Actualités :: <I>Droits dans les yeux</I> : Pourquoi ce prêtre écrit-il de telles (...)

Je m’excuse auprès des lectrices et des lecteurs qui ne sont
pas catholiques, mais tous les hommes intègres et de bonne
volonté poursuivent les mêmes buts.

Nous sommes tous enfants de Dieu ; nous voulons tous le
bonheur de tous, et même les athés qui sont humanistes le
veulent. Donc je m’adresse à vous tous.

Je suis Père Balemans, prêtre, missionnaire. Je suis venu au
Burkina Faso en 1957 pour aider à construire un monde
nouveau, un monde de paix, d’amour, de justice, de vérité,
d’égalité, de solidarité, de prospérité, de confiance dans l’avenir,
de confiance en Dieu : ce que j’appelle le règne de Dieu.

Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la
vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice

(Bible).
Mais dans notre pays, presque la moitié des gens vivent dans la
pauvreté absolue et quelques uns sont archi-riches ; où est la
solidarité ? Les responsables luttent contre la pauvreté avec des
paroles, mais les pauvres ne font qu’augmenter en nombre et
en pourcentage : les pauvres sont impuissants mais Allah est le
protecteur ( Coran).

Les responsables du pays ne disent pas la vérité et les rapports
sur la corruption de ces mêmes responsables et leurs
subordonnés restent secrets, même si les citoyens, par leurs
impôts, payent la confection de ces rapports. Si le mensonge
suit le chemin, la vérité va se cacher dans la brousse (proverbe
mossi).

Même le président du Faso a ouvertement reconnu que dans la
justice, il y a des jugements inéquitables. Allah est le juste
(Coran).

Il y a des riches au Burkina, même des très riches, des riches
qui deviennent de plus en plus riches : malheur à vous les riches
car vous avez déjà votre consolation. Souviens-toi (le riche) que
tu as reçu ton bonheur durant ta vie et que tu souffres
maintenant pour toujours, et Lazare (le pauvre) a souffert sur
terre et trouve maintenant la consolation (Bible).

Il y a des situations qui empêchent que le Burkina avance, que
les pauvres du Burkina avancent. Ce sont surtout la corruption,
la justice inéquitable, l’impunité et le mensonge. C’est moi le
Seigneur, je dis ce qui est juste, j’annonce ce qui est droit
(Bible).

C’est révoltant : un papa m’explique qu’il n’a pas d’argent pour
envoyer ses deux filles à l’école. Il a bien envoyé ses deux
garçons à l’école, mais il peut envoyer seulement le meilleur de
ces deux élèves au collège. "Père, me confiait-il, j’aurais tant
aimé que tous mes enfants fassent au moins le BEPC".

"Je réagis, j’écris, j’accuse..."

Il y a une semaine, une femme m’expliquait que son enfant était
mort trois jours auparavant d’une crise de paludisme : elle
n’avait pas 1 250 F CFA pour payer les produits prescrits.

Au mois de juillet, je visitais une cour et le vieux me disait qu’il
leur manquait de la nourriture : "Pour les adultes, dit-il, ce n’est
pas si grave : nous pouvons tenir encore quelque temps avec un
repas tous les deux jours. Mais les petits pleurent, ils ont faim ;
nous ne pouvons préparer pour eux qu’une fois par jour. Ils
pleurent car ils pensent que nous avons de la nourriture mais
que nous ne voulons pas leur en donner. C’est ça qui est le plus
dur". Le soir arrivé à la maison, je lis qu’un préfet a détourné de
l’aide de nourriture.

Dans tous ces cas, le cœur me fait mal ; il m’arrive même d’être
en colère. Je réagis, j’écris, j’accuse, je dis la vérité, je donne
des noms.

Mais un prêtre ne doit pas se mettre en colère, n’est-ce pas ?
Dans un psaume je lis : "Rendent-ils des jugements équitables
 ? Non, consciemment ils commettent leurs crimes. Que Dieu
casse leurs dents dans la gueule, qu’ils soient comme le fœtus
avorté, qu’ils ne voient plus le soleil". Et Jésus dit aux
pharisiens : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens :
hypocrites, vous négligez ce qu’il est de plus grave dans la loi : la
justice, la miséricorde et la fidélité. Vous qui ressemblez à des
sépulcres blanchis, au-dehors, ils ont belle apparence, mais
au-dedans, ils sont pleins d’ossements de morts et d’impuretés
de toutes sortes".

Le prêtre catholique missionnaire écrit et tempête pour que le
règne de Dieu arrive, un règne d’amour et de justice, un règne
de prospérité, et ce prêtre pense surtout aux pauvres, aux faibles
aux sans-voix, et il pense aussi à ceux qui en sont
responsables. C’est pourquoi il écrit ainsi.

Luttons pour un avenir meilleur. Consommons et achetons les
produits burkinabè.

Bonne nouvelle : Le mensonge peut durer durant plusieurs
mandats mais la vérité est plus forte.

F .Balemans

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