Actualités :: Développement : "L’Afrique, laboratoire de toutes les bêtises"

"La démocratie est partout piégée, verrouillée, les constitutions tripotées, tripatouillées pour que des dirigeants règnent éternellement". Dans cet écrit, Hamadou Dem, citoyen de son état, passe au crible la problématique du développement de l’Afrique.

La renaissance de l’Afrique sera longue, douloureuse et risque fort de se faire par césarienne, c’est ce que tous les africanistes prévoient, elle ne sortira pas des salons feutrés des dirigeants actuels de l’Afrique.

Il faut vraiment être d’un optimisme à toute épreuve, pour croire que la renaissance de l’Afrique se fera dans la paix et la quiétude quand on voit les multiples conflits qui la déchirent, pas moins d’une quinzaine de conflits qui endeuillent le continent, sans parler du génocide à ciel ouvert qui se déroule au Darfour (Soudan) où les milices arabes massacrent les noirs au vu et au su de tout le monde.

Les tonnes d’argent qui ont été déversées sur le continent depuis les années 60 et qui n’ont produit aucun impact positif sur les conditions de vie des pauvres populations, abandonnées à elles-mêmes, en matière de développement, le continent est un véritable tonneau des Danaïdes.

Quand on voit la population africaine dont plus de 70% a moins de 30 ans, on se dit que tôt ou tard la cocotte minute finira par sauter.

Ebola, Sida, paludisme, méningite et présentement la grippe aviaire, avec la plupart des systèmes de santé qui sont déjà à l’agonie en Afrique et les conditions de vie précaires des populations, l’apparition du virus H5 N1 est une catastrophe sur le plan économique, et sa mutation et sa transmission à l’homme seraient une hécatombe.

La démocratie est partout piégée, verrouillée, les constitutions tripotées, tripatouillées pour que des dirigeants règnent éternellement, on peut compter sur les doigts d’une seule main les pays où elle semble faire quelque progrès sans parler de l’alternance politique qui ressemble à une ligne d’horizon dans plusieurs pays africains.

Tous les concepts économiques, politiques, sociaux... sont venus de l’étranger. On n’a jamais vu un continent où ses fils ont refusé et refusent toujours de réfléchir par eux-mêmes, pour eux-mêmes se développer dans l’histoire de l’humanité.

Tout un continent qui, avec ses énormes ressources naturelles, n’arrive pas à avoir un seul laboratoire capable de détecter un virus (H5 N1). Il faut toujours faire référence aux laboratoires du Nord pour poser le diagnostic de la grippe aviaire.

Les gens parlent d’alter-mondialisme, ce n’est pas une idée africaine. L’Afrique manque cruellement de dirigeants visionnaires, on se demande ce qu’ils se racontent durant leurs multiples sommets (U.A, sommets régionaux, diverses réunions...), on dirait qu’ils s’enferment pour tailler des plumes.

"Une race d’intellectuels de salon"

On en voit jusqu’au président français Jacques Chirac, qui demande de taxer les billets d’avions des compagnies aériennes pour aider l’Afrique à se développer, on pourrait en sourire si la question ne concernait pas tout un continent. On peut tout reprocher aux dirigeants occidentaux sauf de s’entourer le plus souvent des gens visionnaires qui analysent, prospectent et envisagent des solutions à long terme. Toutes les grandes écoles de pensée (idéologie, économie, santé, éducation...) sont situées au Nord et financées à coups de millions pour répandre leurs idées sur le monde.

On pourrait même dire que l’esclavage mental, psychologique est plus dangereux que l’esclavage physique.

La corruption, l’impunité, l’injustice, l’exclusion sont érigées en système de gouvernement dans la plupart des pays africains.

Les spécialistes mêmes disent qu’un seul pays comme la RDC (ex-Zaire) pourrait nourrir toute l’Afrique, mais dans quel état de délabrement avancé se trouve ce pays après une trentaine d’années de dictature sous Mobutu ?

Les peuples feront la renaissance de l’Afrique, ou elle ne se fera pas, mais pour cela, il faut des dirigeants qui voient loin pour remettre en cause ces frontières fantaisistes tracées par la colonisation, mais hélas, cette race de dirigeants manque beaucoup à l’Afrique.

L’Afrique est le laboratoire de toutes les bêtises conçues en dehors d’elle, sans elle, mais qui s’appliquent et s’imposent à elle sans fard (PAS CSLP...). Quand on regarde l’Amérique latine (Argentine, Chili, Venezuela, Pérou...), les peuples par les luttes arrivent à faire élire des dirigeants qui sont préoccupés par les conditions de vie des populations.

Les Européens depuis la fin de la deuxième guerre mondiale ont eu des dirigeants clairvoyants qui ont créé la CECA (Commission Européenne du Charbon et de l’Acier) devenue par la suite CEE, enfin U.E, même quand de nos jours, on voit que cette UE est un grand bazar pour les transnationales qui se la coulent douce en excluant les peuples, ces derniers ne restent pas bras croisés (Cf les grandes luttes actuelles contre le CPE en France).

Les faux experts, les apprentis sorciers qui prétendent connaître l’Afrique, la condamnent irrémédiablement selon leurs grilles de lecture, mais malheureusement, il se trouve comme toujours des intellectuels pour emboucher la même trompette et parler de ce qu’ils ne maîtrisent pas, c’est cette race d’intellectuels de salon, qui parcourent l’Afrique dans tous les sens pour raconter des inepties sur "l’avenir radieux" de l’Afrique dans le cadre de la mondialisation néolibérale. Ils ne sont que les porte-voix de leurs maîtres.

"A quand l’Afrique ?". Le professeur Joseph Ki Zerbo pose une question essentielle à tous les Africains. Sauront-ils relever le défi ?

Seul l’avenir nous le dira.

Hamadou DEM

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