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Burkina : Les agents de santé du CHU Bogodogo rejettent les horaires de travail de la fonction publique hospitalière

Publié le mardi 13 juin 2023 à 23h10min

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Burkina : Les agents de santé du CHU Bogodogo rejettent les horaires de travail de la fonction publique hospitalière

Les agents de santé du CHU Bogodogo ont manifesté le 12 juin 2023 leur mécontentement à travers un mouvement d’humeur. Ils ont déposé une lettre de protestation à la direction générale de l’hôpital. Le secrétaire général de la sous-section du Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) du CHU Bogodogo donne les raisons de leur manifestation.

Lefaso.net : Hier lundi 12 juin 2023 à l’hôpital de Bogodogo, il y a eu un mouvement d’humeur des infirmiers. Quelles sont les raisons de ce mouvement ?

Sié Hien : Je suis le secrétaire général de la sous-section du SYNTSHA du CHU Bogodogo. Le SYNTSHA ne regroupe pas que les infirmiers. Le SYNTSHA est le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale. Tous ceux qui travaillent dans le domaine de la santé humaine et animale sont concernés par notre syndicat. Ou peuvent être membres de notre syndicat et beaucoup sont membres. Peut-être que dans ce problème particulier que vous avez appelé mouvement d’humeur, les gens ont remarqué que les infirmiers étaient les plus nombreux. Mais le problème ne concerne pas que les infirmiers. Le problème concerne tous les agents de santé qui se reconnaissent dans le SYNTSHA.

Quelles sont les raisons du mouvement d’humeur d’hier ?

L’ensemble des travailleurs de la santé humaine sont soumis depuis 2017-2018, si je ne m’abuse, à une loi qu’on appelle fonction publique hospitalière. C’est une loi qui donne une certaine particularité à ce secteur de la santé humaine. Cette loi avait été proposée par le gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré. Et le SYNTSHA avait relevé des problèmes depuis lors, puisque le SYNTSHA n’a pas participé à la finalisation de ce document.

C’est à la dernière minute avec les négociations pour obtenir notre protocole d’accord que le SYNTSHA a participé. Sur tous les points de désaccord dans la loi en son temps, le gouvernement avait rassuré le SYNTSHA que dans le cadre des négociations pour le protocole d’accord, des solutions allaient être trouvées. Parmi les points de désaccord, se trouvent les horaires de travail. Le mouvement d’humeur d’hier c’est dans le cadre des horaires de travail.

Qu’est-ce que vous dénoncez exactement au niveau des horaires de travail ?

La fonction publique hospitalière prévoit 40 à 45 heures de travail hebdomadaire sans la garde. Alors que vous savez que, quand l’agent de santé est de garde, il fait aussi du service. Selon les conventions internationales ratifiées par le Burkina Faso, notamment les conventions de l’Organisation internationale du travail, il doit assurer 40 heures de travail hebdomadaire, pas plus.

Nous avons dit qu’il faut que les 40 heures soient respectées, sinon pas de garde obligatoire. On ne peut pas me demander de faire plus de 40 heures hebdomadaires et m’obliger à faire une garde de 14 à 15 heures. D’abord, quand tu prends 40 heures + 15 heures, ça fait 55 heures de travail. Nous avons appelé ces horaires de travail des horaires esclavagistes. Parce que c’est de l’esclavage moderne. Le SYNTSHA a rejeté au plan national ce décret d’application de ces horaires de travail. Et le gouvernement avait appelé au calme pour les négociations, pour voir si on pouvait faire la relecture de la loi.

Jusqu’à l’heure où nous vous parlons, personne ne nous est revenu pour dire que le décret va être appliqué de force. Ce n’est qu’au CHU Bogodogo que les gens veulent appliquer ce décret. Cette année, ils ont élaboré un manuel de garde qui reprend les horaires de travail de la fonction publique hospitalière. Notamment, si tu descends de garde, tu as 24 heures de repos. Alors que tu quittes l’hôpital autour de 9h-10h. Et le lendemain matin, tu dois reprendre le service. On est en train de nous transformer en agents asociaux. Parce qu’on ne peut pas participer aux activités de la communauté.

Qu’est-ce que vous avez écrit dans votre plateforme revendicative ?

Nous avons déposé une plateforme revendicative en 2022. Jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de réponse. Et dans la plateforme, nous avons été clairs dès le préambule. Que nous rejetons, à l’image du bureau national, les horaires de travail de la fonction publique hospitalière que nous traitons d’esclavagiste.

Donc dans ce mois, quand ils ont voulu faire passer le manuel de garde qui reprend les horaires de travail de la fonction publique hospitalière de force, nous avons écrit une lettre de protestation à l’endroit du directeur général pour l’informer de notre refus de l’application des horaires de travail de la fonction publique hospitalière et du manuel de garde qui est un document non consensuel puisque le document doit être validé avec l’ensemble des partenaires sociaux. Quand nous sommes arrivés à la rencontre, nous leur avons posé le problème des horaires de travail. Ils nous ont dit que ce n’était pas discutable. Donc nous avons quitté la salle.

