Actualités :: Migration politique : "Un comportement hybride et pernicieux"

Le député Mahama Sawadogo passe au crible le
comportement de certains hommes politiques. Il évoque
notamment les causes des migrations, internes et externes au
parti originel du migrant.

La migration politique, appelée nomadisme ou transhumance
politique, est un phénomène fréquent dans la vie politique
burkinabè. Les moments favorables à cette migration sont les
contextes de crises politiques et les périodes électorales (pré et
post-électorale).

Les migrants, en quittant une formation politique pour une
autre, entendent trouver dans leur lieu d’accueil de meilleures
conditions pour leur épanouissement politique.
En général, les causes de la migration politique sont diverses
et découlent principalement de deux sources, interne et externe
au parti originel du migrant.

Les sources internes sont le mauvais fonctionnement
organisationnel du parti et l’accomplissement non satisfaisant
de certaines de ses fonctions.

En effet, un parti où on note
l’absence d’un minimum de démocratie interne entretiendra en
permanence un climat favorable à la migration politique. Par
ailleurs, si certaines fonctions, notamment celles relatives à la
production d’idées (débats idéologique et politique) et au
recrutement politique (sélection du personnel politique :
responsables, candidats aux élections) ne sont pas
accomplies, les risques de migration de militants vers d’autres
partis sont certains.

Si dans un parti, les insuffisances précédemment relevées
existent, elles entraîneront tôt ou tard des migrations plus ou
moins importantes de militants qui, au plan éthique, pourront
être considérées comme vertueuses dans la mesure où
lesdites migrations sont légitimes.
Les causes externes au parti sont de deux ordres : l’un relevant
des militants migrants, l’autre de l’environnement extérieur.

Les migrants en quittant leur parti originel peuvent être mus par
des ambitions personnelles étrangères aux insuffisances du
parti évoquées tantôt. Ils peuvent le faire par impatience ou par
manque de discipline. Dans un tel cas de figure, les migrations
peuvent être considérées au plan éthique comme non
vertueuses et politiquement condamnables.
Les migrants politiques peuvent avoir été influencés par
l’environnement extérieur.

En effet, la compétition entre
formations politiques peut, dans certaines situations, favoriser
la migration de militants insatisfaits d’une manière ou d’une
autre dans leur parti originel. Par ailleurs, certaines contraintes
de la loi électorale, notamment la non possibilité de
candidatures indépendantes, contraignent des militants à faire
des migrations politiquement justifiées mais idéologiquement
contestables.

Les conséquences de la migration politique sont de deux
ordres. D’abord ces migrations peuvent avoir des incidences
positives comme négatives aussi bien au niveau du parti
originel des migrants, qu’à celui de leur parti d’accueil, ainsi
qu’au niveau même des migrants. C’est là une affirmation mais
qui pourrait être confirmée par une investigation de certains cas
de migration.

Eviter les "dérapages ethno-régionalistes"

Ensuite, la deuxième conséquence, la plus sérieuse, est
enregistrée lorsque la migration concerne des élus. En effet,
dans ce cas de figure elle intervient comme un élément
désorganisateur voire déstabilisateur des organes élus de la
République ( organes législatifs et délibérants).

Alors tout compte fait, la question qu’on doit naturellement se
poser est celle de savoir si au fond la migration politique
constitue un problème ou une solution à un problème. Si l’on
considère les incidences négatives, surtout celles qui affectent
les structures élues de la République, la migration est
manifestement un problème posé et à résoudre.

En revanche, si
l’on tient compte du fait que la migration permet à des militants
de s’affranchir du joug de certaines pratiques partisanes, alors
elle constitue une solution à un problème.
Au total, la migration est un comportement politique de nature
hybride, donc pernicieux.

Il conviendrait donc d’ oeuvrer de
manière à diminuer ses conséquences négatives. Son
interdiction ou sa régulation autoritaire pourraient être
préjudiciables à la démocratie. En revanche, une amélioration
du fonctionnement organisationnel des partis, conjuguée à une
rationalisation des modalités de recrutement politique, ainsi que
l’adoption d’un code de conduite des partis pourront y contribuer.

Ceci pour dire que les souhaits exprimés de voir certaines
autorités intervenir pour réguler le mouvement migratoire actuel
pourraient se comprendre mais demeurent tout de même
inappropriés voire nocifs du point de vue de l’expression
démocratique. Toutefois, des dispositions devraient être prises
pour éviter les dérapages ethno-régionalistes.

Mahama SAWADOGO,
Député

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