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Traitement de l’information en période de crise : Les bonnes pratiques enseignées à des journalistes à Ouahigouya

Publié le dimanche 11 juin 2023 à 20h26min

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Traitement de l’information en période de crise : Les bonnes pratiques enseignées à des journalistes à Ouahigouya

La Direction générale de la communication et des médias du ministère en charge de la Communication a organisé, le vendredi 9 juin 2023 à Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord, une conférence sur le thème « Lutte contre l’extrémisme violent au Burkina Faso : rôle et responsabilité des médias et des blogueurs dans la promotion de la paix et de la cohésion sociale ». Cette rencontre est la première d’une série de formations qui seront organisées dans toutes les régions du Burkina Faso.

« Dans ce contexte de guerre, la gestion de l’information revêt un enjeu crucial, et les professionnels de l’information ainsi que les blogueurs ont un rôle décisif à jouer. Si l’émergence des réseaux sociaux a fait perdre aux médias et aux journalistes le monopole de la diffusion de l’information, force est de reconnaître qu’ils restent les principaux vecteurs de diffusion d’une information saine ». Ces mots du ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Jean Emmanuel Ouédraogo, prononcés par le secrétaire général de la région du Nord, Albert Zongo, donnent la pertinence de cette formation au profit des journalistes, des blogueurs et des animateurs.

« La désinformation et la diffusion des fake news sont légion dans notre pays. Ce sont des armes utilisées par les groupes armés terroristes pour semer la peur, la division et la psychose au sein des populations », Jean Emmanuel Ouédraogo, par la voix d’Albert Zongo.

A cette occasion, quatre communications ont été servies aux participants. La première présentée par Dr Victor Sanou a porté sur le rôle et la responsabilité des journalistes et des blogueurs dans la promotion de la paix et de la cohésion sociale. Pour le communicateur, le journaliste devrait s’y prendre avec l’information comme un adulte le fait avec un nouveau-né. « Un bébé est fragile et a besoin d’être pris avec soin et attention. En même temps, celui qui tient le bébé a plus d’énergie que lui et doit savoir s’y prendre au risque de ne pas lui faire mal. C’est pareil pour le journaliste qui traite l’information. Il se doit d’être responsable. La responsabilité est la condition propre à l’individu intégré à une société où ses actions entraînent des répercussions qu’il n’a pas d’autre choix que de prendre en compte », a expliqué Dr Sanou. Il a ensuite déclaré que la responsabilité impose au journaliste et au blogueur l’observance de principes éthiques qui sont des valeurs morales qui accompagnent la pratique de la profession. C’est au nom de ces valeurs morales que le journaliste jugera bon de donner ou pas certaines informations pourtant vraies.

« Le journaliste est quotidiennement confronté à des choix qu’il est impossible de trancher par des textes de lois. A moins d’abandonner le métier, le journaliste doit vivre dans cette incertitude, d’où sa grande responsabilité », Dr Victor Sanou.

« Un journaliste n’est pas un communicateur »

La deuxième communication était celle du commissaire de police Paul Nitiéma. Après avoir fait l’état des lieux de la situation sécuritaire dans la région du Nord, des perspectives ont été dégagées pour en finir avec le terrorisme. Le communicateur a proposé l’amélioration du système de gouvernance, la lutte contre la corruption et l’amélioration de la transparence, une réforme du système éducatif, la promotion des programmes en faveur du civisme, de la tolérance et de la laïcité, l’amélioration de la gestion des ressources, la multiplication des cadres pouvant favoriser la confiance entre les FDS et les populations, le renforcement de l’indépendance de la justice.

« Courant 2022, la région du Nord a enregistré environ 95 attaques », a révélé Paul Nitiéma.

Après cette présentation, Dr Moussa Sawadogo, formateur dans les universités et écoles de journalisme, s’est appesanti sur le rôle du journaliste dans la société. « Le rôle essentiel des journalistes est de rapporter fidèlement, d’analyser et de commenter, le cas échéant, les faits qui permettent à leurs concitoyens de mieux connaître et de mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent. Une telle information complète, exacte et pluraliste est l’une des garanties les plus importantes de la liberté et de la démocratie. Mais retenez une chose : un journaliste n’est pas un communicateur », a-t-il clarifié.

« Poser la question de la contribution des journalistes dans le processus de refondation, c’est poser la question même à la fois du rôle social du journaliste et de sa mission sociale dans le contexte actuel de notre pays », Moussa Sawadogo.

« Les terroristes utilisent les médias pour répandre la terreur »

Dr Émile Bazyomo, lui, s’est attardé sur le rôle et la responsabilité des leaders d’organisations de la société civile et des acteurs de l’information et de la communication dans la promotion de la paix et de la cohésion sociale. Pour lui, les actions des professionnels de l’information et des leaders d’opinion contribuent souvent à donner plus de poids à la vision divisionniste souhaitée par les forces du mal. « Les terroristes ne veulent pas tuer les gens en masse. Ils veulent simplement faire peur mais en se servant de vous-mêmes pour alimenter cette peur. Ils se servent des médias de l’adversaire contre lui. Ils les utilisent pour faire peur, répandre la terreur et se faire de la publicité pour exercer une contrainte, pour recruter de futurs disciples. La répétition en boucle participe de cela. Idem lorsque les journalistes préfèrent l’émotion à l’information. Un terroriste, c’est comme une mouche qui entreprend de détruire un magasin de porcelaine. Sachant qu’elle ne peut pas y parvenir, elle trouve un éléphant, pénètre dans son oreille, bourdonne jusqu’à l’enrager. Fou de peur et de colère, ce dernier saccage tout », a enseigné Dr Bazyomo.

« Les principales règles du journalisme mises en mal sont la recherche de la vérité, la neutralité, la responsabilité à l’égard d’autrui, la transparence, l’équité et l’équilibre de l’information », Dr Émile Bazyomo.

Des participants satisfaits

Ces différentes communications ont été très appréciées par les participants. Pour Sidi Mohamed Ouédraogo, journaliste correspondant de Savane Média et de La Plume, cette conférence vaut son pesant d’or car elle vient renforcer les compétences des journalistes, surtout dans ce contexte d’insécurité. « Les journalistes sont les garants de l’information et il faut qu’ils soient suffisamment outillés sur leur travail pour ne pas contribuer à enfoncer le pays dans le gouffre. Les modules dispensés nous permettront désormais de mieux exercer notre travail tout en évitant de tomber facilement dans l’erreur », a-t-il apprécié.

« Cette formation a orienté les journalistes dans la recherche des bonnes informations dans un contexte où l’insécurité prend de l’ampleur, sans oublier la stigmatisation », Sidi Mohamed Ouédraogo.

En rappel, cette conférence est prévue se tenir sur toute l’étendue du territoire national. Pour cette année, trois régions sont ciblées et Ouahigouya est la première localité à bénéficier de cette conférence.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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