurs du Burkina. Nous n’avons pas fait une étude pour connaître le nombre exact de blogueurs au Burkina Faso, mais nous pensons que nous devons avoisiner les 200 personnes qui tiennent ou ont tenu un blog.

Par quoi reconnaît-on un bon blogueur ?

C’est difficile de donner les critères d’un bon blogueur, mais je parlerai beaucoup plus de la régularité des publications. Si vous tenez un blog, par exemple sur la santé ou sur les recettes de cuisine, il est important qu’il soit alimenté régulièrement, comme pour votre site d’information. Pour le blog, cela dépend de la périodicité que vous avez donnée à vos lecteurs. Chaque semaine, deux fois par semaine ou chaque mois… c’est vous qui déterminez la périodicité. Pour la qualité des papiers, on ne peut pas trop s’attarder là-dessus, parce que tout le monde peut bloguer.

Au Burkina, c’est vrai que le blog a été promu d’abord par des journalistes. Les premiers blogueurs que nous avons connus étaient à la base des journalistes. Donc, cela fait qu’on a cru que le blog était uniquement réservé aux journalistes. Non. Tout citoyen qui sait lire et écrire peut bloguer. Et aujourd’hui, même sans savoir lire et écrire, on peut bloguer, à travers les vidéos.

Qu’est-ce qu’il faut savoir avant de se lancer dans le blogging ?

Oui, il y a des choses qu’il faut savoir avant de se lancer et c’est pour cela que nous organisons des formations très souvent gratuites pour toute personne qui veut bloguer. Il est bien de savoir à quoi s’attendre. J’ai parlé tout à l’heure de la périodicité de publication, de petites techniques pour animer son blog, de recettes pour bien écrire. Il y a l’écriture web. Pour vous qui êtes des médias en ligne, vous savez de quoi il s’agit. Il faut permettre à ceux qui bloguent de pouvoir écrire des billets de qualité.Il faut savoir lire et écrire pour ceux qui écrivent. Il faut aussi savoir aller sur internet, savoir saisir du texte.

Mais aujourd’hui, comme je l’ai dit, avec l’avènement de la vidéo, on peut tenir un blog vidéo. On peut tenir un blog photo. Donc, on n’est pas obligé de savoir lire et écrire. Même si on ne peut pas écrire, il faut savoir aller sur internet déjà. Avec le téléphone, beaucoup de gens peuvent se connecter. Je pense que ce sont des choses à savoir. Il faut avoir une connexion internet parce que sans Internet, il n’est pas possible de tenir un blog.Il n’y a pas de diplôme spécifique pour être blogueur.

Quelles sont les erreurs que commettent la plupart des blogueurs aujourd’hui ?

Souvent, il y a un problème de français. Aujourd’hui, si vous regardez le niveau d’écriture des étudiants et autres, vous remarquerez quand même une baisse en termes de qualité. Cela se ressent aussi sur la production des billets de blog. Les fautes grammaticales, d’orthographes et même syntaxiques posent souvent problème. Généralement, savoir construire de façon ordonnée une idée, l’exprimer de façon logique, n’est pas aisée pour certains.

Peut-on gagner de l’argent avec son blog ?

Oui, bien sûr ! On peut se faire de l’argent avec son blog. C’est dommage qu’au Burkina, nous ayons une culture du bénévolat. On a aussi promu la culture de lutte. Dans la tête des Burkinabè, quand on parle de lutte, ce n’est pas pour se faire de l’argent. Quand vous regardez ceux qui luttent, qui militent, vous avez l’impression qu’on veut les voir mourir dans la pauvreté. Quand on voit un militant, un syndicaliste engagé dans la défense et la promotion des droits humains, des libertés, avec une nouvelle moto, on se pose des questions. On dit qu’il a vendu la lutte.

