Actualités :: Drame de Sapouy : Du respect pour la mémoire de Norbert Zongo (...)

Cela fait sept ans, jour pour jour (13 décembre 1998 - 13 décembre 2005), que notre aîné, ami et confrère Norbert Zongo Alias Henri Sebgo et ses compagnons de route ont été assassinés dans des conditions inhumaines à Sapouy. Un acte ignoble orchestré et exécuté par des prédateurs de la liberté d’expression et de la presse.

Au moment des faits, le peuple bukinabè, horrifié par cette « chienlit », a exprimé sa désapprobation et son indignation de façon spontanée à travers une manifestation historique. Un mouvement populaire canalisé par un regroupement d’organisations de la société civile et politique.

Baptisé Collectif des organisations démocratiques de masse et des partis politiques (CODMPP) ; ce mouvement, au regard de son caractère funéraire et de manifestation populaire de deuil, a bénéficié de l’autorité en charge des libertés individuelles et collectives de notre pays d’un statut de « hors la loi » pendant des années pour protester contre et condamner cette barbarie criminelle. Quoi de plus normal.

Personne, encore moins plus l’autorité, ne pouvait empêcher à l’époque le peuple burkinabé, un peuple attaché à la liberté, d’extérioriser son indignation et de pleurer la fin tragique d’un fils intègre ; l’intrépide défenseur du droit d’informer et de penser que fut Norbert Zongo.

Il faut l’avouer : le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques a fait oeuvre utile par sa détermination et sa constance dans la lutte pour rendre justice à un journaliste sacrifié sous l’autel des intérêts inavoués.

Pour la justesse de la lutte, les médias privés et publics ont, dans un élan solidaire et confraternel, donné à ce mouvement un engagement à la hauteur d’un sacerdoce. Les journalistes ont souvent bafoué les règles d’éthique et de déontologie de leur profession pour accompagner le collectif dans son combat depuis l’assassinat de leur confrère.

Le Collectif a le mérite d’avoir contribué à l’éveil de la conscience collective et nationale autour de l’affaire Norbert Zongo

En tout cas, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, présidé par Halidou Ouédraogo, a le mérite d’avoir contribué à l’éveil de la conscience collective et nationale des Burkinabé autour de l’affaire Norbert Zongo.

La Commission d’enquête indépendante sur son assassinat (CEI), les réformes politiques et institutionnelles, la journée nationale de pardon et les assises criminelles de la justice militaire sont autant de faits à mettre à l’actif des luttes et revendications du CODMPP ; mais ces faits tiennent aussi à une volonté politique des autorités du Burkina Faso d’élucider les circonstances de la mort de ce défenseur de la démocratie universelle.

Les plus hautes autorités de notre pays ont voulu, par ces actions audacieuses, apaiser les cœurs meurtris des fils et filles de notre pays dans l’attente d’une décision définitive de la justice sur le dossier Norbert Zongo, en cours d’instruction.

Cependant, au fil des années, le Collectif, tout puissant de l’engagement à ses côtés des hommes de médias, de la société civile, du peuple burkinabè et de la communauté internationale, s’est illustré progressivement sur le terrain en une organisation douteuse et suspecte.

Et cela avec la « bénédiction » de l’autorité nationale chargée des libertés collectives et politiques. Outre les revendications de départ de vérité et de justice sur l’affaire Norbert Zongo, des revendications d’ordre syndicales, politiques, judiciaires, économiques et sociales sont insidieusement introduites dans ses différentes lettres circulaires en toute impunité.

Pire, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, tout au long de sa croisade contre l’ordre établi, s’est érigé contre la liberté d’expression et le droit de penser. Des confrères dans l’exercice de leur métier ont été traduits devant les juridictions par le président du CODMPP et de surcroît président du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP). Impensable !

Les médias qui ont voulu demeurer dans les normes professionnelles de leur métier d’informer ont reçu aussi des invectives des puissants dirigeants du CODMPP, les qualifiant de médias à la solde des « pouvoirs assassins ».

Pourtant, ils n’ont fait que leur devoir en rappelant à notre collectif sa dérive subversive, dictatoriale et antidémocratique. Au temps fort de la lutte, toute analyse ou commentaire journalistique contraire à « l’idéologie » du CODMPP est sanctionnée par un « diafoul » à chacune des sorties de l’organisation du grand frère Halidou Ouédraogo.

Le Journal du Jeudi, l’Observateur paalga, Sidwaya, l’Opinion, "Le Pays", l’Hebdo du Burkina et bien d’autres confrères n’oublieront pas de si tôt les diatribes des maîtres à penser du puissant Collectif. Toute chose contraire à l’esprit de liberté et d’indépendance de feu Norbert Zongo.

Par son manque de lucidité et de responsabilité, le Collectif s’est vidé de sa motivation première pour se proclamer observatoire de la presse nationale par une tentative de caporaliser les journalistes et une invasion des salles de rédaction.

II convient de rendre un hommage à David Sanhouidi pour ses bons et loyaux services rendus à "L’Indépendant" et à la nation entière

Nous avons été témoins des manœuvres dilatoires d’infiltrer le journal "L’Indépendant" dont la parution régulière est maintenue grâce au courage et à la persévérance des collègues, confrères et amis de Norbert Zongo après son assassinat. Une infiltration pour imposer un diktat éditorial au journal.

