Actualités :: Commune de Diébougou : "Ils ont conclu un pacte avec le diable"

La migration de conseillers ADF/RDA de la commune de Diébougou au CDP ne cesse d’alimentr la chronique. Après l’écrit de Cyrille Farma paru dans notre édition du 10 août 2006, un autre fils de la localité s’invite dans le débat à travers une analyse de la situation politique dans le chef-lieu de la province de la Bougouriba.

"Je serais distant s’il n’était question que de la guéguerre entre le CDP et l’ADF, mais seulement voilà, il est également question de l’avenir de notre chère Djiboué (appellation originelle de Diébougou)".

Je fais mien ce "cri du cœur" de mon jeune frère Cyrille Papa Farma qui, par cet élément, me détermine à m’immiscer dans le débat ouvert sur la gestion de notre "patrie" commune qu’est la commune urbaine de Diébougou (cf. L’Observateur paalga n°6698 du mardi 8 août 2006 en page 9, rubrique "Point de vue", sous le titre "Commune de Diébougou : 11 conseillers ADF/RDA migrent au CDP" et n°6700 du jeudi 10 août 2006 en page 6, rubrique "D’une commune à l’autre", sous le titre métaphorique de "Diébougou : des requins blancs contre des alevins", article signé de Farma Cyrille Papa IC/CEB Diébougou BP 13).

La seconde onde de choc provoquant ma présente réaction aux écrits récents (op. cit) sur la question est l’interpellation patriotiquement provocante que Cyrille Papa Farma adresse aux fils et filles de ce terroir en ces termes : "Ma peur, c’est l’avenir de cette commune martyrisée qui n’a que trop souffert et qui est au bord d’un conflit interethnique dont elle se passerait volontiers. Mais que peut-on quand elle se sent orpheline de ses fils et filles (et Dieu seul sait combien elle en a) qui ne se contentent que de brèves apparitions, le temps de montrer la nouvelle voiture acquise à Ouaga ou à Bobo et de distribuer des billets de banque ?".

J’aurais pu cependant ne pas me sentir concerné, puisque ceux ici visés ont des billets de banque à distribuer que je n’ai pas (notre profession d’enseignant de père en fils m’y oblige). Je n’ai pas non plus de nouvelle voiture à présenter ; la mienne a dix-huit (18) ans d’âge et est une acquisition de troisième main d’un de nos aînés de Diébougou, Oumar Lagmé Ouédraogo, qui me l’a cédée depuis dix (10) ans.

De plus, je n’ai pas le carburant nécessaire pour effectuer ce voyage en voiture personnelle, c’est dire que je me rends généralement au village en transport en commun (surtout avec cette flambée des prix du liquide précieux qu’est le carburant de nos jours).

Toutefois, en tant que natif de Diébougou (je suis ressortissant de Kpakpara ou secteur n°5 de Diébougou), je me suis senti interpellé dans ce débat public.

De plus, je me souviens qu’en 1987, alors que nous étions étudiants en maîtrise de Chimie-Biologie (année scolaire et universitaire 1986-1987), mon très cher ami et collègue Diabindo Athanase Madiéga avait arrêté audacieusement le cours du Pr Oumarou Clément Ouédraogo, pour partager une angoisse qui lui torturait les méninges depuis quelques temps, me dira-t-il plus tard.

La question qu’il posa au professeur n’avait rien à voir avec le cours de Physiologie animale qui nous était dispensé.

Sa question se résumait à ceci à peu près : "Comment expliquez-vous le fait qu’en tant que rare civil et intellectuel de bonne facture dans les plus hautes sphères du pouvoir du CNR*, parmi des officiers, vous admettiez que les civils soient soumis à des sacrifices financiers tandis que les militaires sont grassement payés ? N’est-ce pas une injustice ?"

La réponse du professeur fut brève et donnée avec un sourire en ces termes : "Cela s’explique par le fait qu’ils ont les armes et nous notre intelligence". La réaction de mon ami, promotionnaire et collègue fut impulsive, sincère, choquante mais pas méchante (comme à son habitude pour ceux qui le connaissent bien) : "OK ! Si c’est votre position, révisez-la avant qu’il ne soit trop tard, sinon vous courez à la mort".