Quand on a commencé le blog, dans notre pays, c’était d’abord pour exprimer nos opinions, nos idées. Ce n’était pas pour chercher de l’argent. C’est pour cela que j’ai dit que pendant longtemps, on a cru que le blogging était réservé à une catégorie de personnes, de citoyens. Aujourd’hui, on voit que ce n’est pas le cas et vous pouvez tenir un blog sur la cuisine, sur le football... Si vous tenez un blog sur le football par exemple et que vous êtes très bien suivi, c’est normal que des gens veuillent faire de la publicité. Des structures, des organisations ou des sociétés de la place peuvent passer par vous pour faire de la publicité ou vous demander de communiquer pour elles. En ce moment, ce sera à vous de déterminer les conditions de votre partenariat.

Je voudrais témoigner que c’est grâce à mon blog que j’ai été connu à l’international. Mon premier voyage hors du Burkina a été possible grâce à mon blog. C’est grâce à mes billets sur mon blog, que quelqu’un à l’extérieur du Burkina m’a découvert, a apprécié ce que je faisais et m’a écrit. La collaboration a commencé comme ça et la personne est venue au Burkina. On a échangé et après, j’ai été invité à venir animer des conférences dans des écoles, des lycées et dans certaines villes de la région Centre de France.

J’ai fait un mois complet en 2010, en France. C’est grâce à mon blog et non à mon travail de journaliste. Depuis lors, ça n’a pas cessé. C’est vrai que ce n’est pas un gain fiduciaire. Ce ne sont pas des millions que j’engrange, mais la renommée, je l’ai eue grâce à mon blog. Je suis même allé aux Etats-Unis jusqu’au siège des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). J’ai visité ces lieux emblématiques de la haute technologie, grâce à mon blog. C’est dire qu’il y a beaucoup à gagner dans le blog.

Mon histoire ne sera pas votre histoire. C’est à chacun de tracer les sillons de son histoire et de faire que l’outil qui est entre ses mains n’est pas le plus important. Le plus important, c’est ce que vous en faites. Le plus important n’est pas le blog, mais c’est ce que vous faites de ce blog. Pour moi, le blog a été une bouffée d’oxygène. Par les médias où je suis passé, certains de mes articles ne pouvaient pas passer. On disait que j’étais radical. Quand tu demandes si ce que tu as écrit est faux, on te répond : « Non, mais ça ne peut pas passer ».

Donc, le blog a été une bouée de sauvetage pour moi. Enfin, je pouvais m’exprimer sans restriction, sans contrainte. Et je me suis mis à fond pour exprimer mes opinions, mes réflexions, mes analyses.

Y a-t-il des thématiques qui ne sont pas encore explorées par les blogueurs burkinabè ? (Cuisine, voyage, tourisme, etc.)

Il y a des domaines qui ne sont pas bien explorés. Quand je prends le domaine de la santé, de la culture, de la cuisine, on n’a pas vraiment de blogs qui traitent de ces thématiques. Pourtant, aujourd’hui, quand je regarde sur les réseaux sociaux, Tik Tok ou Facebook, je vois très peu de productions de recettes, de vidéos sur la santé au Burkina. Prenons même l’exemple de la mécanique. Un mécanicien peut bloguer. Il y a souvent de petits trucs à savoir quand on a une voiture. Mais, on ne le sait pas. Un blog qui traite de la mécanique peut aider et va faire de la publicité et de la clientèle pour le mécanicien.

Si un jour quelqu’un se retrouve bloqué en route et grâce à vous parvient à résoudre une situation qui entrave la poursuite de son voyage, alors il pourrait logiquement vous contacter ultérieurement en signe de gratitude pour résoudre un problème mécanique sur son véhicule.

De plus en plus, on parle de blogueurs influenceurs. Est-ce un terme qui vous parle ?

On a toujours fait croire qu’ avoir un nombre élevé de followers, fait de vous un influenceur. Si votre page Facebook a 200 000 abonnés, on dit de vous que vous êtes un influenceur. Est-ce que c’est le cas réellement ? C’est un débat qui n’est pas encore épuisé. Moi, personnellement, je ne définis pas l’influenceur à partir du nombre d’abonnés qu’il a. Vous pouvez avoir 500 000 abonnés, mais vous n’influencez personne. Ou en tout cas très peu. La preuve, c’est que vous pouvez booster votre compte pour pouvoir avoir plus d’abonnés. Je vous donne un exemple.