De grâce, du respect pour la mémoire de Norbert Zongo. Mais ce rouleau compresseur pour une information à sens unique n’a pas eu droit au chapitre sous la direction de feu David Sanhouidi,directeur de publication de "l’Indépendant" de décembre 1998 à mai 2001. David a montré à l’occasion qu’il était l’héritier légitime du patrimoine intellectuel du défunt journaliste assassiné. Cela n’étonne pas : ce jeune confrère a été forgé par Norbert Zongo.

Il fut celui là-même qui a reçu de Norbert une panoplie de techniques d’investigation journalistique et un enseignement pointu sur l’éthique et la déontologie du métier de journaliste. Par conséquent, David Sanhouidi a refusé que son journal, "L’Indépendant", ouvre ses colonnes pour assouvir des intérêts personnels.

Il s’est battu pour que l’unique oeuvre qui perpétue la mémoire de son prédécesseur demeure sérieux et critique à l’égard des maux qui minent notre société. Ce combattant pour l’indépendance de la presse a refusé, sous sa direction, que "L’Indépendant" pratique un journalisme aveuglément contestataire. Ce qui est contraire à sa vision du métier de journaliste dans une démocratie émergente comme la nôtre.

En tout cas, nous avons vécu à la Société des éditeurs de la presse privée (SEP) et à "L’Indépendant", les pressions et tractations qui ont précédé la démission de David Sanhouidi de la direction du journal. Notre ami et confrère a préféré la liberté, l’indépendance avec ses conditions rudes de travail à l’opulence dans la « prostitution ». Plus tard, après la création de son propre journal, « les Echos », il nous confiait qu’il souffrait de malaises cardiaques.

Et qu’en plus des pressions diverses qu’il subissait, il était souhaitable pour lui de s’écarter de "L’Indépendant". A sa mort le 11 septembre 2003, des suites de son malaise, nous avons compris le sens de sa démission. Les grands hommes sont visionnaires !

David Sanhouidi a tout courageusement évité de succomber dans le fauteuil directorial de "L’Indépendant, afin d’éviter au peuple burkinabé une succession d’effervescences sociales inutiles et surtout que sa mort ne serve d’alibi à la mise en oeuvre de projets indécents. Tout comme son aîné Norbert Zongo, David s’en est allé en observant un sens élevé du patriotisme.

Il est de bon ton qu’à la commémoration du 7e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons qu’on rende un hommage à David pour ses bons et loyaux services rendus à "L’Indépendant et à la nation entière.

Avec le recul, nous pouvons affirmer sans ambages que David Sanhouidi a honoré la mémoire de Norbert Zongo en respectant le journal qu’il a créé. Tenez : quelques semaines après sa démission, "L’Indépendant", pour la première fois depuis sa création, s’en est pris vertement au quotidien « Sidwaya » et aux confrères de Norbert Zongo qui y sont restés après qu’il est allé créer sa propre publication.

Dans sa livraison du mardi 15 mai 2001, le journal écrit : « Sidwaya, notre confrère, fait fi des règles élémentaires du journalisme (...) Kantigui caresse un rêve, celui de voir un jour "L ’Indépendant" s’effacer du paysage médiatique du Burkina, mais ce sont ceux qui ne connaissent pas Kantigui qui s’émeuvent de ce qu’il raconte sur "L ’Indépendant".

Kantigui, on le sait, n’est pas un journaliste. C’est son habitude de fantasmer à chaque fois que la moindre occasion se présente sur notre publication qui lui donne apparemment des insomnies... ».

Qu’est-ce qui a pu pousser ce journal respectable à descendre si bas et à traiter de la sorte les amis et confrères de Norbert Zongo Si ce n’est une pression de puissances invisiblement visibles.

Il est temps que le Collectif cesse de s’agiter et s’efface de l’arène politique

Honnêtement la presse indépendante a connu un sale temps sous l’emprise du CODMPP. Chers confrères de "L’Indépendant", vous n’avez pas démérité. Nous sommes de corps, d’esprit et de cœur avec vous pour l’engagement pris à poursuivre l’œuvre de Norbert Zongo depuis son assassinat le 13 décembre 1998.

Sept ans après, l’imprévisible Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques a annoncé encore à la veille de ce triste anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo des journées chaudes sur toute l’étendue du territoire.

Au moment où, franchement, le peuple entend marquer ce douloureux anniversaire par le recueillement et des prières pour le repos de l’âme de Norbert Zongo et des ses compagnons. A la vérité, la commémoration de cet anniversaire par des manifestations illégales des premières heures replonge encore la famille, les amis et les confrères du défunt dans une prostration profonde de nature à les affecter.

Pour toutes ces raisons, nous pensons qu’il est temps pour le collectif de cesser ces agitations et de s’effacer de l’arène politique nationale. Dans le cas contraire, que le président Halidou Ouédraogo définisse clairement les orientations de son organisation conformément aux textes en vigueur qui régissent les libertés collectives et politiques de notre pays.

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Salifou Ouédraogo (racinesburkina@yahoo.fr)
L’Observateur

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