Ma tentative pour l’empêcher d’achever de sortir cette énormité fut vaine. Plus tard, la justification de son "outrecuidance" vis-à-vis du professeur (par ailleurs, son parent à plaisanterie, je pense) fut la sagesse suivante qu’il partagea avec moi : "Lorsque tu vois un homme mener une expérience :

Si tu es sûr qu’il n’en mourra pas, alors laisse-le la mener. Elle l’instruira plus que tous les conseils que tu pourrais lui prodiguer ;

par contre, c’est commettre un péché que de se taire alors que tu es certain qu’il court ainsi à sa propre perte". Je n’en dirai pas plus, puisque la suite, chacun de notre promotion et une bonne frange du peuple burkinabè la connaissent.

Bref, revenons-en au débat public sur la commune de Diébougou, auquel je m’invite selon les axes suivants :

Des origines probables et des conséquences de la "décision" 2006 des urnes dans la commune urbaine de Diébougou (1) :

et de la situation d’orpheline de Diébougou et de l’avenir (2).

1. Des origines probables et des conséquences de la "décision" 2006 des urnes dans la commune urbaine de Diébougou

Cette partie s’intéressera aux origines probables de la décision populaire (A), puis aux conséquences qui en découlent (B).

I. A) Des origines probables de la "décision" 2006 des urnes à Diébougou

Les règles de la finance et de la comptabilité publiques enseignent que la gestion de la chose publique ne saurait rimer avec l’opacité admise en matière de finances privées.

Aussi estimons-nous que c’est à bon droit que Cyrille Papa Farma (certainement comme bien d’autres résidants ou ressortissants de Djiboué), face au refus de rendre compte de la gestion de notre chose commune, déduit que : "Sous la férule du CDP Diébougou, on n’a connu que la corruption, la concussion sous toutes ses formes, la gabegie, l’insolence, l’arrogance, la fourberie, le tout couronné par des discours ethnicistes et xénophobes.

Tous les ingrédients de la mal gouvernance (...). Et comme les conditions de vie déterminent la conscience des hommes, les populations de Diébougou ont, dans un élan citoyen, voulu savoir :

Pourquoi vendre la maison des jeunes ?

Où étaient les véhicules du Parc auto ?

Pourquoi l’Hôtel de ville de Diébougou n’a pas d’électricité depuis trois mois ?

En réponse, elles n’ont que mépris et arrogance. Alors (...) comme on pouvait s’y attendre, une répression d’une violence inouïe s’est abattue sur la ville. Des erreurs politiques, on en était passé à la faute politique. La population (...) a opté pour un vote-sanction".

Mais s’agit-il seulement d’un vote-sanction ? Ne serait-ce pas aussi un vote réaliste que la population de Diébougou a opéré ?

Les élus locaux à la base de cette répression sauvage avaient probablement oublié qu’ils tenaient leur légitimité de cette même population qu’ils croyaient corriger ou réprimer comme leur chose. Ils ont eu raison de l’avoir fait.

Cependant, ce qu’ils ont oublié, c’est que le peuple, lui, patiemment, tire toujours les conséquences de ses choix. La population de Diébougou s’est seulement ou simplement donné tort d’avoir engendré le délire de patrimonialisme chez ces élus locaux, en leur ayant permis, au regard de la longévité de leurs mandats, de confondre leurs postes électifs respectifs à leurs propres personnes.

Ils ont ignoré que les populations du rameau lobi sont, par essence, d’une culture de type démocratie rurale (les observateurs non avertis qualifieraient à tort leurs sociétés de sociétés acéphales) et, sans sourciller, se défont de leur chef de clan ou de famille qui vient à se montrer fébrile.

Alors, au regard de ce qui s’est passé et que nous connaissons tous, et parlant des résultats du scrutin d’avril 2006, s’agirait-il ici d’un vote-sanction ou d’un vote réaliste qu’a opéré la population responsable de Diébougou ?

