Actualités :: Education : Des langues autochtones et des langues des cultures de (...)

A travers cette tribune, Pierre Bamony visite et revisite les travaux et la pensée du Pr Joseph Ki-Zerbo. Cet article, dit-il, est une contribution au projet de réforme de l’éducation nationale du chef de l’Etat burkinabè.

Introduction

Joseph Ki-Zerbo dont on parle peu dans certaines universités de l’Afrique noire, est un grand savant, le plus grand historien de l’Afrique noire contemporaine et un grand penseur. C’est à ce titre qu’il propose dans l’ensemble de ses œuvres majeures une vision du monde qui permet de bien comprendre les problématiques capitales de l’Afrique contemporaine. Certes, dans son éducation, en tant qu’intellectuel et savant, il a analysé les problèmes, les handicaps du continent noir, d’une part ; d’autre part, l’aveuglément et la faillite des intellectuels de son temps qui avaient préféré perdre leur temps en de vains babillages, entre autres idéologiques, au lieu de s’attaquer aux problèmes de leurs pays respectifs.

Certes, la véhémence de ses critiques lui avait valu des aboiements intempestifs de roquets ou des petits esprits qui n’arrivaient même pas au niveau de son talent en matière de réussite personnelle dans le monde de la culture et de l’intelligence. Ils lui mordaient le talon non dans le sens d’une prise de position intellectuelle sensée, constructive, mais dans celui des critiques stériles. Ceci portait, à leur insu, le discrédit de leur niveau d’études universitaires, de leur statut d’intellectuels, etc.

Pourtant, la pensée de Joseph Ki-Zerbo portant essentiellement sur des pans entiers des réalités africaines d’hier et d’aujourd’hui, reste toujours valable, voire indépassables. Il me semble que l’on n’ait pas fait preuve de mesure dans les attaques injustifiées à son égard, de compréhension de sa pensée des phénomènes humains. Pire on a manqué de respect à l’égard de son engagement politique dans son pays en vue de le construire dans l’intérêts des peuples avec les autres élites politiques. Autrement, la Haute Volta/Burkina Faso aurait connu un progrès certain dans la résolution de ses difficultés et de ses handicaps. Bien au contraire, alors même qu’il avait donné toutes les preuves de son patriotisme, il fut accusé, jugé à tort, voire contraint à l’exil, la mort dans l’âme.

Tout se passe, dans ce cas, comme si l’Afrique noire ne désire pas accueillir ses enfants qui sont porteurs de projet de lumière. Il s’agit, ici, de tous ceux qui s’enrichissent ailleurs, c’est-à-dire dans les pays du Nord (Europe, Etats-Unis d’Amérique, Canada, etc.,) au niveau des savoirs humains selon des niveaux élevés d’intelligibilité universelle pour revenir les partager avec leurs compatriotes.

Or, au regard des mutations en cours sur divers plans, Joseph Ki-Zerbo a été clairvoyant dans sa pensée : les changements sont nécessaires pour avancer dans le sens du mieux-être des peuples, en particulier. Toutefois, il importe de reconnaître et d’accepter nos limites, nos failles et nos manques qui ont toujours porté tort à ce continent et à ses habitants depuis au moins le XVe siècle ; du moins dans le cadre des rapports et des échanges de l’Afrique avec l’Europe. C’est en ce sens qu’il écrit avec raison : « Nous avons la chance en Afrique d’avoir des cultures très fragmentées et diversifiées. Nous avons des sociétés repliées sur elles-mêmes. Elles ont bénéficié d’une tolérance suffisante pour ne pas être éradiquées dans le cadre de grands ensembles simplificateurs.

Aujourd’hui, ce sont des cultures fragiles parce qu’elles ne sont pas basées sur l’écriture. Leur richesse n’a pas été stockée dans des documents fiables, si bien qu’elles sont susceptibles d’être effacées sans laisser de traces » (A quand l’Afrique ? Entretien avec René Holenstein – Éditions d’en-bas, Suisse, Lausanne, 2003, p. 182).

On peut retenir quelques traits de lumière pour voir clair dans nos actions et nos entreprises contemporaines. D’abord, nos sociétés ont toujours été préservées des outrances, du rejet de l’autre, notamment de l’étranger, quel qu’il soit, de l’intolérance qui sévissent sur d’autres continents. C’est ce en quoi réside le sens de leur force. Ensuite et, paradoxalement, c’est cette fermeture même sur soi, en dehors des contacts avec les réalités humaines ouvertes et qui ont pu s’enrichir mutuellement des produits et des richesses de leurs cultures singulières, qui m’a amené à penser le concept d’endovers, soit une vision du monde centrée sur soi-même.

