"Contribution à l’amélioration du système éducatif. Je persiste et signe : il faut libérer les enseignants du primaire des préparations de classes "monstres"". Tel est le titre initial de cette analyse de Donatien Yaméogo, citoyen de son état. Il faut faire en sorte que l’enseignant ne soit pas une loque humaine, dit-il en substance.
Voilà près de deux (02) ans que j’avais initié un plaidoyer pour l’allégement des tâches de l’Enseignant du primaire surtout en sa partie "préparation de classe". Je demandais alors de libérer les Enseignants du primaire des préparations de classe fastidieuses et inefficaces en introduisant des fiches de préparation.
Fort des multiples coups de fil que j’ai enregistrés et des nombreux contacts directs que j’ai eus, épousant totalement mes idées et me soutenant dans ma démarche, je persiste donc et je signe en interpellant une fois de plus les premiers responsables de l’éducation à prendre leurs responsabilités et à opter courageusement pour l’introduction des fiches de préparation dans le système scolaire.
Cela ne veut pas dire que je m’oppose systématiquement aux préparations de classe. Nul ne peut enseigner sans préparer au préalable ce qu’il va dispenser. Mais je suis d’avis opposé à sa formule actuelle qui date des indépendances de manière formelle. Avec les fiches de préparations, le maître réduira considérabrement le temps de préparation et accordera plus d’attention à d’autres aspects de l’instruction.
Si cette nouvelle formule voit le jour, cela va sans dire que la formation initiale dans les ENEP connaîtra quelques retouches : il sera question bien sûr d’élaboration mais surtout d’exploitation de fiches (comment exploiter les fiches de préparation).
J’interpelle également les syndicats du MEBA pour qu’ils prennent le relais en incluant dans leurs plates-formes revendicatives, des luttes tendant à alléger les tâches de l’enseignant (pour ceux qui ne l’ont pas encore fait ).
Les revendications purement pécuniaires occultent en partie la mission du syndicat qui comprend entre autres : l’amélioration des conditions de vie et l’amélioration des conditions de travail.
Ce dernier aspect est même historique puisque le premier (1er) mouvement des travailleurs contre le patronat à Chicago en 1886 visait l’obtention de conditions de travail plus humaines. Et c’est ainsi qu’ils ont arraché "les 8 heures de travail par jour" .
Voila pourquoi le 1er mai est toujours commémoré chaque année par les travailleurs en mémoire des camarades tombés sur le champ d’honneur.
Bref, je n’apprends rien au monde syndical. Revenons à notre sujet pour dire que tout excès de travail intellectuel ou de sollicitation abusive de l’intelligence entraîne des conséquences désastreuses biologiques : fatigues Intellectuelles, hypertension, dépression etc.
"Des agents hypertendus, déséquilibrés, malvoyants"
L’Enseignant, dès la descente de travail, pense déjà à la préparation de classe du lendemain. Chose normale, mais il y a l’ampleur du travail l’angoisse et le stress. N’oublions pas que l’instituteur est polyvalent ; il enseigne plusieurs disciplines et doit donc les préparer régulièrement pendant que des fiches de préparations présentées et discutées dans des Groupes d’animation pédagogiques (GAP), amendées et adoptées lors des conférences pédagogiques, moisissent dans les armoires des Circonscriptions d’Education de Base (CEB).
Ces longues heures de préparations souvent assurées à la lueur d’une lampe à pétrole
ou d’une bougie par la majorité des instituteurs sont à l’origine de traumatismes et de baisse de la vue.
Le constat aujourd’hui est que le corps des enseignants regorge plus d’agents hypertendus, déséquilibrés, malvoyants. Certains sont des loques humaines que l’on accompagne tout doucement au mieux vers la retraite et au pire vers une mort précoce.
Je m’en voudrais de terminer sans évoquer d’autres préoccupations.
Pour moi, les programmes scolaires de 1989 en vigueur aujourd’hui dans nos écoles ont besoin d’un toilettage et d’une réactualisation.
Tout le système scolaire doit être repensé parce qu’il est trop sélectif. Seuls les élites et les privilégiés arrivent à bon port. Et le reste ? Que devient cette majorité qui n’est pas bête mais victime de son lent rythme de compréhension ! (la preuve : quand les parents de ces enfants leur trouvent des répétiteurs à domicile, ils font des progrès notoires).
Si cette majorité donc retourne à la case départ ( dans l’illettrisme), quand est-ce que notre pays connaîtra son décollage économique si ce dernier est intimement lié à la
scolarisation et surtout au niveau d’instruction ?
Mais l’espoir est permis parce que j’ai foi que dans l’ombre, sans tambour ni trompette, des fils de ce pays travaillent pour des lendemains meilleurs du système éducatif, socle de tout développement.
Donatien YAMEOGO
Le Pays