Par ailleurs, Cyrille Papa Farma s’indigne en ces termes : "Messieurs, que faites-vous de la morale ? Où avez-vous appris à faire la politique ? La démocratie, vous l’avez vidée de son sens". Cher petit frère, ces messieurs savent bien que la politique et la morale sont deux concepts qui ne se rejoignent pas toujours, même si elles (la politique et la morale) sont toutes deux des sciences sociales.

Ils savent, par ailleurs, que la morale vise à distinguer le bien du mal et que la politique, elle, s’adonne à la gestion de la cité (par le bien ou par le mal comme alternatives antinomiques). Ils n’ignorent pas non plus ce qu’est la démocratie : le pouvoir tenu au nom du peuple.

Mais, n’ont-ils peut-être pas choisi de pratiquer "démoncratie", c’est-à-dire le pouvoir tenu du démon ? Or, si c’est le cas, ceux qui ont conclu un pacte avec le diable se fichent pas mal de la morale des croyants en un être suprême dont ces derniers croient émaner.

C’est comme si vous demandiez à un vendeur de médicaments de la rue d’avoir les mêmes réflexes qu’un pharmacien diplômé d’une université. Demandez au professeur Laurent Bado qui, en toute bonne foi, a voulu faire de la politique doctrinale comme il enseignerait à l’université de Zogona, ce que les "politiques de la rue" ont voulu lui faire subir. C’est donc au peuple de prendre ses précautions pour se prémunir ou se débarrasser de l’incarnation du diable, s’il le détecte comme tel.

N’oublions surtout pas que les médiocres de ce monde ont toujours été à la base des plus grandes tragédies, parce qu’ils refusent de voir en toute œuvre venant d’eux, une œuvre humaine, soumise à la loi binomiale de la réussite ou de l’échec, excluant probablement de leur esprit cette dernière alternative. Ils pensent, à l’image de l’illuminé, que leurs idées ne peuvent qu’être toujours lumineuses. Ce qui ne saurait être sans conséquences.

I. B) Des conséquences de la "décision" 2006 des urnes à Diébougou

Nul ne peut empêcher autrui de caresser ses rêves, en les prenant pour la réalité. Seulement, aucun rêveur ne saurait imposer éternellement à un peuple de le considérer, dans son delirium, comme étant le centre de la terre. Virgil Georghiou, dans la "Vingt- cinquième heure", admet que : "Toute chose se pourrait avoir une fin".

Nos amis les juristes nous enseignent en ce point par la maxime suivante : "Nemo auditur propriam turpitudinem allegans cessat" qui signifierait que "Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes".

Et pourtant, selon le témoignage écrit de Cyrille Papa Farma : "A la question de savoir pourquoi vous avez démissionné ? deux des démissionnaires" auraient déclaré : "Notre frère (...) est venu il y a quelques jours à Bapla nous dire que son frère devait venir des Etats-Unis et que le papier pour le financement des microprojets viendrait demain de Ouagadougou : alors, ceux qui sont élus seront les dirigeants ; après il est venu et on a signé".

Tentant de décrypter cette réponse de ces démissionnaires qu’il "rapporte", ils auraient été victimes de manœuvres dolosives émanant de ce frère (venu de Ouagadougou ou de Diébougou à Bapla ?), au point de vicier leur consentement à la démission. Pourquoi alors ceux-ci ne se seraient-ils pas présentés le 7 août 2006 à la session du Conseil municipal, si leur lettre de démission avait été prise par eux pour une convention pour le financement de microprojets ? Ou bien ont-ils signé pour toucher de l’argent ?

A moins que ce soit moi qui soit à côté de la plaque ! Si oui, j’aimerai être éclairé si cela est possible. Si non, il y aurait une incohérence entre ce témoignage et l’attitude ayant suivi leur déclaration ; car si c’est le cas, de tels conseillers ne courent-ils pas le risque de signer un jour leur propre condamnation à la peine de mort par pendaison sans même prendre la mesure réelle de ce que valent leurs signatures (si et seulement si une sanction était légale).

Cela aurait pu prendre la forme suivante : "Nous, soussignés x1, x2, x3,... x11, autorisons notre frère Y à nous pendre haut et court".

