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Situation de la presse au Burkina : Et si l’on parlait de tolérance

Publié le lundi 10 avril 2023 à 22h28min

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Situation de la presse au Burkina : Et si l’on parlait de tolérance

Les chrétiens ont achevé leur carême alors que les musulmans ont entamé la dernière ligne droite après 18 jours du jeûne du mois de Ramadan. Au Burkina, on a assisté à des ruptures de jeûne en commun organisées par des jeunes sur une place publique, à l’archevêché de Ouagadougou par des chefs religieux. Ces messages de tolérance et de foi envoyés par les communautés religieuses ne sont pas encore dans les cœurs de tous les fils de ce pays.

Ils sont contredits par des messages de haine et d’appels au meurtre de journalistes sur les réseaux sociaux. La situation est préoccupante, les autorités politiques ont exprimé leur condamnation. La répétition étant pédagogique, revenons encore sur le beau métier de journaliste et la leçon de tolérance qu’il donne aux citoyens.

D’où vient cette hystérie contre les journalistes ? Ils devraient changer en temps de guerre, disent-ils. Mais changer quoi dans notre métier ? Personne n’a la réponse. Quand on leur demande s’il s’agit de la liberté d’expression et d’opinion, tout le monde refuse de les remettre en cause. Nous sommes tous pour la liberté d’expression et d’opinion. Si les libertés fondamentales sont acceptées par tous, pourquoi certains veulent-ils entendre qu’un seul discours et l’applaudir en chœur à rompre leurs mains ? Pourquoi la variété des fleurs, la variété des couleurs, des peuples, des personnes, des manières d’expression de notre qualité d’êtres humains, la richesse des cultures, des religions qui sont dans le monde ne les horripilent-ils pas ?

Les médias proposent plusieurs regards

Si les journalistes s’expriment sur ce qui concerne la vie de la nation, ce n’est pas parce qu’ils se trouvent omniscients, omnipotents, ou infaillibles. Point du tout, c’est parce que c’est leur métier de dire ce qui se passe dans leur pays. C’est avec humilité qu’ils le disent, voici les nouvelles du Faso, voilà ce que nous en pensons. Ce faisant, ils ne font du mal à personne, et s’ils s’écartent des lois du pays, recourrons tous aux tribunaux, pour nous départager.

Personne n’a le droit de coller une étiquette d’apatride à l’autre, d’appeler à le tuer pour ses idées. Les journaux qui sont hais par certains ont toujours dit auparavant ce qui n’allait pas dans le pays, du temps de Rock Marc Christian Kaboré, du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba et ne l’oublions pas du temps du dictateur déchu Blaise Compaoré dont des éléments de la garde rapprochée sont poursuivis pour avoir tué le journaliste, fondateur de l’Indépendant, Norbert Zongo et ses trois compagnons.

Les médias face aux problèmes du pays proposent plusieurs regards, différentes perspectives, pour créer des échanges et permettre l’ouverture de nouvelles portes, de nouveaux horizons.

Ceux qui ont intérêt à faire taire la presse, ce sont ceux qui donnent des conseils toxiques aux dirigeants et qui ne veulent pas que la presse montre ce qui ne va pas. Le MPSR2 sait qu’avec les opinions exprimées dans la presse, il a ajusté ses politiques pour tenir compte de toutes les composantes de la société. Prenons un exemple concernant les diatribes qui indexaient les soi-disant fêtards des maquis en temps de guerre. Notre journal a invité le président de la transition, président du Faso à se considérer comme le président de tous les Burkinabè.

Si on n’avait vu dans le secteur du tourisme et de la culture que des apatrides justes bons à manger, boire, danser et dormir et qui ne servent à rien, le gouvernement se serait privé de leur contribution au Fonds de soutien patriotique, laquelle représente 75,38% de la contribution totale. Moralité, nous avons tous selon nos capacités, nos défauts, nos qualités, quelque chose à apporter à la lutte contre le terrorisme. Il faut que nous soyons bienveillants envers tous les Burkinabè, les journalistes, les buveurs d’alcool, ceux qui préfèrent les jus ou les sodas, etc.

Personne ne détient à lui seul la vérité

Les autorités politiques doivent davantage faire preuve de cet esprit d’ouverture, du respect de l’autre pour accepter les comportements et les idées qu’ils n’approuvent pas tant que ce sont des comportements et des opinions qui ne sont pas punis par la loi. La tolérance est une valeur morale qui est une condition d’un vivre ensemble harmonieux. Comment parler de cohésion sociale, si on ne veut pas reconnaître à tous la même égalité, la même dignité en droit concernant les opinions ?

Cette équivalence des opinions dans la sphère publique est ce qui fonde la démocratie. Ne laissons pas la guerre détruire nos valeurs, car c’est ainsi que nos ennemis gagneront à coup sûr, car ils auront détruit notre essence de Burkinabè. Kofi Annan, notre frère du Ghana voisin, disait quand il était secrétaire général des nations unies : « La tolérance est une vertu qui rend la paix possible. »

La tolérance n’est pas un signe de faiblesse, bien au contraire, c’est la marque d’une éducation qui permet de penser de façon ample et de ne pas se tromper d’ennemis en temps de guerre. Si nous pensons que cette guerre qui nous est imposée, nous la menons pour la paix, alors n’apportons pas nous-mêmes, la haine, le mépris, la guerre dans notre propre camp en nous attaquant, nous détruisant pour de fausses raisons.

