Actualités :: Conduite de la transition au Burkina : Maintenir le cap et corriger les (...)

Le 30 septembre 2023 dernier, le pays des hommes intègres commémorait le premier anniversaire de l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré et de son équipe. Alors que chacun y va toujours de son bilan, Sidzabda Damien Ouédraogo dans la tribune ci-après s’en tient à ceci : « Il faut maintenir le cap et corriger les insuffisances ». Lisez !

Lors de son grand entretien avec la presse sur le bilan de ses 12 mois au pouvoir, le capitaine Ibrahim TRAORE a réaffirmé avec aplomb sa détermination à conduire la transition burkinabè à bon port malgré les difficultés et en dépit de toutes les adversités. Dans le contexte difficile que traverse notre pays depuis 2016, l’on n’a qu’une seule envie à savoir, partager l’enthousiasme du chef de l’Etat. L’heure n’est donc plus à la critique stérile mais constructive, en vue d’une amélioration de l’action entreprise. Aux premières heures de sa prise de pouvoir le 30 septembre 2022, IB lui-même a synthétisé la situation du pays de manière on ne peut plus claire et caricaturale, en disant que « Tout est urgent ! ». Cette urgence demeure certes aujourd’hui encore. Même si force est de reconnaitre que l’engagement des autorités est pugnace et visible. Tout le mal qu’on souhaite objectivement et raisonnablement au MPSR 2 c’est de réussir là où ses prédécesseurs, civils comme militaires, ont échoué à ramener la paix au Faso.

A l’heure du bilan, beaucoup de choses ont été dites. Ici ou ailleurs, les avis et les commentaires sont allés bon train. Les acquis d’un an de pouvoir, guidé par la révolte et une farouche volonté d’affranchissement, sont réels, palpables et incontestables. Sur le front de la lutte contre le terrorisme, priorité numéro 1 et absolue, la guerre tant annoncée par les uns et les autres a manifestement et farouchement commencé. Ibrahim TRAORE et son gouvernement ont su, pour faire la guerre, se donner les moyens de la mobilisation et de l’équipement en matériels des forces combattantes, qui acculent chaque jour l’ennemi sur le terrain. Cela est le fruit d’une vision et le résultat d’un choix. Compter sur soi-même et pouvoir assumer sa souveraineté. Aidées par les volontaires pour la défense de la patrie (VDP), les forces de défense et de sécurité (FDS) engrangent des succès. Même si la victoire finale reste logiquement et impatiemment attendue par un peuple lassé par cette guerre lâche qui lui imposent ses ennemis.

Au plan politique et diplomatique, le Burkina Faso a su donner de la voix pour se faire entendre et respecter. Notamment par le partenaire historique et traditionnel de notre pays qu’était jusqu’alors la France. Mais dont la posture pour le moins ambivalente et l’attitude ambigüe dans son accompagnement pour la lutte contre le terrorisme ont fini par décevoir et la discréditer aux yeux des opinions publiques nationales sahéliennes. Il en a été de même, vis-à-vis de certaines organisations internationales comme le système des nations unies et régionales telles que la communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO).

Les dénonciations d’accords surannés et iniques avec l’ancien colonisateur français, la répudiation d’une représentante résidente de l’ONU au zèle assez marqué, la dénonciation d’un organisme sous régional déphasé et inopérant sont autant d’actes forts, qui témoignent de la farouche volonté des autorités de la transition et du peuple burkinabè, plus que jamais éveillé et conscient, de se libérer d’un certain nombre de jougs.

L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte…

Une nouvelle aire de partenariats géostratégiques a donc été ouverte. Sans complexe et sans exclusive, le pays des hommes intègres a décidé de se tourner vers qui il veut et de contracter avec qui bon lui semblera. Pour les besoins de la guerre contre le terrorisme, mais aussi et surtout pour les exigences de son développement futur, une fois la paix reconquise.

Cela, curieusement, ne semble pas du tout avoir été du goût de la France. D’où un certain nombre de tensions et de mesures d’ostracisme, injustifiées et injustifiables, de la part d’une nation qui se dit grande de par son histoire et qui se veut influente de par son poids diplomatique, contre des peuples longtemps proches culturellement et des pays jadis partenaires ; dont le seul crime a été d’exiger dorénavant davantage de considération et de respectabilité. Bref, les vieux amants se séparent toujours dans la douleur et les déchirements. Un de perdu mille de retrouvés fort heureusement. Lentement et patiemment, d’autres liens se tissent et d’autres amitiés se mettent en place. Comme l’Alliance des Etats sahéliens (AES), avec les pays voisins et frères du Mali et du Niger, avec lesquels le Burkina Faso est confronté et engagé dans la lutte contre l’hydre terroriste expansionniste.

L’arbre cependant ne doit pas cacher la forêt comme dit l’adage. Sans vouloir être pessimiste ni réducteur des mérites de cette transition en cours, menée de main surprenante et dont on se doit d’avouer que peu de personnes prêtaient au départ la capacité et la maestria aux jeunes officiers qui la dirigent, force est d’admettre l’évidence de quelques petits maillons faibles dans sa conduite. Ce dans le seul, noble et humble objectif de suggérer quelques conseils à qui de droit. A tout Seigneur, le sempiternel péché mignon de la Toute Puissance. On peut et on a le devoir citoyen de faire à Ibrahim TRAORE et aux hommes forts du MPSR 2, le reproche de la gouvernance par cooptation familiale ou amicale. Certes, faut-il faire confiance aux plus proches pour gérer certaines affaires délicates. Quand il s’agit toutefois des affaires publiques et du pouvoir d’Etat, la propension à s’entourer officiellement de personnes issues de la sphère biologique ou sociale immédiate est le plus souvent mal vue.

