Actualités :: Togo : Punir la tentative de succession anticonstitutionnelle pour (...)

Contre vents et marées, le prince héritier du trône du général Gnassingbé Eyadéma, Faure qu’il s’appelle, ne lâche prise depuis qu’il s’est fait proclamer président après la mort de son géniteur. Pour l’auteur des libres propos que nous vous proposons, "Il faut bouter hors du palais présidentiel Faure par tous les moyens", pour l’exemple.

d’Etat à Abuja, au Nigeria, le dimanche 30 janvier 2005. Qui l’aurait cru ? C’est donc avec beaucoup de consternation amplifiée par l’effet de surprise que les dirigeants de la sous-région ouest-africaine ont appris la disparition de leur pair, samedi soir.

La course est terminée

Le vieux baobab est tombé. Champion de lutte traditionnelle, tireur d’élite, « waké », paraîtrait-il, le sergent-chef de l’armée française est arrivé au pouvoir par un coup d’état sanglant qui a emporté son prédécesseur. Sa longue marche a été jalonnée de nombreuses embûches. Il a échappé à plusieurs tentatives de coups d’Etat et d’attentats. Il est même sorti indemne d’un accident d’avion dont il rend responsables ses détracteurs ; et pourtant, c’est dans un avion en plein vol que l’inamovible a rendu l’âme. Oh Dieu tout-puissant ! Que la terre de son très cher Togo lui soit légère.

Eyadéma allergique à la démocratie

La démocratie telle que conçue par l’Occident, le tout-puissant président togolais n’a jamais accepté de l’appliquer dans son pays. Il est vrai que la démocratie n’est pas un costume que l’on peut importer prêt à porter, mais elle doit être adaptée à certaines réalités historiques, géopolitiques de chaque pays, tout en respectant les normes de droit et les libertés des populations, et non en obéissant à l’humeur d’un clan, encore moins d’une famille ou d’un individu. Sous la pression des partenaires bailleurs de fonds, l’illustre disparu, avait accepté pour son peuple le multipartisme, mais jamais la démocratie.

Des élections, il y en a eu, mais le respect des suffrages était inconcevable, car il se savait impopulaire. Pour mémoire, lors de la dernière élection présidentielle, la victoire du président sortant a été proclamée avant la fin des dépouillements. Appréciez ! Le président sortant était toujours le président entrant. Comme quoi on peut faire coucher le chien, mais on ne peut pas lui faire fermer les yeux. C’est donc cette démocratie « made in Togo » que Eyadéma a servi au peuple togolais, tout en narguant la communauté internationale jusqu’au jour où...

Impuissance ou laxisme de la communauté internationale

Le refus du doyen des chefs d’Etat africains d’appliquer la démocratie dans son pays n’a pas été sans conséquences : la puissante Union européenne l’a boudé pendant plus de dix ans. C’est le peuple qui en a le plus souffert. Certains pays africains déjà engagés dans la démocratie, ainsi que les organisations chargées de défendre les droits de l’homme en Afrique et ailleurs, n’ont pas manqué de condamner les atteintes aux droits et à la liberté des populations. Pourtant, Eyadéma faisait et défaisait la Constitution à sa guise.

Aucune mesure concrète et contraignante n’a pu être prise à l’encontre du maître de Lomé pour le ramener à la raison, plutôt à la sagesse. Est-ce parce que chacun se reproche un petit quelque chose, ou est-ce parce qu’ils sont nombreux, ces ’mogo puissants" à boire dans le marigot du vieux ? C’est pour les mêmes raisons que Koudou Gbagbo est toujours au pouvoir en Côte d’Ivoire. On est maître agrégé en démocratie le jour alors qu’on soutient la dictature la nuit.

Quand on sait que la France décide de qui doit diriger en Afrique francophone, on est en droit de se poser parfois la question de savoir de quelle démocratie elle nous parle. Certains problèmes auraient pu trouver leurs solutions en Afrique, mais les loups ne se mangent pas entre eux. Tu me permets de m’accrocher et je t’aide à traquer tes opposants. Ça, c’est connu. C’est pourquoi il est important de rendre publique la position des uns et des autres lors des Sommets des chefs d’Etat pour que l’on sache qui défend quoi ?

Cela peut servir d’instrument de mesure de l’esprit démocratique de nos dirigeants. Des condamnations, on en aura par tonnes. Des promesses aussi. Mais on n’ira nulle part. Pour éviter la culture de cette dérive et décourager tous ceux qui concocteraient les mêmes idées, il faut bouter hors du palais présidentiel M. Faure par tous les moyens.

Faure Gnassingbé, fils de son père

« Nous, Faure Gnassingbé, jurons devant Dieu et le peuple togolais de défendre et faire respecter la Constitution... ». Le décor est planté, les couleurs annoncées. Le nouveau président anciennement programmé s’est ainsi installé. On croirait à une fiction, et pourtant ! Si le ridicule pouvait tuer, ils seraient nombreux ceux qui allaient accompagner le vieux au ciel. Mais « On a là » comme dirait l’autre. Avec la complicité directe ou indirecte de dirigeants amis du père et de la famille, le peuple togolais peut continuer à méditer sur son sort pendant 38 ans ou plus, à implorer le ciel, car le tout-puissant, lui, n’est jamais pressé. Je n’ai rien contre le fils, (contre ou pas contre ne change rien) s’il se fait élire dans les règles de l’art il évitera à son peuple la souffrance et la misère qu’il endure déjà depuis de longues années. La démocratie est la base du développement.

Le fils n’est pas le père

Quoi que l’on dise, on savait le Général craint par son entourage, sa population, son opposition, et même certains de ses pairs n’osaient pas lui dire la vérité. C’est ainsi que certaines tâches, comme la gestion des crises, lui étaient parfois confiées, comme pour lui faire plaisir. En attendant que le fils soit ce que le père était, j’ose croire qu’il n’y aura pas de place pour les apprentis-sorciers. Mais qui sait, peut-être que quelqu’un a promis de protéger le jeune tigre. La timidité de certains chefs d’Etat en dit long. Même des pays considérés comme des modèles de démocratie en Afrique sont tombés très bas ce lundi à Lomé en participant à l’intronisation d’« Eyadéma cadet » (Faure n’est pas l’aîné de la famille).

C’est le propriétaire du chien enragé qui attrape sa tête

Le dictateur est mort malgré tout, le peuple a peur. On se souvient des massacres des années 93 et des disparitions qui s’en sont suivies. Mais c’est au prix du sacrifice seul que les peuples acquièrent leur liberté. S’il est vrai que la communauté internationale ne doit pas accepter que la dynastie s’installe au Togo, il revient d’abord au peuple togolais de désapprouver cette succession. « Ce que l’on n’a pas défendu par les armes, l’on ne peut pas le conserver par les larmes ».

Puisse Allah protéger le Togo.

Le Zoung (tasszoungrana@yahoo.fr)

Observateur Paalga

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