Actualités :: Je réclame mon droit de vote

Le 13 novembre prochain aura lieu les élections présidentielles au Burkina Faso. Les électeurs burkinabè auront le devoir de choisir parmi la pléthore des candidatures pour succéder au président Compaoré. Il s’agit d’un devoir et surtout d’un droit, que tout burkinabè remplissant les critères requis et soucieux de sa citoyenneté réclamerait au prix d’une vie s’il le faut.

En effet la citoyenneté telle qu’elle est admise par les sciences juridiques et sociales s’exprime à travers des actes pour lesquels les nationaux d’un pays (expatriés ou pas) sont appelés à apporter leur participation si minime soit -elle. Parmi ces actes s’affiche en vedette le vote. Le vote fait partie de la vie d’un citoyen et vouloir lui en priver peut relever d’un délit grave, puisque son droit a une valeur constitutionnelle. A cet effet l’article 12 de la Constitution actuelle est très illustratif.

C’est pourquoi je réclame mon droit de vote. Et j’irai même plus loin en réclamant le droit de vote pour mes compatriotes qui sont dans la même situation que moi.

Pourquoi ne sommes nous pas pris en compte pour les grandes décisions concernant notre Nation ? Ne serions nous pas de ce fait lésés dans notre patriotisme ? Serions-nous délaissés parce que notre nombre est insignifiant ? Ou ce serait juste parce que, comme l’avance certains on ne maîtrise pas convenablement le nombre des expatriés ? Cela est de bonne guère quand on y voit un risque à l’irrégularité des élections.

Toutefois, il serait peu commode d’avancer le difficile contrôle des citoyens burkinabè à l’étranger, tant beaucoup d’entre eux bénéficient de la couverture de l’Etat burkinabè donc maîtrisables du point de vue de leur nombre. C’est le cas de tous les étudiants boursiers dans des pays comme la France, l’Algérie, la Tunisie, le Sénégal... et surtout le Maroc, où la frange partie constitue d’une manière ou d’une autre une jeunesse élite car issue des meilleurs bacheliers. Sevrer ces jeunes ainsi d’un gros morceau de leur citoyenneté ne serait-il pas un attentat à part entière de responsabilité dans la chose nationale ? Ou peut-être qu’ils doivent se contenter de continuer à réaliser d’excellents résultats académiques, et après un cursus bien fourni ne pas être motivés par un éventuel retour dans un pays dont ils ont continuellement ignoré la construction politique ? Et après, ils reviendront au bercail pour être cette fois-ci éligibles, ayant raté le statut d’électeur durant toute leur jeunesse.

Au fil des années, le cursus jadis de quatre ans en général des étudiants boursiers au Maroc, se voit aller au-delà grâce aux efforts des dirigeants à promouvoir l’accès au troisième cycle. Ce qui fait que plus de la moitié des étudiants ont la chance (devrais-je dire la malchance) de rater au moins une échéance électorale en tant qu’électeur. J’y vois un assez fort danger quant on sait que ces jeunes sont atteints de ce que j’appelle « le syndrome de l’absence de patriotisme ». Or, ces derniers, si je pus me le permettre gagneraient plus et le pays avec, si un vif sentiment les rattachait à leur pays. Et ce sentiment ne peut venir que s’ils sont, à chaque fois que l’occasion se présente, pris en compte. Je note en passage, le 5 Août, jour de notre fête de l’Indépendance (même si on peut ne pas en être fier), ce jour qui était sensé être grand nationalement, est passé à l’insu de plus de 80% des vaillants étudiants burkinabè au Maroc. Or en plus de l’administration diplomatique, nous disposons ici d’une grande association regroupant près de 400 étudiants et stagiaires. Que dire du bureau central de l’association qui n’a pas ce jour national, dans la colonne de ces activités ? Ce n’est pas pour jeter des fleurs aux autres jeunes de nationalités diverses, en les citant comme exemple, eux qui ont si bien célébré leurs fêtes nationales. Mais juste pour dire qu’il est vraiment temps d’en prendre conscience frères et sœurs, et aussi chers dirigeants vous qui êtes responsables de l’étoffe dont est et sera faite cette jeunesse estudiantine à l’étranger.

L’expérience marocaine m’a permis de constater qu’à chaque été, des marocains résidant à l’extérieur affluent dans leur pays d’origine, et sur leur visage on peut lire une fierté d’appartenir à leur royaume qui ne ménage aucun effort pour les intégrer même si tout n’est pas du cadeau : il y a toujours un prix à tout.

Mais nous, ici, sommes un peu pris par une peur de rentrer chez nous une fois finies nos études, car nous ne sommes animés que par une certitude, celle que le pays ne nous appartient pas, tant on a été durant nos longues études à l’étranger dépossédé de notre fragile sens du patriotisme défendu jadis par un homme qu’on ne saurait oublier, même si le 4 Août est rayé de la liste des fêtes nationales.

Quoi qu’il en soit je réclame mon droit de vote en vertu de l’article 12 de la constitution nationale dont la suprématie ne saurait être contestée que par une mesure de même valeur c’est-à-dire constitutionnelle.

Pour faire une réserve, je reconnais la difficulté de prendre en compte toute la population burkinabè de l’extérieur, mais au moins ceux qui sont en mesure d’exprimer leur citoyenneté, qu’on leur donne leur droit de voter. On pourrait ainsi sonder l’opinion des Burkinabè de l’extérieur, qui ont quand même une autre vision de leur pays, serait-ce peut-être la bonne !
Ainsi la démocratie qui entame ces pas prometteurs au BURKINA FASO pourrait bien marcher vers la diaspora, qui d’une manière ou une autre a les mêmes droits à la citoyenneté.

Et pour finir, je m’adresserai à mes compatriotes expatriés de tous bords qu’ils ont le droit de réclamer leur droit de vote, si ce n’est un devoir de voter pour la construction civique et politique d’une Nation qui est très malade de son nationalisme. Ensemble réclamons notre droit à participer à la chose nationale c’est-à-dire la Patrie.

Nicolas ZEMANE, étudiant en Droit public au Maroc
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7 rue Al bousiri Agdal, Rabat
Royaume du Maroc
Tel : (00212) 64743227

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