Actualités :: Humeur : En finir avec cet Etat d’exception qui ne dit pas son nom (...)

A la faveur d’un récent fait divers mettant en cause un jeune militaire qui a "rafalé" sa petite amie en se servant de sa kalachnikov, l’auteur de l’écrit suivant s’insurge contre l’exhibition des armes de guerre par les hommes de tenue dans certains endroits ; un fait qui a cours au Burkina et fait courir de graves dangers aux civils innocents et même aux porteurs.

Pis, selon lui, cette situation fait du Pays des hommes intègres un Etat d’exception déguisé. Par voie de conséquence, il propose comme solution, l’interdiction formelle des engins de guerre dans des endroits tels les débits de boisson, les lieux de spectacles, les services publics et privés...

Un macabre fait divers de l’actualité me donne l’occasion de réfléchir à haute voix sur la persistance, au Burkina Faso, où les institutions fonctionneraient normalement sous un régime de démocratie recouvrée depuis 1991, d’un état d’urgence déguisé qui fait la part belle à l’exhibition des armes de guerre comme au plus beau temps de la RDP.

Le récent fait divers, où un jeune militaire a arrosé de balles sa petite amie en se servant de sa Kalachnikov, n’est qu’un cas parmi tant d’autres où ceux qui appartiennent aux corps dits habillés se croient autorisés à se servir des armes du peuple, qu’ils ont le devoir de protéger, pour régler leurs comptes personnels.

Il est tout de même effarant de voir, à Ouagadougou par exemple, le nombre d’hommes de tenue qui circulent souvent négligemment avec du matériel de guerre comme si le Burkina était en état de siège. L’on nous parlera de sécurité. C’est vrai. Mais cette sécurité qui est un tape-à-l’œil ne profitant qu’aux hommes du système (voyez comment les simples citoyens côtoient chaque jour l’insécurité surtout sur nos routes), pourrait se faire de manière plus discrète, car la stratégie du « faire peur » en exhibant les armes à tout bout de champ a suffisamment fait la preuve de ses limites.

Comment se fait-il que les armes de guerre, qui devraient être gardées dans les casernes, soient de plus en plus entreposées dans des domiciles d’individus, même s’ils sont des hommes de tenue. A voir certains circuler dans la rue en « farotant » (1) avec leur Kalach négligemment posée sur les genoux, on reste abasourdi en pensant aux éventuels dégâts qu’une simple chute pourrait entraîner, vu que les précautions élémentaires de sécurité dans le port d’armes ne sont pas toujours respectées.

Interdire le port d’armes dans certains endroits

Il faut en finir avec cette prolifération des armes de guerre dans des endroits non indiqués, qui fait courir de graves dangers aux civils innocents et même à des hommes de tenue. On pourrait par exemple, interdire le port de ces armes dans les débits de boisson, les lieux de spectacles, les services publics et privés et partout où le détenteur ne serait pas en service commandé.

Du reste, la preuve a été faite à plusieurs reprises que des éléments détenant légalement des armes par-devers eux s’en sont servi à des fins criminelles en commettant ou en se rendant complices de braquages et autres attaques à main armée.

Il n’y a que dans nos démocraties bananières ou cotonnières qu’on voit de telles exhibitions d’armes de guerre qui, en réalité, ne servent qu’à protéger les dictatures locales en terrorisant les populations ou à semer des troubles ailleurs. Les citoyens doivent, de plus en plus, se mettre debout pour exiger le respect de leurs droits les plus élémentaires, dont celui de ne pas voir leurs vies constamment mises en danger par une mauvaise affectation ou utilisation (à dessein ?) des armes de guerre.

La hiérarchie militaire et paramilitaire devrait prendre en considération les inquiétudes que je formule, car cela n’arrive pas toujours qu’aux autres. L’on ne doit pas fermer les yeux sur certains écarts de conduite comme, par exemple, cette propension qu’ont certains éléments de certains corps habillés à brûler systématiquement les feux rouges au nez et à la barbe de policiers impuissants, qui savent pourtant se jeter à bras raccourcis, parfois à tort, sur des civils pour montrer leur autorité.

Loin de moi l’envie de semer la zizanie entre civils et citoyens en uniforme. Ma seule préoccupation est de voir les comportements républicains de plus en plus respectés par tous et que les moyens de la puissance publique soient mis au profit de tous, conformément à ce qui est stipulé dans notre loi fondamentale, qui nous place tous sur un pied d’égalité.

K.M.

Un citoyen de ce pays

(1) Faroter, dans le langage du "coupé-décalé", signifie "Faire le malin".

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