Actualités :: Burkina : Il faut changer la politique de l’alphabétisation

Nous sommes l’un des pays les moins alphabétisés en Afrique. Pour devenir un pays émergent, il faut que 70% de la population soit alphabétisée. Cela veut dire qu’il faut que 70% des gens puissent lire et écrire dans une langue quelconque.

Un pays émergent est un pays qui n’est plus parmi les cinquante- deux pays les plus pauvres, mais qui n’est pas encore parmi les pays riches. L’Afrique du Sud est un pays émergent. Nous devons y arriver un jour, et le plus vite possible.

En 2003, le Burkina Faso avait à peine un taux de 22% de sa population qui savait lire et écrire. Au rythme actuel, ce sera 40% en 2030. A ce rythme, ce sera 70% en 2060. Pour sortir de la pauvreté, il faut donc que moins de 25% de la population soit pauvre, sans vivre dans la misère, comme maintenant. Actuellement, plus de 45% des Burkinabè vit dans la misère. Il faut accélérer l’alphabétisation. Il faut en changer la politique.

Il y a d’abord le problème financier.

Même si, dans tous les secteurs, les salariés demandent des indemnités et des augmentations de salaire, une augmentation substantielle n’est pas possible avec les recettes actuelles de l’Etat. C’est vrai, il y a une petite minorité qui est grassement payée, mais augmenter substantiellement les salaires pour l’Enseignement n’est pas pour le moment dans les moyens de notre pays. Selon moi, il faut comprimer le plus possible le coût de cet enseignement pour que, dans un temps raisonnable, notre pays puisse atteindre un degré d’alphabétisation qui rende possible un développement rapide.

Il y aura trois degrés d’alphabétisation de base. Il faut voir l’efficacité et le coût de chaque degré.

Si possible, pour les 2e et 3e degrés, il faut viser un apprentissage pour la vie quotidienne.

Premier degré : l’alphabétisation en langue vernaculaire pour les adultes.

Deuxième degré : premier cycle de l’école primaire, une année d’alphabétisation en langue vernaculaire et deux années en langue française.

Troisième degré : quatre ans d’enseignement actuel pour arriver au Certificat d’études primaires (CEP).

Les 3 degrés à respecter

Premier degré : Les alphabétiseurs ne sont pas payés pour leurs cours, ni pour la durée de leur enseignement, mais pour le résultat : tant par élève alphabétisé qui a réussi. On ne paie pas les élèves qui sont en alphabétisation, mais pour des personnes en alphabétisation et pour les personnes alphabétisées, il y aura certains avantages. Par exemple, pour leurs enfants à l’école, pour les soins de santé : il reste à chercher !

Il faut rationaliser les ressources humaines qui tournent autour de cette alphabétisation.

Ces élèves n’ont pas besoin d’un bâtiment spécial.

Deuxième degré : durant six mois, par an : du 15 novembre au 15 mai, élèves et enseignants peuvent s’occuper de l’agriculture et de l’élevage durant la saison des pluies. Matières : lire, écrire, calculer, une heure d’histoire par semaine, une heure de géographie par semaine. Durant les vacances, prévoir vingt jours, étalés sur les six mois, pour apprendre à fabriquer du fumier et à enterrer le fumier avec la daba ; apprendre à semer à la bonne distance, à démarier les pieds. Quelques notions élémentaires d’élevage. Viser la réalité : pas trop de mécanisation, seulement la mécanisation élémentaire et, selon les régions, traction asine ou bovine. Pas d’écoles en dur, pas de logements spéciaux. Si possible, les instituteurs sont originaires des villages. Ils sont payés selon les résultats : tant par élève qui a la moyenne. L’Etat paie un minimum de matériel scolaire à chaque élève.

Troisième degré : la méthode actuelle avec insertion d’apprentissage aux travaux champêtres et à l’élevage comme pour le deuxième degré.

Apprendre à fabriquer le fumier et à l’enterrer dans les champs doit être prioritaire pour assurer leur fertilité : champs de mil, de coton et de riz. Quelques notions de jardinage.

L’Etat doit prévoir davantage de matériel scolaire pour les élèves. Les enseignants signent un cahier des charges pour éviter des revendications répétées. Ils sont payés sur les résultats de leurs élèves.

Je vous invite tous à discuter les réformes nécessaires de l’enseignement de base, et à améliorer beaucoup ces propositions, mais en gardant en mémoire deux objectifs : l’efficacité et le coût abordable pour notre pays pauvre.

Le but n’est pas de permettre qu’une petite poignée de riches et de fraudeurs profitent le plus possible du gâteau, mais de chercher à voir « ce que moi, instituteur, je peux faire pour mes enfants et mes petits-enfants. »

Si l’on ne change pas l’enseignement, vous serez frustrés toute votre vie par des salaires dérisoires. Si vous participez au changement et au progrès, vous n’aurez pas un salaire supérieur dans l’immédiat, mais vous aurez au moins une consolation, celle de faire un travail utile pour vos enfants et vos petits- enfants.

La réforme de l’enseignement de base est nécessaire pour le décollage économique de notre pays. Beaucoup de Burkinabè ne savent pas encore qu’on peut faire des actions pour le bien commun sans en profiter soi-même immédiatement.

"Il vaut d’abord mieux améliorer la terre, et ensuite penser au ciel" (Pape).

Pour améliorer le Burkina acceptons de petits sacrifices salariaux et consommons les produits burkinabè.

Bonne nouvelle : Même Paul Biya commence à lutter contre la corruption. Il a limogé trois anciens directeurs de sociétés d’Etat.

F.Balemans B.P. 332

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