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Femmes déplacées internes à Kaya : Des amazones victimes d’injustice

Publié le jeudi 19 août 2021 à 22h55min

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Femmes déplacées internes à Kaya :  Des amazones victimes d’injustice

Être femme déplacée interne n’est vraiment pas de l’eau à boire. Ces amazones ont marché des kilomètres pour fuir la cruauté d’hommes "sans foi ni loi". Elles se trouvent aujourd’hui, certaines, délaissées par leur conjoint, d’autres victimes d’injustice de tout bord. Ne sachant pas à quel saint se vouer, l’autre moitié du ciel partage avec Lefaso.net sa misère dans les sites de déplacés internes mais aussi dans les maisons non-loties de Kaya.

Risnatou vient de Foubé. Elle est arrivée à Kaya il y a deux ans. Commerçante de son état, elle a fui la barbarie des dictateurs de la pensée unique. Elle raconte son calvaire : « A mon arrivée, j’ai demandé à être recensée afin d’avoir un peu de vivres pour nourrir mes enfants. Un agent recenseur m’a appelée à l’écart. Il a pris mon numéro. Chaque soir, il passait son temps à m’appeler. Je lui ai dit que j’ai un mari et que je ne souhaitais pas qu’il m’appelle à ces heures. »

Le lendemain, l’agent recenseur a été catégorique avec elle. Sois-tu acceptes mes avances pour bénéficier des vivres, ou tu ne les auras pas », lui a-t-elle lancé. Effectivement, c’est ce qui s’est passé. Risnatou confie avoir passé une année sans obtenir de vivres. Selon son témoignage, il a fallu un moment après, pour qu’un chef de site vienne à son secours. Elle déclare ce qui suit : « Les femmes qui acceptent assouvir les libidos des hommes sont les mieux traitées. Au moment de la distribution, on voit des représentants qui cherchent des femmes pour servir. »

Dame Sebgo, venue de Pensa, a aussi rencontré des situations similaires. Il y a deux ans, elle a fui la terreur. Les larmes aux yeux, elle se confie : « Un monsieur d’une ONG m’a ouvertement dit que si j’accepte ses avances, je serai toujours mieux servie que les autres. J’ai répondu par la négative. Jusque-là, je n’ai rien reçu. Je lave les habits dans la ville pour nourrir mes enfants ».

Le maire d’une commune du Sanmatenga soutient les dires de ces femmes. Il s’est confié à nous en ces termes : « Une femme m’a raconté sa situation sur des avances de certains agents, j’étais dépassé. Nous reconnaissons que les femmes déplacées sont plus victimes de plusieurs maux ». Certains responsables que nous avons rencontrés disent ne pas se reconnaître dans cette affaire. L’un d’eux dit que de nombreuses personnes parlent de cet abus de pouvoir mais qu’ils n’ont pas toutes les informations.

Des hommes ont délaissé les femmes pour les mines d’or.

L’autre difficulté vécue par les femmes déplacées internes, c’est le fait que leurs maris les abandonnent pour rejoindre les sites miniers. En effet, arrivés sur les sites d’accueil, nombreux sont les hommes qui ont abandonné leurs femmes. Ils partent chercher de l’or.

A la question de savoir s’ils apportent quelque chose, Mme Sawadogo rétorque : « Depuis que mon mari est parti, il n’appelle pas ; ce n’est pas envoyé quelque chose qu’il va faire. Il ne se soucie plus de moi ni de ses enfants ».
Risnata Sankara, venue de Bourzanga ajoute : « C’est en temps de difficulté qu’on connait les vrais hommes. Il m’a dit qu’il part pour la recherche d’or. Je suis seule ici. J’ai pris une maison en location. Je me débrouille seule ».

Une femme à qui nous avons demandé si son mari était là, a répondu par l’affirmative. Mais elle fait vite de préciser : « Son absence et sa présence sont égales. Mon mari est là, mais c’est moi qui gère le foyer. Souvent, il retire le peu que je gagne ».

L’avenir des enfants revient aux femmes

Elles sont nombreuses dans les non-lotis à nous avoir répété qu’elles n’ont rien reçu comme vivres. Certaines ont passé deux ou trois ans sans aide humanitaire. « Pourtant, nous devons éduquer nos enfants, les nourrir, les vêtir, leur offrir des soins », lance Risnatou. Elles se battent jour et nuit ; certaines vendent du bois à 200, 500 Fcfa, d’autres vont de maison en maison pour laver les habits. Leurs conditions de vie vont de pire en pis. En clair, elles sont laissées à elles-mêmes.