"On est où là ?", s’écrieraient les jeunes d’aujourd’hui. Sommes-nous en démoncratie* ou en démocratie ?

Cela m’amène à aborder la question de l’argumentaire des onze (11) démissionnaires et des objectifs probablement poursuivis. En ce sens, je dirai que :

Si leur élection s’est fondée, entre autres raisons probables, sur le désir de solidarité de leurs populations à la base avec les victimes physiques ou morales des tortures infligées à la population de Diébougou village, ils auront trahi les leurs et personne n’aurait pu mieux exprimer l’amertume des suppliciés que Cyrille Papa Farma lorsqu’il dit que ça reviendrait à "voler à la population sa victoire et cela, quoiqu’il en coûte".

Pire, cela, ne reviendrait-il pas à donner raison aux élus locaux d’antan qui ont commandé le châtiment de la population de Diébougou, parce que certainement, ils se sont convaincus que nous (ressortissants et résidants de Diébougou) ne sommes rien d’autres que des espèces de villageois (au sens péjoratif du terme) pour oser leur demander des comptes sur la façon dont ils (en hommes éclairés) administrent notre cité commune ?

N’est-ce pas, puisque Simon Compaoré a humblement rendu compte à ses administrés pour ensuite renégocier leurs suffrages ? Mais que peut-on d’autre que décrier ces intrigues de la politicaillerie si la politique à la burkinabè ne rime pas toujours avec la morale judéo-chrétienne ou musulmane voire animiste ?

Si par contre, ces élus locaux démissionnaires vont réellement dans le sens souhaité par leurs populations à la base, n’auront-ils pas été politiques ?

Alors, la sadique honnêteté de ces démissionnaires (comme le ressentiraient les victimes des tortures de Diébougou), ne serait-elle pas alors un des premiers inconvénients du vécu expérientiel de la communalisation intégrale ? Si c’est le cas, ne faudrait-il pas avoir peur de la suite divisionniste éventuelle, sous la houlette des politicards, de ce processus ?

Pour notre part, l’argumentaire de la lettre de démission (si cette lettre est véritablement l’initiative des démissionnaires) semble plutôt confirmer la première hypothèse, même si en première analyse, les distances (environ de huit à dix kilomètres) qui séparent les villages respectifs de ces démissionnaires (Lokpodia, Balignar, Dankotazou, Dankoblé, Sorgouon, Moutori, Navielgane, Bapla-Birifor) du chef-lieu (Diébougou) de la commune urbaine voudraient qu’on opte pour la seconde hypothèse, parce que les électeurs des démissionnaires n’ont pas vécu dans leur chair ou dans leur âme les tortures de Diébougou, au même degré.

En effet, leur argumentaire (que je me garde de qualifier comme l’a fait mon jeune frère Cyrille Papa Farma, puisque c’est leur droit d’opter) dit, en partie, ceci : "Compte tenu des événements récents de Diébougou, le discours, l’argumentaire de campagne n’ont pas été suffisants pour ramener les populations à la raison". Cependant, je pose les questions suivantes :

à quelle raison voulait-on ramener une population qui s’est vue martyrisée par des individus qui tiraient la source de leur légitimité d’elle, pour vouloir immédiatement qu’elle leur accorde son suffrage, du moins son autorisation de la forniquer et de la torturer à souhait ?

veut-on par là nous (ressortissants ou résidants de Diébougou) traiter de machistes ou de sadomasochistes ? Car si ce n’est dans le cadre d’un tel delirium, aucune population ne trouverait du plaisir à porter son choix sur ses tortionnaires.

