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Recrudescence des attaques terroristes : L’État islamique au grand Sahara (EIGS) augmente son emprise au Liptako-Gourma

Publié le dimanche 9 mai 2021 à 22h00min

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Recrudescence des attaques terroristes : L’État islamique au grand Sahara (EIGS) augmente son emprise au Liptako-Gourma

La région du Liptako-Gourma qui est l’épicentre de la lutte contre le terrorisme, est en ce moment la proie d’une folie meurtrière de l’État islamique qui menace, intimide, brûle, incendie, tue, et emporte le bétail et les biens. Au Burkina Faso et au Niger, les attaques ont connu une recrudescence et la soif de sang versé de ce groupe semble inaltérable. Ces attaques doivent poser la question de la stratégie de lutte contre le terrorisme. Les volontaires de défense de la patrie aux avant-postes du combat sont-ils soutenus ? L’armée se donne-t-elle les moyens de poursuivre et de punir ses criminels ?

Depuis la fin du mois d’avril, des attaques meurtrières et barbares dirigées contre les populations civiles ont repris dans le Liptako-Gourma, particulièrement dans notre pays. Ainsi le 28 avril 2021, le colonel-major, gouverneur de la région du Sahel, a annoncé la mort de dix-huit personnes des suites d’attaques contre des villages de la commune de Seytenga dans le nord du Burkina Faso. Les localités de Sofokel, Yatakou, Tao et Seytenga sont les victimes de ces actes de pillages et d’assassinats. Deux jours avant, dans l’Est du pays, trois Européens ( deux Espagnols et un Irlandais) ont été enlevés lors d’une attaque et leurs corps ont été retrouvés criblés de balles dans la brousse. Ces occidentaux, des journalistes et un écologiste, étaient en tournage d’un documentaire sur le braconnage.

Pour terminer la semaine, le 3 mai 2021 dans le village de Kodyel dans la commune de Foutouri, toujours dans l’Est, est la cible d’une attaque de grande ampleur : plus d’une centaine d’hommes armés venus en camionnette et en motos ont attaqué le village, brûlant, incendiant les maisons pour faire sortir les habitants et tirant sur eux comme sur des lapins, une fois dehors. Au total 30 morts et 20 blessés selon des sources. Les mêmes sources pensent que Kodyel est puni pour avoir fourni des volontaires pour la défense de la patrie récemment. Ces attaques de par leur violence et leur cruauté (tuant les enfants) semblent porter la marque de l’État islamique au grand Sahara (EIGS).

Questionner la stratégie de l’utilisation des volontaires

Le 21 janvier 2000 l’Assemblée nationale a autorisé la création d’un corps de supplétifs de l’armée pour déléguer au niveau des villages, des quartiers et des secteurs la défense de la patrie à des volontaires qui formés en deux petites semaines sont aujourd’hui avec la population ceux qui les premiers meurent pour la patrie. Les VDP qui devraient renseigner les FDS semblent être en première ligne et on peut se demander s’ils arrivent à prévenir des attaques qu’ils subissent. Les textes qui créent les VDP les mettent sous l’autorité des forces de défense et de sécurité, un soin particulier a été mis pour définir les devoirs de ces patriotes, quelques droits surtout en cas de décès leur sont reconnus en plus d’indemnités contractuelles mais les devoirs des FDS envers eux quand ils sont en danger, quand ils appellent au secours, semblent relever du « secret défense ».

Après le drame de Kodyel, le gouvernement par communiqué salue la bravoure des VDP. Il faudrait peut-être plus car ces braves volontaires comme la population sont seuls abandonnés à la folie meurtrière des terroristes. Le gouvernement en créant ces structures a exposé les villages et les secteurs, même si ce sont les populations qui les premières ont demandé des armes pour se défendre. Mais a-t-on pensé à ce qui se passe actuellement comme une invasion d’une centaine d’ennemis contre quelques individus ?

Les volontaires pour la défense de la patrie (VDP) est un programme qui est sensé accroître la sécurité des villages, mais pas être la cause des attaques terroristes. Cette attaque montre que les groupes terroristes à la base de l’attaque de Kodyel veulent freiner l’enrôlement de nouveaux volontaires et faire peur à ceux qui désirent s’engager. On peut se demander à juste titre si les VDP sont en liaison avec les forces de défense et de sécurité ? Celles-ci ont –elles été appelées au secours du village attaqué par une centaine d’hommes armés ? Si oui quelle a été leur réaction ? Le ministère de la Défense peut-il nous dire quels sont les points forts et les points faibles de cette stratégie dans la lutte contre le terrorisme ? Qu’a-t-il fait lui-même pour la rendre opérante et efficiente sur le terrain ?