Prenez les pages qui sont très suivies, qui ont le plus d’abonnés dans notre pays. J’ai mon agence de communication et je veux que vous communiquiez pour moi, parce que vous avez 500 000 abonnés. Vous faites la publication, mais la publication n’a que dix mentions “J’aime”. C’est rare de trouver 100 ou 200 “J’aime”. Peut-on parler d’influence quand on a 100 mentions “J’aime” pour une page qui a 100 000 abonnés ? Non. Pour moi, l’influenceur, c’est celui qui impacte des vies. Positivement. Qu’est-ce que influencer ? Influencer, c’est quand tu modifies le cours ou tu joues sur la direction. Si quelqu’un a un certain comportement, et que grâce à toi il se remet en scelle et réalise ses rêves, alors on peut parler d’influence.

Avec mes blogs (https://gabilyd.blog4ever.com/ et https://burkina-images.blog4ever.com/
que je tiens, j’ai eu des retours des gens qui ont exprimé leurs intérêts et ce que ces blogs ont été pour eux dans leur vie. Donc, pour moi, c’est cela l’influence. Ce n’est pas forcément le nombre d’abonnés. Au-delà de ça, vous avez des gens, qui ont plusieurs abonnés, mais qui parlent de sujets sans contenu, sans valeur ajoutée. Ce qui intéresse les gens, ce qui conduit à beaucoup des réactions, c’est généralement les nouvelles à scandale.

Aujourd’hui, comme je l’ai déjà dit à quelqu’un, si je veux être célèbre, il suffit de me mettre dans un sens. Quand vous prenez la direction politique aujourd’hui, quelles que soient les bêtises que je vais raconter, je serai très suivi. Je deviendrai populaire, mais à la fin, ce qui va rester sera très minime. Donc, ce n’est pas une course effrénée au meilleur influenceur.

Le temps se donne le temps de faire le tri. À un certain moment, on a vu des gens dans ce pays qui ont publié une seule phrase, sans contenu, sans sens, mais qui ont des centaines voire des milliers de réactions. Il suffisait simplement d’écrire « Pompom », et puis vous avez 235 commentaires. Il suffisait de dire « Il est midi. C’est le restaurant Tartempion qui est doux à l’heure là » et puis, vous avez des centaines de commentaires. Mais que sont devenues toutes ces personnes ? Qu’est-ce qu’elles représentent aujourd’hui ?

Qui sont les blogueurs les plus en vue au niveau national ?

Il y a des contenus de blogs qui sont intéressants, et qui sont partagés. Sur la Tech, il y en a un particulièrement qui est très régulier. Il s’agit de Boukari Zorom avec son blog le kiosque digital. Si vous allez sur son blog, vous allez avoir les dernières informations concernant le monde numérique, le nombre d’internautes au Burkina, le nombre d’abonnés sur Facebook, sur les réseaux sociaux. Il y a du contenu et de la régularité dans ces publications. Et quand vous y allez, vous avez quelque chose en retour. Il y a également d’autres qui animent des blogs, que ce soit sur la santé, que ce soit sur la politique, ou sur les questions sociales, mais il reste beaucoup à faire pour donner plus de tonus au blog.

Les gens ne lisent plus aujourd’hui. N’avez-vous pas le sentiment que le blog est en train de mourir ?

C’est l’impression qu’on peut avoir, parce que vous savez aussi, qu’on avait annoncé la mort de la presse écrite, quand la télévision est arrivée, quand la radio est arrivée. Mais aujourd’hui, la presse écrite est toujours là. C’est vrai que ça virevolte, mais ça est toujours là. Comme j’ai l’ai dit, il y a beaucoup de contenus aujourd’hui qui se sont ajoutés : l’audio, la vidéo. Du coup, on pourrait penser que les gens ne lisent plus. Mais, je ne pense pas. Les gens lisent, mais lisent ce qui les intéresse. En tant que blogueur ou blogueuse, il faut trouver les sujets d’intérêt des internautes et vous allez voir que votre blog sera suivi.

Le 31 août, c’est la journée mondiale du blog. Que prévoit votre association ?