Est-ce que vous avez obtenu une réponse à votre lettre de protestation ?

Nous avons tenu une assemblée générale le 9 juin. Et le même le matin du 9 juin, nous avons rencontré le directeur général sur son invitation de la veille. Il nous avait demandé de lui laisser le temps au sortir de notre assemblée générale pour qu’il s’organise avec son administration pour nous revenir. Nous lui avons dit que nous sommes ouverts également au dialogue. Mais nous lui avons signifié clairement que c’est l’assemblée générale qui décide. Et l’assemblée nous a mandaté de lui écrire une lettre pour lui dire que nous rejetons les horaires de travail de la fonction publique hospitalière, dont le manuel de garde.

Comme les programmes sont affichés dans les services, nous avons tout enlevé puis nous sommes allés lui remettre. Et nous lui avons suggéré de faire sortir une note qui met fin à ce programme en attendant les concertations. Ce qui n’a pas été fait jusqu’à ce que nous marchions pour aller lui remettre le programme hier matin. Hier à 13h10mn, nous avons reçu une correspondance qui nous invite à une discussion aujourd’hui (13 juin 2023, Ndlr) à 14h, sur notre plateforme revendicative et sur notre manuel de garde. Donc vous voyez qu’il a fallu qu’on manifeste pour qu’on nous appelle pour discuter de notre plateforme revendicative et du manuel non consensuel déposé depuis 2022.

Donc si à votre rencontre de ce soir si vous ne trouvez pas d’accord vous allez organiser une manifestation ?

Notre souhait est que nous parvenions à un accord, à partir du moment où tout le monde est unanime que la lutte est légitime. Il s’agit d’une lutte pour protéger l’ensemble des travailleurs. Il s’agit d’une lutte pour plus de résultats dans notre hôpital. Si le travailleur n’est pas esquinté, il produit plus. Mais si vous l’esquintez avec un programme chargé, il ne pourra pas être efficace. Il y a des programmes qui vont de 54 à 64 heures dans la semaine. Si vous faîtes ça en 5 ans, vous êtes fatigué et vous êtes malade. Alors que nous n’avons pas de médecin de travail. Ça fait partie de notre plateforme de revendications. Donc si nous sommes malades, nous sommes obligés d’aller nous aligner comme tout le monde et payer les frais comme tout le monde. Parce que le système d’exonération négocié et accepté par le gouvernement dont le décret d’application est sorti n’est pas appliqué au CHU Bogodogo.

Quel message avez-vous pour votre mot de fin ?

J’appelle les travailleurs à rester mobilisés pour défendre leurs droits. Nous avons signifié à la direction générale de l’hôpital que le bureau est déterminé à poursuivre ses revendications, si nécessaire. L’évolution de la situation dépendra des réponses que nous aurons. Il faut savoir que nous luttons également pour faciliter l’accès aux soins à la population. Cela fait partie de notre plateforme revendicative. Je remercie Lefaso.net pour l’intérêt accordé à la lutte légitime des travailleurs du CHU Bogodogo.

Interview réalisée par Rama Diallo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 14 juin 2023 à 06:18, par HUG En réponse à : Burkina/ Santé : Les agents de santé du CHU Bogodogo rejettent les horaires de travail de la fonction publique hospitalière

    Essayez mais gardez a l esprit que ce n est plus le pouvoir mouta mouta du mpp qui est au pouvoir. Ce n est plus le temps où on ferme les maternités pour des greves egoistes.Soit on est regi par la lloi de la fonction public soit on a un statut autonome dans le cas contraire on sait ce qui peut arriver.On ne peut pas etre regi par la fonction publique et ne pas vouloir que sa loi nous soit appliqué.juste courir de clinique en clinique.

  • Le 14 juin 2023 à 08:24, par Keletigui En réponse à : Burkina/ Santé : Les agents de santé du CHU Bogodogo rejettent les horaires de travail de la fonction publique hospitalière

    Dans un pays où les fonctionnaires ne travaillent pas mais sont chaque fois entrain de revendiquer
    Si vous faites la comparaison avec les hôpitaux occidentaux,vous allez vous demander si vraiment les nôtres méritent vraiment leur salaire
    Allez dans certains district sanitaire à peine le personnel fait les 8 h de travail
    Nous sommes dans un pays où la santé se tous est précaire et tout manque
    De grâce ,pensez avec votre cœur mais apas avec votre tête juste pour votre satisfaction financière

  • Le 14 juin 2023 à 09:30, par eco En réponse à : Burkina/ Santé : Les agents de santé du CHU Bogodogo rejettent les horaires de travail de la fonction publique hospitalière

    Notre pays sera intenable à ce rythme. Le régime de Roch a engendré des situations ubuesques dans notre pays. vous promettez aux syndicats des choses, et après vous n’avez pas le courage d’aller jusqu’au bout. si le régime d’alors avait pris les textes d’application de la Fondtion publique hospitaliere concernant les horaires de traval, on n en serait pas là avec cette sortie du Syntsha du CHU Bogodogo.