Alors que des volontaires se plaignent de ne pas toucher leurs subsides dans des reportages télévisuels, on se demande si nous sommes en capacité stratégique dans cette lutte contre les bandits armés qui se regroupent facilement, communiquent mieux que nous et fondent sur des villages et des hameaux de culture pour apporter la mort et la désolation. Dans cette lutte contre le terrorisme, il faudrait que l’on se convainque au sommet de l’État, que nous avons aussi besoin d’esprit, d’intelligence et de compréhension du phénomène, pour pouvoir le vaincre. Nous sommes les seuls à vouloir guérir un mal que l’on ne connaît pas.

Pendant six ans on ne connaît pas notre ennemi, on ne peut pas identifier la signature de tel ou tel groupe selon le mode opératoire. La représentation nationale gagnerait à chercher à comprendre ce qui se passe depuis qu’elle a accordé d’importants crédits pour la défense du pays. Les avancées dans cette lutte, sont si minimes, les positions ne sont pas tenues et ce sont les groupes terroristes qui dictent leur agenda. Nous devons refuser cela et être plus proactifs sur le terrain.

L’Assemblée devrait regagner de la crédibilité en se positionnant comme contre-pouvoir ou du moins celui qui contrôle l’action du gouvernement. Que fait le gouvernement dans la lutte contre le terrorisme ? Les députés peuvent-ils nous assurer qu’ils sont mieux informés que le commun des burkinabè, et que ce qui est fait va dans la bonne direction pour mettre fin à ce fléau ? La question essentielle est là : qu’avons-nous construit en cinq ans au plan militaire ? Notre sort devrait il dépendre des étrangers : les français de Barkhane, ou une hypothétique légion tchadienne ?

C’est bien un proverbe de chez-nous qui dit que dormir sur la natte d’autrui est se coucher à terre. Notre pays doit être debout contre le terrorisme pour que nos populations soient en sécurité et aient un sommeil paisible.

Sana Guy
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 7 mai 2021 à 22:09, par Adakalan En réponse à : Recrudescence des attaques terroristes : L’État islamique au grand Sahara (EIGS) augmente son emprise au Liptako-Gourma

    Le noir est bête quoi. C’est quoi vous défendez au juste ? Si cest pas des sous hommes, un être humain normal peut prendre une arme contre son propre frere pour des choses donc ,il n’à véritablement pas
    conscience.
    C’est l’ État qui est absent sinon ces animaux seront renvoyer en enfer immédiatement.

  • Le 8 mai 2021 à 00:16, par Wendzoa En réponse à : Recrudescence des attaques terroristes : L’État islamique au grand Sahara (EIGS) augmente son emprise au Liptako-Gourma

    Bonjour je voudrais savoir si il existe une manière d’apporter de l’aide à notre force armée national et si oui merci de m’aider la dessus .

  • Le 11 mai 2021 à 05:32, par Alexio En réponse à : Recrudescence des attaques terroristes : L’État islamique au grand Sahara (EIGS) augmente son emprise au Liptako-Gourma

    Le terrorisme n est rien d autres qu une question GEOPOLITIQUE des occidentaux depuis la percee de la Chine, et la Russie en Afrique dans ces dernieres annees.

    La chute de la Jamalrilya lybienne etait une entree bien concue de reanimation des cellulles de traffiquants de de cigarettes et de drogues dans la bande sahelienne en terroristes finances par les fonds des Quataris salafistes qui sont de meches avec l Occident.

    Leurs demarches sont les memes. Nos matieres premireres. Et le Sahel est riche. Le gendarme de cette organisation criminelle est la France et ses sbires de Brettons Woods.

    L or du Mali est pille par la meme France. Des ingenieurs deguises en militaires de combat. Des instrucreurs francais qui travaillent avec les deux camps. Un double jeu de la France.

    Le panafricanisme en marche en Afrique. Le dilemme du CFA-Franc comme outil de chantage, le sentiment anti-francais pour sa politique neo-coloniale imposer en Afrique dite francophone est entrain de se defaire.

    Les bases militaires francaises et leur raisons d etre sur le continent n est plus valable, et est rien d autres que des laboratoires de fabriques des conflits et tensions internes des pays ou elles sont logees.

    La guerre au Mali est devenue une duperie geopolitique qui veut pas dire son nom.

    En comparant le logiciel militaire de la France versus celui des soit.disant terroristes. Aucun resultat satisfaisant. Qui paie la facture de cette guerre ?

    La France n a jamais gagner une guerre. Elle retourner chez elle. Et nous africains porrons regler nos affaires internes sans son ingerance de sapeur pompier.

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