Actualités :: Que reste-t-il de l’intégrité du Burkinabè ?

Les habitants du Burkina étaient jadis reconnus pour leur intégrité, leur sens de l’honneur et leur refus de la banalisation de la vie humaine. L’existence humaine était bâtie autour de valeurs. La valeur d’un Homme se mesurait par son degré d’intégrité.

Ce n’est pas pour rien que l’on peut encore entendre chez certaines personne l’assertion « mieux vaut la mort que la honte »(kuum soon yaandé en langue mooré). C’est sans doute aussi cette philosophie de la vie d’autrefois, que des hommes et des femmes de ce pays dans un passé par très lointain ont voulu imprimer, immortaliser en baptisant notre cher pays "Burkina Faso", pays des hommes intègres.

Mais que reste t-il de cet héritage ? Rien me diront certains et ce n’est pas faute de le dire. Ceux qui suivent la vie politique de notre pays se rappellent sans doute de cette phrase d’un acteur politique qui disait de la morale qu’elle agonise au Burkina. D’autres renchérissent en disant qu’elle est même morte. La "Lettre pour Laye" du vendredi 03/02/06 nous informe qu’on se prostitue maintenant même dans les cimetières...

De ce constat, deux autres questions viennent à nous : les Burkinabè sont-ils toujours intègres ? Méritent-ils ou portent-ils toujours le nom de leur pays ?

Au regard de certains comportements, l’on pourrait être tenter de répondre par la négative et même d’ajouter qu’ils ne veulent plus de cet héritage, qui à bien voir constitue aujourd’hui pour eux un poids.

Fort heureusement et malgré cette confusion générale de recherche de repères et de modèles, existent encore dans notre pays des hommes intègres, dotés d’un sens élevé de l’honneur, de civisme (pour être de mon temps). Il est important de le souligner.

Un volet sensible semble être occulté ou du moins peu discuté dans les différentes contributions sur la crise de moralité dans notre pays. Nous voulons parler de la pédophilie. Nous pensons qu’il est temps d’approfondir le débat, de briser les tabous, de le mettre sur la place publique afin que l’ampleur du crime soit reconnu et combattu à sa hauteur.

La pédophilie est un crime et doit être combattue avec fermeté d’autant plus que les victimes sont la frange de notre population démunie de tout moyen de se défendre, la plus vulnérable et naïve, nous parlons des enfants.

La pédophilie est le summum de la perversité humaine. Malheureusement, elle sévit dans nos villes et dans nos campagnes. Osons dénoncer le fléau.

Pour s’en convaincre, il suffit d’emprunter, pour ce qui est de la ville de Ouagadougou, sa plus célèbre avenue et ses différents bras, non pas à une heure tardive mais seulement autour de 19h-20h. Le spectacle est affligeant et très déshonorant pour notre pays. Des gamins et des gamines(pour la plupart) à peine le sevrage terminé, s’y pavanent, laissés à leur sort à la solde de ces individus sans scrupules, de ces criminels. Je me demande souvent si ce sont vraiment des enfants que l’on voit tant leur morphologie extérieure laisse penser à des bébés. On voit à peine leur tête. C’est tout de même pathétique et désolant.

C’est la première fois dans l’histoire de notre pays sans crainte de nous faire contredire que nous voyons se vendre nos enfants à ciel ouvert, au vu et au su de tout le monde.
Le mal est très avancé. Il touche même notre système éducatif et c’est là le drame. Ce n’est pas l’affaire dite Issa Semdé à Ouayouguiya qui viendra démontrer le contraire. Qui ne se rappelle pas de cet enseignant qui après avoir violé son élève (une enfant de CM) l’a ensuite aspergée de pétrole pour la brûler finalement. Et combien sont t-ils ces enseignants de cette race à se cacher toujours semant terreur et désolation dans notre pépinière ?

Mais lorsque l’on aborde les problèmes touchant l’éducation nationale, en particulier la pédophilie, il sied d’être extrêmement prudent dans les propos pour éviter tout amalgame. C’est l’occasion pour nous de saluer ici à sa juste valeur le travail abattu par la majorité de nos enseignants. Pour qui connaît les moyens mis à leur disposition et les efforts, les sacrifices qu’ils concèdent, ils doivent être traités avec respect et admiration. Vous êtes des héros même si la nation ne le dit pas haut et fort.

Ces braves enseignants que nous évoquons ci-dessus conviendront avec nous, qu’il existe au sein du corps enseignant (primaire, collège et lycée) des brebis galeuses. Ce sont ces individus sans foi et sans loi qu’il faut démasquer. Il faut que les langues se délient, il faut que les tabous tombent. Et Dieu seul sait combien sont-ils et combien de petites victimes innocentes passent entre leurs mains. Ces criminels n’ont ni leur place dans la société encore moins dans un milieu scolaire, ils salissent le métier. Leurs place c’est bien en prison loin de nos enfants.

Appel à Simon Compaoré

Il y’a encore une autre race de prédateurs qui sévit quotidiennement dans nos quartiers. Il s’agit de ces « tontons », honte à eux, qui n’ont d’autre préoccupation que de courir derrière les petites filles et petits garçons(peut être moins que les filles). Ces « tontons » toute honte bu cachent leurs jeu en appelant leurs victimes les « minettes » ou pire « chair fraîche ». Honte à vous pauvres messieurs !

Un sentiment de révolte et d’indignation nous animent car le phénomène est en passe d’être banalisé et nous craignons qu’il soit institutionnalisé. Qui n’a pas encore vu ces messieurs (ces pédophiles) remorquer leurs victimes(des fois de l’age de leur propre benjamine) arborer fièrement les ruelles de nos villes. Nous sommes inquiets car le phénomène devient de plus en plus un non évènement. La population devient de plus en plus lâche de sorte à être complice. Et que dire de ces parents souvent eux-mêmes complices directs du crime.

Il est temps d’agir. Agir c’est dénoncer, agir c’est briser les tabous, agir c’est contribuer à un épanouissement sain de nos enfants. Agir, c’est rendre le phénomène des « minettes » déshonorant pour ceux qui la pratique. Agir, c’est dire notre attachement à la vie et à l’espérance.

Il y a urgence que les pouvoirs publics reprennent la place qui est la leur car disons-le, il y a une démission criarde et complice de leur part. Le phénomène doit être pris à bras le corps sans complaisance et laxisme, et traité avec la plus grande fermeté afin d’endiguer le mal.

C’est pourquoi, nous invitons les ministres en charge de l’enfance(enseignement supérieur, enseignement de base, action sociale) à redoubler de vigilance, à faire de l’éradication de la pédophilie leur cheval de bataille.

Nous invitons également les premiers responsables de nos villes et plus particulièrement le maire de la ville de Ouagadougou à lutter sans ambages contre ce fléau, car il y va de l’image de sa ville et de ses habitants.

Nous invitons les parents à prendre leurs responsabilités vis à vis de leurs progénitures, nous les invitons à briser les tabous, d’oser en parler et surtout d’oser porter plainte afin de soulager un temps soi peu la conscience des enfants.

Nous invitons l’UNICEF à exercer sans relâche une pression (dans la limite de ses moyens) sur nos gouvernants au plus haut niveau afin que le phénomène soit reconnu et combattu à sa hauteur.

Nous invitons, pour finir, les associations d’aide à l’enfance en difficulté à s’engager d’avantage dans leur noble combat.

Le pire disait un de nos derniers intègres, ce n’est pas la méchanceté des gens mauvais mais le silence des gens bien.

Sidkièta Zabré

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