Actualités :: Scrutins : Pourquoi l’electorat est passif

L’auteur de cet article analyse sous un angle sociologique, les raisons de la désaffection de l’électorat burkinabè au moment des échéances électorales.

"Qui ne s’est posé cette question de savoir "Pourquoi le citoyen burkinabé se soucie peu des votes au Burkina" ? Question toujours et encore d’actualité si on sait que l’année en cours et celle à venir battront aux rythmes de joutes électorales et de pêches d’électorat.
Pour ajouter de la terre à la terre, nous dirons que plusieurs facteurs expliquent le désenclavement ou la désaffection électorale au Burkina Faso.

L’absence de socialisation politique. Le citoyen Burkinabè ne bénéficie pas d’une inculcation méthodique et autoritaire aux valeurs, attitudes et normes politiques. Toutes les préférences partisanes, les valeurs citoyennes s’acquièrent au fil d’une longue période de socialisation.
Aujourd’hui, les controverses politiciennes les comportements vexatoires, les revers politiques de politiciens constituent des affects négatifs à l’identification ou à la personnalisation politique.

En Europe par exemple, l’enfant dès son adolescence a déjà une idée de ce qu’est le politique et commence à s’identifier à des politiciens de renom. L’absence d’une telle socialisation conduit à la situation du "passif électeur".
Un autre facteur de la situation de l’indifférence aux élections est l’absence d’un héritage politique électoraliste ; ce qui inhibe l’instinct politique.

A considérer la tranche d’âge de 20 à 25 ans , on constate qu’à leur âge de socialisation politique, le Burkina Faso fut marqué politiquement par la prédominance des régimes militaires. Mieux, à une époque antérieure, rares sont les régimes politiques qui avaient fait l’épreuve de suffrage. C’est dire que la plupart de la génération votante n’a aucun héritage politique électoral .Le passé de Burkina Faso n’est pas riche en faits électoraux.

L’importance de l’enjeu électoral justifie aussi l’indifférence plus ou moins pour les élections. L’engouement électoral pour une élection locale est différent de l’engouement pour une élection présidentielle au motif que le préjugé connu est que l’élu local, plus près de la masse, plus contrôlable gère des problèmes directs des populations.

A cela, il faut ajouter l’ignorance des préoccupations réelles des populations dans les programmes de société. Conçus à tour d’intelligence dans des laboratoires d’idéologie, ces programmes assimilables à des décisions de monarques qui se contentent des informations que leur donnent les hauts dignitaires de la cour, ignorent tout des préoccupations essentielles à court, moyen et long terme des masses.

Certes, beaucoup d’éléments peuvent être évoqués mais tant que l’on ne fera pas voler en éclats ses verrous à coups de socialisation, l’électorat demeurera une marchandise spéculable en CFA et comme des moutons de panurge, voguera inlassablement vers les bords du dépit."

S. Raphaël OUEDRAOGO,
Sociologue, consultant, Chargé de communication à l’ARD
Tel : 76 66 59 88

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