C’est pourquoi, sans chercher à faire plaisir ou déplaisir à qui que ce soit, je considère le vote d’avril 2006 à Diébougou comme étant un vote réaliste, émanant de personnes normales, plus qu’il n’est un vote-sanction. La population de la commune urbaine de Diébougou a voté réaliste, il me semble pour les raisons suivantes :

Hervé Magloire Kam (ex-maire du fait de ses propres turpitudes) était pressenti maire par la population en cas de victoire du CDP tandis que Koumbatersour Nicolas Da (actuel maire) l’était en cas de victoire de l’ADF/RDA ;

Hervé Magloire Kam s’est maculé des suspicions de mal gouvernance qui pesaient sur lui, qu’il a travaillé à renforcer par son leadership de style dictatorial dans la crise née des comptes à lui demandés par ses administrés (au troisième millénaire où le management, jugé insuffisant, a fait place au ménagement en matière de gestion des ressources humaines).

Il a probablement fait sienne cette maxime valable en monarchie, qui dit que "la chefferie est cynique", oubliant qu’il a affaire à une société originellement attachée à sa démocratie rurale. Par contre, Koumbatersour Nicolas Da a été un candidat immaculé qui jouit du bénéfice d’avoir offert généreusement ses services à cette même commune, pendant qu’il était au chômage après ses études en hôtellerie et suite à son passage à l’Hôtel Michaël de Ouagadougou.

Hervé Magloire Kam et Kombatersour Nicolas Da ont été recrutés adjoints administratifs (si je ne me trompe pas, la même année). Le second (Koumbatersour Nicolas Da) s’est montré soucieux de sa carrière socioprofessionnelle, persévérant, et a ainsi gravi tous les corps de leur cadre socioprofessionnel pour se retrouver administrateur civil.

Cependant, le premier (Hervé Magloire Kam) a choisi de sacrifier sa carrière socioprofessionnelle, se contentant de demeurer dans son corps de départ, préférant privilégier sa carrière socio-politique, malgré les reproches piquants (dont j’ai été une fois témoin en 1997 à Sabou), les yeux dans les yeux, de certains de ses promotionnaires comme mon ami l’administrateur civil Anatole Yabré ;

Hervé Magloire Kam est ressortissant de Dolo, nouvelle commune rurale située à une trentaine de kilomètres de Diébougou, à laquelle il aurait pu faire bénéficier de son expérience de dix (10) ans de maire de Diébougou, en s’y déplaçant tranquillement, surtout qu’il a dû sentir venir la fièvre populaire qu’il a incubée, au lieu de s’entêter, serait-on tenté de dire.

A l’opposé, Koumbatersour Nicolas Da est ressortissant de Séwourégane, c’est-à-dire le secteur n°4 de Diébougou. Nota Bene : hors de moi tout esprit xénophobe et ethniciste comme il pourrait en être le cas sous d’autres cieux où, même en tant que ressortissant d’un village situé à cent (100) mètres hors des limites de la commune, vous n’êtes pas suffisamment délirant pour oser espérer être sur une liste sans qu’on ne vous rappelle vos origines.

Après cette remarque, nous nous appuierons sur un adage du rameau lobi pour poursuivre notre analyse et qui dit ceci : "si tu poursuis en vain l’endeuillé en fuite du fait de l’intensité du choc psychologique du décès de son proche parent ou allié, va l’attendre tranquillement au pied du catafalque. Il finira, tôt ou tard, par y revenir pour vérifier l’état du corps".

Cela, pour dire que Kombatersour Nicolas Da, quoiqu’il fasse, échappera difficilement à Diébougou et ses habitants, alors qu’Hervé Magloire Kam a osé mettre Diébougou sous le châtiment des matraques et du gaz lacrymogène, avant de se retrouver, dit-on, tranquillement à Ouagadougou après son forfait, selon la commune renommée.

Ce descriptif a-t-il encore besoin de commentaire additionnel (bien qu’il puisse y en avoir) pour avoir déterminé le choix réaliste du moment de la "nouvelle-ancienne commune urbaine" de Diébougou, dont les populations savent ce qui est bien pour elles ?

Aussi pensons-nous que vouloir imposer à notre conscience que les ténèbres doivent éclairer la lumière pourrait paraître comme une insulte d’une absurdité déconcertante, dont seul l’avenir montrerait les conséquences réelles ; cela, même si pour les manœuvres, Diébougou semble orpheline de ses fils et filles.

