Actualités :: Ouagadougou entre luxe et misère

Il semble que Ouagadougou est une des rares villes de l’Afrique subsaharienne qui s’embellit de plus en plus. Les rues des grands axes sont très propres, les nouveaux bâtiments s’alignent et la réfection des anciens bâtiments, surtout des ministères, se poursuit.

Une nouvelle banque de sang a été èrigée, mais si vous avez besoin de sang pour un proche, mieux vaut y aller avec quelques amis qui veulent donner leur sang pour votre protégé. Un magnifique bâtiment pour le secrétariat de la lutte contre le Sida, mais pas de gratuité pour les médicaments des Sidéens. On parle aussi, c’est le Président lui-même qui en a parlé, d’un nouvel aéroport, par hasard à Ziniaré. Pourquoi ? L’aéroport de Ouaga n’a même pas cinquante vols par semaine, un peu moins que Schiphol, l’aéroport d’Amsterdam, par heure. Mais pas d’argent pour diminuer la taxe sur le carburant, pour lutter contre la flambée de son prix, qui affecte tous les citoyens sauf le pauvre qui n’a même pas une lampe tempête.

Si vous allez à Ouaga 2000, c’est encore mieux ou peut-être pire. Je ne connais en Hollande aucun site aussi somptueux que Ouaga 2000. En Hollande, il y a aussi des bâtiments somptueux, mais regroupés comme à Ouaga 2000, certainement pas. Une salle de concert digne de Vienne, un monument des martyrs et, ailleurs à Ouaga, un monument des héros, tous les deux grands et somptueux comme je n’en connais pas en Hollande. Les agriculteurs tirent le diable par la queue, mais le nouveau ministère en charge de l’Agriculture à Ouaga 2000 va certainement les tirer de leur misère une fois que ce bâtiment aura été payé : un petit, pardon, un grand bijou ! Je ne parle pas des villas ni des châteaux privés que certains salariés habitent mais qu’ils peuvent difficilement payer avec des salaires burkinabè. Un nouveau palais de justice, cour de cassation. Un complexe libyen avec un hôtel où tu paies plus pour une bouteille de fanta que ce que gagne un cireur de soulier par jour.

Aussi une nouvelle présidence. Une présidence au centre- ville, un petit palais privé à Ziniaré, un pied-à-terre à Bobo, etc. ne lui suffisent pas alors que plus de 40% de ses compatriotes vivent dans des habitats insalubres.

J’ai été avec des amis européens à Ouaga 2000. Je leur ai montré quelques châteaux, propriétés d’individus. Ils ne voulaient pas me croire. Nous nous sommes approchés d’un château et j’ai demandé si M. Nasré était à la maison. Non, me répondit-on, vous devez vous tromper, ici c’est l’habitation de M. Kaboré (nom fictif). Mes amis n’en croyaient pas leurs oreilles.

Je suis content que Ouaga soit une ville propre. Honneur au maire Simon Compaoré. Je suis content que Ouaga soit une belle ville et qu’elle ait des infrastructures modernes. Mais je trouve que la personne humaine est plus importante. La vie est de plus en plus chère, l’enseignement privé va encore augmenter les frais de scolarité, des enfants ne peuvent pas aller à l’école car les parents ne peuvent pas payer la scolarité et, entre- temps, on construit avec beaucoup de luxe. Faites ce qui est nécessaire pour une capitale qui se respecte, mais ne faites pas de luxe tandis que les citoyens croupissent dans la misère.

Encore une autre présidence. Pourquoi ? Je suis allé voir une famille à cinq kilomètres de là et on me dit : « Mon Père, cela n’arrive pas plus que deux ou trois fois par mois, mais parfois nous et nos trois enfants nous allons nous coucher sans avoir mangé toute la journée. » Ou cette autre femme, à qui je demande la santé de son enfant, qui me répond : « Aline est décédée il y a trois jours, après un accès de paludisme ; je n’avais pas d’argent pour payer l’ordonnance". Je demandai à voir l’ordonnance : 2 250 F CFA : morte par manque de 2 250 F. Ce ne sont pas des exceptions : il y en a des centaines par jour. Mon cœur se serre quand je vois ces beaux bâtiments ou cette nouvelle présidence.

Aidons notre pays à sortir de sa pauvreté : achetons et employons des produits burkinabè.

Bonne nouvelle : Si nous fermons la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dehors.

F. Balemans

Le Pays

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