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Médias au Burkina : « Le travail du journaliste n’est pas de chanter les louanges de quelqu’un », rappelle le journaliste Boureima Ouédraogo

Accueil > Actualités > Multimédia • Lefaso.net • lundi 30 janvier 2023 à 22h15min
Médias au Burkina : « Le travail du journaliste n’est pas de chanter les louanges de quelqu’un », rappelle le journaliste Boureima Ouédraogo

« Entre le journaliste qui dénonce les faits de détournement dans ce contexte de crise et la personne qui détourne du matériel destiné à l’armée, lequel des deux est le plus patriote ? », interroge Boureima Ouédraogo, directeur de publication du bimensuel « Le Reporter ». C’était le dimanche 29 janvier 2023 à l’émission 7Infos de la télévision BF1.

Lors d’une audience, lundi 23 dernier, le Premier ministre Apollinaire Kyelem de Tambela exhortait le président du Conseil supérieur de la communication, Abdoulazize Bamogo, à accentuer la régulation des médias, surtout au niveau des plateaux de débats télévisés.

« On ne construit rien sans discipline. Il est plus que nécessaire de recadrer la communication au niveau des médias, pour éviter la pagaille. L’on se rappelle toujours de la radio mille collines au Rwanda qui a joué un rôle déterminant dans le génocide dans ce pays. Ce n’est pas parce que l’on est sur un plateau de télévision ou dans un studio avec un micro que l’on doit se croire tout permis », avait indiqué le chef du gouvernement.

Notons que ces propos interviennent dans un contexte où des Burkinabè reprochent aux journalistes de ne pas assez accompagner les autorités et de ne pas être « patriotes » dans la lutte contre l’insécurité. Leur responsabilité sociale est remise en cause.

« Le silence n’est pas forcément la solution »

Sur le plateau de l’émission 7Infos animée par Hervé Dapa, hier dimanche 29 janvier, le sujet « Médias : la pression du gouvernement s’accentue » a été débattu. Lors de son intervention, le directeur de publication du bimensuel « Le Reporter », Boureima Ouédraogo, dit avoir l’impression que des Burkinabè voudraient cacher derrière le patriotisme une certaine intention de museler la presse pour faire passer des idées qui ne seraient pas forcément des idées épousées par les professionnels des médias.

« Entre le journaliste qui dénonce les faits de détournement dans ce contexte de crise et la personne qui détourne du matériel destiné à l’armée, lequel des deux est le plus patriote ? Le journaliste qui dénonce ou celui qui fait les malversations ? Notre responsabilité à tous est engagée et le silence n’est pas forcément la solution par rapport à la mobilisation générale contre le terrorisme », soutient Boureima Ouédraogo.

« Le journaliste patriote doit défendre la vérité au prix de sa vie »

A l’en croire, le journaliste patriote n’est pas différent « du médecin patriote, du politicien patriote, du militaire patriote ». « Autant le militaire patriote doit défendre la patrie au prix de sa vie, autant le journaliste patriote doit défendre la vérité au prix de sa vie, autant il doit défendre l’intérêt supérieur de la nation au prix de sa vie. Je parle bien d’intérêt supérieur de la nation, pas de l’intérêt de ceux qui gouvernent, les princes du moment », a clarifié Boureima Ouédraogo avant de renchérir : « Nous refusons d’être des gens qui tournent dans le sens du vent. Nous sommes des éclaireurs d’opinion et nous devons le rester. Et pour le rester, il faut qu’on garde notre lucidité, notre capacité à apprécier froidement la situation, à donner des points de vue ».

« Il faut qu’on arrête un peu d’infantiliser la presse »

Selon le directeur de publication du Reporter, contrairement à ce qui se raconte, les journalistes sont conscients que leur responsabilité est engagée dans ce contexte de crise sécuritaire et humanitaire. « Suivez la plupart des médias burkinabè. Je ne dis pas que tout est parfait. Il y a des dérives. Mais, est-ce qu’il y a plus de dérives dans les médias que dans l’armée, que chez les politiciens, chez les médecins ? Il faut qu’on arrête un peu d’infantiliser la presse. Il faut qu’on nous prenne comme des acteurs qui assument leurs responsabilités. Maintenant s’il y a des fautes, il faut qu’on sanctionne les fautes », a martelé le patron du Reporter.

« Nous avons tous pris position contre le terrorisme »

« Nulle part, je n’ai vu un journaliste prendre position pour les terroristes. Ça n’existe pas. Qu’est-ce qu’on nous demande au fond ? Que nous chantions les louanges de ceux qui nous gouvernent ou quoi ? Si c’est prendre position, nous avons tous pris position contre le terrorisme. Nous avons dit qu’il faut accompagner et soutenir les forces de défense et de sécurité. Est-ce parce que la presse française soutient la France dans la guerre en Ukraine, qu’elle va arrêter de dénoncer la mal gouvernance ou les détournements de deniers publics en France, s’il y en a ? », interroge Boureima Ouédraogo.

Indiquer la voie

« S’il y a une communication de crise qu’il faut avoir, il appartient au gouvernement d’indiquer la voie. Qu’est-ce que le gouvernement nous a proposé depuis sept ans ? Rien du tout. Il n’appartient pas aux journalistes de regarder dans une boule de cristal pour dire “Le gouvernement veut ça, on va l’accompagner”. Il faut qu’on respecte les acteurs des médias. Ceux qui applaudissent, c’est déjà bon, c’est leur travail d’applaudir. Le travail du journaliste n’est pas d’applaudir ou de chanter les louanges de quelqu’un », conclut Boureima Ouédraogo.

HFB
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