II. De la situation d’orpheline de Diébougou et de l’avenir

II. A) De la situation d’orpheline de Diébougou

Pour Cyrille Papa Farma, Diébougou se sentirait orpheline de ses fils et filles. Si j’admets avec ce jeune frère que Dieu seul sait combien elle en a, je réfuterai totalement l’état d’orpheline de notre très chère Djiboue et partiellement la responsabilité de cette situation qu’il attribue aux fils et filles de la diaspora.

L’état d’orpheline de Diébougou n’est qu’une apparence que justement les "distributeurs de billets de banque", à dessein, essaient de cultiver et d’entretenir pour, pensent-ils, mieux la posséder.

En effet, ces rapaces venus de loin ou de près essaient, par de telles manœuvres, d’anéantir l’œuvre d’éducation et d’éveil des consciences de certains dignes fils et filles du terroir.

Ainsi, le fils ou la fille de la diaspora qui, de retour pour un séjour bref ou prolongé, ne se transformerait pas en distributeur de billets de banque, n’est-il pas aujourd’hui vite indexé comme le fils (ou la fille) de Y et de X auxquels il (ou elle) ne donne rien (même quand ce n’est pas le cas), au lieu d’être l’enfant du village.

N’est-ce pas de plus en plus vrai aujourd’hui ? Seuls les distributeurs de billets sont perçus de plus en plus comme les fils et filles du village. Depuis cet asservissement de l’intelligence et de la conscience de nos parents des villages aux poches de ces distributeurs de billets, les bonnes idées et les bonnes attitudes seules ne suffisent plus pour avoir droit à la parole et être écouté avec la motivation intrinsèque comme seul intérêt.

Les valeurs de dignité, d’insoumission, de respect de la parole donnée, du sens de l’honneur, d’incorruptibilité qui caractérisaient l’être nourri à la sève du rameau lobi n’ont-elles pas ainsi été aliénées et échangées par ces faussaires contre les espèces sonnantes et trébuchantes par la plupart des résidants et résidents de nos villages ?

Ainsi, le fils ou la fille du village qui, de passage, par pure politesse fait le tour du village pour dire bonjour, apparaît ennuyeux tant que sa main ne se dirige pas vers sa poche pour en sortir le motivant des temps modernes.

Le "tube digestivisme" de mon aîné et collègue Issa Tiendrébéogo a atteint le Burkina profond jusque dans nos villages pendant que la paupérisation menace les dignes fils et filles de la diaspora. D’où l’installation progressive de la ploutocratie démocratique à laquelle certains politicards veulent soumettre notre chère Djiboue.

Si cela est accepté, alors, la responsabilité de l’état d’orpheline de Djiboue n’est-elle pas imputable partiellement aux ressortissants résidants que vous êtes, ainsi qu’aux résidents ? La dignité comme la corruption sont une question d’éducation, il est vrai, mais aussi et surtout de volonté individuelle d’abord.

Gare au fils ou à la fille de souche pure ou de souche sauvage (comme le dirait le généticien) qui ose s’aventurer, suis-je tenté de dire, au regard des embûches précoces que la politicaillerie tente déjà de poser à mon très cher grand frère et ami d’enfance Koumbatersour Nicolas Da.

Il faudrait avoir un "caleçon en zin" (comme aimait à le dire Feu mon professeur d’Anglais, le cher Frère Louis Le Labourier dit LAB) ainsi qu’un cœur bien accroché et résistant à toute épreuve comme celui de l’honorable député professeur Laurent Bado pour affronter (et surtout sortir vivant, pas vainqueur forcément, physiquement ou moralement) l’inqualifiable et inclassifiable faune ou flore politique burkinabè (comme le dirait le politiste), pour encore désirer apporter sa pierre à la construction de la cité commune.

Ne voit-on pas là une nouvelle future victime, si cela n’en est déjà une, puisqu’il (Koumbatersour) est désormais maire avec une minorité de vingt (20) conseillers, alors qu’il a perdu son poste de Secrétaire général de la province du Houet, suite à son installation comme maire de la commune de Diébougou (cf. compte rendu des travaux du dernier ou de l’avant-dernier Conseil des ministres ayant précédé les vacances ministérielles).