Toutefois, au regard de l’émiettement, de la fragilité même de ces cultures, pour éviter d’être emportées par de vagues des mondes extérieurs (au continent africain) puissants, il importe de les penser en les ancrant dans des sols granitiques, voire dans l’Africain lui-même et dans l’intemporel champ de l’écriture ; dans la production d’œuvres solides, profondes et universelles comme celles de Joseph Ki-Zerbo lui-même. Celles-ci sont encore, hélas, peu connues du grand public, comme on dit ordinairement.

Et tel est aussi le sens de cette analyse : faire prendre conscience que c’est par le livre seul et, donc, la culture savante, fruits des pensées rationnelles de nos cultures et langues autochtones tout autant que celles des anciens occupants des territoires de l’Afrique noire, que nous pouvons résister, le mieux possible, aux civilisations futures conquérantes et, ainsi, sauver les générations africaines de demain de possibles risques de disparition.

I- Les types de vision du monde comme projection de soi-même dans le futur et comme prospective en acte : endovers et exovers . Comment transcender ces univers aliénants ?

Chaque pays, quelles que soient ses dimensions territoriales, comprend des peuples ou des ensembles de communautés d’origines différentes. Ils sont initialement réunis et unis par un système de langage de communication qui s’achemine progressivement vers une langue commune grâce à des emprunts mutuels d’idiomes.

C’est par la langue que se crée une aera mentis sociale qui, à son tour, édifie les différents niveaux de l’intelligence des choses des individus. Ainsi, dans une société donnée, nul être humain ne peut échapper aux influences heureuses (amour et respect d’autrui) ou néfastes (haine ou rejet de l’autre). Il s’agit d’une forme forte de formatage structurée et structurante des consciences et des réalités propres à toute société humaine.

En ce sens, ce magma, cette soupe culturelle composée d’éléments complexes s’interpénétrant, s’interconnectant finit par édifier une dimension de réalité homogène et spécifique à une société donnée que nous appelons l’endovers. C’est la vision culturelle et essentielle du monde que celle-ci s’est créée ou qui s’est imposée à une société ou à une ère de cultures et de civilisation comme la civilisation occidentale, russe, japonaise, chinoise islamo-arabe ou l’ensemble des peuples de l’Afrique subsaharienne avec leurs grandes civilisations spécifiques.

Cet endovers - soit l’enfermement sur soi-même – a une influence si grande sur les mentalités et les consciences que personne ne songe à y changer quoi que ce soit. On naît dans cet univers ou cette vision du monde, le monde de sa culture, de sa famille, de son clan ou de l’ensemble des peuples auxquels on appartient en vertu de sa naissance ; et on prend acte des maux infinis que cet univers culturel génère aux individus. Même le christianisme a échoué dans sa volonté de changer quoi que ce soit dans les traditions et les réalités des peuples noirs.

Or c’est de la conjonction des réalités et des cultures humaines multiples, des sciences et des techniques partagées, d’enrichissement des visions différentes des phénomènes, des modalités de vivre et de se cultiver qui donnent naissance à ce que nous concevons comme une vision exovers. Il s’agit du continuum de l’espace qui constitue l’Eurasie, soit de la Chine à l’Europe de l’Ouest. C’est la vision du monde la plus complexe, la plus ouverte aussi, mais qui, hélas, comporte des paradoxes ; à tout le moins trois paradoxes. D’une part, il s’agit du sentiment d’élévation de soi (peuples et individus) qui conduit à l’émergence de la représentation de soi comme être supérieur à tout autre.

D’autre part, ce sentiment qui est, de fait, un jugement de valeur comme une figure constituée et constituante de la supériorité supposée d’un ensemble de peuples, quels qu’ils soient par rapport aux autres êtres humains, est le deuxième aspect de ces paradoxes qui conduit à un enfermement de soi et, en conséquence, à un rejet quasi systématique – tel est le sens du poids de la conscience duonique chez les Humains – de tous les autres êtres humains.

Une telle posture mentale tient, enfin et tel est le troisième paradoxe, à une donnée essentielle : ceux qui vivent dans la vision culturelle de l’exovers ne peuvent pas – ils n’y songent pas du tout –s’affranchir des conditionnements de leurs paradigmes divers, de leurs jugements de valeur et aussi du poids de leurs représentations relativement à la personne d’autrui.

C’est pourquoi, par l’éducation de qualité – celle qui enseigne le respect d’autrui au sens philosophique du terme, c’est-à-dire concrètement et non pas abstraitement ; car l’amour de l’autre paraît une vertu et une mission impossibles pour les êtres humains -, il est tout à fait possible de transcender la vision exovers du monde et des réalités humaines. C’est à cette condition seulement que les consciences individuelles peuvent s’élever à la vision endoexovers – c’est l’heureuse vertu d’être pleinement soi sous l’angle de la spiritualité et pleinement autre, c’est-à-dire l’intégration de la vision de l’autre en soi-même et totalement assumée - tant du monde que des réalités des Humains.

