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Utilisation des réseaux sociaux : Il faut aussi interpeller ces officines qui fabriquent les ingrédients nocifs à la vie nationale

Publié le mercredi 24 mai 2023 à 23h50min

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Utilisation des réseaux sociaux : Il faut aussi interpeller ces officines qui fabriquent les ingrédients nocifs à la vie nationale

Face à la situation sécuritaire difficile, et dans l’élan de l’effort de paix, le Conseil supérieur de la communication (CSC) multiplie les actions dans le cadre de sa mission de dépositaire de la parole et expression publiques. L’institution vient de lancer, dans ce cadre, la vulgarisation de dix bonnes pratiques en matière d’utilisation des réseaux sociaux.

La pertinence de l’action suggère au CSC de l’élargir, par une démarche spécifique, à des acteurs-clés. Car s’il est vrai que les réseaux sociaux sont une sorte de ‘’terrain libre’’ pour tous, il n’en demeure pas moins que ceux dont la parole porte le plus et fait le plus de vagues, sont, nombreux, à la solde d’officines. Il faut toucher ces laboratoires et travailler à les amener à lever le pied sur leurs pratiques qui nuisent à la société et pour ainsi marcher vers l’idéal poursuivi par le CSC à travers ces multiples combats.

Tout le monde y gagne. Des gens se donnent des moyens de payer des individus, avec pour seule mission et travail de gâter et détruire tout ce qui se construit ou pour mentir et faire croire ce qui n’est pas. Le reste, on s’en fout ! Ainsi, dans ce pays, on a des loups à la peau d’agneau. C’est cette réalité qui se déporte à travers les réseaux sociaux, détériorant davantage le contexte dans cette course pour d’une part détruire l’autre et d’autre part mentir à l’opinion.

La plupart des individus (jeunes surtout) qui font dans les publications désobligeantes sur les réseaux sociaux ou tiennent des propos condamnables sur les ondes, sont des relais d’idées et messages qu’ils reçoivent d’officines, et dont ils ignorent ou ne mesurent même pas la portée. Il suffit d’échanger avec certains pour comprendre également comment le mal est profond.

On se souvient qu’au temps fort du pouvoir Roch Kaboré, et dans le vif de l’actualité du drame de Yirgou, un confrère, profitant d’une conférence de presse d’un des regroupements politiques, a suggéré que chaque camp, opposition et majorité, travaille à ‘’désarmer’’ les réseaux sociaux plutôt que de mobiliser ‘’des mercenaires’’ pour attiser la situation. Mais la réponse de ce leader politique a été sans appel : ‘’non, ce ne sont pas nos activistes. Nos activistes sont responsables, nous tenons chaque semaine une rencontre avec eux".

La pratique, elle est connue. Elle ne vaut pas seulement pour les pouvoirs constitutionnels, elle se manifeste également sous les pouvoirs d’exception.

Le CSC doit donc se donner les moyens d’approcher les organisations avec ce message, qu’elles soient politiques que civiles. Approcher ces acteurs, pas dans une démarche et un esprit inquisiteurs, plutôt pour leur expliquer et solliciter leur aide pour porter le message auprès de leurs militants, sympathisants, inconditionnels. Il faut aider à rendre plus civiques les réseaux sociaux. Sinon, ces canaux de communication vont produire un monstre qui va finir par dévorer même ses géniteurs.

Dans le même esprit, il faut parler à certains cercles du pouvoir, pour que l’instrumentalisation d’activistes pour le besoin de la mobilisation populaire se fasse dans un minimum d’éthique et de respect des douleurs vécues par certains de leurs compatriotes. On peut bien se départir des propos et attitudes qui méprisent la douleur des familles et proches endeuillés dans cette crise.

C’est en partageant les peines et la douleur des autres que l’élan national tant prôné sera une réalité. Pas par ces propos qui laissent penser qu’il y a une catégorie de Burkinabè meurtris, qui doivent être résilients et constituer une sorte de boucliers pour ceux-là qui n’entendent parler de la crise qu’ils ne la ressentent. Sur l’espace public, chacun a le droit de défendre sa chapelle, mais pas jusqu’à l’indécence, quand même !

Dans cette ‘’campagne’’ lancée par le CSC, un tandem avec la CIL (Commission de l’informatique et des libertés) ne sera pas de trop, pour ne pas dire qu’il pourrait être utile qu’efficace, notamment par des sorties publiques de sensibilisation tous azimuts : émissions radios, télé… ; conférences publiques dans les milieux formels et informels ; plaidoyer auprès des leaders coutumiers et religieux ; multiplication des flyers en destination du grand public, tout en diluant le français pour le rendre encore accessible à tous.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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