Ne sommes-nous pas, sur les sentiers du développement, parfois des otages aux mains d’une nouvelle variété de politiciens prêts à écraser même des inoffensifs, qu’ils obligent à se retrouver sur leurs chemins afin d’assouvir leur soif ou faim de cynisme ?

Avant Koumbatersour Nicolas Da, combien sont-ils et combien seront-ils avec lui ou après lui à payer de leurs âmes ou de leurs chairs, les illusions déceptives de leurs engagements, même de bonne foi ? Pour nous illustrer, nous citerons quelques exemples de cette même commune de Diébougou, que nous pensons être du genre :

Feu colonel Youoryan Gabriel Somé qui, a "versé gratuitement son sang", comme il le prévoyait lui-même, alors qu’en fils naïf mais soucieux de la renommée de son père, je lui demandais en juillet 1983 (alors qu’il voulait décompresser de l’état psychologique du moment en se confiant à moi) d’éviter de tacher ses mains du sang de ses compatriotes, au nom de notre foi en Jésus Christ, en permettant aux jeunes officiers en fronde contre lui de faire l’expérience de leur projet de société, d’où ils tireraient toutes les leçons nécessaires.

En homme désespéré (à l’image de Christ s’adressant à son père lors de sa passion, "Père, père, pourquoi m’as-tu abandonné ?"), il s’exclama en ces termes : "Mais, ils vont gâter le pays !".

Ma réponse fut comme si c’était encore aujourd’hui qu’a eu lieu cet entretien : "Ce pays est aussi le leur et tu n’es pas ATLAS ; tout ce que je sais et veux, c’est que je ne veux pas que l’Histoire retienne que mon père a taché ses mains du sang de ses compatriotes".

Malgré toute sa bonne foi et son intégrité, sa vie ne sera cependant pas épargnée. Toutefois, même à travers mes larmes, qui ne tariront jamais pour lui, son image mentale m’apparaît toujours sans tache du sang de ses compatriotes sur ses mains de brave militaire et de bon père rigoureux, sévère vis-à-vis des incapables, mais ni sadique ni méchant ;

je ne me priverai pas non plus de l’expérience, même douloureusement liée au cas précédent, de mon autre oncle Dieudonné Valère Somé qui, bon sociologue et politiste, a payé et continue dans le silence de souffrir, de ne pouvoir investir son intelligence à bon escient pour Diébougou, cela pour (dit-on, à tort ou à raison,) avoir sacrifié son cousin le colonel Yoryan Gabriel Somé, à la table de ses amis politiques d’hier, en n’ayant pas pu empêcher sa condamnation sommaire à la peine de mort par fusillade, en son temps.

Ainsi, Valère n’a-t-il pas été machiavéliquement détruit dans cette même ville de Diébougou, lors de la campagne électorale de 2002 (même après le repentir qu’il a accepté de subir, après un affrontement houleux que nous avions précédemment eu à Koudougou sur cette question) ?

Sa nervosité légendaire, connue, ne fut-elle pas exploitée contre lui, pour le présenter ensuite sous le qualificatif peu amical de "député-boxeur de ses électeurs potentiels, alors qu’il n’est même pas encore député" ?

que dire de cet autre fils de Diébougou, Soumane Touré, apparemment boudé par certains dans sa propre ville natale, je ne sais exactement pourquoi ? J’imagine (et j’admettrai de me tromper) que c’est probablement parce qu’il a commis le "péché" de ne les avoir pas "endeuillés" à la hauteur de leurs espérances respectives, suite à son élection comme député sur une liste nationale aux législatives de 2002, etc.

Somme toute, ne peut-on pas déduire de ce qui précède que, de valeureux fils et filles, Diébougou en regorge effectivement ?

Cependant, tous ceux qui tentent ou ont tenté de mettre leur intelligence au service du développement de la cité, n’ont-ils pas été de façon démoniaque détruits par des esprits malins aux desseins inavoués ?

Ne voit-on pas là encore en filigrane, la préparation d’une mise sous délégation spéciale de la commune de Diébougou dans un futur proche ou lointain ?

