Actualités :: Affaire des 30 millions : "Professeur Bado, je vous ai compris"

La sortie du président du Parti pour la renaissance nationale (PAREN), Laurent Bado, sur la Télévision nationale du Burkina, le 17 juillet, semble avoir convaincu Abdoulaye Sanou, citoyen de son état. Il s’en explique dans cet écrit.

Lorsque le Professeur Bado a eu l’audace de révéler la curieuse affaire des 30 millions, j’avoue que mon coeur a saigné. J’ai condamné l’homme sans ambages pour avoir préféré la facilité à la lutte.

Toutefois, au fond de moi, une seule question me revenait sans cesse : pourquoi celui-là même qui s’est distingué depuis plus d’un quart de siècle pour son honnêteté, son intégrité morale et son sens de l’intérêt général a-t-il accepté une « aide » de son adversaire politique ? Malgré mon acharnement à lire chaque matin tous les articles de presse relatifs à cette très complexe affaire, il se dégageait un certain goût d’inachevé dans toutes les analyses.

Avec un peu de recul et à la lumière de l’intervention du professeur BADO à ACTU 7 le 17 juillet dernier à la TNB, je peux me permettre de faire les observations suivantes :
- Bado, a, de très bonne foi, accepté cette offre. Toutes les révélations secrètes du Président Compaoré à Bado avant son engagement politique ont été confirmées par l’envoyé du Chef de l’Etat.

En outre, le Président reconnaît publiquement en 2001 que son pays est à la croisée des chemins, constat qui figure dans l’alternative de Laurent Bado rendue publique depuis 1991. Ce qui retient l’attention, c’est que le Président préconise lui aussi une voix originale de développement pour sortir son pays de l’ornière dans laquelle il s’enfonce.

Quand certains analystes font le rapprochement de cette affaire avec la fable du corbeau qui s’est laissé séduire par les propos flatteurs du renard, il y a lieu pour ne pas dérouter l’opinion, d’éviter les raccourcis et de restituer les faits dans leur contexte. Ne dit-on pas que texte sans contexte n’est qu’un prétexte ? Ce principe vaut également en religion. Selon le Prophète Mouhammad, « l’acte ne vaut que pour l’intention qui l’accompagne ».

"18 ans de pouvoir stressant"

Bado lui-même a attiré l’attention des téléspectateurs sur la nécessité de tenir compte des
motivations profondes qui l’ont animé dans sa décision. S’il a accordé du crédit aux propos de l’envoyé, c’est parce que lesdits propos ont été confirmés par le chef de l’Etat et par les actes et par la parole. Le professeur a donc agi comme il aime le dire « en bon judoka en prenant l’adversaire dans le sens de son mouvement. »

S’il s’avère que le chef de l’Etat est de mauvaise foi, cela n’engage que lui et n’entache en rien l’intention louable du professeur Bado qui affirme avoir agi par devoir face à un aveu d’impuissance manifeste du régime.
Lorsque, Salif Diallo, celui-là même qu’on soupçonne être l’envoyé spécial du chef de l’Etat, reconnaît dans le journal "Le Pays" du 16 août 2005 que Bado est un homme honorable qui ne cherche pas l’argent pour sa propre personne, on peut aisément conclure que le professeur n’a pas eu tort de croire en leur franchise.

A l’inverse, on peut aussi penser que Blaise Compaoré, pris dans le piège de son parti ait été contraint de se présenter à l’élection présidentielle en espérant une sortie paisible en cas de défaite. Après 18 ans de pouvoir stressant, il est humain d’aspirer à une retraite paisible.

"Laissez le peuple juger"

L’informatisation du fichier électoral et le jeu de la liberté d’expression en cours peuvent être des illustrations parfaites de l’intention de Blaise Compaoré à respecter le verdict des urnes. On ne doit donc pas exclure d’office la bonne foi du chef de l’Etat.
- Lorsque Bado indique que la plupart des opposants a reçu l’argent de Blaise, on peut interpréter cela comme une forme de mise en garde à tous ces opposants qui pourraient se tromper de cible en utilisant cette affaire comme un programme de campagne contre lui. En effet, beaucoup de leaders politiques de l’opposition ne sont pas prêts à assumer leurs actes de fréquentation suspecte avec le président du Faso alors qu’ils sont prompts à vilipender les autres.

Au terme de cette analyse, je peux dire au professeur que je connais un peu pour m’avoir enseigné que je l’ai compris. Je lui demande en retour de ne plus réagir sur cette affaire, car quel que soit ce qu’il dira, il ne pourra pas convaincre tout le monde.
Qu’il laisse le peuple juger. Quant à lui, il doit s’atteler plutôt à expliquer à l’opinion la pertinence de son projet de société dans la perspective des élections prochaines. C’est la seule voie qui le grandira davantage.

Le Pays

Tribune : « La culture porte les espoirs d’une Afrique de (...)
Burkina : L’arabe, langue oubliée de la réforme (...)
Burkina Faso : Justice militaire et droits de (...)
Photos des responsables d’institutions sur les cartes de (...)
Burkina/Lutte contre le terrorisme : L’analyste (...)
Lettre ouverte au ministre de l’Énergie, des Mines et de (...)
Sénégal : Le président Bassirou Diomaye Faye quittera-t-il (...)
Cuba : L’Association des anciens étudiants du Burkina (...)
Sahel : "La présence américaine dans la région joue un (...)
Burkina/Transport : La SOTRACO a besoin de recentrer (...)
Burkina Faso : La politique sans les mots de la (...)
Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser (...)
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Baisse drastique des coûts dans la santé : Comment (...)
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle (...)
Burkina : De la maîtrise des dépenses énergétiques des (...)
Procès des atrocités de l’Occident envers l’Afrique (...)
Afrique : Des pouvoirs politiques traditionnels et de (...)
La langue maternelle : Un concept difficile à définir (...)
Technologies : L’Afrique doit-elle rester éternellement (...)
L’Afrique atteint de nouveaux sommets : L’impact de (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 5397


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés