Actualités :: Disparités sociales au Burkina : Le Programme de développement solidaire (...)

"Devant l’immensité du tort (une minorité comblée d’aisance alors que la grande majorité vit chétivement), il faut se rendre à l’évidence que le Programme de développement solidaire (programme de Blaise Compaoré) ne fait pas le poids". C’est la remarque faite par Ousmane Boubacar Cissé au président du Faso.

Sous l’impulsion du discours de la Baule intervenu en 1990, le vent de la démocratisation a de nouveau soufflé sur le continent africain, sonnant ainsi le glas des partis uniques, en proclamant l’exercice de la souveraineté par le peuple.

Des années sont passées, des échéances électorales se sont succédé, chacune offrant à son passage un spectacle de désolation : élections truquées à ciel ouvert, arrestations arbitraires, crimes crapuleux ; des populations victimes de répressions, d’exactions et de spoliations sont souvent contraintes à l’exil, etc. Bref, on a l’impression que chaque échéance électorale qui s’envole emporte sur ses ailes une chance de salut pour les peuples d’Afrique.

La Constitution qui est le régulateur principal du processus démocratique, loin d’être un bréviaire pour nos dirigeants africains, se fait et se défait au gré des circonstances ; un perpétuel tripatouillage qui défie souvent tout bon sens (l’âge, la maladie) sous le regard indifférent sinon bienveillant des instigateurs du multipartisme qui, manifestement, préfèrent être au chevet d’un malade plutôt que de prévenir le mal.

"Les périls d’un pouvoir à vie"

Le Zaïre de feu Mobutu, la Côte d’Ivoire de feu Félix Houphouët-Boigny et le Togo de feu Gnassingbé Eyadema ont largement instruit notre génération sur les péripéties et les périls d’un pouvoir à vie. Ces trois pays ne sont pas des cas lointains et isolés ; ce sont des cas d’école qui nous ont appris que, dans un contexte de démocratie, toute négation de l’alternance achemine inéluctablement une Nation vers une impasse politique, souvent des plus désastreuses.

Pour me pencher sur le cas spécifique de la Côte d’Ivoire dont chaque page de l’histoire semble concerner plus d’un au Burkina, il me plaît de saluer, sans emphase aucune, la mémoire de cet illustre éléphant qui a été un précieux trésor revêtu d’une bombe à retardement.
Dans tous les cas, cette situation de crise persistante, et dont le retentissement a franchi les frontières ivoiriennes montre, s’il en est besoin, qu’il n’y a pas de paix "génétiquement" incorporée dans l’âme d’une nation, la paix se construit et se consolide par l’Homme qui en est et en demeure le seul artisan.

En ce début du 3e millénaire, on se réjouit de voir l’Union africaine sous l’égide d’un leader charismatique, Alpha Oumar Konaré, qui, grâce à son panafricanisme triomphant, s’attelle à un travail de longue haleine pour consolider l’alternative démocratique et favoriser l’enracinement d’une culture citoyenne en vue de créer un espace de paix et de stabilité politique qui permettra d’engager résolument l’Afrique et les Africains dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement.

"La soif inextinguible du pouvoir"

Cependant, force est de reconnaître que les initiatives savamment entreprises par cet homme débordant de volonté et d’imagination pour l’avènement d’une Afrique profondément démocratique, se heurtent à la soif inextinguible du pouvoir de certains dirigeants qui continuent, envers et contre tout, à entretenir la flamme d’un règne à vie. Faut-il préciser que ces derniers conçoivent maladroitement l’Etat comme un patrimoine personnel et, de ce fait, transforment l’avenir de leurs peuples respectifs en un destin qu’ils tiennent dans leurs mains ; c’est bien là que l’on trouve l’illustration parfaite des propos d’un célèbre homme politique qui disait qu’ « en Afrique, un simple bout de papier ne suffit pas pour désigner un roi ».

Au Burkina Faso, aucune analyse conséquente de l’actualité politique ne peut s’empêcher d’évoquer ces événements, aussi édifiants les uns que les autres, qui ont ébranlé la classe politique opposante, jetant tout naturellement le discrédit sur des partis politiques de l’opposition ayant succombé aux rafales d’espèces sonnantes et trébuchantes d’un tireur d’élite connu de tous.

Cette actualité politique a eu le mérite de sonner le réveil patriotique des Burkinabè, qui, à travers leurs réactions d’indignation à l’endroit des dirigeants des partis qui ont mordu à l’hameçon, ont tenu à signifier explicitement que l’alternance, c’est d’abord un comportement, mieux, elle se réalise avec le peuple et pour le peuple. Quel que soit le moment où interviendra cette alternance, elle sera sans nul doute en faveur de celui qui se serait gardé de toute souillure parce que le peuple souverain sait toujours distinguer la bonne graine de l’ivraie.

S’agissant du pouvoir actuel, nous assistons à une sorte de déviation idéologique, la social-démocratie promise s’est brutalement muée en une politique ultra libérale dont le contrecoup majeur est le renchérissement du coût de la vie, un indicateur qui, contre toute attente, traduit la vitalité de l’activité économique nationale, à en croire nos éminents manipulateurs des chiffres qui, en réfutant tout propos pessimiste dans la situation présente, oublient malheureusement que nous sommes dans un pays de savane où chacun voit ce que contient le grenier de l’autre.

En d’autres termes, les arguments avancés pour soutenir un certain progrès économique et social, s’ils ne sont pas extrêmement restrictifs, sont, en tout cas, battus en brèche par la pauvreté ambiante qui assaille nos populations.

Laxisme

Par ailleurs, il convient de souligner, sans intentions de dénigrement systématique (puisque les exemples sont légion), que les disparités sociales naissantes au sein de notre communauté sont, pour la plupart, imputables à une inégalité des opportunités offertes par l’Etat qui, par son laxisme ou sa complaisance avérée, est devenu pour une poignée d’individus la poule aux œufs d’or pendant que la masse silencieuse est en proie aux affres de la misère et de la famine.

Monsieur le Président, devant l’immensité du tort (une minorité comblée d’aisance alors que la grande majorité vit chétivement), il faut se rendre à l’évidence, un programme de développement solidaire ne fait pas le poids ; l’aumône trahit notre intégrité, la bonne gouvernance par contre la magnifie. En réclamant avec une insistance extrême la pratique d’une bonne gouvernance, nous avons en souvenir cette promesse faite, à l’occasion du 4e anniversaire de la JNP, qu’il n’y aurait plus de dossiers tabous au pays des hommes intègres.

Nous estimons qu’un tel engagement ne peut se concrétiser que par la création d’une juridiction spéciale, à l’instar des TPR (à la différence qu’elle doit être en phase avec l’Etat de droit pour contenir la peur bleue des contre-révolutionnaires) dotée des pleins pouvoirs pour juger les crimes économiques et débarrasser enfin les chantiers de la République de ces boulets horribles qui gênent leur réalisation effective. Lorsque de gros nuages enténèbrent le ciel, l’orage qui doit les balayer doit être gigantesque : aux grands maux les grands remèdes, dit-on.

A mon humble avis, cet engagement national à restaurer la conscience patriotique pour une gestion transparente des deniers publics, bien plus que les autres, suffit pour enclencher véritablement et de façon irréversible la marche du Burkina vers le progrès et dont les fruits de la croissance seront redistribués sans exclusion à ses fils et filles.

CISSE Boubacar Ousmane boubacisse1@yahoo.fr

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