A cette hauteur, elles pourraient observer, tout à fait en bas d’elles-mêmes, la vision endovers et exovers avec condescendance, voire avec mépris au regard de leurs limites et de leurs formes d’aliénation intrinsèques. Ce serait l’heureuse conséquence d’une éducation de la finesse l’intelligence la pédagogie du projet PEDIA propose.

II- Les raisons du triomphe de l’Étranger sur l’autochtone

L’importance des champs de vision culturelle, religieuse, philosophique et scientifique tient au fait qu’elle comprend des enjeux éminents majeurs pour chaque sujet humain. En effet, c’est notre champ de vision, à quelque niveau qu’il se situe, qui fait notre singularité, notre richesse, notre originalité, voire l’élévation de notre esprit.

Cette dernière nous confère en même temps notre niveau de compréhension des êtres humains et des phénomènes : il nous enrichit en nous ouvrant aux autres, à commencer par autrui, le prochain, aux autres mondes humains également. Il peut aussi nous appauvrir si notre conscience, notre intelligence initiale ne se cultive pas par l’apport des savoirs que nous trouvons essentiellement dans les livres, dans la lecture des journaux.

Dans le cadre de la lecture d’un livre, notre propre intelligence se confronte à celle des auteurs qui nous aident à édifier notre intelligence et notre culture savante, à consolider nos connaissances, à les élargir jusqu’aux horizons des limites naturelles de l’être humain. De manière générale, nous sommes ce que nous sommes en vertu des déterminations, de l’influence, c’est-à-dire de nos conditionnements socio-culturels, socioreligieux. Mais nous devenons ce que nous voudrions être, par-delà ces déterminismes, par l’édification intellectuelle de notre conscience singulière.

Dès lors, on comprend que les champs de vision des peuples sont l’une des causes de leur incompréhension mutuelle. Ainsi, depuis au moins le XVe siècle – auparavant, il y a eu l’invasion partielle de l’Afrique noire et de ses habitants par les peuples islamo-arabes en quête d’esclaves et d’or - les peuples noirs ont toujours été bernés par l’Étranger. A titre d’exemple : Joseph Ki-Zerbo insiste sur l’accueil légendaire des Noirs par rapport à l’Étranger, quel qu’il soit. En revanche, celui-ci a vu dans un tel comportement d’humanité un signe de faiblesse, c’est-à-dire de possibilité de le tromper en abusant de sa générosité pour arriver à ses fins :

trouver les moyens et la voie de mettre un peuple côtier en guerre contre ses frères noirs dans l’arrière-pays pour avoir des prisonniers de guerre qu’il achète à bas prix en vue de les transformer en esclaves ; soit une marchandise rare et chère sur les marchés des contrées lointaines. Or la rencontre des peuples noirs avec l’Étranger, quel qu’il soit, n’aurait pas forcément tourné à leur désavantage si ceux-ci avaient une vision du monde ouverte vers l’extérieur, c’est-à-dire les réalités des autres peuples et de leurs modes de fonctionnement.

Ils l’auraient mieux compris, l’auraient mieux connu et auraient décrypter ses intentions afin de se préserver de tout risque d’abus et, par après, de tout acte de soumission à son pouvoir, à son autorité. D’ailleurs, cette donnée reste permanente puisque, selon Joseph Ki-Zerbo, l’Afrique noire apparaît comme un « baudet » (In Éducation et développement en Afrique – cinquante ans de réflexion et d’action – (Fondation Joseph K-Zerbo, 2010) sur lequel tout le monde peut taper impunément. Car les peuples africains subsahariens, ayant des cultures et des langues indéfiniment diversifiées, si émiettées et si faibles que leur mutuelle compréhension est rendue difficile.

Et c’est justement par ce moyen que l’Étranger réussit toujours à parvenir à leur domination totale ou presque ; à les exploiter, à les diviser ou à les affaiblir ; presque toujours. D’où l’importance de penser les cultures et les langues autochtones – langues originaires et locales –. Mais, les penser ce n’est pas se contenter de les vivre ; ni même de parler sa langue. Car l’habitude n’instruit pas, elle se vit tout simplement. Donc, les penser, comme le recommande Joseph Ki-Zerbo, consiste à les analyser rationnellement en les mettant à distance pour mieux les connaître et les maîtriser. Il s’agit de les comprendre intellectuellement pour les élever au rang de l’universel, du conceptuel.