Aucun journaliste n’a pris les armes contre son pays et ne soutient les groupes terroristes, ne les exposons pas à la vindicte. Certains sont intolérants avec les journalistes parce que ces derniers veulent que notre société fasse confiance en la raison et que nos lecteurs distinguent le vrai du faux, le bien du mal. Et ce faisant nous nous enrichissons mutuellement pour que le pays progresse par la contribution de nombreuses intelligences.

Le monde est aujourd’hui de plus en plus complexe, nous sommes dans un monde non bipolaire, mais multipolaire, l’intelligence pour des pays comme le nôtre, c’est de considérer que personne ne détient à lui seul la vérité, qu’une part de celle-ci lui échappe et qu’écouter tous ceux qui ont quelque chose à dire contribue à la recherche des solutions. Faisons l’effort de nous accepter, de nous tolérer, de dialoguer pour faire du Burkina, un pays de paix déjà dans nos cœurs, et le reste viendra sûrement, certainement, inexorablement.

Sana Guy
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 9 avril 2023 à 14:58, par Bouzous En réponse à : Situation de la presse au Burkina : Et si l’on parlait de tolérance

    Vous êtes comme les français. Incapables de se remettre en cause. Hélas. Si les journalistes doivent survivre, il leur faudrait une autre manière de penser.

  • Le 9 avril 2023 à 17:01, par Jonassan En réponse à : Situation de la presse au Burkina : Et si l’on parlait de tolérance

    Vous êtes une voix qui crie dans le désert : convertissez-vous au vivre-ensemble de la communauté humaine.
    Vous avez en face des citoyens :
    - qui nous sont supérieurs en intelligence
    - qui se sont élus représentants du peuple
    - qui ont planifié le transformé de la transition en règne légalisé.
    Votre raison met en difficulté l’avènement de ce transformé donc elle est fausse, donc elle est à combattre, donc vous êtes un apatride.
    Bien sûr que ceux qui participent à justifier une telle dérive clairement exprimée et qui cherchent à s’incruster dans les interstices de la royauté ignorent qu’ils sapent les fondements de la Nation et que les quelques retombées de reconnaissance ou de renommée agitées par les agglutinés au pouvoir de l’heure ne leur garantira pas une vie de proviligié.
    Courage ! Mais votre mission est une mission impossible. Il faut laisser plutôt pourrir le grain ; c’est à cette seule condition qu’il poussera de terre et donnera des fruits. Cette pourriture est un passage obligé pour le peuple incrédule du Burkina Faso ; cela mettra fin à ces errements hypocrites déclenchées depuis si longtemps.

  • Le 9 avril 2023 à 17:18, par Badaru En réponse à : Situation de la presse au Burkina : Et si l’on parlait de tolérance

    Parlons sans langue de bois, les médias appartiennent à des gens qui ne soutiennent pas forcément le MPSR et les éditorialistes ont leur opinion propre. Il y’a une opinion dominante, c’est vrai que NAB conteste cela et au lieu de proposer une enquête d’opinion pour savoir qu’est-ce qu’il en est, cet homme qu’on croyait intelligent propose un concours de vuvuzela à la place de la Nation, ce qui montre le peu de crédit qu’on doit lui accorder. Effectivement les journalistes ont le droit d’exprimer leur opinion, mais si l’opinion nationale ou dominante est en sens inverse que fait on ? C’est vrai qu’avec des gens normaux pas de problème, mais quand on a affaire à des gens qui ne comprennent rien, la sagesse veut qu’on fasse attention. Mais chacun a le choix de faire attention ou pas. Que peut le gouvernement dans un tel climat délétère ? Chacun a le choix, mais moi je fais toujours attention de ne pas heurter certains.

  • Le 9 avril 2023 à 19:00, par Didier En réponse à : Situation de la presse au Burkina : Et si l’on parlait de tolérance

    Vous l avez si bien dit" Personne ne détient la vérité".
    Malheureusement vous ne l appliquez pas M. SANA ! Vous semblez tout connaître et vous voulez que tous suivent les journalistes qui n exercent qu un métier mais qui ne sont pas forcément les meilleurs dans le domaine de l information.
    L humilité du journaliste dont vous parlez devrait vous interdire de taxer les autres d hystériques. Peut être qualifiez vous vous même l attitude de condescendance que vous avez et qui vous dérange dans la réaction du public après votre 1er post.
    Retenez 3 choses : 1. nul n est infaillible, chacun peut se tromper et ce n est pas une faiblesse que de le reconnaître. Vous pouvez toujours vous amender
    2. Le journaliste n est pas un omniscient, il peut être recadré par un non journalist
    3. Aujourd’hui au Faso le journaliste doit savoir que la priorité n est pas sa prétendue liberté mais si il mette sa plume au service de la défense de la patrie. C est de faire du journalisme intelligent.
    A la guerre comme à la la guerre

