Actualités :: Burkina Faso : Roch et Zéph pour gouverner, pas de paradoxe politique

Le Président Roch Marc Christian Kaboré et Zéphirin Diabré, ancien Chef de File de l’Opposition Politique au Burkina Faso (CFOP/BF) se sont retrouvés pour gouverner ensemble le pays à l’annonce du nouveau Gouvernement après l’élection du 22 novembre 2020. Le premier a fait appel au second avec lequel, il a collaboré dans l’Opposition en 2014 pour réaliser l’insurrection des 30 et 31 octobre et permettre l’alternance qui lui a souri en fin de compte comme Président du Faso.

Pour réaliser cette insurrection, les clochers idéologiques étaient inutiles, voire nuisibles, s’ils devaient être pris en compte. Cela participait du style managérial politique de Diabré, alors Chef de l’Opposition et des insurgés.

En rappel, certains partenaires potentiels qu’il avait approchés en son temps pour la lutte avaient récusé l’offre sur des présupposés idéologiques obsolètes. Ce n’est qu’au lendemain de la victoire du MPP à l’élection de novembre 2015 que son maître penseur du temps, Monsieur feu Salif Diallo a annoncé par les médias que son parti avait obtenu une majorité confortable de Gauche pour gouverner.

Alors, l’UPC et Diabré n’étant pas de Gauche, avaient compris. Ils ont aussi compris que la lutte a été commune mais que la victoire ne l’est pas. Dès lors, il ne restait plus que l’Opposition à Diabré et à son parti qui ont rempilé en dépit d’une minorité de cadres qui n’avaient d’yeux que la soupe du MPP. Ils ont d’ailleurs fini par y aller d’une manière ou d’une autre. A cette Opposition, cette fois-ci, le CDP y avait adhéré. Une Opposition que Zéphirin a encore assurée dans un esprit démocratique et républicain, toujours avec le savant management des organisations qu’on doit lui reconnaitre.

En 2020, après cinq ans d’opposition, Diabre et l’UPC qui s’attendaient à mieux à l’issue des élections couplées, glissent à la troisième position des forces politiques du pays. Zéphirin s’est battu pour ce peuple qui a préféré pour la seconde fois, le Président Roch à lui. Il en a tiré toutes les conséquences. Il s’est battu pour l’alternance, le peuple l’a suivi, il s’est battu depuis 10 ans pour le changement, sur ce point, le peuple ne l’a pas suivi ou du moins pas comme il l’aurait souhaité : faire de lui le président du Faso pour lui permettre d’expérimenter son projet alternatif de gestion du pays dont plusieurs analystes avisés estiment être le meilleur de tous.

Il faut le dire, le peuple burkinabè a préféré voter du côté de l’argent. Le vote s’est passé devant toute l’opinion nationale et internationale. Ce n’est pas seulement la qualité de la gouvernance de Roch qui l’a fait réélire, l’argent y a été surtout pour beaucoup. Les institutions qualifiées en la matière l’ont validé.

Par ce vote, le peuple a ramené les mêmes d’hier aux avant-postes de notre destinée politique nationale, le MPP et sa souche, le CDP. Diabré a assumé ce vote comme le peuple l’a voulu et s’est assumé. La patience est un chemin d’or dit-on mais la patience sans stratégie n’est même pas un chemin de charbon, surtout pas de charbon fin.

Le chantier politique de Zéphirin lui coûte des milliards. Il ne paie pas cela d’une cotisation ou d’une tontine du peuple. Dans son projet de société, la Réconciliation est un des points essentiels pour la relance de la nation ; et notre vivre-ensemble y passe avant tout. Le Président Roch connaissant l’homme et sachant de quoi il est capable, lui aussi qui compte réconcilier les Burkinabè sur son dernier mandat, lui a fait appel.

Diabré, sur la base de sa haute considération pour une nation burkinabè forte, a accepté. C’est l’une des missions les plus éminentes du projet de Président du Faso pour son dernier mandat. Aussi, veut-il donner une autre performance à sa gouvernance du pays pour, et, pourquoi pas, rentrer dans l’histoire.

Ce n’est pas avec des pieds cassés politiques qu’il le réussira, encore moins avec des critiques de quelques voyeurs décontenancés de l’espoir d’une opposition insurrectionniste dont le leader serait de type Zéph, qu’ils trahiront d’ailleurs encore le lendemain. Cela est peine perdu. Du Zéph pour des nostalgiques d’une imminente et permanente insurrection, c’est perdu.

Les critiques isolées de quelques larmoyants analystes ou internautes aux points de vue grincheux, malingres et voutés n’y pourront rien. Il n’y a rien à redire, les militants de l’UPC ont donné quitus à Diabré de lever le camp.

Il est illogique de vouloir d’une nation qui est sur des pans de déchirures historiques et actuelles, réconciliée, et ramener à ramer à contre-courant, à moins d’avoir son agenda funeste pour le pays.

En politique, il n’y a jamais d’ami éternel, il n’y a jamais d’adversaire éternel. C’est une grande leçon de Zéph.

Dr Désiré Boniface SOME
Enseignant-chercheur à l’Université Joseph KI-ZERBO
Département de Sociologie

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