Actualités :: <I>Droit dans les yeux</I> : Drôle de liberté !

Au Burkina, il n’y a pas beaucoup de choses qui marchent bien, mais en tout
cas il y a la liberté. Dans les cabarets, on peut dire ce qu’on veut sur la
politique, sur les politiciens surtout.Mais cela n’est pas le cas dans tout le
pays. Cependant, dans les journaux, on peut lire des critiques, même sur des
personnes haut placées.

Mon expérience personnelle me montre que cette liberté existe mais il me
semble qu’elle est quand même un peu relative. Je suis depuis quatre ans
dans un réseau Justice et Paix. Durant quatre ans, j’ai cherché des
personnes pour m’informer sur certaines irrégularités, disons, sur des cas de
corruption. Personne n’ose m’aider.

J’ai trouvé un seul jeune lycéen qui a cherché trois copains ; ils ont fait
plusieurs enquêtes sur les actes des policiers municipaux de Ouagadougou
qui arrêtent les gens quand ils "brûlent le feu rouge" et arrondissent leurs fins
de mois par cette activité.

Après deux ans, mon lycéen m’a dit qu’il ne pouvait
plus faire ce travail car ses copains étaient partis pour d’autres villes pour
continuer leurs études. Je lui proposais de chercher d’autres élèves ; il me rit
au nez : " Mon Père, j’ai eu de la veine d’avoir trouvé trois copains mais
personne n’ose se lancer dans ce genre de travail". Lui-même est parti
maintenant au Canada pour ses études.

J’ai fait faire une enquête à l’hôpital Yalgado sur la garde dans les urgences
de 19h à 20h .
J’ai envoyé le résultat de cette enquête à la direction et j’ai eu droit à une
réponse de la directrice générale, Mme Christine Naré/Ouédraogo.
Naturellement, cette sorte d’enquête ne plaît pas si elle révèle beaucoup de
négligences dans la réception des cas d’urgence.

La directrice souligne surtout que je n’avais pas une autorisation
administrative et que j’avais travaillé illégalement. Une drôle de liberté. Je
voudrais bien savoir quelle loi défend de garder secret ce qui se passe dans
un service public et de s’entretenir avec le personnel. En plus, est-ce qu’on va
demander à un voleur la permission de l’observer durant ses vols ?

J’ai voulu distribuer des tracts pour demander aux électeurs de voter nul pour
que la politique dans notre pays change.
Le tract incitait à voter nul, ce qui est tout à fait légal. Distribuer des tracts est
aussi légal. J’ai choisi quatre villes : Ouagadougou, Bobo Dioulasso,
Koudougou, Kaya. J’ai dû abandonner ce projet car je n’ai trouvé personne :
tout le monde avait peur. Une drôle de liberté.

J’ai trouvé plusieurs cas de
corruption où des personnes étaient lésées mais jamais une personne n’a
voulu que j’attaque cette corruption par peur de représailles. Une drôle de
liberté. La radio nationale a refusé mon communiqué sur le vote nul, trop
dangereux pour eux. Une drôle de liberté. Un directeur de journal m’a dit que
faire distribuer des tracts pour demander de voter nul était légal mais très
dangereux. Une drôle de liberté.

Il est vrai, beaucoup d’articles dans les
journaux critiquent certains événements politiques et certaines personnes
haut placées mais j’ai remarqué qu’il s’agit de quelques dizaines de
personnes seulement. Les chiens aboient et la caravane passe ! Mais est-ce
qu’on admet que des millions de personnes protestent ?

Pas la peine
d’organiser une manifestation d’une masse populaire pour dire qu’il faut que
ça change parce que personne n’ose participer à cette manifestation, à
supposer qu’on obtienne une autorisation. Drôle de liberté.
Oui, il y a une certaine liberté au Burkina mais il faut quand même nuancer
cette affirmation. Continuons à aider notre pays : consommons et utilisons les
produits burkinabè.

Le ridicule ne tue pas : Dans Sidwaya du 31 août 2005, le sondage du CDG
consacre la pensée politique de l’actuel président à 69,6%. Mais son
programme (sa pensée politique) n’était même pas sorti.
Bonne nouvelle : La Zambie récupère deux immeubles à Bruxelles achetés
par un corrupteur avec l’argent de l’Etat pour une valeur de quatre milliards
de francs CFA

F. Balemans
BP 332 Koudougou

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