Actualités :: Présidentielle 2005 : Les délégués administratifs à la solde du CDP (...)

Le processus démocratique au Burkina, notamment l’élection présidentielle et la campagne est passé ici à la loupe de ce lecteur. Celui-ci déplore surtout l’utilisation abusive des biens de l’Etat par et au profit du parti au pouvoir, en l’occurrence le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).

La démocratie se définit comme un système de gouvernement où la gestion du pouvoir est assurée par la masse populaire. Née au 18e siècle avec Jean-Jacques Rousseau, la démocratie apparaît comme l’un des piliers sur lequel s’appuie le développement. Ceci est juste, dans la mesure où elle permet à la société de s’offrir des dirigeants responsables, dévoués à la cause de la masse, et, surtout, permet à tous de profiter des fruits de la croissance par un partage équitable des revenus.

Cependant, pour bénéficier de tels avantages, il est obligatoire d’instaurer une démocratie réelle, une démocratie qui exclut l’imposition des candidats, le tripatouillage des scrutins, le viol de la Constitution et l’accumulation de tous les pouvoirs entre les mains d’un seul individu fût-il grand, intelligent, divin, capable de remplacer des gisements de pétrole, comme le prétendent certains intellectuels de la mangécratie, qui ont troqué leur dignité contre le profit.

Par ailleurs, notons que la réussite de la démocratie passe par des citoyens qui savent ce qu’ils veulent, qui maîtrisent leurs droits, leurs devoirs et qui savent réagir une fois que leurs droits sont bafoués.
Le bon citoyen, c’est celui-là même qui fait du vote un devoir. C’est ce citoyen averti qui sait contourner les duperies des politiciens véreux, plus prompts à se servir qu’à servir.

Ce citoyen vote en toute responsabilité sans aucune considération, qu’elle soit d’ordre religieux, financier ou culturel. Son seul et unique critère de choix est la dignité, la loyauté et l’honnêteté du candidat.
Toute cette école à maîtriser avant d’aborder la démocratie est trop lourde pour des populations à majorité analphabètes qui clament à tout bout de champ : "Je vote là où j’ai mangé", priorisant la politique de la bouche et du ventre, en lieu et place de son bien-être et celui de sa progéniture.

C’est pourquoi, nous considérons louable toute initiative s’inscrivant dans le registre de la formation du citoyen en matière de civisme et en vue de doter le citoyen de stratégies appropriées pour conduire une compétition dans la transparence.

Ainsi, nous nous inclinons avec respect devant la journée de formation organisée par le CDP, initiative de ses délégués dans le Sanmatenga.

Soutien à "Papa Blaise"

Cette initiative est à saluer à sa juste valeur, même si nous savons que ce parti a toutes les facilités du monde. Facilités, en ce sens qu’il peut utiliser la logistique de l’Administration à souhait. Il n’est pas rare au pays des hommes intègres de voir, un jour ouvrable, une maternité, une école ou une préfecture réquisitionnée pour les besoins de ce parti.

En plus des interminables réunions dans les bureaux et l’utilisation abusive des véhicules et du carburant de l’Etat, comme nous avons l’occasion de le constater lors des pré-campagnes, parlons de la grand-messe des campagnes de soutien à la candidature de Papa Blaise. Cela est si courant que ça passe pour normal.

Le CDP a eu une idée de génie en organisant la formation des délégués du parti. Malheureusement, le péché héréditaire que traîne ce parti fait qu’il ne pourra jamais mettre au monde un enfant tout blanc, sans aucune tâche noire.

En effet, les journées de formation organisées dans la province ont montré que la majorité des délégués du CDP étaient des délégués administratifs des villages. Ceci est d’autant plus dangereux que le délégué administratif représente l’autorité dans le village. Il veille au respect du mot d’ordre du gouvernement et est le garant des droits de tous les membres de son village. Un homme avec un tel profil ne peut être d’un parti politique, en ce sens qu’il ne pourra plus être équitable pour tous. Peut-il être objectif avec les villageois qui ne partagent pas la même sensibilité politique que lui ?

Le CDP, qui est passé maître dans l’art de la duperie et des subterfuges, a encore, comme à son habitude, phagocyté l’Administration en recrutant ses délégués départementaux dans le camp des délégués administratifs représentant pourtant le préfet dans le village. Les délégués administratifs "cédepisés" pourront-ils être équitables dans les villages lors des distributions des vivres qu’on leur confie ?

N’y a-t-il pas un risque de discrimination à l’encontre des villageois chantant une mélodie politique différente de celle du délégué ?
Ces vivres, salvateurs en ces temps de famine, ne seront-ils pas des moyens d’intimidation pour ratisser les quelques militants qui ont toujours su garder leur dignité en rejetant ce parti ?

Au regard de tous ces aspects, le ministre de l’Administration territoriale, le "balayeur de maires", devrait veiller à ce qu’aucun parti politique ne fasse l’amalgame entre l’Administration et son parti, afin de garantir l’égalité des chances pour les candidats du 13 novembre. A l’attention de l’opposition, nous l’invitons à la vigilance si elle ne veut pas être roulée dans la farine, à la manière de Gbagbo.

Hier, ce furent les chefs traditionnels qui intimaient de voter le CDP, sous peine de retirer les bonnets de certains chefs de quartiers.

Ces mêmes chefs qui s’installent devant les bureaux de vote, la couronne rouge-jaune ostentoirement plantée sur la tête, comme pour rappeler aux villageois qu’ils sont leur propriété et qu’à ce titre ils voteront pour le parti du marteau et de la pioche. Qui est fou pour se détourner de la caverne de Ali Baba ? Le schéma est alors simple : le CDP ou la valise.

Aujourd’hui, c’est le tour des délégués administratifs. A qui le tour demain ?
Qui tombera dans la besace du méga parti ?
A qui alors le tour ?
Le pari sera corsé même si la société civile, les ONG et les syndicats font figure de favoris.

Par Samdpawendé OUEDRAOGO
Espoir du Sanmetenga

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