Alors, dans un tel climat de mutant, à l’image du virus du Sida, quel avenir réserve-t-on à notre chère commune de Diébougou, en particulier, et à notre pays, en général ?

Ce, surtout quand je me souviens de cette sage remarque qu’un étudiant m’a très gentiment faite, probablement après m’avoir longtemps observé. Monsieur Sinini (se nomme-t-il) m’a dit ceci : "Monsieur Somé, vous voulez toujours sauver tout le monde. Mais savez-vous, même Dieu n’arrive pas à sauver tout le monde". Est-ce pour autant que l’on doit se taire et subir toujours passivement avec fatalité les événements à venir ?

II.B) De l’avenir

Selon Cyrille Papa Farma, "C’est dans la douleur, la souffrance et l’humiliation qu’on a balayé les hommes que le CDP nous impose depuis".

Pour ma part, on ne balaie pas son frère, on l’éduque en cas de besoin. Ces frères (puisqu’ils le demeurent malgré tout) se sont balayés eux-mêmes, à l’image de ce cow-boy appelé COUTCHILIO qui, sachant manipuler tellement les armes aussi bien à feu comme celles blanches (comme le signifie si bien son nom), après avoir descendu tous ceux qu’il avait autour de lui, se descendit par inadvertance avant de s’en rendre compte.

Mais au-delà de cette anecdote et des adversités politiques éventuelles qui pourraient y transparaître, le cri du cœur de Cyrille Papa Farma, il me semble, est un appel à la paix sociale adressé :

aux états-majors des partis politiques, afin qu’ils aillent au-delà du mécanisme de cooptation par copinage, procédé par lequel ils imposeraient souvent aux populations à la base frustrées, des candidats qui sont leurs camarades à récompenser, mais qui se révèlent être des pis-aller dans la localité, voire des indésirables pour telle ou telle raison ;

aux décideurs politiques, pour enfin une ouverture aux candidatures indépendantes à tous les niveaux de suffrages, comme garantie d’une éclosion réelle de potentialités se méfiant des luttes partisanes.

C’est pourquoi l’échec programmé ou pas de Koumbatersour Nicolas Da, s’il venait à voir le jour, signifierait, en mon sens, que nous nous sommes une fois de plus livrés à la passion et l’avenir de notre cité avec, au profit d’intérêts égoïstement partisans.

Evitons de paraître en assassins de notre cité en la décimant ou en la dépouillant, pour ensuite demander pardon du bout des lèvres. Encore que pardonner n’est point synonyme d’oublier comme certains laudateurs du pardon semblent souvent, implicitement ou explicitement, vouloir l’insinuer.

Et sachons que la conscience humaine est le meilleur juge de nos actes auquel personne ne saurait se dérober, même lorsqu’on ne le laisse pas paraître.

Alors, fils, filles, résidents et partenaires de Diébougou, travaillons à l’unisson pour le développement de notre cité commune, en sachant domestiquer nos passions afin de tirer la substantifique moelle de cette drogue que constitue le pouvoir. N’est-ce pas seulement en ce moment que nous ferons la politique (la vraie) ?

Nous osons espérer que le temps nous instruira tous suffisamment, sur cette nébuleuse situation dans laquelle Cyrille Papa Farma a peur pour l’avenir de notre chère Djiboue.

Contrairement à ce jeune frère, et en tant que natif de Diébougou faisant foi aux différents chefs de terre, je reste confiant en l’avenir, parce qu’attaché à cet autre adage du terroir qui, de façon métaphorique, décrit cette cité en ces termes : Diébougou est un toit-terrasse en terre battue, des maisons en étage de l’architecture propre au rameau Lobi où, à la place des poutres et des perches en bois, ont été utilisées des tiges de mil".

Ce qui sous-tend, qu’il faut savoir s’y déplacer, sinon... Mais finalement, que veut-on au Sud-Ouest ?

Saouraza Anastase Somé
Inspecteur de l’enseignement secondaire en sciences de la vie et de la terre
Natif de Diébougou
Téléphone : (00 226)70 29 72 23

Observateur Paalga

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