  • Le 9 avril 2023 à 22:01, par vision En réponse à : Situation de la presse au Burkina : Et si l’on parlait de tolérance

    Il y a combien de journalistes au Burkina ? Combien sont-ils menacés ? Arrêtez vraiment de nous pomper l’air, vous n’êtes pas les seuls Burkinabé. Certaines plumes sont plus que des munitions et ce ne sont pas des critiques constructives, tu sens de la haine dans leurs écrits c’est ce qui pose problème. On se demande de fois s’il sont Burkinabé ? Sois tu écris ou t’exprime pour la cohésion nationale ou tu te tais, c’est simple que ça et c’est ce que l’opinion nationale demande aujourd’hui. Le journaliste qui croit avoir des droits et ne se range pas vers la recherche de la cohésion nationale en ce temps de guerre récoltera ce qu’il a semé. Et puis à ce que je sache aucun journaliste Burkinabé n’a été inquiété par la transition actuelle ! Le journaliste Burkinabé qui n’est pas content ou qui trouve injuste que RFI, France 24 ont été suspendu ou que l’expulsion des correspondants(libération, monde) ne lui convient pas, il peut tout simplement démissionner de sa fonction de journaliste. L’opinion nationale aujourd’hui, c’est l’union sacrée pour gagner la guerre, le militaire le fait, toutes les autres fonctions y compris les journalistes doivent le faire ! Les journalistes ne sont pas des super Burkinabé ! Alors attention à ce que vous écrivez ! Ce ne sont pas des menaces, c’est parce que le Burkina existe encore que vous vous plaignez de votre liberté d’expression ! Rappelez-vous du nombre de morts dans cette guerre depuis 2015 !

  • Le 9 avril 2023 à 22:51, par HUG En réponse à : Situation de la presse au Burkina : Et si l’on parlait de tolérance

    En tout cas HUG pense que les journalistes dans leur majorité sont professionnels. À mon sens aucun journaliste n est contre personne dans ce pays sauf les terroristes qui sont notre ennemi commun.La diversité des opinions est le propre de l être humain et vouloir le contraire est impossible.

  • Le 10 avril 2023 à 01:26, par WALY En réponse à : Situation de la presse au Burkina : Et si l’on parlait de tolérance

    @HUG justement la diversité des opinions profitent aux journalistes… mais aussi à leurs contempteurs. Les journalistes ont le droit de dire ce qu’ils veulent, mais les autres burkinabé ont aussi le droit de dire qu’ils ne sont pas d’accord avec les journalistes ! Tant qu’il n’y a aucun texte liberticide qui empêche les journalistes de dire et d’écrire ce qu’ils veulent pas de problème, mais dans ce cas pourquoi empêcher ceux qui ont une opinion contraire de s’exprimer ? Sur quelle base l’ONU, les Occidentaux décrètent ils que les journalistes sont en danger ? Tous les jours que DIEU fait dans le monde entier des gens déposent des plaintes pour menaces et agressions à Paris NewYork ou Lomé sans que l’ONU s’emeuve qu’est ce qui empêche nos journalistes menacés de le faire ? Nous donnons l’occasion aux occidentaux qui nous cherche noise de mettre notre pays au ban des nations pour des questions de droits de l’homme, de liberté d’expression alors qu’en réalité la plupart des gens ne sont mus que par leurs intérêts égoïstes. De grâce ayez pitié de nous et mettez vos ambitions et frustrations en sourdine jusqu’à la fin de la guerre.,

  • Le 11 avril 2023 à 07:23, par sabadokan En réponse à : Situation de la presse au Burkina : Et si l’on parlait de tolérance

    Beaucoup de journalistes se sont très mal illustrés par ces temps où quand tu sors de chez toi, tu ne sais pas ce que sera fait la journée. Quand tu dors, tu ne sais même sous quelles conditions tu vas te reveiller. Chaque jour, ce sont des populations, c’est à dire nos frères qui sont terrorisées, expulsées de leur localité. Chaque jour aussi ce sont des hommes qui se battent pour que nous soyons en paix dans les grandes villes sécurisées. Comment comprendre que dans ce contexte de détresse, des journalistes se permettent de demeurer dans leur sport favori : critiquer pour critiquer sans faire des propositions concrètes pour ceux qui se croient plus intelligents que les gouvernants actuels. Beaucoup de journalistes ont tenu des propos inacceptables. Par exemple, quand un journaliste sort pour dire que le Burkina est à terre, que le gouvernement actuel est le plus incompétent de tous ceux qu’on a connu jusqu’alors, en quoi il sert la nation ? Quand un journaliste sort pour dire que toutes les images diffusées à la télé sont des cyber-mensonges, quel est l’intérêt d’une telle déclaration si ce n’est une volonté de nuire ? Liberté d’expression d’accord mais libération du pays d’abord. Ces gens qui se croient en temps de paix et disent du n’importe quoi, semblent oublier que ce sont des gens qui exposent leurs vies chaque jour pour qu’ils soient en paix. Alors, qu’ils se taisent s’ils n’ont rien de positif à dire et nous serons tolérants.

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