III – Langues d’écriture et langues autochtones

a) L’intrication des réalités humaines

Parmi les langues d’écriture, je m’en vais tenir à la langue française que nous avons en partage, nous francophones, avec une large communauté internationale en Afrique, en Europe, en Asie, aux Amériques, en vertu des aléas de l’histoire. Car soit dit en passant, la langue étant le média le plus extraordinaire pour se comprendre mutuellement, pour communiquer et échanger, etc., il semble que cet outil doit être mis à part par rapport aux problèmes ponctuels d’ordre politique et de volonté de domination économique et financière des uns et des autres. Car au regard du droit international, nul pays ne peut empêcher un autre, ayant le même statut de souveraineté par rapport aux principes juridiques de l’ONU, de s’émanciper comme il le désire.

Donc, le français, en raison de son universalité, n’est plus l’apanage des seuls métropolitains. Cette langue est devenue, depuis au moins le XVIIIe siècle, une appropriation singulière d’une diversité de peuples et de contrées dans le monde. Certes, les occupants des territoires africains pendant plus de deux siècles (XIX-XXe siècle), ont promu leur langue par l’éducation. Ils avaient pour ambition de couvrir toutes les couches des sociétés africaines.

Mais cette mission n’a pas pu aboutir. La preuve, selon Joseph Ki-Zerbo : « Avec 72% d’analphabètes comme au Burkina Faso, on ne peut programmer aucun développement significatif » (p.189). Mais, d’un autre côté, il est légitime qu’en raison de cette situation incomplète d’accès à une langue écrite et à la civilisation universelle qu’elle véhicule, on peut comprendre que les pays africains recherchent une alternative : refonder leurs réalités futures sur les cultures et les langues autochtones en les acheminant progressivement vers le statut de cultures et de langues fondées sur l’écriture.

Toutefois, le problème majeur de l’unification de tous les pays de l’Afrique noire ne peut être facilitée qu’à partir de l’adoption d’une langue universelle comme l’anglais pour les Etats-Unis d’Amérique et, bientôt, pour toute la planète. Mais où et comment trouver une telle langue parmi des milliers de peuples de l’Afrique subsaharienne qui parlent diverses langues, souvent fermées les unes par rapport aux autres ? Or ce qui est permanent, chez les Africains, réside dans le fait qu’ils peuvent parler une langue étrangère (anglais, français, espagnol, portugais, etc.,) sans pour autant oublier leurs origines culturelles et linguistiques. En effet, les individus reconnaissent, malgré tout, leur identité autochtone comme le fait remarquer Joseph Ki-Zerbo :

« Il est évident, en Afrique francophone, le français n’a pas assuré une mainmise sur la majorité de la population. Les gens utilisent le français comme un instrument, mais leur identité propre réside dans le fait qu’ils appartiennent à telle ou telle ethnie africaine » (p.92). Néanmoins, parler une langue écrite comme le français ou l’anglais comprend un certain nombre d’avantages. Mais il faut seulement être conscient que l’on partage, partiellement, la mentalité des gens qui l’ont comme langue maternelle. A titre d’exemple : à l’étranger, par exemple en Europe, il suffit d’observer des groupes francophones, anglophones, lusophones, etc., pour se rendre à l’évidence des différences des mentalités des uns et des autres.

Car en dehors de leurs modalités africaines propres d’être et de se poser, de s’affirmer même, les individus se comportent en francophones, anglophones, etc. En ce sens, la langue et la culture que celle-ci porte et nourrit marque fondamentalement un être humain. On peut se laisser emporter, en raison de sa sympathie, de son appréciation ou de son admiration d’une langue, d’une culture jusqu’au fondement de leur fait d’être ce qu’elles sont.

Dans ce cas, la dissemblance n’est plus qu’une question de différence de la pigmentation de la peau. A l’inverse, on peut faire le choix de se tenir à la périphérie d’une culture, d’une langue. Même dans ce cas de figure, on change forcément par rapport à sa culture autochtone. Mais il s’agit d’un changement superficiel. C’est même une figure d’inachèvement culturel, linguistique, etc. Il n’en demeure pas moins que c’est l’intelligence des réalités humaines qui évite d’être berné, d’être abusé par des propos pernicieux d’autrui, d’être manipulé, en somme.

Donc, parler une langue écrite, quelle qu’elle soit, la maîtriser même, c’est se donner les moyens de s’installer, avec assurance, dans les réalités du monde présent et, ainsi, partager la même vision du monde, des phénomènes. Mieux, il s’agit de les comprendre de manière égale en évitant d’être marginalisé par les autres peuples, les autres individus comme l’écrit Joseph Ki-Zerbo : la langue comme véhicule a « un impact économique, politique et géostratégique. La langue est un véhicule puissant et un appui structurel de taille dans les négociations, le commerce et les traités à caractère économique » (p. 56).