  • Le 14 juin 2023 à 09:31, par Citoyen LAMBDA En réponse à : Burkina/ Santé : Les agents de santé du CHU Bogodogo rejettent les horaires de travail de la fonction publique hospitalière

    Vraiment ,si on devait juger les burkinabè par rapport au comportement de certaines personnes ,on dira simplement que le burkinabè est devenu très égoïste et insensible à la souffrance des autres . Chacun ne pense qu’à son seul intérêt, sans se donner la peine de penser au sort des autres . Dites -moi ,comment se fait que ce sont seulement les agents du CHU BOGODOGO qui se plaignent de ces mesures pour un problème qui en principe concerne les travailleurs et travailleuses de tous les hôpitaux publics ? Et les agents des autres structures hospitalières dont notamment ceux de YALGADO qui constituent la plus grande section du SYNTSHA ?.
    Et puis, est ce que c’est le moment d’engager ce genre d’actions, au moment où le pays traverse des périodes très difficiles qui requièrent de chacun et de chacune un sens élevé de sacrifice ?
    . Et puis encore ,combien désertent les hôpitaux pour les cliniques privées ,même à leurs heures normales de travail ? Combien n’utilisent pas leur journée de repos après la garde pour aller travailler dans les cliniques privées dont certaines leur appartiennent Vraiment ,Mr le SG de la section SYNTSHA de BOGODOGO ,revoyez votre copie ,d’autant que non seulement ,la fonction publique hospitalière a amené beaucoup d’avantages au personnel de santé ,mais le ministre actuel de la Santé est notoirement connu comme un homme de dialogue pour résoudre les problèmes.

  • Le 14 juin 2023 à 10:46, par momine En réponse à : Burkina/Santé : Les agents de santé du CHU Bogodogo rejettent les horaires de travail de la fonction publique hospitalière

    l’une des erreurs tres tres graves du gouvernent actuel est l’annulation des coupures salariales pour fait de greve qu’elle soit justifiee ou non.jusqu’a present,il y a pas ce regime qui n’a pas fait cette erreur .malheureusement ca n’a pas servi de lecon. Sankara a liciencie des fonctionnaires, Blaise en bon Samaritin les a rehabilite.il en a liciencie plus que Sankara.Rock a son tour a jouer a la rehabilitation,il a a son tour liciencie aussi.Et voila le MPSR qui joue egalement a ce jeu tres dangereux.il y a des fous Dan’s la fonction PUBLIQUE qu’il faut absolument liciencie.car c’est le prix a payer pour redresser un pays.comment un employe peut il imposer des heures de travail a son employeur ?il faut remettre chacun a sa place.

  • Le 14 juin 2023 à 12:37, par Sonni ALIBER En réponse à : Burkina : Les agents de santé du CHU Bogodogo rejettent les horaires de travail de la fonction publique hospitalière

    Hey 🤧Les FOURIENS DE CET HÔPITAL MOUROIR ONT DÉCIDÉ DE SE METTRE DANS L’OPPOSITION ET DE DISTRAIRE LES AUTORITÉS BURKINABÉ /BON ON VERRA,car celui qui est nommé à ce ministère connaît très bien que les agents de l’hôpital bogdogo et sait très bien qu’ils foudre rien de bon sauf produire des plateformes revendicatives 🤕👹😷🤧

  • Le 14 juin 2023 à 14:42, par LE CITOYEN En réponse à : Burkina : Les agents de santé du CHU Bogodogo rejettent les horaires de travail de la fonction publique hospitalière

    Il faut un régime fort dans pays comme le CNR pour le sauver. Celui qui ne veut pas travailler dans la fonction parce que les conditions ne lui conviennent pas est libre de démissionner pour aller entreprendre. Mais si vous restz toucher le salaire et vous ne voulez pas travailler l’État doit mater avec la dernière rigueur.

  • Le 14 juin 2023 à 16:36, par Sarakani En réponse à : Burkina : Les agents de santé du CHU Bogodogo rejettent les horaires de travail de la fonction publique hospitalière

    Il faut séjourné à l’hôpital pour comprendre le travail abattu par ces agents de santé. La loi du travail dit "40 heures par semaine" au delà l’agent n’est plus productif. Un malade a besoin de beaucoup d’attention. Attention à ne pas jeter l’enfant avec l’eau du bain. Il ya des brebis galeuses dans tous les secteurs d’activités, mais il ya aussi des agents de santé consciencieux. Si on ne les écoute pas nous populations seront les principales victimes. Aucun pouvoir quel qu’il soit ne dois s’amuser à envoyer les agents de santé en grève.

  • Le 14 juin 2023 à 22:48, par moi aussi En réponse à : Burkina : Les agents de santé du CHU Bogodogo rejettent les horaires de travail de la fonction publique hospitalière

    Citoyen LAMBDA , vous dites "...la fonction publique hospitalière a amené beaucoup d’avantages au personnel de santé..."

    Il faut nuancer "la fonction publique hospitalière a amené beaucoup d’avantages à une partie du personnel de santé".

    Au cas où vous l’ignorez, la fonction publique hospitalière a exclu dans son application une partie des agents de santé du Burkina Faso : les agents du niveau central du système de santé et les agents des Ecoles nationales de santé publique.

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