Actualités :: Burkina : Iterre Somé signe une ode pour le vivre-ensemble

Dans ce texte poétique dédié au Burkina Faso, Iterre Somé rappelle les valeurs ancestrales qui jadis contribuaient au vivre-ensemble au Burkina Faso. Il affirme sa désolation de voir le Burkina Faso aux prises avec le terrorisme avec son lot de personnes déplacées internes, mais aussi de suspicions basées sur la religion ou l’ethnie.

Ode pour une nation en péril

Mon cœur saigne !

Mon cœur saigne, face au désastre de désespoir qui s’est emparé de mon cher Faso.

Mon cœur saigne, car tout parait foutu.

Tout parait foutu, tant que des Burkinabè considèrent leurs propres frères et sœurs comme des ennemis mortels ; qu’ils peuvent se permettre d’égorger comme des bestiaux, sans le moindre remords ni état d’âme.

Tout parait foutu, tant que l’appartenance naturelle à une communauté ou une ethnie donnée fait d’emblée de toi un suspect sérieux, voire un coupable désigné pour la vindicte populaire.

Tout parait foutu, tant que l’on a tendance dorénavant à se méfier des croyants et adeptes d’une religion, considérée comme la matrice confessionnelle du mal.

Tout parait foutu, tant que le Mossi hait ouvertement le Peulh et vice-versa ; deux ethnies majoritaires qui se regardent désormais en véritables chiens de faïence, devant une mosaïque de peuples apeurés et désemparés.
Tout parait foutu, tant que le Bissa n’a subitement plus le cœur à taquiner et plaisanter avec son cousin Gourounsi.

Tout parait foutu, tant que les Sénoufos, Gouins et autres assimilés ne reconnaissent et ne respectent plus comme il se doit leurs maîtres Lobis-Dagara.

Tout parait foutu, tant que les Mossis peinent manifestement à protéger et défendre convenablement l’intégrité des terres de refuge qui leur ont jadis été prêtées par les Samos.

Tout parait foutu, tant que les Bobos ne raillent plus leurs Peulhs que du bout des lèvres ; pestiférés que semblent ces derniers devenus aux yeux de tous.
Tout parait foutu, tant que la mort d’un tout jeune soldat, tombé à la fleur de l’âge les armes à la main pour défendre la Patrie, devient un fait presque banal qui ne semble plus émouvoir grand monde.

Tout parait foutu, tant que la guerre contre le terrorisme et pour la survie de la Nation Burkinabè est perçue comme un simple conflit armé et une affaire donc des seules Forces de Défense et de Sécurité (FDS), aidées par les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP).

Tout parait foutu, tant que le sort de centaines de milliers de nos compatriotes, chassés de leurs villages, dépouillés du peu de biens qui leur appartenaient, parqués dans les périphéries et errant dans les rues des principales agglomérations, laisse quasiment indifférent.

Tout parait foutu, tant que nous continuons de nous maudire nous-mêmes, en tournant le dos à nos valeurs patrimoniales ; jetant ainsi aux oubliettes telles des reliques les traditions, héritages culturels et sociopolitiques de notre propre pays.

Tout parait foutu, tant que, humblement et collectivement, nous n’apprenons pas de notre passé sociétal commun et ne nous décidons pleinement à l’assumer.

Tout parait foutu, si nous comptons sur la bienveillante et salvatrice protection d’ancêtres que nous avons depuis longtemps reniés.

Tout parait foutu, si, cachés derrière les voiles poreux de péchés honteux et impardonnables que nous trimbalons chacun et tous, nous nous bernons de la magnanimité du sort et nous obstinons à croire en la seule bonté divine, pour nous tirer du gouffre dans lequel nous nous sommes mis.

Tout parait foutu, si nous plaçons notre espoir en quelconque autrui et pensons naïvement que quelqu’un viendra sauver le Burkina Faso à notre place.
Tout parait à jamais foutu, tant et si...

Une Patrie ça se défend.
Être Burkinabè ça se mérite !
La Patrie ou la mort, nous vaincrons.

Iterre SOME

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