Actualités :: La situation de Bobo nous inquiète tous

Après la démission du maire central de Bobo-Dioulasso, Célestin Koussoubé, des réactions continuent de nous parvenir. Dans le libre propos dont teneur suit, M. Moumouni Maïga s’inquiète de la situation dans la ville de Sya

Notre pays, le Burkina Faso, est réputé pour ses efforts inlassables dans l’édification d’une démocratie exemplaire et surtout dans la consolidation de la paix sociale que nous ont léguée nos ancêtres. La parenté à plaisanterie, le pardon, la tolérance et la vie saine en communauté sont des vertus cardinales jadis imprimées dans nos comportements et habitudes.

Ces valeurs humaines ont favorisé les mouvements des populations dans les différentes régions, sans conflit interethnique ni discrimination, à travers le Burkina. Les populations ont toujours cohabité pacifiquement et solidairement dans un mutuel respect.

Malheureusement, cette situation de stabilité semble être menacée avec l’avènement de la régionalisation et de la communalisation, exploité à dessein par certains hommes politiques profitant de I’ignorance des populations, d’où l’émergence progressive de l’ethnicisme et des régionalismes pernicieux.

Le grain de la xénophobie, du régionalisme et de l’ethnicisme sommeille en toute personne. L’agent principal de sa bonne germination est sans conteste l’homme politique plein de maladresse qui, devant l’incapacité d’accéder au poste de responsabilité politique,_ s’en sert pour assouvir ses intérêts personnels, au détriment des intérêts de la population.

L’enfer, ce n’est pas seulement les autres, c’est nous aussi, car ce qui est arrivé en Côte d’Ivoire, au Rwanda... a d’abord eu de vieilles prémisses non interprétées, non combattues à temps par l’ensemble des forces vives intelligentes de leurs nations : tel le magma d’un volcan, elles jaillissent et toute prévention devient inefficace, et c’est le désastre.

Le coup de force perpétré contre le maire central de Bobo, Célestin Koussoubé, et ses collègues d’arrondissement, ne doit laisser indifférente aucune personne soucieuse de la stabilité sociale, politique, culturelle et économique du Burkina Faso. Assurément, Koussoubé et ses collègues dérangeaient une certaine classe en perte de vitesse, détestée par la majorité de la population de Bobo qui attendait des élections transparentes et équitables pendant le choix des conseillers pour lui infliger une sanction exemplaire comme celui de 2000.

Koussoubé et ses collègues troublaient l’ordre par l’adhésion massive des populations à leur cause, car ils ont toujours placé le développement de Bobo au centre de leur principale préoccupation. La mairie de Bobo n’est-elle pas réhabilitée comme celle de Ouagadougou ?

Koussoubé et ses collègues, partisans de la paix et de la non-violence, soutenus par des milliers de fidèles, ont voulu simplement partir pour épargner Bobo des troubles fratricides inutiles qui pourraient survenir suite à la défaite présumée du trio homonyme de ladite ville.

Koussoubé a vu le côté humain de la politique ; c’est une hauteur d’esprit, c’est une grandeur exceptionnelle d’homme. L’interview du secrétaire provincial du Houet, dans "Le Pays" n°3545 du lundi 23/01/2006, confirme la jalousie et l’existence de clan contre Koussoubé quand il affirme délibérément que la mairie de Bobo est devenue la deuxième maison du Nayala pour Koussoubé.

Dans la même interview, il déclare que le commissaire politique régional a tenu plusieurs réunions... avec tous les clans. Comment un responsable politique peut-il admettre l’existence de clans dans son parti ?

Cela confirme l’esprit qui les anime. Aussi, comment voulez-vous que les premiers responsables du CDP Bobo se contredisent le plus criardement possible, d’un côté en déclarant que le premier responsable politique du parti au niveau de la région est venu pour remonter le moral des militants quand bien même ce même commissaire régional déclare dans L’Observateur N° 6557 du 16 janvier 2006 que « la démission de Célestin est un fait banal », et de l’autre, minimiser les démissions en déclarant que le départ du clan Koussoubé nous galvanise.

Ce même commissaire régional, voulant s’approprier les faits historiques de cohésion sociale, déclare que Djibril Vinama en passant par Dominique Kaboré a fait du travail remarquable. Il oublie que ce n’était pas à son époque et il n’était pas aux commandes.

C’est pour cette symbiose d’antan que Koussoubé et les braves militants se battent. Nous laissons le soin aux lecteurs de juger des propos des premiers responsables politiques de Bobo. A notre entendement, dans un parti, il y a des courants, différentes visions et non des clans.

Le bon sens recommanderait aux responsables politiques la sagesse, la tolérance, l’acceptation de la différence, même si vous n’êtes pas du même parti, et plus encore pour les anciens camarades. Notre étonnement fut grand quand le premier responsable du parti dans la province du Houet descend aussi bas en déclarant avoir reçu 17 notifications de démissions sans que parmi ces démissionnaires il y ait aucun responsable digne de ce nom.

Quelle myopie politique ! Koussoubé, maire central de la deuxième ville du Burkina, Pitroipa, maire de Konsa, Souleymane Sanou, maire de Dafra, et de très nombreux militants consciencieux sont devenus subitement irresponsables pour avoir dénoncé le clanisme, système très prisé et aimé par Salia Sanou.

Au niveau du Centre, du Nord et du Sahel, une prévention contre les dérives politiques liées à l’ethnicisme et au régionalisme est nécessaire pour préserver la paix, la cohésion sociale, l’épanouissement individuel et collectif dans notre pays.

Koussoubé et ses collègues ont pu, grâce à un courage de lion et à leur clairvoyance politique, trouver un refuge honorable ; pour mémoire, Zorome Kogda, paix à son âme, battu et humilié, serait mort suite à ses blessures dans une province voisine du Yatenga, parce qu’il était d’un autre parti et qu’il venait d’une autre province bien que ce soit dans la même région du Nord ; un Gourmatché, parfaitement intégré et accepté par la population, mais vomi par les ténors de son mégaparti, vit dans la peur parce qu’il est d’une région autre que le Sahel.

Nous invitons les organisations de la société civile, les partis politiques et surtout la presse _ que nous félicitons pour ses efforts déjà déployés dans le sens d’une régionalisation dépouillée de tout esprit de discrimination, d’ethnicisme et de régionalisme nocif qui pourrait étouffer les fondements d’un développement endogène dans nos cités, à plus de vigilance.

Fait à Ouagadougou, le 23 janvier 2006 Maïga Moumouni

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