Maîtriser l’une des langues d’écriture de l’Occident notamment, c’est s’accorder la possibilité d’avoir accès aux codes de traitement des données, à la même compréhension des choses pour éviter les pièges pernicieux qu’on glisse entre les lignes dans le cadre des traités commerciaux, financiers, industriels, etc. Par rapport à cet état de fait, tant que les langues autochtones n’arrivent pas au niveau de l’écrit pour les tirer de l’ornière des langues empiriques, pragmatiques, naturelles, elles ne sont pas à l’abri des graves erreurs d’interprétation et de compréhension des textes internationaux, des traités commerciaux, industriels, juridiques, etc. Or telle n’est pas leur vocation première.

b) Un bref aperçu de l’histoire de la langue française

En empruntant le chemin tracé par Claude Hagège (Combat pour le français -Au de la diversité des langues et des cultures – (Odile Jacob, Paris 2006), on se rend à l’évidence que le français a une longue histoire qui remonte au IXe siècle de notre ère. Ses origines se trouvent sur un territoire très réduit. On le parlait à Paris, Orléans, Senlis, etc. Autrement, dans chaque région du pays qui deviendra la France, on parlait des dialectiques différentes et d’origines différentes aussi.

A tire d’exemple, dans le Nord, on reconnaît que les diverses populations communiquaient entre elles grâce à une diversité d’oil, comme le françois pidcard, le gallo, le potevin, le normand le maurvandiau, le sintongeais, le wallon, l’orléannais, le champenois, l’artois, etc. Le français, langue romane issu de l’évolution du latin vulgaire, a été édifié grâce à divers emprunts issus du grec, du latin, des langues autochtones, comme celles que je viens de mentionner.

Il devient une langue officielle, c’est-à-dire juridique et administrative par l’ordonnance de Villiers-Cotterêts signé par François Ier en août 1539. Depuis lors, il s’en est suivi une longue réforme de la langue française promue par les académiciens qui l’ont construite, l’ont régularisée en introduisant des vocables latins. Ils la modifient toujours en l’accordant avec les divers emprunts des vocables étrangers, européens ou d’ailleurs, c’est-à-dire d’autres civilisations.

C’est, donc, l’héritage de linguistes, de grammairiens, d’hommes de lettres qui l’ont parfaite et l’ont acheminée à son sommet au XVIIe sous l’influence du philosophe René Descartes et son souci de la rigueur, de la clarté et de la précision. Du XVIIIe au XIXe siècle, le français est devenu la langue véhiculaire de toute l’Europe de l’Ouest et même jusqu’en Russie : c’était la langue des sciences, de la diplomatie, de la littérature, bref, du sommet de la civilisation européenne. Il était de bon ton de parler le français dans les palais royaux, de le citer dans les livres de philosophie, comme Nietzsche, et les romans. Avec l’occupation française de vastes territoires en Afrique, en Amérique du Nord, le français est devenu une langue mondiale après l’anglais.

On comprend que Joseph Ki-Zerbo conseille aux pays africains francophones de garder l’usage du français comme langue de communication et d’échanges internationaux tant que l’Afrique elle-même ne pas fait le choix d’une langue panafricaine pour édifier son unité. A cet effet, la tâche paraît monumentale et fort chère. Certes, l’haoussa, le bambara, le dioula pourraient constituer des langues panafricaines, du moins dans la zone ouest de ce continent.

Or, selon toute vraisemblance, les États africains ne sont pas prêts à investir des sommes colossales pour mobiliser les savoirs des grammairiens, des linguistes, des hommes de lettres, des historiens, des philosophes, etc., pour édifier une langue panafricaine qui puisse atteindre un niveau de sophistication et d’universalité qui soit de nature à accorder tous les esprits compétents.

A supposer que cela soit possible un jour, l’urgence de l’état présent des choses, des attentes, des besoins des peuples noirs, de leur désir de développement et de progrès, Ki-Zerbo recommande de garder l’usage du français ou de l’anglais qui nous fait participer, ainsi, à la vision mondiale des temps présents. Autrement, nous risquons d’être submergés par les puissances extérieures au continent africain faute de savoir ou de pouvoir communiquer sur le même plan d’égalité avec elles.

C’est en ce sens qu’il écrit : « Cela dit, il est impensable et impossible de rejeter les langues imposées par la colonisation parce que, objectivement, elles ont été intégrées dans notre patrimoine culturel, elles unissent des peuples africains entre eux et avec la communauté internationale. Les langues nous font accéder à des gisements fabuleux de cultures et d’histoire qui sont des portes incontournables pour entrer dans le monde contemporain » (p.94).

