Actualités :: Présidentielle 2005 : Adresse d’un chef coutumier aux Burkinabè

Peuple du Burkina Faso, à la veille de l’élection Présidentielle et avec la campagne qui vient de démarrer, permettez-moi de m’adresser à vous, particulièrement à la frange jeune. Jeunes du Burkina, pour savoir ou on part, il faut savoir d’où on vient.

Il ne faut pas renier votre passé au nom d’une quelconque civilisation. Notre pays est un pays noble et ses habitants ont toujours été intégrés, travailleurs et honnêtes. Vous devez songer à être un peuple plein de vigueur, qui a confiance les uns aux autres comme nos Ancêtres.

De nos jours, on constate que cette confiance n’est pas perdue puisqu’il y a l’amour, la compréhension et le soutien des ancêtres et de Dieu. C’est cela aussi le Burkina Faso, la volonté de vivre ensemble en respectant, chacun selon son appartenance ethnique, sociale et surtout religieuse. Chez nous, il y a une liberté totale pour toutes les religions. Il faut que les gens comprennent qu’en fait, il n’y a qu’un seul être suprême. Qu’on l’appelle Wendé, Jéhovah, Dieu ou Allah... il est UNIQUE.

C’est nous les hommes qui avons du mal à nous comprendre, mais lui, nous attend. « Quand tu adores une statue, tu vois le bois, mais le génie qui est dedans, tu ne le vois pas. De même, tu vois bien le ciel, mais celui qui est là-dessus, personne ne l’a jamais vu ». Il faut réfléchir à cette image. Jeunesse Burkinabé, les vivants que nous sommes, n’avançons que sur le pont des morts. Notre pays qui est envié à l’extérieur n’a pas toujours été ce qu’il est.

Nous devons rendre hommage à nos vaillants anciens qui ont à jamais, gravé leur nom dans les annales de notre mémoire et qui ont édifié les fondations solides qui assurent la continuité du pays et constituent les ressorts de l’action de la génération nouvelle. Je pense ainsi aux regrettés majestés Naaba Koutou, Naaba Sanaam, Naaba Wobgbo, Naaba Sigri, Naaba Koom, Naaba Saaga, Naaba Kougri ; je n’oublie pas aussi les autres chefs coutumiers de Bobo-Dioulasso, de Fada, Orodara, Gaoua, Samorogouan, Banfora, Barani. Tous ceux qui, main dans la main, ont, au nom de la tradition, permis à ce pays d’exister.

Il faut que chaque communauté ethnique cherche à comprendre les coutumes de chez elle. Pour cela, le respect des anciens est primordiale. De 1919 (date de la création de la colonie de Haute-Volta) à aujourd’hui, le chemin a été long et nombre de nos ancêtres ont marqué cet itinéraire de la pourpre cardinale de leur sang. Nous devons être attentif à l’appel des morts qui nous interpellent pour qu’ils ne soient pas mort pour rien.

Nous ne devons pas oublier ces pionniers qui ont fait le bon combat et qui nous ont permis d’être ce que nous sommes devenus ; c’est-à-dire des hommes libres, des hommes responsables de leur destin.

La colonisation nous a laissés des Etats fragiles, avec des groupes nationaux divers. Notre souci à tous, c’est de transformer ces Etats en Nations. Chose qui n’est pas du tout facile.

C’est une épreuve de longue haleine. Même en Europe cela a nécessité des siècles. Et même là-bas aussi, tout n’est pas toujours parfait.

Nous devons ensemble travailler à notre unité. Il ne faut pas brûler les étapes. Il faut savoir patienter. D’autre part, nous devons rendre hommage à la France, notre alliée de toujours avec laquelle nos ancêtres ont signé des traités. Vaillant peuple du Burkina, notre pays qui était jadis la risée de tout le monde, est en train de surprendre aujourd’hui.

Le Burkina Faso est constamment cité comme un exemple de développement malgré le peu de moyen qu’il dispose. Nous pouvons encore étonner le monde entier à condition de rester souder et solidaire tout en mettant à l’esprit que seul le respect des anciens et des coutumes conduit à une meilleure entente, synonyme de respect de ceux qui nous gouvernent. Celui qui aime son pays doit se battre pour son bien-être.

Pour cela, il faut respecter nos autorités. Seul un célibataire n’est pas un chef. Celui qui est marié doit se considérer comme chef du moment qu’il a en charge une famille qu’il doit gouverner. Imaginer un instant qu’en tant que chef de famille, votre femme et vos enfants vous manquent de respect, qu’adviendra alors votre foyer ? C’est la même chose avec l’autorité. Le chef, c’est Dieu qui le choisit parmi tant d’autres. Lui manquer de respect, c’est offenser Dieu. Voilà ce que notre jeunesse doit comprendre.

« Chaque sabre correspond à un étui ». Retournons à nos valeurs ancestrales, respectons nous selon la dignité de chacun. La perfection n’est pas de ce monde et sachez que celui qui voilera les défauts des autres, Dieu voilera les siens.

Le silence est plus profitable que l’abondance de paroles.

Notre pays n’a pas fini d’étonner. Soyons unis et continuons de travailler avec ardeur et abnégation ;

Richesse et pauvreté sont comme le flux et le reflux de l’océan. Vive le Burkina Faso dans l’amour et le respect mutuel.

La répétition est pédagogique, je ne me lasserai donc jamais de m’adresser au peuple tant que l’occasion se présentera pour lui rappeler de ne pas laisser tomber les coutumes et la tradition, de s’unir autour d’un même idéal : le devenir du Burkina et du Burkina seul.

Seydou SEDOGO,
Ponsoum Naaba Koom de Yorghin
(département de Zam, Province du Ganzourgou)
habitant à Bobo-Dioulasso
CEL : 76-69-67-69

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