L’autonomisation des femmes déplacées internes peut les soulager

Les femmes déplacées internes sont sans emploi. Elles vivent dans une morosité économique extrême. Nombreuses sont celles qui disent qu’elles étaient des coiffeuses, couturières ou commerçantes. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Gérard BEOGO

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Vos commentaires

  • Le 19 août 2021 à 16:14, par MyMy En réponse à : Femmes déplacées internes à Kaya : Des amazones victimes d’injustice

    - QUI ASSURE.NT LE RECRUTEMENT ET L’ENCADREMENT DE CES AGENTS RECENSEURS ? N’EST-CE PAS UNE MINISTRE ET AUTRES PONTES DU REGIME USURPATEUR MPP ? ALORS..., POURQUOI VOULOIR QUE LE CHIEN CHANGE SA MANIÈRE DE S’ASSEOIR ? N’EST-CE PAS TROP LUI DEMANDER ?

    - ENTRE LE TERRORISTE (qui adore le Diable et salissant ainsi l’islam) ET L’AGENT RECENSEUR CORROMPU, QUI EST PLUS CRUEL QUE L’AUTRE ?
    LE PIRE EST QUE CELA SE PRODUIT DEPUIS DES ANNÉES, ET RIEN N’EST MIS EN PLACE POUR QUE CA CESSE. MALGRÉ TOUT, CERTAINS DISENT DE NE PAS PARLER, CAR NOTRE PAYS EST DEVENU FRAGILE. N’EST-CE PAS AUSSI CE TYPE DE PRATIQUE QUI LE FRAGILISE ? QUI L’A RENDU FRAGILE ? QUI LE REND PLUS FRAGILE ?

    - POUR SÛR MES SŒURS, NOS PRIÈRES VOUS ACCOMPAGNENT.

  • Le 19 août 2021 à 16:17, par Séré En réponse à : Femmes déplacées internes à Kaya : Des amazones victimes d’injustice

    Sexe contre des vivres 🥺🥺 vraiment c’est trop méchant 😡😡😡

  • Le 19 août 2021 à 19:04, par HUG En réponse à : Femmes déplacées internes à Kaya : Des amazones victimes d’injustice

    Il est méne des enquetes pour debusquer ces agents trés indelicats qui ne sont pas dignes.Oui, il faut sevir avec la derniere energie ces agentq qui veulent exploiter la misere de ceS femmes. Il faut aussi que le ministere e l action humanitaire joue pleinement son role en venant en aide a ces pauvres. Si c est sanctionner les agents qui reclament des meilleures conditions de vie et de travail les gens sont prompts.Je me rappelle que l une des revendications du syndicat etait la dotation des services du ministere en logistiques et en moyens consequents pour la prise en charges des cibles comme ces femmes deplacées internes.Quelques années l histoire donne raison aux agents dignes de ce ministere car les commentaires de ces femmes font fremir. Allons seulement

  • Le 20 août 2021 à 06:31, par KAMBOU En réponse à : Femmes déplacées internes à Kaya : Des amazones victimes d’injustice

    C’est vraiment méchant ça.
    Chacun profite du peu de pouvoir qu’il a pour exploiter les plus faibles.
    Comment peut on se regarder dans une glace après de tels agissements ?

  • Le 20 août 2021 à 11:24, par Très Intrigué En réponse à : Femmes déplacées internes à Kaya : Des amazones victimes d’injustice

    Parfois certains accusent les vielles du village en les traitants de sorcières et d’être à la base de leurs souffrances.
    Mais ces derniers ne réalisent pas que leurs sorcières sont les actes indélicats qu’ils posent. S’il est vrai que des agents se livrent
    A ce genre de chose, c’est grave et pour eux même et pour leurs descendants. Des gens ont fuit leur village, abandonnant tout
    Derrière eux et n’emportant que misère. Et tout ce que vous trouvez à faire c’est de profiter de leur faim et de celle de leurs
    Enfants pour assouvir votre libido. En plus se sont pour la plupart des femmes mariés. Donc vous commettez une double infamie.
    Etes-vous conscients des malédictions que vous attirez sur vous et vos enfants chers agents libidineux ? Avez-vous idée des conséquences que les larmes de ces femmes, enfants et maris qui mouillent la terre auront sur vous et vos enfants ?

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