IV- Nécessité de former les élites africaines de demain qui soient profondément ancrées dans les réalités de leur autochtonie linguistique et culturelle et, en même temps, dans les données des mondes humains présents ; sans complexe aucun

« L’éducation est l’arme la plus puissante que vous pouvez utiliser pour changer le monde » a dit Nelson Mandela à propos des pays africains

Prenons l’exemple de Joseph Ki-Zerbo lui-même pour montrer le genre de citoyen et d’élite africaine dont il faut s’inspirer comme modèle et comme un exemple de réussite intellectuelle et humaniste. Il a commencé, comme tout jeune africain, par s’imprégner de la culture et de la langue san. Il maîtrisait parfaitement les deux fondements de sa personne humaine sans les perdre jusqu’à la fin de sa vie, malgré ses longues années d’études au Mali, au Sénégal, en France, voir ses années d’exil contraint. Il fut le plus grand historien de l’Afrique noire.

Il a bâti une œuvre monumentale, seul, en parcourant les bibliothèques universitaires ou non de la France, de la Grande Bretagne, de l’Allemagne, de la Hollande, du Portugal, de l’Espagne et même des Etats-Unis d’Amérique pour comprendre son continent et ses peuples. Il a pu, ainsi, faire émerger une histoire du continent qui remet fondamentalement en cause la manière dont les historiens européens avaient défiguré ou nié toute possibilité d’histoire authentiquement africaine. Ce fut une véritable audace et la rationalisation d’une nouvelle histoire qui appartienne en propre aux Noirs de l’Afrique.

Cependant, il ne s’est pas préoccupé de créer une théorie de l’histoire qui, de toute façon, obéit au paradigme d’une école de pensée et qui, de ce point de vue, se soucie peu de la vérité historique. Maîtrisant plusieurs langues autochtones, il n’hésite pas à en faire usage comme les expressions significatives, des mots, des proverbes en san, en moré, en bambara/dioula dans ses écrits, notamment dans A quand l’Afrique ? Donc, Joseph Ki-Zerbo était profondément ancré dans les cultures et les langues autochtones ; mais il était à la fois éminemment occidentalisé par le biais de la maîtrise de la culture et de la langue françaises.

Comme il aimait qualifier une catégorie d’intellectuels africains, comme lui-même, c’était un « Nègre d’exception » : authentiquement africain, occidental ou français accompli, et authentiquement soi-même. C’est un avantage exceptionnel, rare par rapport à ceux dont le français ou l’anglais, par exemple est la langue maternelle mais qui ne connaissent pas les cultures ni ne parlent les langues autochtones africaines.

En outre, par rapport à un grand nombre de pays de l’Afrique subsaharienne, le Burkina Faso a la chance d’avoir eu un penseur qui s’est employé à examiner la nature des problèmes et des handicaps des pays africains et qui a conçu des possibilités de réformes de l’éducation, de l’économie, de la politique susceptibles de dynamiser la marche en avant de son pays.

Car sa pensée est non seulement un constat de qui a été l’état des réalités humaines de son temps, mais une prospective dessinant des perspectives d’avenir. Hélas, il est bien connu et Joseph Ki-Zerbo le dit lui-même, étant issus majoritairement de cultures orales, les gens ne sont guère portés à la lecture de ses ouvrages pour découvrir et connaître sa pensée, de manière à s’en inspirer dans l’action politique et économique.

Car l’Afrique noire, qu’elle le veuille ou non, ne peut continuer à faire l’économie de théories philosophiques embrassant l’ensemble des données des sociétés : théories économiques, sociologiques, scientifiques, politiques, juridiques, etc. C’est l’éminent avantage que l’Europe a eu avec ses philosophes qui ont toujours inspiré l’action politique, donné un Sens au devenir des sociétés européennes et qui, depuis le XVIIe siècle, sont les véritables maîtres d’œuvre et d’ouvrage de la vision européenne triomphante devenue mondiale au XXe siècle.

Autrement dit, à cette Afrique contemporaine, il lui faut l’énergie nécessaire dans l’action présente sous sa figure de pragmatisme, d’empirisme, mais aussi la puissance de la pensée théorique, philosophique ou non, qui éclaire son devenir, le sens de sa marche, de son cheminement dans le sillon de son développement et de son progrès de la meilleure manière possible. Ce fut le vœu, durant toute sa vie, de Joseph Ki-Zerbo, mais qui n’a pas été reconnu ni suivi.

Cependant, il n’était pas seulement un savant, un grand penseur, mais également un homme d’action, un politique, militant engagé dès ses premières années d’étudiant à la Sorbonne à Paris pour changer le visage de l’Afrique noire, ou celui de son pays, la Haute Volta, au lendemain des fameuses indépendances. Mais, comme d’ordinaire, surtout au début de ces fameuses indépendances, les élites politiques de l’Afrique noire, plongées dans la confusion des situations matérielles, économiques, humaines hétéroclites, pire dans la phraséologie idéologique, etc., n’ont pu agir efficacement. Elles n’ont pas songé un instant aux misères de leurs peuples préférant la recherche effrénée de l’appropriation des richesses de leurs pays respectifs.