L’effet induit et pervers d’une pareille attitude, c’est la mise à l’écart de certaines compétences réelles existantes, qui auraient de toute évidence pu permettre de mieux adresser et gérer certaines questions ou situations. Par ailleurs, il n’y a pas de tare à être « jeunes », pleins d’énergie et débordants d’initiatives. Tout comme il n’y a aucun complexe à être plus âgés ou même « vieux », pétris d’expérience et imbus de sagesse. Ce sont tous des citoyens Burkinabè, dont la nation a besoin pour se construire et pour aller de l’avant. Le procès générationnel n’a donc véritablement pas lieu d’être. Bien au contraire, les bras vaillants au pouvoir doivent savoir compter sur la bienveillance de ceux et celles qui sont déjà passés par là, avec des fortunes soient-elles diverses. D’où la nécessité impérieuse d’une transition beaucoup plus ouverte et inclusive.

…ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort.

D’autres avant nous l’ont dit. Le Burkina Faso se trouve aujourd’hui plus que jamais à une croisée de chemins. Et l’échec n’est pas une option. Face à l’adversité, les Burkinabè de tous bords sociaux, politiques, confessionnels… ont le devoir impératif de s’unir et de se réunir. S’unir et se réunir pour d’abord et avant tout sauver la nation. Oui, il y en a qui sont plus exposés que d’autres. Oui, il y en a qui se montrent davantage engagés que d’autres.

Non, il n’y a pas de super Burkinabè et des Burkinabè de seconde zone. Non, il n’y a pas de facto de bons et de mauvais Burkinabè. Tant qu’un citoyen n’a pas été convaincu d’avoir ouvertement trahi ou agi contre la patrie, il ne saurait y avoir d’un côté des Burkinabè auto-proclamés nimbouidi ou patriotes et de l’autre des compatriotes étiquetés d’emblée apatrides. Ce manichéisme idéologique, cultivé et dangereusement entretenu par et dans la rue, risque de conduire à une fracture irréparable de l’unité nationale et de la cohésion sociale. Et cela est à craindre.

Il convient en toute circonstance pour le pouvoir de la transition, de travailler à renforcer, respecter et faire les institutions. Toutes les institutions de la république, dans leurs prérogatives et dans un esprit de complémentarité étatique. Plutôt que d’en stigmatiser quelques-unes à l’occasion, comme cela a été malheureusement le cas de la justice, dans la gestion chaotique du dossier dit de la guérisseuse de Komsilga. Il faut dépassionner les cœurs et désarmer les esprits. Non pas instrumentaliser l’ignorance d’aucuns et pousser la rue à la haine. Encore moins gouverner sous les injonctions de cette dernière.

Oui à la volonté du peuple, non à la vindicte populiste. Même dans un contexte de guerre et de crise sociale exacerbée, la préservation de certaines normes et libertés est sacrée. Elles relèvent de la garantie et incombent aux plus hautes autorités. Qui ne sauraient les bafouer, ni encore moins les indexer à une quelconque vendetta de la vox populi, par le truchement de certaines décisions, postures ou déclarations. Sont de celles-là les libertés de presse et d’expression. De même les droits humains, qui ne sauraient sous aucun prétexte pâtir de rapts et autres enlèvements, séquestrations et disparitions mystérieuses de citoyens, sous la férule d’hommes armés encagoulés.

Un an de transition rectifiée vient en tous les cas de s’écouler. Les avis sont partagés quant au bilan et les attentes demeurent grandes. Quels qu’aient pu être l’optimisme affiché et la candeur des délais projetés au départ, il est peu réaliste de penser que la guerre pouvait être gagnée en un temps record et la quiétude des populations rapidement restaurée, comme par un tour de baguette magique.

Lentement mais sûrement, si l’on en croit les échos de certaines sources sécuritaires concordantes, le contrôle de la situation est en train d’être repris. Pas encore au point de renvoyer les 2 millions et quelques personnes déplacées internes (PDI) demain matin dans leurs terroirs respectifs. Mais progressivement, la tendance est à l’inversion, si l’on en croit les déclarations gouvernementales sur le retour et la réinstallation récemment de plusieurs dizaines de milliers de populations dans leurs villages respectifs.

L’horizon semble s’éclaircir. Mais pas encore au point d’entrevoir le bout du tunnel et se projeter d’ores et déjà dans la précipitation vers certaines échéances importantes certes, mais de convenance moins urgente que le retour réel de la paix dans les plus larges proportions possibles du territoire national. De ce point de vue, les élections ne sont pas une fin en soi. Il est plus urgent de relire la feuille de route de la transition, pour rendre celle-ci plus ouverte et consensuelle.

Prendre en compte la réconciliation nationale et se donner le temps de réformes indispensables en vue d’une résorption et une sortie à terme, des dimensions multiformes qui ont pu conduire et plonger le Burkina Faso dans cette situation peu enviable depuis de longues années. Peu importe le temps mis pour guérir. Tant que le remède est bon, efficace pour soigner définitivement le mal. Bon vent donc au navire de la transition, conduit par le capitaine Ibrahim TRAORE. Paix au Burkina Faso. La patrie ou la mort, nous vaincrons !

Sidzabda Damien OUEDRAOGO

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