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Contexte d’insécurité au Burkina Faso : « Tout le monde est libre de dire tout ce qu’il veut, dans les limites de ce que la loi dit »

Publié le lundi 26 décembre 2022 à 22h00min

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Contexte d’insécurité au Burkina Faso : « Tout le monde est libre de dire tout ce qu’il veut, dans les limites de ce que la loi dit »

Le Burkina Faso est entre « les griffes » du terrorisme depuis 7 ans maintenant. Dans ce contexte de dégradation accrue de la situation sécuritaire, la liberté d’expression doit-elle être respectée ou pas ?

Les Burkinabè sont connus pour leur lutte pour la liberté en général et celle d’expression en particulier. Cependant, le pays traverse une dure crise sécuritaire. Sur les réseaux sociaux et dans des espaces publics, on assiste à des propos de haine, à des injures et même à des menaces de mort à l’encontre de certaines personnes, pour leur prise de position face à certains sujets.

Sur cette question de liberté d’expression, les avis divergent. Pour le directeur de publication du journal L’Evénement, Serge Oulon, c’est une très bonne chose de donner son avis. Il pense que la liberté d’expression participe à la vitalité de la vie démocratique. Selon lui, dans ce contexte de crise, la liberté d’expression permet aux gens de se défouler. Mais il a rappelé que la liberté d’expression a aussi ses limites, parce qu’au nom de la liberté d’expression, une personne ne peut pas appeler à la violence. « Tout le monde est libre de dire tout ce qu’il veut, dans les limites de ce que la loi dit », a évoqué le journaliste.

Le directeur de publication pense que si la loi est appliquée, les gens vont « se tenir à carreau ». Il estime que c’est parce que la loi n’est pas appliquée que certaines personnes se permettent d’abuser de leur liberté d’expression. « Que chacun puisse jouir de sa liberté dans les limites de la loi », a conclu M. Oulon.

Lazare Bakouan, enseignant, reconnaît que la liberté d’expression est un principe constitutionnel et que tout citoyen a le droit de s’exprimer sur un sujet d’intérêt général. « Mais notre pays traverse l’un des pires moments de son histoire, notamment le conflit armé avec des conséquences aussi désastreuses. Il est vraiment malheureux de voir des individus, voire des médias, qui incitent souvent à la violence et au meurtre. Parfois, les populations elles-mêmes participent à faire l’apologie du terrorisme, par pure ignorance ou simplement par méchanceté ou haine envers les dirigeants. On ne peut pas permettre une totale liberté d’expression dans un pays qui se ruine dans une guerre idiote », martèle l’enseignant. Selon lui, le gouvernement doit instaurer des règles dans ce contexte d’insécurité pour limiter la liberté d’expression.

« Actuellement, le pays est dans une situation très critique. Je pense que les autorités doivent restreindre la liberté d’expression. Souvent, sur les réseaux sociaux, on a l’impression que des personnes communiquent pour les terroristes. Même sur les plateaux de télévision, les interventions de certaines personnes amènent à croire que ces personnes sont avec l’ennemi. Or, dans cette lutte, nous devons avoir des propos qui galvanisent nos soldats et non des propos qui les démoralisent », estime de son côté l’étudiant Moussa Kaboré.

Dans ce contexte difficile, le jeune homme invite les autorités à prendre leurs responsabilités pour éviter les « dérapages ». Il exhorte les Burkinabè à rester soudés et unis pour affronter l’ennemi.

Ramata Diallo
LeFaso.net
Photo d’illustration

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Vos commentaires

  • Le 26 décembre 2022 à 17:21, par Alpha2025 En réponse à : Contexte d’insécurité au Burkina Faso : « Tout le monde est libre de dire tout ce qu’il veut, dans les limites de ce que la loi dit »

    Restreindre la liberté d’expression par les temps qui courent peut être aussi dangereux. Je prends l’exemple de l’article paru dans l’Evénement concernant les détournements supposés de la part de certains militaires. Le danger est-il la dénonciation du détournement ou le détournement lui même ? Comme dit M. Oulon, le vrai problème est la non application de la loi. Si la loi est appliquée dans toute sa rigueur, je ne vois pas où sera le problème !