Alors, pour cette journée mondiale du blog, nous avons prévu un After work qui va revenir sur des sujets communs aux blogueurs et aux internautes burkinabè. Nous aurons à passer près de deux heures avec quelqu’un qui a été révélé aussi au public national et international grâce à son blog. Donc, nous allons donc échanger autour de ça. Outre cela, nous sommes en formation sur le fact-checking et la détection des fausses informations. Tout cela entre dans le cadre de cette journée mondiale du blog, édition 2023.

Un mot à l’endroit des blogueurs en cette journée ?

En ces moments de difficultés pour notre pays, j’invite les internautes à rester concentrés sur l’essentiel. La course, au scoop, ne fait pas la notoriété. Au contraire, ça peut occasionner, et on l’a vu à plusieurs reprises, des dommages qui vont nuire à votre réputation. Chacun de nous, tout acte que nous posons, doit s’inscrire dans la légalité. Toute parole qui sort de notre bouche, tout écrit, tout commentaire doit s’inscrire dans la légalité, dans le respect de l’autre. Il y a des gens qui vous malmènent sur les réseaux sociaux, qui vous insultent, mais ne vous ont jamais rencontré. Ils ne vous connaissent ni d’Adam, ni d’Ève. Ils ne savent pas qui vous êtes, ce que vous faites dans la vie, mais ils insultent.

Et je pense que cela a conduit beaucoup de gens aujourd’hui à être dans une sorte d’hibernation intellectuelle. Ce n’est pas bien pour le pays. Pour un pays, la production intellectuelle, le choc des idées, des opinions, doit être dynamique pour permettre de pouvoir trouver son chemin, les voies et moyens pour construire ce pays. On n’a jamais, seul, absolument raison ou absolument tort. Il y a une part de vérité, une part de raison et une part de tort.

Le choc des idées, des opinions, le choc des visions va nous amener maintenant à trouver ce qu’il est nécessaire pour notre avancée commune. Mais si nous sommes dans une dynamique de pensée unique, une sorte de catégorisation des citoyens en fonction de leurs opinions, alors nous faisons fausse route. Et celà, nous allons le payer très cher et rien que le lendemain de cette euphorie-là.

Ce n’est pas parce que Monsieur Bassolé pense différemment que moi ou a une autre vision que la mienne, qu’on est opposé. Non. Souvent, ce n’est même pas sur tous les sujets que vous êtes opposés. Mais à cause d’une opinion sur tel sujet, on n’oublie que la personne a encore 99% de potentiel qu’il n’a pas révélé. Mais je décide de balancer ce monsieur ou cette dame dans la poubelle ou dans la catégorie de gens avec qui il ne faut pas traiter. Il n’y a pas de super citoyens. Chacun de nous aime ce pays à sa manière. Et nous devons travailler à unir. Quand on est en difficulté, on doit travailler davantage pour s’unir. Ce n’est pas en temps de difficulté qu’il faut diviser les gens. Il faut plutôt travailler à concilier les positions, travailler à faire en sorte que les Burkinabè se parlent davantage.

Dans le Sud-Ouest, chez nous au village, chaque maison a une terrasse en haut et sur laquelle, on peut monter et parler au voisin qui est peut-être à 100 ou 200 mètres. Si vous parlez à partir de vos terrasses respectives, vous n’entendrez que l’écho. Et cela risque de jouer sur la qualité de l’information. Et quand vous allez descendre de vos terrasses, ce sera pour vous frapper parce qu’il a dit « i » et l’autre a entendu « o ».

Et donc, il estime avoir été insulté. Au lieu de rester sur vos terasses, donc dans vos conforts personnels, vos positions de conformisme, il est préférable de vous rencontrer et parler. Ainsi, vous allez éviter les conflits qui vont davantage créer de divisions dans notre pays.

C’est l’appel que je lance aussi bien aux blogueurs et blogueuses qu’aux citoyens, de toutes les contrées, à l’intérieur comme à l’extérieur. Travaillons en sorte que notre pays puisse sortir grandi de la situation unique, dans laquelle nous sommes actuellement.

Fredo Bassolé
Lefaso.net

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