Ce faisant, elles n’ont pas pu ni su tolérer les honnêtes gens comme Joseph K-Zerbo qui dénonçaient leur incurie et leur fourvoiement par rapport aux attentes des peuples africains. Pourtant, ce dernier avait sacrifié une belle carrière universitaire en France et à l’internationale pour participer activement à la construction de la nouvelle Afrique en préférant l’ombre (rupture de son statut de fonctionnaire français pour aller en Guinée en vue d’aider Sékou Touré à réussir le développement de son pays, puis retour dans son pays natal, la Haute Volta) à la lumière de la célébration internationale. Ainsi, le modèle de l’Afrique du futur immédiat ou lointain doit s’inspirer (de), se fonder sur des figures d’exception comme Joseph Ki-Zerbo.
D’où la nécessité d’une nouvelle éducation, ou d’un nouveau modèle d’éducation, fondée sur une nouvelle pédagogie qui donne des ailes à l’intelligence des élites africaines de demain.

Or si elles sont éclairées par une large culture intellectuelle, elles pourraient éviter les erreurs du passé en sachant mieux défendre les intérêts majeurs de leur continent sur le plan de la ou des cultures et des langues. Elles pourraient réussir dans la gestion et la commercialisation des matières premières dont celles du continent africain constituent les enjeux majeurs des technologies futures et des industries de demain. En d’autres termes, il s’agit de la conception d’une économie de complémentarité avec le reste du monde et, essentiellement, de la souveraineté des pays africains respectifs, à défaut de l’unité de ce vaste continent de plus 30 millions de kilomètres carrés.

On comprend alors que Joseph Ki-Zerbo ait défendu la thèse suivant laquelle l’éducation et la culture (intellectuelle) doivent constituer les fondements incontournables du développement économique et du progrès de l’esprit. C’est en ce sens qu’il écrit : « L’éducation doit être comme le cœur même du développement. Cela se justifie d’autant plus, aujourd’hui où le principal investissement est celui de l’intelligence, de la matière grise . Plus que jamais l’éducation et le développement doivent être mise en équation, à condition qu’il s’agisse d’une éducation adaptée.

C’est là où il faut sortir du mimétisme, du recopiage pur et simple des modèles venant d’ailleurs. L’éducation telle qu’elle est actuellement est une éducation « anti-développement » rationnel. La plupart des enfants africains reçoivent aujourd’hui une éducation qui détruit leur avenir sur tous les plans Comme je l’ai dit depuis des dizaines d’années : ce que nous recherchons, ce n’est pas tellement d’augmenter la vitesse du train de l’éducation, mais de changer la direction des rails. Cependant, on ne l’a jamais fait » (p.p. 199-200).

Autrement dit, sans changement de système d’éducation, de logiciel pédagogique adapté aux données contemporaines et à leur complexité, les générations africaines de demain seraient encore victimes, selon le néologisme de Ki-Zerbo, des « développementeurs ». Cette inquiétude de Ki-Zerbo sur la qualité de l’éducation des jeunes africains de demain est d’autant plus justifiée que les GAFAM (Google, face book, Amazon, Apple, Microsoft) viennent de mettre un terrible frein aux progrès de l’esprit et de l’intelligence humaine par l’influence néfaste et destructrice de leurs outils technologiques (Smartphones, ordinateurs, etc.,) dont les effets pervers agissent comme une aliénation mentale et une force pernicieuse de crétinisation de l’intelligence des Humains.

Car la gravité de cette donne nouvelle tient au fait qu’il s’agit d’un phénomène mondial. Ce fait majeur et unique dans l’histoire du genre humain prépare le monde humain de demain à être gouverné par une minorité de gens qui ont la chance et l’argent pour recevoir une éducation de qualité, celle des livres. Cette minorité d’élites soumettra le reste de l’Humanité crétinisée au statut d’ouvriers, de manœuvres chargés de travailler pour son compte dans ses usines de production d’objets technologiques sophistiqués.

Donc, le problème majeur qui se pose aujourd’hui est le suivant : la régence des appareils technologiques, tels les ordinateurs, les smartphones, les réseaux sociaux, etc., sur les esprits d’un très grand nombre d’Humains a un si grand effet corrosif sur eux qu’avant la fin du XXIe siècle, la crétinisation mentale et intellectuelle aurait triomphé dans ce monde. Pour encourager ce genre de processus de faiblesse ou d’étroitesse des esprits, on prétend que l’acquisition de la culture a changé de forme. Or, on sait très bien que la fascination de l’image sur les écrans de l’ordinateur ou du smartphone a pour finalité de séduire et de susciter des désirs, généralement obscènes, et non pas d’instruire.

