Mais depuis un certain temps, le programme des émissions à Horizon FM Bobo a connu de profondes mutations compromettant les tranches horaires habituelles de certains animateurs comme Matty. Réduite au silence, l’animatrice de "Tilé Coumbora" se dit aujourd’hui victime d’une machination qui s’apparenterait selon elle, à un licenciement abusif. Nous l’avons rencontrée pour vous au moment même où elle a engagé une action judiciaire contre son ex-employeur, le PDG de la chaîne des radios Horizon FM, Moustapha Laabli Thiombiano.

Depuis quand travaillez-vous à la radio Horizon FM ?

• C’est depuis les tous débuts de l’ouverture de cette radio. Vous savez qu’à la faveur du vent démocratique qui soufflait dans notre pays au début des années 1990, on a assisté à l’émergence des radios FM, dont radio Balafon, qui était d’ailleurs la toute première radio privée à Bobo-Dioulasso. C’est précisément en janvier 1992 que cette radio a commencé à émettre dans la ville de Sya et j’étais parmi les tout -premiers animateurs.

Comment êtes-vous entrée dans cette radio, qui n’était pourtant qu’à ses tout débuts ?

• C’est vraiment par hasard que je me suis retrouvée à Horizon FM Bobo. J’avais un ami, j’allais même dire un frère, qui s’appelait Rubben Samba (NDLR : ex-animateur aujourd’hui décédé) que je fréquentais de temps à autre. Nous étions des voisins et un jour je me suis rendue chez lui et on m’a fait savoir dans sa famille qu’il était parti en ville et qu’il devrait bientôt travailler pour une nouvelle radio.

Ils m’ont indiqué le lieu et je l’ai rejoint à son nouveau poste parce que j’avais urgemment besoin de lui. Et lorsque je suis arrivée, je l’ai vu en compagnie de ses collègues et je crois savoir qu’ils étaient en train d’élaborer le programme des émissions. Il se trouvait qu’ils avaient prévu une tranche d’animation en dioula sans pour autant trouver quelqu’un pour faire le travail.

Rubben m’a alors demandé si je pouvais assurer les émissions en dioula et je n’ai vraiment pas trouvé d’objection à cela. J’ai tout de suite acquiescé et c’est comme ça que je suis entrée à Horizon FM. 

Comment te sentais-tu au tout début ?

• Ça n’a vraiment pas été facile pour moi parce que c’était les toutes premières fois que je m’exprimais sur les antennes d’une radio. Ce qu’il faut savoir, c’est que Horizon FM Bobo n’a pas mis du temps à s’imposer sur l’espace sonore et j’avoue qu’on avait beaucoup d’auditeurs, qui nous suivaient régulièrement et qui semblaient nous aduler.

On avait une très grande audience et beaucoup d’entre nous étaient presque devenus des stars pour de nombreux auditeurs, qui cherchaient à nous voir, à nous connaître.

Quand est -ce que tu as commencé à bien te sentir dans ce métier ?

• Au début, je doutais vraiment de mes capacités à assumer cette fonction. Mais après je me suis rendu compte qu’en y mettant du sérieux je pouvais vraiment percer. J’avais un certain complexe les premiers mois de ma prise de fonction et à force de travailler, j’ai fini par comprendre bien de choses dans l’exercice de ce métier.

Et j’ai commencé a bien me sentir quand des auditeurs appelaient régulièrement pour me faire des compliments et pour m’encourager. Dès lors, j’ai compris que j’étais sur la bonne voie et je ne pouvais que persévérer dans ce sens.

Est-ce à dire que Matty vivait bien de son métier ?

• De ce côté, je suis vraiment désolée parce qu’on est très mal rémunéré à Horizon FM. 

Est-ce la raison pour laquelle on ne t’entend plus sur la 102.07 ?

• Je crois savoir que les donnés sont en train de changer dans cette radio. Depuis cette fameuse synchronisation avec Horizon FM Ouaga, tout le programme a été bouleversé à notre niveau.

Nos tranches d’animation sont littéralement englouties par ces émissions diffusées depuis Ouagadougou et nous nous retrouvons finalement à nous tourner les pouces. Par la suite nous avons été informés qu’une compression du personnel devrait incessamment avoir lieu.

Nous avons tenu une réunion pour mieux comprendre les choses, mais la directrice n’a jamais pu nous situer clairement. J’ai fini par joindre le PDG au téléphone pour mieux comprendre, mais il m’a fait savoir que cette synchronisation n’était qu’un essai et que nous allions bientôt reprendre le programme normal.

Nous avons patienté et finalement on s’est rendus compte que c’était de la duperie.

Jonas A Kaboré

Observateur Paalga