  • Le 26 décembre 2022 à 19:57, par Zouk351 En réponse à : Contexte d’insécurité au Burkina Faso : « Tout le monde est libre de dire tout ce qu’il veut, dans les limites de ce que la loi dit »

    Qu’à t on le droit de dire ou plutôt comment le dire ?
    Il faut différencier une situation d’une interprétation, point de vue ou avis sur cette situation, d’autant plus qu’elle n’est parfois pas vérifiée.
    Rester neutre pour s’exprimer en étant attentif à nos émotions qui amènent à parler trop vite ou dans un langage irrespectueux. C’est un apprentissage du respect des autres.

  • Le 27 décembre 2022 à 04:00, par TANGA En réponse à : Contexte d’insécurité au Burkina Faso : « Tout le monde est libre de dire tout ce qu’il veut, dans les limites de ce que la loi dit »

    Un bon thème.
    Voilà les dirigeants doivent effectivement prendre des mesures par rapport à cette chose mâle connue, mâle gérée qu’est la liberté d’expression .
    On ne peut pas permettre à un individus ou plus de faire des sorties pour insulter, dénigrer et même appeler à la mort d’une autre personne juste par ce qu’elle a oser dire ce qu’elle pense.
    Mais il faut savoir que en même temps, on ne saurait permettre à une personne ou plus de dénigrer une décision des dirigeants ; dirigeants qui sont acceptés et aimés par les populations si non la rue. Car permettant cela, on permet à cette personne de se s’afficher contre les dirigeants et toute la suite et cela avec toutes les conséquences qui en découlent. Le pire est quand monsieur défend qui est vomis partout.
    Donc si on doit prendre des mesures, il faut aller jusqu’au bout, prendre des mesures qui bloquent X et Y si non l’élément brome sera tenté de se faire justice.
    Ce n’est qu’une pensée parlais tant d’autres que vous recevrez. Ça ne sert à rien de vouloir agir avec la ’’force de la démocratie’’ alors que nous n’y sommes pas, on travaille peut être pour y arriver. Mais en attendant il faut que l’on se l’enlève de la tête. Jouons balle à terre, travaillons pour sortir le pays de la merde et nous battons alors le type de démocratie qui nous acceptera.

  • Le 27 décembre 2022 à 04:19, par Jonassan En réponse à : Contexte d’insécurité au Burkina Faso : « Tout le monde est libre de dire tout ce qu’il veut, dans les limites de ce que la loi dit »

    Un peu plus de professionnalisme. Dans ce texte il n’y a pas de séparation claire entre ce que dit le professeur et ce que dit l’étudiant alors que c’est d’un intérêt et d’une appreciation nécessaire. S’il y a un avis du journaliste, ceci doit également paraître sans équivoque.

  • Le 27 décembre 2022 à 09:08, par kwiliga En réponse à : Contexte d’insécurité au Burkina Faso : « Tout le monde est libre de dire tout ce qu’il veut, dans les limites de ce que la loi dit »

    Ok, donc on est libre d’exprimer tout ce qui va de le sens de nos putschistes dirigeants et de leurs pseudo-panafricanistes OSC de soutien.
    Si j’écris vive la Russie, vive Wagner, par exemple, c’est bien, je suis libre de l’exprimer et même, de préférence avec vigueur, voire virilité. Pourtant, l’appel à des mercenaires est interdit par la loi du Faso.
    Par contre, si j’écris : les terroristes sont partout, j’ai peur d’aller dans mon village, j’ai peur d’aller à plus de 50 km de Koudougou, c’est mal, c’est particulièrement démoralisant et parfaitement antipatriotique.
    Au final, nous ne voulons qu’être mis au courant des "bonnes nouvelles" et pour le reste, nous ne voulons pas savoir la vérité car, en plus de rougir les yeux (comme le dit Ka), elle rend la bière amère et ça gâche les réjouissances.
    Quand le journaliste exprime : "Tout le monde est libre de dire tout ce qu’il veut, dans les limites de ce que la loi dit", ce n’est donc pas vrai.
    La loi interdit clairement l’appel au meurtre, pourtant ceux qui l’ont fait ne sont pas inquiétés.
    Des organes et des personnes sont censurés ou s’auto-censurent, alors que leurs propos n’ont jamais débordé du cadre que fixe la loi.
    Donc : "Tout le monde est libre de dire tout ce qu’il veut, dans les limites... de la volonté de notre junte et de ses panafricanistes amis".

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