Autrement, les créateurs des fameux GAFAM , soit Google, Amazon , Face book, Apple, Microsoft n’enverraient pas leurs enfants pour étudier dans des institutions d’enseignement classique en vue de grandir en intelligence, en culture savante, etc. Ils les auraient laissés se soumettre totalement à l’empire des images. Au contraire, ils prennent soin de mettre leurs propres enfants à l’abri de l’abrutissement que provoquent leurs ingénieuses productions technologiques.

Car leurs enfants, éduqués à l’ancienne, en remplaçant leurs parents un jour à la tête de leurs entreprises, vont toujours demeurer, l’élite ingénieuse de demain. Ils auront, ainsi, la maîtrise sur le monde entier et les habitants de tous les pays à leur pied comme le prouve l’atmosphère de l’enfer politico-policier de 1984 de Georges Orwell.

Face à cette situation de désastre mondial, je le répète, les mêmes fondateurs des GAFAM s’activent à présent pour sauver ce qui pourrait être sauvable, même s’il s’agira d’une minorité. Tel est, du moins, le sens des initiatives scolaires des milliardaires états-uniens. D’une part, selon l’article du « Monde » , les fondateurs des GAFAM entendent multiplier le nombre des écoles qu’ils créent comme une glorification de leur nom, comme le dit cet article : « Enfin un signe encore plus instructif est écrit en lettres blanches sur un panneau bleu à l’entrée : Bezos Academy. Mac Carver est l’une des cinq maternelles Montessori ouvertes depuis 2019 par le fond philanthropique du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos. Cette structure précise vouloir en créer « 17 autres entre 2023 et 2025, dans l’état de Washington, en Floride et au Texas », pour 1300 élèves » ».

De son côté, selon le même article, la fondation Bill et Melinda Gates a beaucoup investi dans la création de « petites écoles », mais « en démantelant de grands établissements ou prôné par l’évaluation des enseignants en fonction de notes obtenues par leurs élèves lors de tests. Certaines de ces mesures ont été incluses dans les réformes de Barack Obama, dont un ministre de l’éducation employait un ancien cadre de la Fondation Gates, Jim Shelton ».

À la différence des milliardaires ou des ministres de l’Éducation nationale des pays de l’Afrique noire, leurs collègues états-uniens sont débordants d’initiatives heureuses en matière d’éducation, de la volonté d’entreprendre pour changer la nature des choses en faisant appel à toutes les compétences possibles et en adoptant, le cas échéant, leurs idées autant qu’elles sont de nature à opérer des progrès sensibles dans le domaine de l’éducation.

C’est pourquoi, ayant pris conscience de l’état mondial, soit les réalités humaines, en situation de perte de qualité humaine au niveau de la raison, de la conscience et de la liberté en raison même d’une forme de décadence générale, Bill Gates, fondateur de Microsoft, voire Reed Hasting, le patron de Netflix, n’ont pas hésité à s’impliquer personnellement, eux aussi, et de manière éminente dans le mouvement contemporain des réformes ou de la Réforme de l’éducation.

À cet effet, ils s’inspirent du mode de fonctionnement et de gestion des entreprises privées. Ainsi, selon « Le Monde », « le PDG (ancien professeur de math au Swaziland) de la plateforme de vidéo à la demande a été jusqu’à diriger le conseil de l’éducation de l’État de Californie dans les années 2000 : il y a promu les Charters schools, financés sur fonds publics, mais gérées par des entités privées (par opposition aux 85% d’établissements publics dirigés par des conseils élus, et aux 6% d’écoles privées payantes ».

PIERRE BAMONY
(PHILOSOPHIE, ANTHROPOLOGIE, SCIENCE)

Tribune : « La culture porte les espoirs d’une Afrique de (...)
Burkina : L’arabe, langue oubliée de la réforme (...)
Burkina Faso : Justice militaire et droits de (...)
Photos des responsables d’institutions sur les cartes de (...)
Burkina/Lutte contre le terrorisme : L’analyste (...)
Lettre ouverte au ministre de l’Énergie, des Mines et de (...)
Sénégal : Le président Bassirou Diomaye Faye quittera-t-il (...)
Cuba : L’Association des anciens étudiants du Burkina (...)
Sahel : "La présence américaine dans la région joue un (...)
Burkina/Transport : La SOTRACO a besoin de recentrer (...)
Burkina Faso : La politique sans les mots de la (...)
Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser (...)
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Baisse drastique des coûts dans la santé : Comment (...)
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle (...)
Burkina : De la maîtrise des dépenses énergétiques des (...)
Procès des atrocités de l’Occident envers l’Afrique (...)
Afrique : Des pouvoirs politiques traditionnels et de (...)
La langue maternelle : Un concept difficile à définir (...)
Technologies : L’Afrique doit-elle rester éternellement (...)
L’Afrique atteint de nouveaux sommets : L’impact de (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 5397


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés